Cela faisait plusieurs années que nous n’avions pas visité de sites hautement touristiques aux USA donc je ne pourrais pas dater cette arrivée du tourisme chinois dans ce pays.
L’an dernier, j’avais lu plusieurs articles sur ce tourisme.
Le premier précisait qu’un touriste chinois aux USA dépensait dix fois ce que dépense un touriste européen, donc une manne pour les Etats Unis.
Un autre traduisait un document fourni par les autorités aux voyageurs de ce pays avant leur départ dans les pays occidentaux. Le titre était accrocheur : pourquoi nous sommes considérés comme mal élevés à l’étranger ! Suivaient un certain nombre de règles : ne pas cracher, ne pas se curer le nez ou des dents en public etc… Bof, moi ça ne me gène pas vraiment, on n’a pas les mêmes règles de bienséances, c’est tout !
Mais le problème qui amène ma réflexion n’est pas référencé dans le fameux document, puisque c’est le but essentiel du voyage : celui qui fait des touristes chinois des millions de clônes du nain de jardin voyageur du film le fabuleux destin d’Amélie poulain.
La première fois que nous avons été confrontés à ce phénomène à la puissance dix de ce qu’on a découvert cette année aux USA, c’est l’an dernier au Cambodge principalement à Angkor. L’arrivée d’un bus sur un temple provoque le même scenario à chaque fois. Chacun se précipite devant les images les plus réputées. Après quelques bousculades, la file s’organise et chacun son tour, sans aucun répit, on se fait photographier devant ce lieu symbolique. Le touriste individuel qui veut profiter de ces lieux magiques est prévenu : visiter très tôt le matin ou en fin de journée, pour le reste du temps, soit visiter les sites non fréquentés par les bus, soit avoir de la chance soit patienter entre deux passages de bus…
Nous venons de découvrir cela aux USA. Pas tout à fait la même population, il faut être beaucoup plus riche pour voyager aux USA qu’au Cambodge.
Visite de Yellowstone. Devant n’importe quel site, les jeunes femmes s’installent, ramènent leurs cheveux du côté gauche exclusivement (si si je vous assure !), prennent la pose que je décrirai plus tard, se font photographier, leur compagnon prenant ensuite leur place, moins sophistiqués dans la position, plus sérieux. Enfin on cherche quelqu’un pour se prendre en couple ou avec le reste de la famille. Souvent, les espaces sont suffisants pour que nous puissions profiter du lieu et en prendre quelques clichés mais c’est foutu pour la contemplation… Les temps changent, il faut s’adapter.
Il faut que je vous détaille une de ces prises de photo, devant des terrasses de mammoth hot springs alors que nous cogitions sur la disparition ou non de ces terrasses.
Une jeune fille, 18 ans peut être, bouscule les personnes présentes et se place devant eux. A grands cris elle appelle sa mère qui arrive en soufflant et lui passe les lunettes de soleil. Elle les chausse, cela lui bouffe la moitié du visage et la font ressembler à n’importe qui. Elle rabat ses cheveux vers la gauche, prend une position pseudo mannequin, hanches en avant, épaules d’abord en arrière suivies d’un léger basculement d’une des épaules vers l’avant. Le père attend sagement que la star soit en place. Il prend la photo souvenir.
Là où ça devient pathétique c’est quand la mère remplace la fille. La fille lui tend les lunettes qu’elle chausse par-dessus ses lunettes de vue, les solaires glissent, et finissent pas s’ajuster. Difficile, ce ne sont pas les siennes. Pas de cheveux à placer d’un côté ou de l’autre, les siens sont courts. Elle tente alors de prendre la même pose, ventre en avant, épaules en arrière, le petit basculement d’épaule et là hurlements désapprobateurs du public familial, la mère se décompose, quelle erreur a-t-elle fait ??? Tout simplement, c’était l’autre épaule qu’il fallait basculer !!
Cette pauvre femme m’a fait une pitié immense. Il doit donc en plus y avoir des codes de pause, mais ce qui passe aisément pour une gamine de 18 ans devient absolument ridicule et pitoyable sur une femme plus mure.
Je me suis quand même posé une question : puisque toutes les photos représentent la même personne, dans la même pause avec seulement des décors qui changent. Décors dont manifestement ils se moquent comme de leur première chemise puisqu’ils lui tournent le dos 99% du temps… Pourquoi ne prendraient ils pas une seule photo des personnages qu’ils intègreraient ensuite via un logiciel de correction de photos sur les différents sites de décor de fond ?
Le second lieu où nous avons été confrontés à ce type de tourisme qui nous désarçonnent (au moins moi, vous je ne sais pas) c’est l’outlet de San Francisco.
Les files d’attente qui serpentent entre les rubans devant les caisses, j’en avais déjà parlé mais ce qui est aussi surprenant c’est le mode d’achat : on retourne toutes les piles pour trouver les bonnes tailles, on choisit deux ou trois articles du même modèle, on se précipite vers la queue formée devant la caisse. Le comble ? Alors que je cherchais un article dans ces rayonnages dévastés, j’ai regardé une étiquette : « made in china » ! Allez comprendre….