Je vous fait part de notre expérience sur les deux volcans de l’île de Java les plus connus : le Bromo situé dans le parc national Bromo-Tengger-Semeru et le volcan Kawah Ijen sur le plateau éponyme.
Nous avons visité ces deux sites en 4j, depuis Yogyakarta jusqu’à Banyuwangi, et ce sans avoir recours aux très (trop) nombreuses agences qui proposent les ascensions de nuit (la nuit, moi j’aime bien dormir !) et, selon nous, limitent la liberté de mouvement du visiteur. Nous n’avons pas eu non plus recours aux services d’un guide sur place.
Dernier point, nous avons réalisé ces visites mi-juillet 2022, soit dans la période la plus fréquentée par les touristes en Indonésie, mais dans un contexte post COVID, et avons remarqué qu’un certain nombre de moyens décrits dans l’édition 2022 du Routard ne sont plus à jour.
1. Le Bromo
Départ de Yogya en train à 11:15. Prix du billet : 400 000 RPS/personne en eksecutif. C’est cher mais le confort est royal : siège inclinable, beaucoup de place pour les jambes, climatisation et restauration à bord.
Arrivée à Probolinggo de nuit à 18:30 et nuitée au Ratna sans réservation à l’avance pour 300 000 Rps la double avec clim. Sur ce point, nous aurions dû :
- réserver l’hôtel à l’avance (aucun intérêt à improviser au dernier moment sachant qu’un autre hôtel visité (le Tempiarto Plaza) était complet. L’offre hôtelière étant mince, cela éviterait les galères de nuit dans une ville très étendue et pas touristique.
- prendre un taxi depuis la gare (sinon 20-25 minutes à pied dans une grande rue pas vraiment faite pour marcher). A cet égard, je vous conseille l’installation de l’application Gojek (il vous faudra un numéro de tel valide en Indonésie pour recevoir les SMS), sorte d’Uber local.
Le lendemain, nous avons essayé de réserver une moto pour aller à Cemoro Lawang, mais sans succès (Probolinggo n’est vraiment pas une ville touristique). Finalement, nous avons pris un bémo jaune pour la gare routière de Bayu Angga, lieu de départ pour Cemoro Lawang en espérant trouver là bas une solution. Arrivé sur place vers 10h, aucun bémo pour ce village. Il faut dire que le lieu est très reculé, qu’aucun local n’a de raison d’y aller et que les touristes sont plutôt rares. Peut être qu’en arrivant à 6h du matin, nous aurions eu plus de chance, mais comme précisé plus haut, j’aime bien dormir !
En revanche, au terminal, plusieurs personnes nous ont proposé le taxi. C’est finalement pour cette solution que nous avons opté. Prix proposé : 250 000 Rps. Avec du recul, c’était trop cher. Vous devriez pouvoir baisser jusqu’à 200, voire 150 000 Rps s’il n’est pas trop tard et que vous voyagez en juillet/août.
Je précise que ce prix ne comprend que l’aller, dans une voiture privatisée avec chauffeur. Sachez qu’il ne redescendra pas à vide, il trouvera là haut sans problème à cette saison des touristes à redescendre. Cela devrait vous permettre d’apporter des arguments au cours de la négociation. Je vous donne le contact que nous avons finalement retenu, même si le bonhomme n’est pas le plus avenant du monde : Yanto Bromo +62 852-3209-7256.
Quoiqu’il en soit, à midi (1h30 de route plutôt bonne), nous étions à Cemoro Lawang. Pas de gros problèmes pour trouver une chambre d’hôtel à 250 000 Rps la nuit avec petit déjeuner, même si beaucoup de homestays étaient fermées (période post COVID). De toute façon, je pense que vous ne dormirez jamais dehors, les habitants peuvent aussi vous proposer un coin pour dormir (dans ce cas, 150-200 Rps est un bon prix). De plus, le village base l’essentiel de son économie sur le tourisme, l’offre hôtelière est donc suffisamment large.
Nous avons pas la suite réalisé à pied la visite du Bromo dans l’après midi après avoir été soulagé de 220 000Rps/personne au titre du droit d’entrée dans le parc, ticke valable pour 24h. C’est cher, mais il faut reconnaître que l’endroit vaut le détour. Bien sûr, vous pouvez aussi faire cette exploration en jeep ou à cheval, l’offre est pléthorique. Dans tous les cas, c’est 6km et 300m de dénivelé positif aller-retour, de quoi occuper quelques heures dans l’après midi.
Le lendemain matin (mais pas trop tôt, vous l’avez compris), ascension à pied du mont Penanjakan. Départ à 8h00. Là, ça force un peu plus : 11km et 550m de dénivelé positif. Mais vous pouvez aussi vous arrêter après les premiers escaliers (7km, 250km de dénivelé positif), voire vous faire monter en jeep juste avant les escaliers et arpenter seulement les 200 marches restantes.
Évidemment, pour être assuré d’avoir une vue dégagée, il me semble qu’il faudrait partir vers 7h. Les premiers nuages sont remontés depuis la vallée aux alentours de 8h30-9h. Toutefois, un peu de vent a permis d’aménager quelques trouées dans le ciel qui nous ont permis d’admirer le Bromo, le Cemeru et le reste du massif. Retour dans le village vers 11h30.
Redescente à Probolinggo en taxi partagé à 13h (toujours pas de bémo en vue) et train Ekonomi pour Banyuwangi à 15:40 (200 000 Rps/personne, climatisation mais confort moindre qu’en eksecutif). Trois points d’attention :
- avec le COVID, la gare de Banyuwangi centre n’était pas desservie (c’est ce que le site tiket.com explique). En échange, on arrive à Banyuwangi Kota qui est plus excentrée.
- sur tiket.com, il y a beaucoup de gares dans la région de Banyuwangi, mais qui peuvent être à deux heures de train de Banyuwangi. Il vous faudra choisir Banyuwangi Kota (code BWI) ou Banyuwangi centre si la liaison est rétablie (code BW).
- nous avons réservé le train 2j à l’avance car sur le tronçon Probolinggo-Jember, il y a beaucoup de monde.
2. Le Kawah Ijen
Le lendemain matin, nous avons essayé de louer une moto pour aller sur l’Ijen. Après quelques essais infructueux, nous avons dégotté un 125cm3 via WhatsApp pour 100 000 Rps par jour. Je vous donne le contact, le gars est sérieux et réactif : Rudy Sewa Motor +62 823-3258-2004.
La route jusqu’à l’Ijen est assez bonne (1h30), hormis quelques courts tronçons très endommagés. Par contre, qu’est-ce que ça grimpe !
De là, la visite du Kawak Ijen d’effectue en 4h (7km et 450m de dénivelé positif si vous ne descendez pas dans le cratère). Le chemin peut aussi être réalisé sur une sorte de siège roulant tiré par 3 personnes au prix de 800 000 Rps.
Attention, l’entrée dans le parc n’est possible qu’à compter du 2h du matin et jusqu’à midi. La sortie du parc doit s’effectuer avant 16h.
Les tickets s’achètent à l’entrée du parc au prix de 150 000 Rps/personne. Il vous faut donc quitter Banyuwangi avant 10h du matin.
Une fois là haut, un chemin permet de se promener sur la crête, offrant des points de vue différents sur le lac. Comme au Bromo, il faudra vous jouer des nuages qui viennent par moment boucher la vue.
Vous serez certainement tenté de descendre dans le cratère pour voir de plus près les échappements de souffre et le lac. De mon point de vue, je trouve que cela vaut vraiment le coup, même si cela nécessite quelques précautions :
- le plus sage serait de se munir d’un masque. Il s’en loue à l’entrée du parc, mais je n’ai aucune idée de leur prix, ni de leur efficacité.
- sur le bord du cratère, vous devriez déjà sentir le souffre car les fumées remontent et sont poussées par le vent sur le chemin. Si vous êtes déjà fortement incommodés, renoncez !
- prévoyez un mouchoir ou un bout de tissu à humidifier et à placer devant le nez. C’est assez efficace.
- enfin, prévoyez de l’eau à boire en quantité. Cela permet d’apaiser un peu les irritations dans la gorge.
La descente jusqu’au lac s’effectue en 20min maximum (150m de dénivelé). Le jeu consiste lorsqu’on n’a pas de masque à éviter les nuages de souffre qui remontent. Heureusement, le jour de notre passage, un vent régulier poussait les fumées dans la même direction ce qui rendait l’anticipation plus facile. Toutefois, n’ayant jamais fait cela auparavant, j’ai trouvé cette descente assez impressionnante !
Sachez qu’une fois les 2/3 de la descente effectuée, le chemin mène latéralement aux échappements de souffre ce qui devrait vous permettre d’échapper aux fumées les plus concentrées. De plus, certains rochers forment une barrière naturelle.
Une fois en bas, point de flamme bleues (invisibles le jour, il aurait fallu y aller la nuit), mais la vue sur le lac d’acide et le souffre qui sort des entrailles de la terre sont très impressionnants. Aucun risque de suffocation en bas lors de mon passage, le vent poussait les fumées dans le même sens.
Le plus difficile selon moi reste la remontée car :
- tournant le dos aux fumées, vous ne pourrez pas anticiper un changement de direction,
- l’effort physique plus important qu’en descente va vous conduire à respirer plus de souffre,
- bien que très visible, le chemin n’est pas balisé. Dans la fumées, on a vite fait de se tromper et de se retrouver sur la mauvaise direction. Heureusement, les porteurs de souffre pourront vous guider (ils font de nombreuses pauses lorsqu’ils remontent leur cargaison et regardent d’un air amusé les quelques touristes qui s’aventurent en bas).
Conclusion
Ces deux volcans se réalisent donc sans grande difficulté sans passer par les agences et sans nuits blanches. Toutefois, si votre rêve est de voir le levé de Soleil sur le Bromo (qui doit être très joli, c’est certain) ou de contempler des flammes bleues sur l’Ijen (bien qu’en allumant le gaz chez vous de nuit, vous obtiendrez un résultat analogue), passez par une agence. L’ascension du Penanjakan de nuit avec des dizaines de jeep qui vous doublent ou la montée de nuit sur l’Ijen en moto depuis Banyuwangi vont certainement ruiner toute forme d’émerveillement là haut.
Enfin, une dernière mention à Banyuwangi dont les nombreuses animations et les bars branchés sont bien agréables. La ville est également très proche des plantations de café qui peuvent valoir le détour si on est amateur. Nous n’avons pas hésité à prolonger notre séjour dans cette ville sympathique.