Jour 12 Ko Muk, Village de pêcheurs
Le Mookies bungalows s’éveille doucement, il est 7h30, il fait moite et très chaud, le temps est lourd et gris… Du coup, on prend le temps comme tout le monde ici… J’écris mon journal, on va prendre un petit déjeuner en contrebas. (120 baths : toast, café, jus de fruits et fruits frais). D’ailleurs, moi qui suis amatrice de café, j’en profite pour dire que je n’ai pas trouvé de bon café lors de mon séjour en Thaïlande, profitez en pour goûter autre chose, thé par exemple qui est très bon et plus local… L’auberge est tenue par une famille bouddhiste en témoigne le petit temple qui trône devant la terrasse.
Quelques minutes après nous avoir servis, la serveuse va d’ailleurs y faire son offrande en y déposant un petit déjeuner : il y a un café, un jus de fruits et une part de gâteau. La scène est intrigante pour moi, sûrement courante pour elle. Je le regarde nettoyer sagement le réceptacle des restes d’encens, puis elle s’agenouille quelques minutes en faisant une brève prière… Voilà une scène quotidienne pour les gens de là bas, c’est marrant de voir comment la religion est très mêlée avec le quotidien des Thaïs… Nous qui venons d’un pays laïque, nous mesurons bien les différences au quotidien.
Vu le temps, c’est râpé pour la plage, comme j’aime les plantes, on décide d’aller faire un tour en forêt. On prend un petit sentier de terre qui monte le long du Mookies bungalows et qui traverse une plantation d’hévéas. Il y en a quelques unes sur l’île mais sont relativement petites. Sûrement de quoi assurer le minimum vital à leur propriétaire. Il y a beaucoup de diversité dans les plantes, des colocasias gigantesques, c’est très beau. Hormis la plantation d’hévéas, le reste a l’air naturel… Une pluie fine nous rafraîchit mais réveille les moustiques qui nous ravagent littéralement… On ne peut pas poursuivre, c’est insupportable, on rebrousse chemin.
On va voir les bungalows qui sont en construction sur la colline d’en face, ils appartiennent au “Ting Tong bar”, on discute avec les propriétaires qui nous disent qu’ils sont à la location pour 800 baths la nuit. Ils ont l’air sympas avec de grandes terrasses.
Bon, le temps ne se lèvera pas alors mouillés pour mouillés, on décide d’aller sur Charlie beach pour une petite session de snorkeling. Après tout, le temps orageux est souvent intéressant pour la pêche… Je me pose dans un hamac, lui va à l’eau avec PMT . Il revient 45 minutes plus tard, il est content, il a vu pas mal de poissons le long des rochers sur la gauche. Il y a notamment des gros bancs de poissons qu’on n’a pas vus à Koh Rok. Du coup on y retourne tous les deux. Effectivement, j’ai vu à peu près les mêmes choses qu’à Koh Rok les anémones en moins et les “némos” aussi. Mais pour les novices, il y a de quoi s’amuser ici …
La pluie a cessé, il est 13h, on a faim… On décide d’aller manger au “Hill Top” sur le chemin qui va vers le village de l’autre côté de l’île mais bien avant. C’est un habitué des lieux que l’on a rencontré sur le bateau en provenance de Ko Lanta qui nous en a dit du bien… Il s’agit d’une petite pension tenue par une famille de pêcheurs, elle est située au bord du chemin en pleine nature… Il faut 15 minutes de marche depuis Charlie pour atteindre cet endroit.
Nous sommes les premiers ; on voit des jeunes qui comatent devant des clips à la télé… L’endroit est vraiment dans son jus, pas de fioritures, pas de touristes non plus… Tout paraît très brut de décoffrage… Aussitôt installés, les voici qui s’affairent pour nous servir… je suis surprise de leur âge… J’engage la conversation, la jeune serveuse me dit qu’elle a 13 ans, son frère 15 et sa cousine 21… En fait, la mère est partie à Trang sur le continent pour la journée et ce sont eux qui assurent le service…
Et bien, ils se débrouillent comme des chefs et leur bonne humeur fait plaisir à voir. D’ailleurs, d’autres touristes nous rejoignent finalement. La jeune serveuse d’un jour est très curieuse de nous rencontrer et pose beaucoup de questions sur notre pays. Elle nous félicite d’ailleurs pour notre anglais car d’après ces dires, les français qu’elle a vus jusque là ne maîtrisent pas bien l’anglais et ont du mal à se faire comprendre… Elle nous demande de lui apprendre quelques mots d’usage. Elle nous fait rigoler, pour dire “merci” elle dit “Messi” et pense au joueur de foot, le quiproquo nous fait tous bien rire… Après avoir très bien mangé dans une humeur joyeuse on poursuit notre chemin vers l’autre côté de l’île.
En effet, je veux tout voir, aller explorer tous les chemins et ça va pouvoir se faire car il n’y en a pas tant que ça car l’île est encore très sauvage. Le relief et la densité de la végétation ont encore raison d’elle. Je suis à la recherche d’un point haut pour essayer d’avoir une vue panoramique. Nous arrivons au village qui s’anime doucement. Cette fois la marée est haute, ce qui donne un aspect très différent de la veille. On explore cette fois la gauche de la jetée où nous ne sommes pas encore allés. On traverse ce village de pêcheurs dits “gitans de la mer”, ils ont l’air très pauvres, ils vivent de la pêche et des quelques touristes qui veulent bien venir jusque là…
On est loin de la carte postale idyllique, pourtant Sivalai n’est qu’à quelques centaines de mètres mais cet endroit est complètement différent et en ce qui me concerne je trouve un charme fou à ce lieu. On est ici au coeur de l’âme de Ko Muk, dans un endroit authentique où les gens vivent simplement. La mer leur assure l’essentiel, pour le reste, ils font comme ils peuvent…
Comme tous les villages de pêcheurs en bord de mer, les déchets charriés par les marées s’amoncellent, il y a un peu tout et rien, bref, un joyeux bordel. Des cases faites de tôle et de bois qui tiennent debout comme par magie, s’égrainent le long de la plage, un minuscule chemin les traverse dans une promiscuité assumée. On l’emprunte et on observe avec des regards discrets les gens qui sont là. Certains sont affalés dans des hamacs, d’autres réparent des coques de bateaux, ou des nasses de pêche. Des enfants jouent, et courent au milieu des poules et des chèvres…des femmes préparent les repas… la vie quoi… Certains nous disent “bonjour”, d’autres pas… est ce par pudeur ou par gêne de nous voir là, on ne saura pas. En tout cas, nous restons souriants et polis. Je veux croire que cette attitude (pour les plus méfiants) témoigne juste du manque d’habitude…
Il y a là des maisons d’habitation, des ateliers, quelques bars, quelques pensions pour touristes… tout ceci s’harmonise assez bien, c’est coloré, calme, paisible, pourvu que ça dure… On poursuit notre chemin et on s’arrête boire une “fresch coconut” sur une petite terrasse. On est seul, face à la mer, le paysage est magnifique.
On poursuit l’étroite route qui monte vers la forêt, le chemin ne se résume plus qu’à une étroite bande de terre. On est sorti du village, les maisons sont plus éparses, elles ont leur petit carré potager, on s’enfonce dans la forêt qui est de plus en plus dense… on entend les gibbons, ils sont pas loin mais on ne les voit pas… à mon grand désespoir… On monte bien des collines mais les arbres sont si hauts qu’on ne voit rien… Il est 17h20, la lumière commence à baisser et on est à l’autre bout de l’île, on rebrousse donc chemin sans que j’ai pu avoir ma vue panoramique…
Je suis assez frustrée car l’île est petite et on ne peut pas en faire le tour… elle garde ses secrets!!! La forêt y est si belle, quel dommage qu’on ne puisse pas plus la découvrir… Je repense à cette petite plage “Sabay beach” qui est au nord ouest, on la voit quand on arrive en bateau sur l’île depuis ko Lanta mais on ne peut pas y aller car il n’existe à l’heure actuelle aucune route pour s’y rendre. Seule la location d’une barque de pêcheur permet surement de s’y rendre…
Au retour, après la traversée du village, on croise des gamins en uniformes, ils sont joyeux et sont contents de nous saluer en anglais… C’est l’heure de pointe, la vie s’anime sérieusement, on croise pas mal de tuk tuk et de scooters qui nous doublent à toute allure… ça doit coincider avec des arrivées de bateaux sur la jetée… On voit de nouvelles têtes débarquer… Sachez que pour 50 baths par personne on vous trimbale en tuk tuk d’un bout à l’autre de l’île (10 minutes). A pieds il faut environ 40 minutes.
On croise la serveuse du restaurant le “Mayo” sur le bord de la route qui nous tend une sorte de prospectus fait maison… il s’agit d’une invitation à une soirée concert qui a lieu au “Mong bar” sur Charlie beach, le soir même. On discute un petit moment avec elle, elle nous explique que sa famille aime la musique et qu’elle a invité un groupe de reggae acoustique…. Pourquoi pas??? Rendez vous est pris, on y fera un tour…
C’est marrant car 5 minutes plus tard, on se fera doubler par 2 tuk tuk qui trimbalent le groupe de musique en question. Situation cocasse que de voir ces petits véhicules à vive allure débordants d’instruments de musiques et de vieux rastas plutôt baba cool… Je pense qu’on passera une bonne soirée…
On arrive au bungalow, on se prend une petite douche et on va faire un repérage au Mong bar, histoire de prendre l’apéro, il est 19h30. Nous ne sommes pas nombreux, d’ailleurs le bar est minuscule, peu de places assises mais comme tout est ouvert, la plage fera office de tribune si besoin… Le bar ressemble à un de ceux qu’on pourrait trouver à Ko Lanta mais en plus petit. Beaucoup de bois, des rappels à la culture rasta et à Bob Marley ainsi que des vieux posters de rock et de blues…assez improbables ici… Le groupe : un guitariste thaï ultra souriant, un vieux au look tahitien chapeau de paille vissé sur la tête, aux percussions, le Steven Tyler local avec un look plutôt improbable et des converses d’un autre temps… certains chantent juste d’autres un peu moins…l’ambiance est plutôt sympa et décontractée. On en profite pour commander des cocktails, d’ailleurs, la musique et la bonne humeur aidant, nous sauterons le repas et nous resterons là en compagnie de ces gais lurons toute la soirée à reprendre en coeur des refrains qu’on ne connait pas…En effet, au bout d’une heure, la foule s’amasse et le groupe est victime de son succès. Le bar aussi d’ailleurs car on voit le patron partir en tuk tuk aller assurer le ravitaillement en bières fraîches. Le mixeur qui assure la préparation des smoothies fait baisser l’intensité lumineuse dès qu’il entre en action, c’est folklo, il y a décidément un problème avec les installations électriques… Tout le monde s’amuse bien, l’ambiance est celle des soirées d’été où on ne pense plus à rien si ce n’est à profiter de l’instant. Très bon souvenir.
On rentre vers 23h car le lendemain on doit se lever pour une sortie snorkeling direction Ko Kradran, une petite île juste en face de Ko Muk, on va se coucher des rêves plein la tête… Le temps passe trop vite…