Bonjour,
J’avais répondu à Hervé75 par message privé, mais comme ces éléments peuvent intéresser tout le monde, je redonne ici ce texte (revu et corrigé, car j’avais fait quelques erreurs) à propos de la procédure légale pour faire entrer en Thaïlande certains médicaments. Les témoignages des uns et des autres sont évidemment précieux et peuvent fournir des indications, mais ils se contredisent parfois et rien n’est plus sûr que de s’abreuver aux sources officielles.
Le site de l’ambassade de Thaïlande en France indique : “Selon la loi sur les stupéfiants (B.E. 2522-1979), modifiée par la loi sur les stupéfiants (B.E. 2545-2002) et la nouvelle réglementation en vigueur depuis le 29 septembre 2009, les personnes en cours de traitement médical peuvent transporter des médicaments contenant des produits stupéfiants à condition de ne pas dépasser 30 jours d’utilisation. Autorisation à demander en anglais, au moins 2 semaines avant la date de départ, par fax 00 66 25 91 84 71 ou en envoyant un e-mail à la Division du contrôle des stupéfiants/Food and Drug Administration, Ministère de la santé publique : narcotic@fda.moph.go.th.”
J’ai vérifié ces consignes (l’ambassade de Thaïlande applique souvent les textes de manière très restrictive, voire abusive), mais il semble qu’elles soit ici - en partie seulement - fondées. Simplement, l’ambassade n’entre pas dans les détails et ouvre le parapluie le plus largement possible, en évoquant très généralement “des médicaments contenant des produits stupéfiants”.
Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’on ne doit pas mettre tous ces médicaments “contenant des produits stupéfiants” dans le même panier, comme le fait l’ambassade, et qu’il faut faire la distinction entre les “narcotiques” et les “psychotropes”. Les règles sont différentes selon la famille, et c’est pourquoi il existe deux tableaux distincts.
1°) Les narcotiques - ce sont essentiellement les antalgiques, antispasmodiques ou antitussifs qui contiennent des substances dérivées de l’opium, telles la morphine ou la nosacpine (attention notamment à la codéine, classée “narcotique catégorie 2”, qu’on trouve dans de nombreux anti-douleurs ou antitussifs - On se rappellera la mésaventure arrivée à une touriste française arrêtée l’année dernière en Géorgie pour une boîte de Dafalgan codéiné. Il ne semble pas y avoir de précédents en Thaïlande, mais ici, comme en Géorgie, la codéine est considérée comme un narcotique). On trouvera la liste des substances classées “narcotiques” ici :
http://narcotic.fda.moph.go.th/faq/upload/Thai%20Narcotic%20Act%202012.doc._37ef.pdf
2°) Les psychotropes - ce sont essentiellement les anxiolytiques, les antidépresseurs, les somnifères - par exemple, le Lexomil, que les toubibs français prescrivent à tour de bras, est composé de Bromazépan, et se trouve dans le tableau des psychotropes, catégorie 4. Le Stillnox, somnifère qu’on croque allègrement en France aussi facilement que des cachous, contient du Zolpidem et est classé psychotrope catégorie 2. On trouvera la liste des substances classées “psychotropes” ici :
http://narcotic.fda.moph.go.th/faq/upload/Thai%20Psychotropic%20Act%202012.doc._1d96.pdf
Il faut donc, en se référant à l’un ou l’autre tableau, identifier clairement la famille du médicament qu’on utilise, et sa catégorie. Toutes les autres substances qui ne figurent pas sur ces tableaux, même si elles sont en France soumises à prescription médicale, ne posent - en principe - aucun problème.
Une fois qu’on a identifié la famille et la catégorie de son médicament, il faut se reporter au “Guide pour les voyageurs sous traitement médical transportant des médicaments personnels contenant des substances narcotiques ou psychotropes vers ou depuis la Thaïlande” pour avoir davantage de précisions. C’est un document en anglais produit par la Food and Drug Administration of Thailand, donc un document officiel.
On pourra le consulter ici :
http://narcotic.fda.moph.go.th/faq/upload/guidance%20for%20travelers%20version%204.doc._e1a4.pdf
Puisqu’il y a deux familles distinctes, il y a deux procédures distinctes pour les introduire en Thaïlande. Celle qui concerne les “narcotiques” est beaucoup plus contraignante que celle qui concerne les “psychotropes”. La vertueuse Thaïlande veut peut-être ainsi prouver qu’elle est intransigeante en matière de drogue et que c’est bien à tort qu’on l’a stigmatisée pendant des années pour sa production d’opium. Les étrangers sont tellement méchants…
Je détaille ici les deux procédures, telles qu’elles sont décrites dans le guide :
1°) Pour les narcotiques : Les procédures sont d’une lourdeur et d’une complexité administrative admirablement thaïlandaises.
D’une part, seuls les narcotiques figurant dans la catégorie 2 sont autorisés - sous conditions. Les autres ne sont pas considérés en Thaïlande comme des substances ayant des vertus thérapeutiques, donc ils ne peuvent être assimilés à des médicaments, même si votre médecins vous les a prescrits en France.
“Les voyageurs vers la Thaïlande sous traitement nécessitant une de ces substances [narcotiques catégorie 2, je le rappelle] doivent obtenir un permis (formulaire IC-1) délivré par l’administration des denrées alimentaires et des drogues [Food and Drug Administration] avant leur départ.”
Pour obtenir ce permis, on doit fournir :
- L’ordonnance du médecin prescrivant ce traitement, laquelle doit contenir :
- le nom et l’adresse du patient,
- son état médical,
- le nom des médicaments et la raison pour laquelle ils ont été prescrits,
- la posologie et la quantité totale de médicament prescrit,
- le nom, l’adresse et le numéro professionnel du médecin prescripteur.
Mais ce n’est pas tout. D’après les textes, il faut aussi un “Certificat délivrée par une autorité compétente du pays de départ pour confirmer que le patient a l’autorisation légale de transporter ces médicaments pour son usage personnel”. Ce qui signifie, je pense, qu’il faut prouver que le produit est légal dans le pays où il a été prescrit et ne provient pas d’un trafic quelconque.
Une fois qu’on a téléchargé et rempli le formulaire IC-1, qu’on a obtenu une ordonnance en anglais délivrée par le médecin et comportant toutes les mentions requises, qu’on a le fameux certificat qui prouve qu’on a le droit de posséder les substances incriminées, il faut envoyer tout cela par courrier, par fax ou par mail au moins deux semaines avant la date d’arrivée dans le pays, à la Narcotic Control Division en Thaïlande (les adresses se trouvent dans le guide), ou passer par l’ambassade de Thaïlande à Paris. Si l’on fait la demande par fax ou par mail, il faut tout de même envoyer parallèlement les originaux des documents par courrier.
On pourra télécharger les différents formulaires et les tableaux sur la page :
http://narcotic.fda.moph.go.th/faq/download.php
Lorsqu’on arrive en Thaïlande, on est tenu de déclarer à l’aéroport ces médicaments considérés comme narcotiques.
Les voyageurs qui utiliseraient un antalgique ou un analgésique opiacé ont donc tout intérêt à adopter un autre médicament s’ils veulent éviter ces délires procéduriers.
2°) Pour les psychotropes catégories 2, 3 et 4.
C’est relativement plus simple : il n’est pas nécessaire de demander une autorisation. On peut les transporter librement, à condition qu’on puisse présenter en cas de contrôle une ordonnance d’un médecin (en anglais, si possible) contenant les mêmes indications que dans le cas des narcotiques, et que le traitement n’excède pas 30 jours.
On n’est pas tenu de les déclarer en arrivant à l’aéroport, ils sont considérés comme objets personnels. Il est tout de même précisé que tous les médicaments doivent être conditionnés dans leur boîte d’origine.
Pour se faire prescrire des narcotiques en Thaïlande, seuls certains hôpitaux agréés ont le droit de le faire. On trouvera la liste ici :
http://narcotic.fda.moph.go.th/faq/upload/Lists%20of%20preparations%20of%20Narcotic%20drugs%20and%20hospitals%20edit.doc._3041.pdf
Rien n’étant précisé pour les psychotropes, on peut penser que tous les médecins peuvent en prescrire librement dans le pays.
J’espère que cette contribution est assez claire. Elle pourra être utilement complétée, affinée, corrigée, précisée (ou contestée), afin d’être utile au plus grand nombre possible.
Quoi qu’il en soit, on ne saurait trop conseiller aux voyageurs de vérifier les médicaments qu’ils emportent dans le royaume. Il serait dommage qu’un film commencé dans Vacances sous les tropiques se terminent dans Midnight Express…
Cordialement,
PVM