Bonjour à toutes et tous.
J’ai prévu, enfin en tous cas, j’aimerais partir début septembre à Phnom Penh. Le but de ce séjour n’est pas à proprement parlé “tourisitique”, il est sportif. Grace à la FAMK, j’ai trouvé un bon club de pradal serey (ou kun khmer) sur PP mais d’après ce que j’ai compris, au mieux, j’y passerai 4h par jour (8-10h / 16-18h) et le vendredi, samedi et dimanche, pas de cours mais à ce qu’il paraît, je pourrais aider à la vie du club, en tant que soigneur ou autres… Donc ça signifie que je serai quand même assez désoeuvré la plus part du temps…
C’est un facteur important mais c’est pas ce qui m’inquiète le plus, voyez-vous, je suis pas vraiment un globe-trotter… Bon j’ai un peu voyagé, récemment 1 mois à Madagascar (Tamatave), en fait, j’y suis allé 3 fois en tout. L’année dernière, 10 jours à Abidjan et quelques années auparavant, j’ai passé 3 semaines à Ho chi minh city. Mais je précise que tous ces derniers voyages, je les ai fait pour rejoindre une femme. Et même si il y a eu de bonnes surprises, notamment à Tamatave, j’ai globalement assez mal vécu tous ces séjours. Les raisons, je les connais plus ou moins : mon hypersensibilité (hyper-empathie), difficultés à m’intégrer à un groupe, sens de la justice aigu, etc.
Bref, quand je dis que j’ai mal vécu ces séjours, vous l’aurez certainement compris, je veux dire par là que je supportais très mal la pauvreté et surtout la coexistence des 2 extrèmes. C’est bien simple à Mada, par exemple, on vivait dans les quartiers populaires et je ne ressentais que de la tristesse et de la souffrance. Je suis même devenu quasiment dépressif, bon sang, j’ai pourtant essayé de prendre de la distance, de regarder les trucs positifs… Mais en fait, y en avait pas, mais vraiment pas, c’est la misère à fond. J’avais aussi essayé de prendre du “bon temps” en partant plusieurs fois quelques jours (Fenerive-est, Foulpointe) mais là-bas, impossible de se laisser aller. J’avais bien de l’admiration pour leur résilience, leur abnégation, leur ingéniosité, etc.
Enfin bref, quand je suis rentré, c’était un p###in de soulagement et depuis mon retour fin Mai, je commence enfin à aller mieux. Et je me suis juré de ne plus retourner dans un pays étranger (pauvre) et surtout pour une fille.
Et pourtant, me revoilà entrain d’envisager de partir à nouveau pour un pays pauvre, enfin en voie de développement… Certes, j’y vais cette fois-ci parce que je suis avant-tout un passionné de boxe khmère ! Maintenant, c’est clair que j’ai définitivement abandonné “toute véléité sentimentale”, il s’agit plus à présent de quête spirituelle et d’épanouissement personnel. C’est bien beau tout ça mais, en vérité, ça ne change pas grand chose à mon problème. Vais-je pouvoir vivre là-bas, vais-je tenir…
Pour être plus précis, le club s’appelle Preg Eng Keila, il se situe à 8km à l’est de PP, apparemment il formerait pas mal de champions. Alors peut-être que je serai bien entouré, serait-je livré à moi-même, il est évident que je dois faire en sorte d’en savoir plus de mon côté. Ce ne sera pas possible de loger sur place donc je séjournerai dans une Guest House non lion de là… Enfin, j’espère…
Mais vous, que pensez-vous de tout ce qu’il vient d’être dit? Pouvez vous me dire ce qu’il m’attend?
Bonjour ravie de faire ta connaissance.
Je vis à Siem Reap depuis un petit moment et même si c’est une petite ville où le touriste est Roi et donc où les cambodgiens vivent pas mal du tourisme, la pauvreté est omniprésente partout et à Phnom Penh également !!!
On change très difficilement sa sensibilité, sa façon d’être face à certaines choses … quand je lis ton message, je doute fortement que tu en tires une bonne expérience à moins que tu puisses vraiment faire la part des choses et essayer de comprendre le pays plus en profondeur que de t’indigner sur la pauvreté environnante et apparante. Je dis ça dans le but que tu puisses tirer quelque chose de ton voyage et non un mal être en rentrant chez toi.
On ne peut pas sauver toute la planète, on ne peut pas aider et prendre sur ses épaules toute la pauvreté d’un pays mais on peut essayer de comprendre, d’en tirer des leçons, de se rendre compte de la chance qu’on a et peut être de prendre la décision d’aider une organisation ou une autre.
Je n’ai pas le budget pour aider tout les malheureux que je rencontre, mais souvent au détour d’une rue, j’offre des nouilles à des enfants des rues, quand je vois un accident je vais soigner la personne, j’achète tout mes fruits et légumes sur les marchés pour faire fonctionner l’économie locale, je demande qu’on m’amène des vêtements ou autres pour donner aux défavorisés, etc etc tout ça me permet d’aider un peu les gens, cela me permet de les comprendre et de faire connaissance avec des gens qui m’expliquent leur situation mais il y a une chose, c’est que la pauvreté de ce pays tu ne pourras pas toi la changer, le problème vient de bien plus haut et tant que le gouvernement ne changera pas et bien certaines choses changeront pas ou très lentement pour la population.
En ce qui concerne tes cours de boxe, j’ai un ami Belge qui a fait une école à Phnom Penh et il était plus ou moins mitigé sur ce qu’il en a tiré en définitive.
Il m’a expliqué que contrairement au cours qu’il avait en Belgique, les profs ici ne retiennent pas leurs coups, il en a prit plein la figure et pour tout te dire quand je l’ai rencontré, il avait des contusions, le visage tout bleu !
Etant un homme seul et même si les filles ne l’intéressaient pas à ce moment là, il s’est retrouvé pas mal convoité et les tentations étaient grandes ! je doute que tu puisses résister si tu es sensible et avec un “coeur d’artichaut” (expression Belge, je sais pas si en France vous avez la même).
En résumé, je pense que tu devras prendre sur toi si tu veux que ton séjour se passe bien mais renseigne toi bien avant de venir à propos de l’école de boxe car je pense pas qu’elles soient toutes bonnes …
Amicalement
Iza
Bonjour Iza.
Ravi de faire ta connaissance également et merci d’avoir gentiment pris le temps de me répondre. Au fait moi c’est Bertrand. Donc tu dis qu’à Siem Reap, pourtant très touristique, c’est impossible aussi d’ignorer la misère car elle est partout visible… Et c’est donc fort logiquement qu’à PP, il en aille de même voir pire sans doute. Mais “plus concrètement”, tu as déjà donné des exemples, mais dans la rue, c’est genre, tous le monde s’ignore, fait ce qu’il a à faire, il y a une certaine proportions de mendiants par ci par là… Globalement, les gens, ils sont comment, c’est des robots, ils sont souriants, indifférents? Pas plus ni moins que dans n’importe grandes villes de la péninsule indochinoise…
C’est en partie grâce au tourisme que les cambodgiens vivent, selon toi, quels liens ont-ils développé avec eux, les étrangers? Font-ils une différence entre un australien, un malaisien et un français ? Ou c’est juste les même stéréotypes que dans toutes les mégapoles de pays en voie de développement?
Je dois avouer que je suis assez surpris que mon message soit bien passé, sans vouloir être offensant (d’habitude c’est juste pas le cas!) et tu as bien saisi ce qui me tourmentait. J’ai du me relire au moins dix fois, ça a dû jouer aussi… Bref! Donc, oui, je partage ton jugement : on ne peut pas changer son mode de fonctionnement, on peut juste essayer avec les années de tenter d’en maîtriser les subtilités, je suppose… Faut expérimenter, pour finalement mieux se connaître, etc.
Une part de moi redoute donc de partir pour cette contrée pourtant l’autre part, a déjà essayé d’accepter l’imperfection de ce monde, un processus long et j’avoue que certains jours, ça devient juste un p####n de défi métaphysique… bref, tu sais c’est quoi le pire, c’est que je suis même plus indigné, non, je suis résigné maintenant, je suis devenu cynique (depuis mon canapé seulement !) Est-ce que c’est l’étape juste avant de devenir comme toi, peut-être bien ou j’ai mal compris… Connaître le pays, le comprendre, je crois pas que ça ne me soit nécessaire, le cambodge a ses spécificités c’est évident, j’ai étudié ce pays de loin, mais en définitive c’est toujours le même cirque : le monde est une sorte de gigantesque festival de théâtre de guignol où il y aurait 196 troupes de marionnettistes (un par pays) et les gens ben soit ils font parti des spectateurs fidèles soit pas…
Néanmoins, je suis impressionné par ce pays, de ce que j’en connais, c’est un pays qui m’inspire, riche en histoire, etc. Je pourrais continuer la liste mais je m’égarerai du sujet de ce post… Quoi que, les expériences que tu as pu accumulé en la matière me serait certainement précieuse…
Alors est-ce que je suis prêt ou pas, je le saurais qu’en y allant mais mon instinct me dis “non” et mon intuition me dis de le faire. Quel b##del dans ma tête… Je peux vous dire à toi qui me lit, à vous qui me lisez peut-être, que c’est vraiment un p####n de handicap, cette hypersensibilité, elle ne sert à rien, y en a qui sont doué en math, y en qui sont doué dans un sport mais ce don là, cette aptitude là, c’est juste un fardeau qui vous fait voir le monde avec des lunettes sombres… Oh biensur, chacun son fardeau, faut relativiser, etc. Et pour cause, ce genre d’élan d’apitoiement sur soi frôle l’indécence vu ce que certaines populations du monde traversent et Dieu sait que j’en ai été témoin…
Quoi qu’il en soit, je suis ravi que, toi, tu es pu trouver une sorte d’équilibre. Je ne te connais pas, je ne sais pas depuis combien de temps tu y vis et surtout si tous les conseils que tu donnes marche sur toi finalement. Mais c’est sans doute la seule démarche à adopter si je veux être capable un jour de m’ouvrir au monde. Après tout, on ne peut pas sauver toutes les étoiles de mer échouées sur les plages du monde mais pour chacune qu’on croisera et qu’on remettra dans l’eau, pour elles, ça changera tout… Ou dans le même style, comme disait Gandhi : “Vous devez être le changement que vous voulez voir dans ce monde.” Encore une fois, je m’égare.
A propos des mésaventures de ton ami Belge (au passage, “allez la Belgique!”), c’est assez inquiétant. D’autant plus que la réussite de mon séjour est basé là-dessus. Je cherche toujours à me renseigner davantage sur ce club où je suis sensé allé mais étant donné qu’il m’a été suggéré par M. MEAM Sisara (Président de la Fédération des art martiaux khmers), j’aime à croire que je n’ai pas à m’inquiéter à propos de l’enseignement qui sera proposé dans ce club. Néanmoins, si tu as la possibilité d’en savoir plus ou voir même simplement si tu peux me donner par mp (je sais pas si c’est possible ici) son adresse email, ça me serait sûrement très utile…
Concernant ma solitude relative ajouté au désoeuvrement, toute cet ensemble risque de me créer un terrain où je serai forcément tenté par des femmes, j’en suis conscient. Mais à ce niveau là, je ne crois pas être trop vulnérable, j’ai l’habitude de l’inversement des rôles proie/prédateur (passez moi l’expression svp), je parle évidemment en ce qui me concerne car je n’ignore pas que pour une proportion relativement importante de touristes, ces rôles là, ne sont pas du tout inversé… Ne parlons pas de ceux-là… Par expérience, je connais que trop bien ce genre de rapports, ça m’a plu au début mais c’est épuisant et j’avais de l peine pour elle finalement (évidemment !) mais j’ai appris à gérer ça, il a bien fallu…
Cette expression “Coeur d’artichaud”, je la connaissais de nom mais j’avoue que, jusqu’à ce que j’en cherche la signification, j’ignorais le vrai sens de cette expression. Et à 33 ans, je ne crois pas avoir jamais été amoureux. Pour moi, avant de me considérer, comme un être pensant, je me considère avant tout comme un être vivant, un animal qui a conscience de lui-même. Et pour moi, l’amour est un concept, au mieux, sorti de l’imagination d’un de ses pieux troubadours du moyen-âge pour donner du courage aux soldats et à leurs épouses. On tombe amoureux comme on tombe malade, c’est une pathologie, un cocktail d’obsession, de masochisme et d’héroine ! C’est juste de la bio-chimie pour moi mais bon, ça à l’air cool donc pourquoi pas après tout, c’est une expérience, c’est THE experience ! Comment ne pas céder à la pression social, comment ne pas finir par y croire, c’est une question de temps avant que je ne devienne comme les autres je suppose. C’est juste que, statistiquement, ça semble juste hyper-aléatoire donc moi le loto, j’ai pas la patience d’y jouer… Et allez, je me suis encore bien égaré cette fois. Mais c’est la dernière.
En résumé, le conseil à suivre serait et là, je te citerai :
" je pense que tu devras prendre sur toi si tu veux que ton séjour se passe bien mais renseigne toi bien avant de venir à propos de l’école de boxe"
Tout est dit là, c’était pas la peine d’en faire tout un roman. Désolé pour les digressions. Au plaisir de te lire Iza.