Géorgie et Arménie: Mashrutkas express

Forum Géorgie

Mashrutkas : taxis collectifs utilisés dans les pays d’ex URSS permettant de rallier à moindre coût, à vive allure et à tombeau ouvert, les villes et les villages. C’est seul, au travers des pare-brise fendus de ces mashrutkas et à pied que j’ai découvert L’Arménie et la Géorgie, ces deux pays du Caucase marqués par un patrimoine riche mais aussi par un contexte régional tourmenté par la guerre en Ukraine, mais pas seulement.

Comme la vodka, le Cha Cha ou le vin ne sont jamais très loin, Gaumarjos! (Santé!)

Lors de ce périple, vous constaterez que je serai souvent proche des frontières, je vous signalerai donc, entre parenthèses, si le pays frontalier en question est ami ou ennemi du pays où je me trouve. Cela permettra de comprendre la complexité de la situation régionale.

27/07/2022

Vol annulé. Lufthansa a supprimé 3000 vols cet été. J’appelle 267 fois le service clients qui finit par me répondre. Vol demain…

28/07/2022

RER, vol pour Munich, 7 heures d’escale, 4 heures de vol pour Tbilissi, capitale de la Géorgie.

29/07/2022

Aucun contrôle Covid, un coup de tampon, n’ayant qu’un bagage à main, je me retrouve vite dehors. Taxi.

Je retrouve avec délice les chauffeurs sans ceinture, fumant au volant et s’affranchissant de toute prudence sur la route.

Le chauffeur me dépose à l’adresse indiquée, il est 4h45 du matin.

Je me retrouve seul dans la nuit sombre et déserte, aucune indication sur le mur de ce qui est censé être mon logement.

Quelques allers et retours dans l’obscurité, j’observe, je cherche mais rien. Après vingt minutes d’hésitation, j’entre dans la courette du numéro 19, monte les marches et frappe à la porte d’une maison déglinguée.

Je réveille un grand-père, c’est bien là. Je dormirai chez lui dans une chambre minuscule. Je partagerai avec lui sa salle de bain et sa petite cuisine. Pas très aimable et rustre, ne parlant pas un mot d’anglais, nous communiquons sommairement en allemand et je comprends qu’il veut me virer car je ne veux pas lui payer trois nuits d’avance, ne sachant pas quel sera mon programme des jours suivants.

Il me faut parlementer. Finalement, il me montre des photos de lui en costume de colonel de police, je n’ai qu’une envie, dormir quelques heures pour récupérer de ma nuit blanche…

On se quitte bons amis, je dors deux heures.

8h00, je pars à la conquête de la ville. Tbilissi est entourée de colline, je suis sur l’une d’entre elles, je descends ainsi vers la rivière et le centre ville.

Ce que je découvre correspond assez bien à ce que j’avais imaginé. De belles façades ornées de jolis balcons et parfois de sculptures. La plupart sont totalement délabrées.


Ce qui saute aux yeux, c’est ce grand écart entre délabrement et luxe, entre tradition et modernité, entre jeunesse dorée et vieillesse décrépie.

En déambulant à pied, la situation géographique du pays me semble concrète. La Géorgie est à la croisée des chemins. Située sur l’une des anciennes routes de la Soie, pas en Europe mais pas tout à fait en Asie non plus, coincée entre la Mer Noire et la Mer Caspienne, envahie par les ottomans et dominée par la Russie pendant des centaines d’années… Bref, le spectacle de la rue montre un mélange d’influences des plus savoureux. On y fume la shisha, on y croise la burqa, le croc top, on entre dans les mosquées, dans les églises, on y entend l’appel à la prière, on y mange des kebabs et du hommous, on y boit, de la vodka, du Cha cha, et du vin… Vous l’aurez compris, il semble y avoir de la place pour chacun ici…

Ajoutons une dernière impression : le géorgien fume, boit et pollue, le tout en quantité importante, il décomplexe…

Revenons à ma promenade.

Il fait très chaud, très moite et les montées et descentes se succèdent dans la vieille ville.


Liberty Square

Je monte à la forteresse en ruine de Narikala (4 ème siècle) d’où le panorama sur la ville est exceptionnel. Les murs millénaires sont accessibles et rien n’interdit de les escalader, au mépris de tout danger et de toute considération visant à préserver le patrimoine.

Dans les ruelles tortueuses de la vieille ville, se trouvent un canyon et des célèbres bains de souffre.

Partout, des restaurants et des cafés animés.

Je rejoins à pied la Cathédrale de la Sainte Trinité. Construite en 2004, elle est située sur une autre colline et visible de toutes les rues.

Les petites ruelles me mènent jusqu’au palais présidentiel, puis rejoignent le Rike Park et ses allées bien entretenues. Le pont de la Paix (2010) enjambe la rivière Koura.

Il est 17h00, je suis rincé par 17 km à pied sous un soleil de plomb.

Je rentre me reposer. Mon hôte m’attend, il semble sur ses gardes, attend-il le moindre faux pas de ma part ?

Il est plutôt bourru, je suis cependant persuadé qu’il est gentil, même lorsqu’il râle lorsque je passe devant sa télé pour regagner ma chambre.

Je ressors en début de soirée.

La nuit est tombée. La ville est dans la rue, les tenues de soirée sont de sortie…

L’impression d’être invisible. Toute la journée, je me suis promené avec mon gros appareil photo en bandoulière. On ne me regarde pas, on ne m’interpelle pas. Les gens font leur vie sans se soucier de moi. Parfait…

30/07/2022

Aujourd’hui, j’ai souscrit à un tour touristique avec pour objectif de visiter la grande région viticole de Géorgie la Kakhétie, située à l’est de la capitale. Visite, dans ce contexte, signifie dégustation.

Il est à peine 11h00, j’ai déjà dégusté plusieurs verres de blanc et de rouge.

Dans le mini-bus, des libanais, des kazakhs, des soudanais, un russe et un ukrainien assis côte à côte. Le voyage gomme les frontières.

Nous visitons le monastère Saint Nino de Bodbe où l’on cultive les oignons puis visite de Sighnaghi, « City of Love ». Le village est mignon mais s’est érigé à coup d’arguments marketings en Las Vegas géorgien. Il est devenu un passage obligé pour les jeunes couples, on peut s’y marier 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.




Nous sommes à 10 kilomètres de l’Azerbaidjan (Ami).

Peu après Telavi, nous nous arrêtons dans un domaine viticole pour déjeuner et déguster des vins.

80 % de la production géorgienne provient de cette région. On fait du vin en Géorgie depuis 8000 ans au moins, ce qui en fait l’un des berceaux mondial.

Les grappes sont stockées dans des Kvevris, des jarres enfouies sous terre et y fermentent plusieurs mois.

En terme de dégustation : vodka, Cha Cha (Vodka à base de raisin), cognac, rouge, blanc, rosé.

Je suis bien, chargé, imbibé… Il fait 40 °c.

Cette fois, c’est la frontière tchétchène (ennemi) que nous longeons, elle se situe à une quinzaine de kilomètres.

2 heures de route pour rejoindre Tbilissi.

31/07/2022Il est à peine 7h30 ce matin que je suis déjà dans le métro qui me mène à Alvabari Station. C’est là que je prends un mashrutka qui doit m’emmener en Arménie (Ami) après 5 ou 6 heures de route.Je m’achète une bricole à grignoter, déjà, le taxi est plein, tout le monde m’attend. A peine monté, il part sur les chapeaux de roues.La frontière est passée très rapidement.Moi qui ne suis pas malade dans les transports, je me découvre cette fragilité sur les routes arméniennes. « Là ? Tu ne peux pas doubler ! Tu y vas quand même ! ». La roulette arménienne, une variante de la roulette russe, sans doute encore plus risquée car elle implique tous les passagers involontaires…Nous longeons la frontière de l’Azerbaïdjan (Ennemi, l’Arménie et l’Azerbaïdjan sont en guerre depuis 1991 pour la conquête du territoire arménien du Haut Karabagh).

Arrivé à la station de bus, je prends un taxi qui ne comprend pas où je souhaite aller. Il n’a pas de gps sur son vieux téléphone. Je lui prête le mien mais me rends compte qu’il ne voit rien du tout, il ne parvient pas à lire l’écran. C’est donc peu rassuré que je le guide jusqu’à cette petite ruelle en banlieue de Yerevan où vivent mes hôtes, la famille de Sonna avec qui j’ai déjà échangé sur whatsapp.

La maison est sommaire, brinquebalante, ma chambre également mais elle est plutôt grande. Ce vert soviétique flanqué sur les murs et ces planches disjointes me vont à ravir.


Je pars aussitôt à pied rejoindre le centre ville. Yerevan étant une petite ville, à 4 kilomètres, je suis déjà dans la banlieue de la capitale. Je longe donc une nationale encombrée, passe au pied de barres d’immeubles soviétiques délabrés, entre dans la Cathédrale Saint-Grégoire l’Illuminateur pendant un mariage et rejoins la place de la République sous une chaleur accablante.


Comme en Géorgie, le parc automobile m’interpelle. Au delà de la conduite singulière des chauffeurs, les voitures ont différentes spécificités que l’on retrouve dans les deux pays.La première est qu’elles ont le volant à gauche ou à droite. Effectivement, dans le Caucase, les voitures sont importées d’Europe, des États-Unis mais aussi du Royaume Uni ou du Japon, pays dans lesquels le volant se trouve à droite.La spécificité suivante réside dans le fait qu’un grand nombre de véhicules n’ont plus de pare-choc à l’avant ou à l’arrière. J’imagine qu’en cas d’accident, celui-ci n’est pas remplacé.Enfin, tout comme à Tblissi, il est courant de croiser de vieilles Lada ou autres voitures soviétiques dont on se demande comment elles peuvent encore avancer. On voit cependant très fréquemment (des dizaines par jour) des voitures de luxe, des modèles rutilants valant plus de 200 000 euros…

Mosquée bleue, place de La Liberté, Opéra, Place Charles Aznavour… Les longues et belles avenues qui quadrillent la ville sont très agréables.


J’ai un coup de chaud, je m’engage dans l’unique ligne de métro et prends la direction de Sasuntsi David, la gare la plus proche de mon logis.Les quais et la rame sont impeccables et climatisés. Comme à Tbilissi, les escalators sont vertigineux tant ils s’enfoncent profondément. A leurs extrémités, une cabine dans laquelle un employé surveille le bon comportement des passagers. On y accède avec des petits jetons en plastique façon puissance 4.La gare soviétique de Sasuntsi David est imposante, massive, monumentale.


Je suis content d’être en banlieue, je marche une vingtaine de minutes pour rejoindre la maison où je loge, fais quelques courses au supermarché et m’allonge écrasé par les 18 kilomètres parcourus à pied et par la chaleur étouffante d’une chambre sans climatisation ni ventilateur…

01/08/2022L’objectif du jour est de rejoindre à moindre coût le lac Sevan que j’ai longé en Mashrutka lorsque je suis venu de Géorgie.Hier, un tour opérateur m’a proposé le transport pour 60 euros.Je prends le métro et saute dans le premier mashrutka en partance pour Sevan.Les arméniens doivent avoir des abdos en béton. A chaque virage, je m’agrippe pour ne pas basculer. Les autres passagers, eux, ne bougent pas d’un millimètre. Certains dorment et ne semblent pas subir les soubresauts et la force centrifuge qui m’est imposée à chaque virage.Après une heure de route, j’arrive dans cette ville décrépie et glauque à souhait. Je hèle le premier taxi venu et lui demande de me déposer à Sevanank, un monastère juché sur une colline dominant le lac.Il propose de m’attendre et de me ramener après la visite. Il ne comprend pas que je projette de parcourir les 7 kilomètres du retour à pied. Il m’explique incrédule et amusé que personne ne marche ici…Sevanank est un bel endroit, une petite péninsule comprenant deux jolis monastères dominant les eaux turquoises du Lac Sevan situé à 1900 mètres d’altitude.


Au pied de la colline, une petite station balnéaire. Les installations sont passées, rouillées. Elles me font penser aux plages du Lac Ohrid en Macédoine. Un autre temps…


J’entreprends donc mon retour à pied en prenant droit dans la colline. Assez rapidement, je me fais rattraper par un 4x4 dont le chauffeur me propose de me ramener en ville. Lui non plus ne comprend pas que je veuille marcher.

Je traverse un village désert, un village sans asphalte où il n’y a rien à voir. J’adore les endroits où il n’y a rien à voir. Souvent, dans ces lieux, on y observe la vie telle qu’elle est, on se fond dans l’environnement, vivre l’instant plutôt que voir à tout prix. Des bicoques, des jardins, ces tuyaux de gaz si caractéristiques des anciens pays de l’URSS… Ils longent, traversent les routes et contournent les obstacles. Ils sont omniprésents, indispensables. Comment n’y a-t-il pas davantage d’accidents ? Une fuite et tout explose…


Je retrouve Sevan, toujours aussi sordide, me pose quelques instants pour déjeuner et engloutir des litres d’eau fraîche.

Une petite heure d’attente et quelques minutes de cohue avant de pouvoir monter dans un mashrutka en direction de Yerevan.Trois stations de métro, vingt minutes de marche et je suis de retour chez moi. Au final, cette escapade m’a coûté 4 euros en transport…Je retrouve mes hôtes qui vivent en famille dans cette maison tarabiscotée. Les oncles et tantes, les grand-parents, les cousins, ils sont tous là à circuler dans tous les sens.23h00, je suis assoiffé par la chaleur qui règne dans ma chambre. Je n’ai plus d’eau, juste des bières au frais…02/08/2022A 4h00, je me réveille en sueur, je bois à nouveau une bière bien fraîche. Je sors fumer une clope. Un vieil homme se met face à moi, allume lui aussi une clope et me regarde droit dans les yeux. Pas un mot.En douceur, je me dirige vers le monument emblématique de Yerevan, les cascades. Il s’agit d’une succession de fontaines dévalant de la colline. Je monte les marches, en sueur, sous une chaleur affolante. Il est 13h00. On devine la silhouette du Mont Ararat dilué par les brumes de chaleur. Le Mont Ararat est un volcan culminant à 5165 m. Il est toute l’année recouvert par les glaces et je rêve de l’approcher depuis une vingtaine d’années.

Le Mont Ararat a deux particularités étonnantes.La première est que selon la légende, ce serait l’endroit où se serait échoué Noé avec son arche.La seconde est que le Mont Ararat est le symbole absolu de l’Arménie. Il figure sur les bouteilles d’eau, les billets de banque, dans les publicités… Il fut cependant subtilisé par la Turquie en 1921. Il est désormais en territoire turc.A cette heure-ci, il est quasiment invisible, je reviendrai un peu plus tard…Je me dirige vers le Centre Charles Aznavour. Il semble fermé depuis bien longtemps…

Je prends ensuite la direction du mémorial du Génocide Arménien, situé à 6 km à pied de l’endroit où je me trouve.Encore une fois, il n’y a que moi qui marche dans ces zones où les attractions touristiques n’existent pas.Je traverse un parc et longe un complexe culturel qui semble à l’abandon.

Entre 1915 et 1923, ce sont près d’1,5 million d’arméniens qui ont été déportés et exterminés par les turcs. Le mémorial et le musée se trouvent au sommet d’une colline qui domine la ville.

Les arméniens viennent y fleurir une flamme continue.


Peu avant l’esplanade , les « Grands de ce monde » ont planté un sapin. Parmi eux, Jacques Chirac, François Hollande et plus récemment Emmanuel Macron dont le sapin, minuscule, n’a pas encore eu le temps de se développer.

Je redescends dans la ville. Le Mont Ararat est encore à peine visible du pont de la Liberté.Je récupère une petite heure dans les jardins ombragés puis reprend la direction des cascades. Je reste jusqu’à 20h00 au sommet. L’Ararat se dévoile timidement, il fait encore 35 °c.

Je retourne dans les rues qui se sont subitement animées. Tout le monde est de sortie et l’ambiance est particulièrement festive et détendue.Alerte à la bombe dans le métro, rame évacuée. Il est 22h00 lorsque je m’affale sur mon lit, après 19 km de marche.

La propriétaire m’a laissé un petit ventilateur, trop mignon ! 03/08/2022Pour gagner du temps, je rejoins un tour touristique pour visiter les trois sites majeurs autour de Yerevan.Le premier que nous visitons est Khor Virap, monastère du 7ème siècle, premier lieu saint de l’Arménie chrétienne.Depuis 20 ans, j’ai cette image du monastère dominé par les glaces de l’Ararat.Sitôt le bus garé au pied de la bâtisse, je fausse compagnie au groupe et rebrousse chemin sur 1,5 km pour pouvoir photographier le monastère et son volcan qui se trouve en Turquie (Ennemi).

La frontière turque est à 300 mètres, elles est fermée depuis 1994. Le drapeau arménien toise l’ennemi.De retour, je visite l’édifice, et notamment les cellules souterraines que l’on atteint en empruntant des échelles aussi vertigineuses que dangereuses.

Un petit lac en passant…

Deuxième arrêt, le temple de Garni. Seul temple grec subsistant en Arménie, construit en 66 après Jésus-Christ puis maintes fois détruit et reconstruit, l’édifice est un temple grec avec des colonnes. Pour moi, rien de plus, je ne suis ni ébahi, ni ému par l’édifice. Peut-être qu’après en avoir vu des dizaines, je cherche à m’émouvoir face à des nouveautés. Il faut reconnaître que le site est remarquablement placé, cerné par les canyons et les montagnes.



Enfin, la dernière halte nous permet de découvrir le monastère de Geghard, fondé au 13ème siècle, lui aussi entouré de montagnes. L’édifice a la particularité d’être en partie troglodyte. A mon sens, le plus grand intérêt de cette visite est que de nombreux baptêmes y sont célébrés au moment où je m’y trouve…


Comme tous les soirs, je transfère mes photos sur mon pc et commence le tri.On me demande parfois si, seul, je ne m’ennuie pas. Pas un instant. Mon appareil photo est mon compagnon de voyage, il m’accompagne toute la journée, guide et oriente mon œil. Il accompagne également mes soirées. Le visionnage et le tri de mes photos font office de debriefing, de bilan des heures passées. Une sorte de dialogue silencieux.

04/08/2022Je prends le premier métro de la journée.


7h15, le mashrutka vrombit en direction de la frontière géorgienne.Un petit détail qui a toute son importance: le volant est à droite.Qu’importe me direz-vous. Grave erreur !Avec le volant à droite, si vous désirez doubler une ou quinze voitures devant vous, vous devez vous déporter complètement sur la voie de gauche pour savoir si vous pouvez engager votre dépassement.Retour sportif en Géorgie.

Je retrouve le petit papi, il me sourit ! Que d’effusion de sentiments !05/08/2022J’ai une nouvelle fois opté pour un tour organisé pour rejoindre la ville de Kazbegi (aussi appelée Stepansminda). J’ai négocié un bon prix car je souhaite que le minibus me laisse à destination, je prévois d’y rester plusieurs jours. Je vais ainsi en profiter pour faire des visites et des pauses dans des lieux dignes d’intérêt.Nous empruntons la route militaire, la seule qui relie la Géorgie à la Russie (Ennemi). Ce sont des centaines de camions qui l’empruntent chaque jour. Elle est considérée comme étant l’une des routes les plus dangereuses du Caucase. Son accès est régulièrement impossible en cas de pluies importantes, de glissements de terrain, d’affaissements ou d’avalanches l’hiver.Premier arrêt, le barrage et réservoir d’eau douce qui fournit Tbilissi.


Nous visitons ensuite la pittoresque forteresse d’Ananuri (17ème).


Petite pause à la confluence de deux petites rivières au couleurs différentes. Elles suscitent un émerveillement que je ne comprends pas…

La route serpente et s’élève jusqu’à la station de ski de Gauduri puis rejoint le Panorama. Il s’agit d’un monument assez laid qui est censé sceller l’amitié entre la Géorgie et la Russie.

Re: Géorgie et Arménie: Mashrutkas express - pierrewb

Les relations entre la Géorgie et la Russie sont paradoxales.Les géorgiens détestent les russes qui occupent 20 % de leur territoire depuis la guerre de 2008 (Ossétie du Sud) et craignent une nouvelle invasion à l’instar de ce qui se passe en Ukraine.Or l’Arménie s’approvisionne en gaz russe. Celui-ci doit donc transiter par la Géorgie qui, plutôt que d’instaurer une taxe, se sert au passage. Les touristes russes sont partout en Géorgie même s’ils rencontrent l’hostilité de certains géorgiens.Bref, au lieu-dit du panorama, ce sont des touristes des monarchies du Golfe qui sont très présents, venant à chercher un peu de fraîcheur à trois heures de vol de Dubaï ou de Doha. Les restaurateurs l’ont bien compris, tous les menus sont halal.

Il fait 15 degrés, je respire enfin !Sur la route, des centaines de camions en attente du sésame leur permettant l’accès au territoire russe.Dans le bus, une israélienne est assise à côté d’un saoudien. Le voyage gomme les frontières.Nous arrivons enfin à Kazbegi (Aussi appelée Stepansinda), il est 16 heures passées. Nous sommes à 10 kilomètres de la frontière russe (Ossétie du Nord).

Les passagers vont rejoindre en 4x4 l’Eglise de la Trinité de Guerguétie (14 ème siècle), un monastère perché à 2170 m d’altitude, dominant la vallée. Cette église est elle même dominée par le Mont Kazbek (5047 m), deuxième plus haute montagne de Géorgie.Je me joins à eux, conscient que j’aurai l’occasion d’y monter à pied les prochains jours mais que la lumière risque d’être différente et peut-être moins bonne.J’ai des réflexes que je ne contrôle pas. Alors que tous les touristes se pressent de rejoindre l’église, je pars dans l’autre sens, m’éloignant davantage de l’édifice afin de le photographier sur fond de montagnes…

De retour à Kazbegi, je quitte le groupe, il retourne à Tbilissi.Je m’installe dans une petite guesthouse à la sortie du village de Gergeti, à 1 km du centre de Kazbegi, à trois maisons de la nature et de la liberté.

**Désolé, je ne parviens plus à charger les photos (limite dépassée ?). La suite des photos sur mon blog.**Je vais en ville, il se met à pleuvoir des cordes. Un automobiliste a pitié de moi et me remonte au sec.Chevaux et vaches passent, je les observe de la fenêtre de ma chambre.Coupure d’électricité, je finis la soirée à la bougie.

Je pense rester quelques jours ici, bien que la météo prévisionnelle soit mauvaise. Au moins, j’ai une grande chambre, une salle de bain privée pour la première fois, des poules dans le jardin et je ne paie que 12 euros la nuit !06/08/2022Le ciel est couvert, le temps s’annonce mauvais toute la journée. Pas de chance, j’ai prévu de rejoindre à pied le glacier du Kazbek, à près de 3000 mètres d’altitude.La pluie est annoncée à midi. Je m’élance à 7h30. Rapidement, je rencontre un couple franco-allemand que j’accompagne.

Vers 2400 mètres d’altitude, nous plongeons dans une nappe de brouillard qui se densifie à mesure que nous avançons. Nous sommes rejoints par une randonneuse russe, Anastasia.

Vers 2500 mètres, le couple fait demi-tour, je poursuis avec Anastasia. A 2900 m, alors que nous sommes dans un gigantesque pierrier, nous prenons la décision de redescendre. La pluie ne devrait pas tarder, il n’y a pas d’intérêt à vouloir continuer dans cette purée de pois.

La pluie commence à tomber alors que nous sommes à proximité de l’Église de la Trinité. Il est 14h10. Je fais part à Anastasia de mes plans du lendemain, nous échangeons nos numéros de téléphone.

15h20, j’arrive trempé à la guesthouse après 8 heures de marche.Je dîne tôt, je suis fatigué et affamé. J’ai tellement mal aux jambes que je peine à m’asseoir…Dans la soirée, nous nous organisons avec Anastasia pour partager le prix du taxi le lendemain.07/08/2022Vue sur le Kazbek ce matin ! Il ne faut pas manquer la fenêtre, déjà, les nuages commencent à le dissimuler…

A 7h30, nous nous retrouvons avec Anastasia dans le taxi qui nous dépose à l’entrée de la vallée de Truso et décidons de marcher ensemble.Le village située à l’entrée de la gorge est en ruine. En 2008, lors de l’invasion russe, les habitants ont fui. Une femme a décidé de rester. Elle vit depuis seule dans cet environnement désolé.

La vallée est une gorge étroite. Petit à petit, elle s’élargit, s’évase et débouche sur une vallée extraordinaire, immense et sans limite.

Je ne sais pas quel mots choisir pour exprimer cette immensité, le sentiment de liberté et de solitude qui nous imprègne.

Le lieu est extraordinaire. Un premier village, des ruines, plus de chevaux que d’êtres humains, un pont emmené par les flots et rafistolé avec les moyens du bord…

Nous grignotons un bout avec Anastasia. Les habitants de la vallée viennent nous parler, lui parler en russe, échanges qu’elle me traduit par la suite en anglais. Ils sont musulmans contrairement aux habitants des plaines.

Un deuxième village et un monastère constituent notre deuxième halte.

Au bout, tout au bout de la vallée, une forteresse en ruines. A son pied, un poste frontière. Impossible de passer au delà. Derrière, c’est l’Ossétie du Sud, République autoproclamée vivant dans le giron des russes. Les géorgiens et autres étrangers n’ont pas le droit d’y mettre les pieds.Du haut de la citadelle, une vue à 360 ° époustouflante.

Nous avons parcouru 11 kilomètres dans la vallée de Truso. Il nous faut désormais faire demi-tour avec ce sentiment si particulier de revenir du bout du monde, d’avoir pu profiter, seuls d’un lieux extraordinaire.

A quelques kilomètres de l’entrée de la vallée, nous rencontrons deux français, Claire et Thibaud. Ils prévoient de se rendre demain à Juta, une vallée que je convoite également. Nous échangeons les numéros de téléphone et Anastasia nous met en relation avec un chauffeur qui peut nous y conduire demain.Arrivée à l’entrée de la gorge, Anastasia rappelle le taxi qui vient nous chercher.Nous dînons très tôt et nous nous séparons, fatigués par les 22 kilomètres d’une journée mémorable.08/08/2022Je retrouve le taxi que j’ai négocié la veille. Claire et Thibaud arrivent dans la foulée. A 8h00, nous débutons la randonnée dans la vallée de Juta.Le temps est couvert mais il nous promet de belles éclaircies.Les paysages bien que merveilleux ne m’époustouflent pas autant qu’hier. En effet, ils ressemblent davantage aux Alpes.Cependant, la montée nous offre des vues spectaculaires sur les aiguilles rocheuses qui donnent ce surnom à cette région : les Dolomites géorgiennes.

Vers 2900 m, je quitte Claire et Thibaud pour tenter un passage dans le pierrier au pied de la falaise.Un peu audacieux mais ça passe, je rejoins un autre sentier pour retrouver le chemin de la vallée. Je retrouve Claire et Thibaud dans la descente que nous terminons ensemble.

Nous sommes à l’heure au rendez-vous fixé par le taxi après une douzaine de kilomètres de marche.Nous dînons ensemble. Je décide de rester encore deux nuits, demain la météo sera clémente et j’aime marcher dans ces montagnes. Je marche accompagné depuis deux jours et j’ai envie de marcher seul demain. Un moyen de toucher du doigt une forme de liberté absolue.09/08/2022Ce matin, je prévois de remonter la rivière Terek dans la vallée du même nom.

La vallée de Terek est la large vallée dans laquelle se faufile la route militaire qui relie la Géorgie à la Russie. Elle est accessible directement à pied de ma guesthouse.

Pour schématiser : à gauche, la route, au milieu, les flots tumultueux de la rivière, à droite, une piste que je vais emprunter. Rien de particulier à voir parait-il, j’adore!

Déjà, des dizaines de chevaux en liberté. Pas de clôtures en Géorgie. Les chevaux et les vaches sont libres.J’avais repéré sur Maps cette piscine d’eau gazeuse naturelle. Étonnante, elle est alimentée en direct par la source. Les habitant viennent régulièrement remplir leurs bouteilles.

Premier petit village surmonté par une jolie tour défensive.

Arrivé au bout de la rue principale, cul de sac. La piste que j’avais repérée sur internet se poursuit au delà d’une propriété privée. Je fais demi-tour, me dirige vers la route mais j’aimerais l’éviter. Je commence à longer les barbelés qui protègent le centre administratif de contrôle des camions qui se dirigent vers la Russie. Après une cinquantaine de mètres, une alarme anti-intrusion de déclenche. Je semble avoir été repéré… Vite, je rebrousse chemin et m’éloigne rapidement. L’alarme cesse.Un gars m’indique un petit chemin me permettant de poursuivre ma progression dans la vallée. Deux chevaux m’accompagnent pendant deux kilomètres.

A droite, une falaise. Dans la montagne, je repère ce qui ressemble à des grottes.Pour y accéder, pas de chemin, je monte droit devant moi. Arrivé à proximité des orifices, je me rends compte stupéfait, que les grottes sont habitées par des vaches recherchant la fraîcheur…

Deuxième village, surmonté par deux cascades.La première est accessible en 4 minutes. La seconde n’est pas accessible.La seconde va être accessible. Je m’y engage !Je tente une traversée de la rivière juste au-dessus de la première cascade. Je me ravise. En cas de glissade, c’est une chute de vingt mètres qui m’attend.Je redescends donc sous la cascade et traverse de l’eau jusqu’aux genoux.C’est ensuite une longue et pénible montée qui commence.Pas de chemin, des herbes glissantes, une pente raide. Plusieurs fois, je glisse et me rattrape aux premières tiges qui se présentent. Une fois sur deux, ce sont des orties ou des chardons.J’ai les mains, les chevilles et les mollets couverts de piqûres.Je ne me décourage pas, je progresse.Arrivé à une centaine de mètres de la cascade, l’humidité favorise la croissance des végétaux et ce sont des orties d’un mètre que je fends.Enfin, le pied de la cascade et, au loin, la vallée d’où je viens.

Descente prudente, je retourne au village, virage à gauche et m’engage sur le chemin du retour. J’ai déjà parcouru 16 kilomètres.

A proximité du centre des routiers, je suis interpellé par des chauffeurs arméniens qui m’imposent de partager avec eux leur repas. Pain, poulet et vodka !

Je repars quelques minutes plus tard avec un verre plein. J’en bois encore une grande gorgée pour leur dire au revoir et, après m’être éloigné suffisamment, je verse la vodka dans le bas côté. L’herbe n’y repoussera pas. Je marche en zigs et en zags…

En passant devant ma chambre, je dépose mon sac et rejoins le centre-ville de Kazbegi pour dîner après 23 kilomètres à pied…La petite dame qui gère ma chambre me demande si j’ai passé une bonne journée. Je lui montre la vidéo de la cascade, elle est ébahie. Elle ne l’a probablement jamais vue…Demain, elle a rendez-vous chez le médecin, à Tbilissi, à trois heures de route…10/08/2022J’ai dormi deux heures. Ma peau perforée par les épines de chardon et les picots des orties m’a démangé toute la nuit.Je suis à 7h15 sur la place de Kazbegi attendant le premier mashrutka qui me ramènera à Tbilissi.Proche de la place, une agence de montagne n’accepte pas les touristes russes (Justifié par : les russes ont envahi l’Ukraine et occupent 20% du territoire géorgien).

Le balayeur nettoie la rue et jette une à une ses clopes après être passé. Il se donne du travail… Il pourrait être un personnage du Petit Prince de Saint Exupéry.Le chauffeur vérifie le bon fonctionnement du mashrutka.

Bref, j’attends 45 minutes et nous quittons Kazbegi.Très vite, bien que son volant soit placé à gauche, je ne suis pas rassuré lors des déplacements.Le chauffeur passe la moitié de son temps sur l’autre voie à klaxonner et doubler. Lorsqu’il ne peut pas le faire, il colle les autres véhicules. En cas de coup de frein ou de vache sur la route, on y passe tous…Plus loin, c’est un camion coincé sur le bas côté, le poids du véhicule a affaissé une partie de la route…Je me fraie un passage poussiéreux entre les passagers, les chiens et les étals et retrouve la climatisation salvatrice du métro.Je retrouve le petit papi, j’ai à nouveau le droit à un sourire.Petite sieste, je repars pour une petite marche tranquille. J’ai dit tranquille !Finalement, cette petite marche se transforme en grande marche. Je grimpe jusqu’à la statue « Mother of Georgia », une sorte de Christ de Rio puis retourne arpenter les murailles de la forteresse de Narikala essayant de gérer les passages glissants avec mes simples tongs…

Les chiens et les chats sont très présents dans la rue en Géorgie.Les premiers sont pucés et vaccinés et ne prêtent pas attention aux humains. Les seconds prolifèrent en se reproduisent sans aucun contrôle. Des petits de quelques jours échappent miraculeusement aux pneus des véhicules et aux pieds des passants.Finalement, j’ai marché une petite dizaine de kilomètres et transpiré abondamment.11/08/2022Mes diverses piqûres ont eu encore une fois raison de mon sommeil.Aujourd’hui, je rejoins une dernière fois un tour organisé en mini-bus pour visiter les grottes de Vardzia. Celles-ci, situées à plus de 200 kilomètres de la capitale, sont difficiles à rejoindre en transport collectif.Premier arrêt, le château de Rabati. Reconstruit en 2011 sur les ruines de l’ancienne forteresse, l’édifice doit sceller l’amitié turquo-géorgienne. En effet, nous ne sommes qu’à 15 kilomètres de la frontière turque (ami).

Beau, très beau mais tellement restauré qu’il manque la portée historique du lieu. Les pierres sont trop neuves, trop droites, trop parfaites.

Vardzia. Une montagne, 600 grottes creusées par l’Homme au 12ème siècle, 19 niveaux, 5000 personnes y vivaient à l’époque.Une église toujours en fonction, des logements, des tunnels qui permettent de relier les étages à l’intérieur de la montagne, une « pharmacie », une réserve d’eau potable…Le lieu est extraordinaire tant par sa situation à flanc de falaise que par sa complexité.Vardzia a été plusieurs fois détruite par des séismes. Les grottes actuelles sont celles qui ont résisté.

Aujourd’hui encore, quelques moines y vivent à plein temps…

Dernière étape de cette longue journée, le parc de Borjomi. Borjomi est une ville célèbre pour son eau minérale naturelle. Le parc, bien entretenu et légèrement surfait, abrite une de ses sources où les habitants viennent remplir bouteilles et autres bidons.Sinon, la ville est un temple de la consommation à destination des familles géorgiennes et des touristes. Il est 23h45 lorsque le minibus me dépose Place de la Liberté. 20 minutes à pied pour regagner ma chambre, en haut de la colline.Les rues sont très animées, les habitants sont de sortie.12/08/2022Mon dernier jour en Géorgie.Je décolle demain matin à 5h00.Mon hôte m’invite à partager son petit déjeuner. J’accepte avec plaisir jusqu’à ce que j’assiste à la préparation de la mixture faisant office d’alimentation.Flocons d’avoine + fromage + gingembre + citron + eau bouillante.Vous mélangez le tout en vous assurant que le fromage ait assez fondu pour faire des fils.Je n’ai pas pu terminer, je m’en excuse auprès de mon hôte qui me sert finalement un, deux, trois cognacs.

Il est 10h00 du matin, je suis ivre…Je croise Merle, une allemande avec qui j’ai discuté hier et qui m’avait proposé de déjeuner ensemble aujourd’hui. . Je lui propose de venir avec moi, à pied, au Dezerter Bazar, le marché central de Tbilissi, situé à 6 kilomètres.

J’aime beaucoup arpenter les allées des marchés des villes que je visite.On y trouve de tout et en abondance. Un festival de couleurs. J’en profite pour faire quelques achats.

Je déjeune avec Merle qui me quitte pour retrouver des amis.Un des derniers regards sur mon petit quartier et je rentre me reposer dans ma chambre, la nuit va être longue.

Dans la soirée, je dîne avec Merle puis rentre faire mon sac.Le taxi passe me prendre à 0h30.Comme souvent, la route qui mène à l’aéroport est entretenue, ornée de parterres aux arbustes soigneusement taillés. La première et la dernière impression que l’on se fait d’un pays doit être la meilleure possible…13/08/20225h00, mon avion quitte Tbilissi.5 heures d’escales à Munich, 1h15 de vol, à 13 h 40 j’atterris à Paris, nuit blanche, clap de fin !

Merci de m’avoir lu.
Davantage de photos sur mon blog.

Bonjour et bravo chouette carnet. Les 3 pays du Caucase me tentent depuis quelques années mais la situation tendue (encore des bombardements cette semaine) m’inquiète pour y aller pour l’instant, entre les tensions avec la Russie et entre l’Arménie et l’Azerbaidjan. On verra un peu plus tard…

Je suis choqué par cette vodka gaspillé, c’est un manque de respect profond pour ceux qui vous l’ont offerte et ceux qui l’on produite! Je n’ai jamais refusé un verre de vin ou d’alcool que l’on m’a offert (en sachant m’arrêter quand cela durait, comme en Ukraine lors de ma première soirée à Uzgorod), pour tout dire, surpris, mais sans rechigné, j’ai même bu du lait à table en Suède lorsque j’étais invité!

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