Pour la première fois depuis le début de notre tour du monde, il nous a été quasiment impossible de consommer comme les locaux.
Que voulez-vous dire par “quasiment” ?
Les résidents bénéficient d’un carnet appelé “Libreta” qui leur permet d’avoir une certaine quantité de quelques produits à des tarifs subventionnés très intéressant. Mais ceci est très insuffisant pour vivre. Ils doivent s’approvisionner dans les marchés privés à des tarifs moins intéressants, marchés accessibles aux touristes. Ils peuvent aussi dans les marchés d’état subventionnés (théoriquement non accessibles aux touristes) à des tarifs plus intéressants que les marchés privés, mais moins bien achalandés (il faut y aller très tôt).
Ensuite, n’importe quel touriste peut manger là où mangent les Cubains (restaurants d’états en CUP, ventanitas (pour manger local (pizzas, pâtes, cajitas (boîte avec riz congri et poulet ou porc), sandwichs, omelettes, …) à prix économique).
Bien-évidemment, si on ne mange que chez son logeur ou dans des restaurant privés en CUC ou des paladares, le budget explose vite (rapport de 1 à 6 ou 8).
En effet, Cuba est le seul pays au monde à émettre deux monnaies : le CUP, peso national et le CUC, monnaie du touriste équivalent au dollar américain.
Un CUC vaut 24 CUP et ce système crée un gouffre entre le niveau de vie de deux monde parallèle, celui des touristes et celui des locaux. Ce fossé est visible partout, iles et plages interdites aux cubains, prix affichés uniquement en CUC dans les lieux touristiques et bien sûr, inutile de demander un bon plan aux locaux, ils nous orienteront systématiquement vers ce qu’il y a de plus cher.
Ceci est une fausse idée. Ce n’est pas la double monnaie qui crée ce gouffre. C’est avant tout le salaire moyen qui est très insuffisant pour vivre. Certains, restant quand même une minorité, arrivent à s’en sortir en créant une activité en rapport avec le tourisme (chauffeur, guide illégal, restaurateur, loueur de chambre(s) ou de logement entier, intérmédiaire, …) ou en rapport avec le marché noir. Le marché noir a de tout temps été très rémunérateur, et certains se font très facilement 2 ou 3 SMIC français dans le mois (de bénéfices)). D’autres ont des idées comme chez nous, par exemple modifier une console de jeu récente pour qu’elle accepte les CD ou DVD copiés, et ces personnes ont énormément de demandes (2 heures de travail, 50 CUC minimum).
Aujourd’hui, les mieux rémunérés sont les chauffeurs privés qui conduisent les touristes.
C’est ainsi qu’à Cuba, un chauffeur de taxi gagne bien mieux sa vie qu’un médecin et nombreux sont les professeurs, pharmaciens ou ingénieurs à se reconvertir dans l’accueil des touristes chez l’habitant.
Tout à fait, et pas que dans cela ou dans le rapport avec le tourisme, ou indirectement. Je connais un ponchero (celui qui répare les roues crevées de vélo ou moto), qui était professeur de sciences-physique. En une journée, il gagnait un salaire mensuel de prof.
Si l’on aspire depuis bientôt un an à vivre humblement, c’est à dire au plus proche de la vie des locaux, à Cuba on aura été enfermé dans la case touriste.
Je pense que vous vous êtes mal débrouillé. Certes, il sera impossible de vivre 100% à la cubaine, mais il est très facile de manger local à tarif économique. Pour le logement, c’est impossible sauf si on a des amis chez qui loger en demandant le A2.
Ainsi à titre d’exemples, il y a un pompe à essence pour les touristes, on paye 2 dollars une bouteille d’eau, 10 dollars pour accéder à une ballade en forêt (El nicho) ou encore 5 dollars pour faire 1 km en taxi.
Quand on sait que le salaire moyen à Cuba est de 20 dollars par mois soit le prix d’une chambre chez l’habitant pour une nuit, on est en droit de se demander à qui profite cette mane touristique…
En partie au gouffre créé par ceux qui ont des frigos pleins de poissons et de lait frais, au milieu de la viande. Les chauffeurs privés utilisant les tractopelles pour agrandir le gouffre.
Pour nous, 5 dollars ce n’est pas grand chose mais pour un cubain cela représente 5 jours de travail. Alors que doit-il ressentir lorsqu’on lui donne 2 dollars pour acheter une simple bouteille d’eau ?
Les Cubains filtrent ou font bouillir leur eau pour la boire. Les touristes payent cher l’eau en bouteille. Imaginez cette manne d’argent pour l’état… Ce n’est pas prêt de changer, et ce n’est pas quelque-chose qui profite beaucoup au peuple.
Partout dans le monde, on a consommé au coût de la vie du pays. A Cuba, le fonctionnement reste obscure, on probablement contribué à enrichir les plus riches et malgré nos valeurs et aspirations, ce voyage est loin d’être éthique.
Meme si on ne regrette pas cette ecapade, on aurait préféré ne pas cautionner ce système.
Le tourisme est la deuxième source de revenus derrière… les médecins cubains en mission à l’étranger. Deux “domaines” que l’état caresse dans le bon sens.
L’important pour vous reste la première phrase ; “ce fut un beau voyage” !