Lac d’Orta, un bijou d’Italie
Que voir, que faire sur le lac d’Orta ?
À deux pas du lac Majeur, le lac d’Orta affiche sa différence. Celle d’un lac à dimension humaine, qu’un seul regard peut couvrir sans se noyer dans des horizons trop lointains. Celle aussi d’une destination loin des foules, même si le bon filon commence s’éventer. Celle enfin d’un environnement où la découverte patrimoniale file le parfait amour avec des escapades en pleine nature et, même, du tourisme industriel… En un mot, celui que les Lombards surnomment affectueusement « Cusio » est un petit lac qui a tout d’un grand.
Préparez votre voyage avec nos partenairesOrta San Giulio : un village adorable
Nul ne sait vraiment qui du lac d’Orta ou du village d’Orta San Giulio a donné son nom à l’autre. Le fait est qu’ils font parfaitement la paire.
Orta San Giulio occupe un site de toute beauté, sur une péninsule ancrée entre terre ferme et eaux limpides. On oublie la voiture sur l’un des parkings situés bien à l’écart, pour profiter pleinement d’un romantique lacis de ruelles dont certaines ouvrent de jolies perspectives sur le lac. Les vénérables maisons, pour certaines ornées de fresques, les placettes et les cours intérieures déploient tout leur charme jusqu’à la pittoresque place principale.
L’ancien Broletto (ou palazzoto) y trône. Cette mairie des temps jadis aux façades couvertes de fresques est portée par les arcades en pierre de l’ancienne halle, ouverte à tous les bons vents. L’étage de ce petit joyau du XVe siècle ne se visite qu’à l’occasion d’expositions : on peut alors y découvrir une Vierge peinte a fresco, entourée de saint François et saint Jules (le fameux San Giulio !).
Largement ouverte sur le lac, cette piazza Motta est l’occasion rêvée d’engager une jolie promenade sur le lungolago pavé qui chemine tel un funambule entre le ressac serein et une série d’élégantes villas et autres petits palazzi. Entre bleu du lac et verdure à l’exubérance calculée des jardins. Entre l’élément liquide et l’élément solide.
Après avoir noyé son regard dans le lac, une envie de baignade en plein baroque ? Direction l’église Santa-Maria Assunta (XVe siècle), couverte du sol au plafond de fresques commises à la charnière des XVIIe et XVIIIe siècles. La calade pentue que l’on a empruntée pour y accéder est le début du chemin processionnel vers le Sacro Monte.
Pour s’éviter une saignée au portefeuille, les parkings situés sur les pentes du Sacro Monte sont gratuits et à 10 min à pied du centre.
Le Sacro Monte d’Orta : chapelles avec vue
Le plus aimable des « grands lacs » de l’Italie du nord s’offre le luxe d’accueillir sur sa berge, dominant Orta San Giulio du haut de sa haute colline, un site tout à fait particulier. Un de ces neuf Sacri monti créés aux XVIe et XVIIe s comme ersatz (façon de parler) au pèlerinage de Jérusalem, alors sous la coupe du croissant islamique.
Le Sacro monte d’Orta remonte à 1590. Une vingtaine de chapelles d’architecture assez remarquable en saupoudrent la montée en pente douce depuis le village. Chacune abrite des scènes reconstituées de la vie de saint François d’une théâtralité plutôt « Baroque’n Roll ». Dit autrement, les statues très colorées présentent des postures et des expressions qui devaient impressionner les montagnards du XVIIe siècle, mais épateront moins les visiteurs 2.0 du XXIe siècle. Cela demeure pourtant un témoignage majeur de cette époque trouble où l’Église catholique cherchait un nouvel élan : ces Sacri monti, inscrits aujourd’hui au patrimoine mondial de l’Unesco, concourraient à leur façon à la Contre-Réforme.
Le cheminement d’une chapelle à l’autre offre quelques beaux dégagements vers le lac, entre portions boisées et jardins fleuris. Une vue qui se fait carrément panorama au sommet de l’éminence, couronnée par l’église Saint-Nicolas. Cet édifice roman remanié au XVIIe s abrite un petit trésor : la statue en bois de la vierge de la Pitié du XIVe siècle, à l’origine du culte local.
N’oubliez pas comme livre de route Ainsi parla Zarathoustra dont Nietzsche commença l’écriture lors d’un séjour à Orta. Il arpenta les pentes du Sacro Monte au bras de Lou-Andreas Salomé, son amour impossible (Dieu qu’il était compliqué, ce Nietzsche !).
Isola San Giulio : une île de carte postale
Quelle drôle d’histoire que celle de l’Isola San Giulio, cette île de carte postale, comme tombée du ciel dans les eaux du lac à quelques centaines de mètres de la rive.
La légende raconte que l’évangélisateur San Giulio (Ive siècle) voulait à tout prix s’y implanter, malgré sa réputation d’être truffée de serpents et autres dragons. Aucun batelier ne consentant à l’y conduire, Jules étendit sa cape sur l’eau et partit pour l’île à la rame : le stand up paddle avant l’heure ! Il débarrassa l’île des bébêtes maléfiques, mauvaises conseillères dit-on, et y bâtit son église. Ce véritable scénario de cape et de paix valait bien que, jusqu’à la Renaissance, notre cher lac d’Orta s’appelât lago san Giulio.
Mais revenons à l’église de Jules, devenue une basilique superbe où notre saint repose dans un sarcophage en verre au sein d’une crypte du XIIe siècle dont les fondations remonteraient au IVe, VIe ou VIIIe siècle (les historiens n’ont pas accordé leurs violons). Dans l’église même, on est saisi par la beauté de fresques du XIVe siècle chargées d’anges, de saints et de scènes bibliques chantant les louanges de leur foi.
Attenant à la basilique, le palais des Évêques rappelle que les terres autour du lac d’Orta avaient été offertes par l’empereur à l’évêque de Novara. C’est désormais un couvent clausura de nonnes ayant fait vœu de silence. On trouve dans certaines boulangeries d’Orta San Giulio une imitation plutôt honorable de leur spécialité, le pain de San Giulio, agrémenté de raisins et noisettes.
On finira le tour du propriétaire par le chemin de la méditation, surnommé ironiquement « chemin du silence » vu le nombre impressionnant de panneaux qui rappellent de ne pas élever la voix. On parcourt avec délice le rivage de cette agréable île, grande comme un bénitier (140 m de large pour 275 m de long).
Éviter de visiter l’île les week-ends et (surtout) l’été. Les visiteurs s’y multiplient plus encore que les Gremlins au contact de l’eau !
Le tour du lac d’Orta : balade romantique
Même si l’intérêt majeur du lac réside dans Orta San Giulio, son Sacro Monte et l’île qui lui fait face, en faire le tour est un moment à ne pas bouder avec, au passage, le convento Monte Mesma, la haute torre di Buccione érigée en pleine forêt, le santuario della Madonna del Sasso (XVIIIe siècle) implanté sur la sauvage rive occidentale du lac, le mignon petit village de Pella (face à Orta San Giulio) et, en guise de conclusion visuelle, le belvedere di Quarna Sopra d’où la vue embrasse quasiment tout le lac et les magnifiques montagnes qui le sertissent de leurs hautes pentes vertes.
Au nord du lac, les petites industries de fabrication d’ustensiles de cuisine ont essaimé dont Alessi, fameux designer des arts de la table, et Lagostina, célèbre pour ses équipements de cuisine et son électroménager (même groupe que Tefal, Moulinex, Krups, Rowenta…). Leurs magasins d’usine offrent de bonnes affaires à prix parfois bradés.
Fiche pratique
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Comment y aller ?
– En avion, Milan Malpensa est l’aéroport le plus proche du lac. Vols directs depuis Paris (Charles-de-Gaulle, Orly et Beauvais), Lyon, Bruxelles, Bordeaux, Lille, Toulouse, Charleroi… Avec Air France, Ita Airways, Brussels Airlines, Easyjet, Ryanair…
– En train, gare d’Orta San Giulio, à environ 2,5 km du centre. Liaisons pour Milan ou Turin, changement à Novara.
– En bus, depuis le lac Majeur, ligne Stresa-Orta (safduemila.com) en été seulement. Arrêt au niveau de la gare ferroviaire.
Bonnes adresses
– Apitourismo B&B L'Oca Mannara : via Leonardo Strigini, 1, à Armeno. Tél. : 333-651-89-37. Donata accueille ses hôtes comme elle chouchoute ses abeilles. Dans deux grandes et vieilles maisons montagnardes sans fard, mais décorées de façon très personnelle avec meubles chinés et tapis au sol. Du véritable happy (et api) tourisme. Double 65 €, appart 2-4 pers 70 €, petit déj inclus.
– Hotel Il Giardinetto : via Provinciale, 1, à Pettenasco. Hôtel dont l’excellent confort n’a d’égal que l’accueil du personnel. Les chambres regardant le lac, les plus chères, disposent d’un agréable balcon. Petit déj dans une salle panoramique, les yeux dans le bleu du lac. Doubles 120-180 €, petit déj inclus.
– Osteria San Martino : vicolo chiuso, 8, à Crabbia di Pettenasco. Tél. : 0323-197-51-77. Dans un cadre de poutres et de moellons de granit, cette maison dispense une cuisine de terroir copieuse. Produits de saison cuisinés « con brio », où risotto et pasta s’agrémentent de fondue de radis et où le poisson se met en croûte de tomate et pommes de terre. Un excellent choix de desserts maison ferme le ban. Repas 25-35 €, comprenant un verre de prosecco, toast et pain.
– Al Boeuc : via Bersani, 28, à Orta San Giulio. Tél. : 339-584-00-39. Petite salle intimiste du XVIe siècle, dont les vieilles pierres des murs se dissimulent derrière une forêt de bouteilles… On ne plaisante pas avec la qualité du vin, ici. Et pour accompagner son rosso ou son bianco, bruschette, charcuterie, bagna cauda (spécialité locale d’anchois à la crème) et quelques petits plats bien ficelés. Planche 20 € pour 2, bruschetta 12 €.
– Enoteca Re di Coppe : piazza Motta, 32, à Orta San Giulio. Tél. : 338-782-28-95. Joli bar à vins sur la place du village face aux belles halles. Cocktails, grappas et vins à prix raisonnables compte tenu de l’emplacement, stratégique de chez stratégique. Planche 22 €, primi et tapas 3-13 €.
– Arte del Gelato : via Olina, 30, à Orta San Giulio. D’excellentes glaces artisanales, un accueil souriant, des prix doux… Arrêt obligatoire pour les gourmands.
– Alessi Shop : via Privata Alessi, 6, à Crusinallo. Prix à -10 % des boutiques officielles italiennes et soldes à -50-70 %.
– Lagostina Factory Store : via 4 Novembre, 37, à Omegna. Matériel de cuisine déstocké à -20-50 %.
Texte : Fabrice Doumergue
Mise en ligne :