Nous avions trouvé un studio, dans l’East Village, entre Saint-Marck Place et Alphabet city. La 7° rue est belle. Sa succession d’immeubles étroits en briques, avec ses étages à demi enterrés en sous-sol fleuri, ses escaliers grimpant à pic jusqu’au rez-de-chaussée (bien difficiles après une journée de marche), ses fenêtres à glissières, ses arbres au bord de la chaussée, ses échelles extérieures si typiques de l’architecture traditionnelle du XIX° siècle dans Manhattan.
Les magnifiques sorties de secours extérieures avec leurs armatures en fer peintes qui dessinent des lignes droites, obliques, horizontales cheminant tout au long des rues.
À deux pas de Tompkins Square Park, où nous allions tous les matins avant nos visites munies de cacahuètes pour nourrir les écureuils et où le soir, nous terminions la journée par la dégustation d’une glace assis sur un banc.
Nous voici, donc, assis dans Tompkins Square Park, savourant nos glaces.
Sur le banc, en face de nous des sans-abris discutent. L’un d’entre eux vient vers nous, nous lui faisons comprendre que justement nous ne comprenons pas grand-chose.
En rentrant, je me remets à l’apprentissage de l’Anglais, si ! si !
Arrive alors, doucement et silencieusement, une lumière bleue : New York 91 1 . Une voiture de police NYCPD, avec dedans un costaud et
une femme policiers. Ils descendent leur fenêtre et interpellent les SDF.
Nous commençons à ne plus manger notre glace!
Les voix deviennent plus fortes. Alors que l’un des interlocuteurs fait mine de s’en aller, le policier : « Stay here etc. », puis contourne la voiture, la main sur son arme.
Notre glace fond sur nos pantalons.
Le policier : - « You are not a goob boy etc. “ You can not etc", je crois, “ retourne dans l’ouest -“ You are not a good boy”.
Le SDF regarde ses chaussures, puis s’en va.
Toujours accrochés à notre cornet de glace fondu, nous
ne bougeons même plus une oreille.
Le policier parle, alors avec les deux autres, restés sur place : - « C’est un mauvais garçon, il ne faut pas lui parler ». Les deux sans-abris acquiescent silencieusement.
Le policier vient vers nous … Nous ne pouvons pas disparaitre comme nos glaces.
Et… s’excuse pour le dérangement avec un sourire avenant, comprenant que nous sommes français, nous souhaite la bienvenue « You’r Welcome ».
Heu ! « Thanck you mister »
East village est un quartier un peu Rock’n Roll, pour notre
plus grand plaisir.
Dans Saint-Marck place des bars à cocktail avec entre autres le Five Spot Café ou ce sont produit entre autres Clarlie Parker et Clarles Mingus, les boutiques de piercing,celles de vêtements Rock et les tatoueurs s’y sont installés en utilisant les « backstages ». Leurs vitrines ne manquent pas d’originalités.Nous faisons systématiquement le détour par le 8° rue pour les regarder à nouveau.
Le samedi soir, les New-Yorkaises se donnent rendez-vous pour diner entre filles, contrairement au port de baskets définitivement adoptées, par tous et toutes, pour marcher vite. Elles arborent leurs plus belles paires de hauts talons, un régal pour les « shoes addicts ».
En rentrant blessé du Vietnam, Jim Power s’installe dans les rues de l’East village.
Pendant 20 ans, il recouvre de bouts de vaisselles, de tessons de bouteilles ou de morceaux de carrelage les pieds des feux rouges, des panneaux de signalisation et d’autres mobiliers urbains de la 7ième rue. Certains commerçants lui ont offert
leurs murs.
Il est toujours là, avec son compagnon, un Berger belge. Il crée des mosaïques urbaines, du street art à la Facteur Cheval.
Dans ses oeuvres, il raconte l’histoire de New York et des USA, de la guerre de Sécession aux tours jumelles, et des grands
personnages d’Elwis, à Churchill.
Il remonte ainsi méthodiquement et patiemment toute la 7ième rue, d’est en ouest.
Avec le temps et les intempéries, quelques une de ses mosaïques se sont abimées. Alors, des admirateurs, des amis, des voisins et
des journalistes ont organisé un appel de fonds pour qu’elles soient remises en état. Désormais, ces morceaux de couleurs jalonnent, de poteau en poteau, tous les carrefours de la 7ième rue.
Notre logement est sur la 7ième rue et tout au long de notre séjour, je les ai admirés et découverts.
Presque à la fin de notre séjour en sortant du métro, en fin de journée, nous avons eu la chance, de le voir travailler une de ses compositions. Son chien couché, sur un carton à ces côtés.
Les passants le saluent en traversant, ou s’arrêtent pour prendre de ses SEVEN STREET nouvelles. Aimable et souriant, il
explique, sa prochaine oeuvre.
Les Carnet de patricia Allais-Rabeux