Chili : en Patagonie, au bout de l’Amérique
L’empire des estancias
Au nord de Punta Arenas, la route, large et goudronnée, traverse un vaste pays de pâturages ras, où s’ébattent librement de petites troupes de nandous, cousins américains de l’autruche. Aucun arbre n’entrave ici le regard. Seules les clôtures délimitent, de loin en loin, les bornes d’estancias (ranchs) parfois si vastes qu’elles englobent montagnes et rivières !
La passion du bœuf qui étreint l’Amérique cède ici la place au mouton, plus résistant. Entre 1890 et 1940, la région fut l’un des bastions mondiaux de l’élevage des ovins. La Sociedad Explotadora de Tierra del Fuego y possédait pas moins de 10 000 km2 de terres !
Sa grande usine de traitement de Puerto Bories a été transformée en un incroyable hôtel de luxe mais, dans la steppe, la tradition perdure. Les huasos (gauchos chiliens) se déplacent encore à cheval, poncho de lourde laine et chapeau en tête, ou en pick-up (4x4) lorsque les conditions l’exigent. Bref, un Far South très Far West !
Parmi un ensemble hétéroclite d’objets digne des meilleurs cabinets de curiosités de jadis, le Musée Salésien de Punta Arenas conserve poils (roux) et crottes d’une bestiole depuis longtemps disparue : le mylodon. Ce drôle d’animal remontant à la dernière période glaciaire, cousin géant et terrestre du paresseux, a été découvert en 1895 par un colon allemand dans une grotte baptisée Cueva del Milodón (photo).
À l’époque vivaient aussi tigres à dents de sabre et litopternes – une sorte de dromadaire sans bosse à trompe… tous les personnages de l’Âge de Glace, mammouth excepté ! À l’entrée de Puerto Natales, un autre mylodon trône, aux faux airs d’ours.
Préparez votre voyage avec nos partenairesTexte : Claude Hervé-Bazin
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