La Toscane, en terre de Sienne
Sienne ou l'anti-Florence
Sienne n’a gagné qu’une bataille contre Florence. C’était à la fin de l’été 1260. Son armée, augmentée de quelques chevaliers teutons, dama le pion à son éternelle rivale. Près de 11 000 hommes passèrent par le fil de l’épée et le gonfalon florentin fut traîné dans la poussière. Cette tragédie, dont Dante a relaté le caractère sanglant dans la Divine Comédie, allume encore une étincelle de fierté dans les yeux des Siennois.
On l’aura compris, Sienne n’est pas Florence. Il règne dans ses murs un parfum d’indépendance, fruit d’une rivalité qui date de l’époque où leurs banquiers se tiraient la bourre sur le commerce européen. Et, tandis que Florence, arrosée par l’Arno, se pavanait au milieu de ses vertes collines, Sienne vivait sans eau.
Cette singularité imposera une fontaine dans chaque quartier (pour la petite histoire, à Sienne les enfants sont baptisés deux fois, la première fois à l’église, la seconde à la fontaine de leur quartier de naissance). De cet "esprit de gargouille", comme on dirait "esprit de clocher", naîtra un profond sentiment d’appartenance, une forme d’alliance cathartique encore palpable aujourd’hui.
C’est donc avec bonheur que le voyageur curieux part à la découverte des 17 contrade qui constituent la ville : quartier des escargots, des panthères, des rhinocéros, des tortues, du dragon, etc. Des contrade qui s’affrontent chaque année lors du célèbre Palio, la course de chevaux montés à cru, où tous les coups (ou presque) sont permis.
Sienne est donc une ville à part. Les idées de la Renaissance ont tardé à l’enflammer, contrairement à sa rivale. Il a fallu attendre Pie II et la seconde moitié du XVe s, pour que, sollicités par la famille Piccolomini, des artistes florentins daignent venir y exercer leurs talents.
Préparez votre voyage avec nos partenairesTexte : Eric Milet
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