Etape 7 : Samarcande la mythique
29 septembre
Ce matin Javlon nous a réservé une très belle surprise.
A la sortie de la piste qui relie le village à la route principale, au lieu de tourner à droite en direction de Samarcande, nous tournons à gauche. Et quelques kilomètres plus loin, nous nous engageons sur une petite route puis une piste qui s’enfonce dans la montagne. Et tout au bout, Javlon nous indique qu’il faut marcher un petit peu et que nous allons voir un sapin. La promenade, le long d’un torrent, est très agréable.
Nous croiserons un berger avec son troupeau de brebis. Et 20 à 30 mn plus tard, nous arrivons dans un petit bois. Au fond de ce parc, nous découvrons un arbre majestueux. Le vieux sapin de Javlon ! Renseignements pris avec nos photos à l’appui, ce sapin s’avérera être un genévrier que les anciens du village estiment âgé de 1 000 ans environ.
Très belle surprise ! Merci Javlon !
Nous reprenons ensuite la route en direction de Samarcande. Javlon nous dépose à notre hôtel (Jahongir), s’assure que nous sommes bien installés et nous annonce qu’il va nous quitter. Il doit rentrer à Boukhara.
Après son départ, nous déjeunons dans un petit restaurant local à côté de l’hôtel, et ne pouvons pas résister à aller immédiatement visiter les medersas et la mosquée de la plade du Reghistan.
Cet endroit est sublime ! Le plaisir des yeux est total ! La carte mémoire de mon appareil photo chauffe ! Tant pis !
A l’intérieur, nous croisons une première fois les suisses. La dame avec qui nous avions un peu discuté à Asraf nous dit que son voyage organisé de 10 jours est trop rapide. Et elle nous envie lorsque je lui dis que nous passerons 25/26 jours sur place.
Impossible de décrire ce que nous voyons et ressentons tellement le site est beau ! Dommage quand même qu’il y ait des marchands partout à l’intérieur des medersas. Mais fort heureusement aucun n’est pesant ou insistant. Ils proposent leurs articles mais n’insistent pas en cas de refus (toujours avec le sourire !).
Nous passons plusieurs heures sur le site sans nous rendre compte du temps qui passe. En sortant, c’est déjà la fin de journée !
Retour à l’hôtel (à 10mn à pied maximum). Il commence à faire frais le soir ! Nous mangeons dans un autre petit restaurant entre l’hôtel et la place du Reghistan. Chaque repas (midi et soir) dans chacun des deux restaurants ne nous coûtera pas plus de 5€ (à deux).
Ce soir, j’ai décidé de repartir sur la place du Reghistan pour y prendre des photos de nuit. Et franchement, il faut le faire (avant ou après le show pour touristes), car l’éclairage sublime l’ensemble des bâtiments de la place et leurs dômes.
30 septembre : Samarcande
Ce matin, après un excellent et copieux petit déjeuner, nous prenons la direction du mausolée et de la mosquée Bibi Khanum des XIVè/XVème s.
Face à la mosquée, un jeune couple, en tenue traditionnelle, est en pleine séance photo. Tiens, nous avons déjà vu ça quelque part !
Nous dégustons chacun de ces sites et les visitons à « notre rythme ». Le mausolée est vide de visiteurs. J’en profite pour y prendre des photos de sa voute dans une position peu académique.
Nous poursuivons notre balade par le marché de Samarcande, juste à côté. Et nous y croisons pour une dernière fois quelques personnes du groupe de Suisses dont la dame qui vient discuter avec nous et regretter encore une fois la trop courte durée de son voyage.
Quelques achats plus tard, nous poussons notre promenade jusqu’au mausolée du premier Président Ouzbek. Belle vue sur la mosquée Bibi Khanum.
Sur le chemin du retour, entre la mosquée et la place du Reghistan, nous nous arrêtons dans un bel espace artisanal (ancien caravansérail ?) où nous découvrons de belles boutiques.
En début d’après-midi nous reprenons nos visites et partons en direction du mausolée Gur Emir (ou mausolée de Tamerlan) par de petites ruelles. En chemin, nous sommes arrêtés par une jeune femme qui souhaite savoir d’où nous venons, coment nous nous appelons, nos métiers, nos âges, etc. Elle nous apprend qu’elle est professeuse d’anglais et très honorée que nous ayons pris le temps de répondre à ses questions. Dans la foulée, elle nous invite à venir chez elle mais comprend que nous voulons d’abord aller visiter le mausolée. Alors elle nous montre la porte de sa maison et nous propose de nous y arrêter quand nous y repasserons devant au retour.
Nous visitons donc ce superbe mausolée puis poussons un peu plus loin sur une grande avenue. Au carrefour, séance photo au pied de l’immense statue de Tamerlan.
Malheureusement, sur le chemin du retour, nous ne retrouverons pas la porte de la maison de la jeune femme. Occasion ratée !
01 octobre : Samarcande
Ce matin, j’ai décidé de me lever très tôt pour voir la place du Reghistan vide de monde.
J’arrive sur place autour de 6h00. Et en effet, je suis seul ! Moment magique !
Puis petit à petit, je vois cette partie de la ville s’éveiller doucement et passer un peu de monde : des joggers qui passent devant la place, sortent leur téléphone le temps de prendre une photo et repartent, du personnel de nettoyage de la ville, balai en main, … Je quitte l’esplanade et commence mon tour extérieur des medersas (après quand même m’être glissé sr le côté de la place, à l’intérieur, très discrètement pour réaliser quelques photos). Au fond du parc, j’entends de la musique. Je m’approche. Et découvre un groupe de femmes de tout âge en train de faire de la gym en musique. Pas de photo. Je les regarde discrètement et m’éloigne. Sur le côté, un autre groupe de femmes chante. Plus loin, je croise un vieux monsieur qui marche tout en réalisant des mouvements d’assouplissement et des moulinets avec ses bras. Encore plus loin, je croise des personnes qui marchent et discutent tranquillement.
Une fois le tour complet réalisé, je m’arrête de nouveau sur l’esplanade qui domine la place. Toujours vide. Un groupe d’Ouzbeks (uniquement des hommes) s’approche et s’aligne devant la place. L’un d’eux sort du groupe pour prendre ses compagnons en photo. Je m’approche et lui propose de prendre la photo à sa place pour lui permettre d’y être dessus. Il accepte ravi de ma proposition. J’en profite pour leur demander l’autorisation de les prendre en photo avec mon appareil. Grands sourires de tout le groupe ! Ils se mettent immédiatement quasi au garde à vous. Souvenir ! Remerciements, sourires et chacun reprend sa route !
Je rentre à l’hôtel un peu plus de 2 heures plus tard, enchanté, émerveillé même, par cette balade matinale.
Nasrullo nous rejoint au petit déjeuner. Aujourd’hui il va nous faire découvrir sa ville.
Nous commençons par le village artisanal reconstitué et par la fabrique de papier de soie. Nous découvrons son procédé de fabrication à partir des écorces des mûriers (d’où l’appellation papier de soie).
Du village artisanal nous partons (en voiture) découvrir la superbe nécropole de Shah I Zinda.
Contrairement à quasi toutes nos visites depuis le début de notre voyage, ici il y a beaucoup de monde. Mais que c’est beau !
Nous empruntons « l’escalier du Paradis ». Les pèlerins y comptent ses 40 marches. C’est ensuite un ensemble de mausolées tous plus beaux les uns que les autres. Celui de Shadi Mulk Aka, à côté de celui Emir Zade (fils de l’émir) fut construit pour la nièce de Tamerlan qui comptait beaucoup pour lui. Il y fit graver ‘C’est une tombe où une précieuse perle a été perdue’. C’est le plus ancien mausolée du complexe et son intérieur est un des plus beaux que nous ayons visité : les céramiques, d’origine, sont superbes.
Cette visite est sans aucun doute l’un des incontournables de Samarcande !
Je ne sais plus où regarder (intérieurs, extérieurs) tellement que c’est beau ! Et je suis pris d’une frénésie incontrôlable (ou presque) de photos.
D’ailleurs Nasrullo commence à s’impatienter car il a prévu une surprise pour nous. Il veut nous inviter dans un restaurant d’un quartier de Samarcande dont la spécialité, reconnue des locaux, est le plov. Et l’heure limite pour y arriver est 13h00… Finalement nous y serons juste à temps ! Et leur réputation est justifiée : nous nous sommes régalés ! C’est sans aucun doute, avec celui préparé par Javlon à Boukhara, l’un des deux meilleurs de notre voyage !
Merci à Nasrullo de nous avoir fait connaître et invité à cette très bonne adresse ! (je ne l’ai pas notée mais, si cela vous intéresse, je pourrai toujours la lui demander !).
Après ce copieux et délicieux déjeuner, nous partons visiter le musée d’Afrosyab. Situé sur la colline au dessus de la nécropole de Shah I Zinda, il est surtout réputé pour la fresque des ambassadeurs datant du VIIème s. Elle représente, sur un mur, le roi sogdien Vakhourman recevant des ambassadeurs des pays voisins. Sur d’autres murs, nous pouvons voir le monarque à la chasse et son épouse sur un bateau. Une autre fresque illustre la ville de Samarcande célébrant la fête de Navrouz.
La visite terminée nous descendons (en voiture) la colline pour rejoindre le site du mausolée de Daniel. Sa particularité est que ce prophète est commun aux trois religions monothéistes : musulmane, chrétienne et juive. Sa tombe est devenue un lieu de pèlerinage. Sauf qu’il semblerait que Daniel ne soit jamais venu en Ouzbékistan !.. Et comme sur tous ces lieux saints, se trouve un source dite sacrée où les pèlerins viennent, en famille, se désaltérer et/ou remplir des bouteilles.
Nous terminons notre journée guidée par le musée de l’Observatoire d’Oulough Begh. Ce monarque était un grand érudit, à la fois poète et mathématicien. Passionné d’astronomie, il fit construire un immense observatoire qui abritait le plus grand sextant au monde. Il publia un catalogue astronomique qui fit référence jusqu’au début du XXème s. , tant ses découvertes (plus de mille étoiles) et ses mesures (taux d’erreur de moins de 1°) se sont avérées fiables. Malheureusement, son fils, manipulé par des extrémistes religieux, l’assassinat et fit détruire l’observatoire dont il ne reste aujourd’hui qu’un arc souterrain du sextant long de 11 mètres.
De retour à notre hôtel en milieu d’après-midi, je me décide de partir à la découverte de la partie ‘russe’ de Samarcande. C’est ainsi que je trouverai et visiterai, quasi côté à côte, les églises orthodoxe, chrétienne et arménienne. J’ai pu entrer dans les trois : messes dans les deux premières et le gardien de la troisième l’ouvrira juste pour moi. Tellement contant d’avoir un visiteur, il n’arrêtera pas de m’expliquer plein de choses auxquelles je n’ai rien compris car il me parlait en ouzbek… Dommage !
Un peu plus loin, je suis passé devant la synagogue, fermée.
Mon chemin du retour vers l’hôtel m’a fait longer d’autres avenues, traverser des parcs, et pour terminer je suis arrivé, en début de nuit, par l’arrière de la place du Reghistan. Et encore une fois, je n’ai pas pu résister ! Photos !
02 octobre : Samarcande (suite)
Aujourd’hui, Nasrullo nous emmène visiter quelques sites à l’écart des circuits touristiques. Nous commençons par une mosquée et un mausolée pas encore restaurés. Cela nous permet de mieux nous rendre compte du travail de restauration effectué sur tous les autres sites. Rien que pour cela, avec en complément ses commentaires, cette visite est intéressante.
Puis nous partons sur un autre site très calme : un bassin, de très vieux platanes (250 à 300 ans), un petit minaret, une mosquée, une tombe de saint et un imam qui prie à la demande es personnes et/ou familles venues se recueillir ici.
Anecdote sous les platanes : nous y observons un corbeau tenant en son bec,… une noix. En plein vol, il la lâche sur le sol . En tombant la coquille se casse. T le corbeau se pose ensuite et vient en manger son contenu…
Nasrullo s’interroge sur la présence des jujubiers, arbres importés d’Arabie Saoudite, dans tous les lieu saints du Soufisme. Certes le fruit a des vertus, notamment contre le cholestérol. Mais ce n’est certainement pas la ‘bonne raison’.
Voici une des explications possibles, tirée du verset 28 de la sourate Al Waqi’a n°56, les jujubiers du paradis :
D’après Salim Ibn’Amir : Les compagnons du Prophète (que la prière d’Allah et Son salut soient sur lui) disaient : Certes Allah nous a fait profiter par le biais des bédouins et de leurs questions.
Un jour un bédouin est venu et a dit: Ô Messager d’Allah ! Allah a mentionné qu’il y a dans le paradis un arbre qui peut nuire et je ne pensais pas qu’il y avait dans le paradis un arbre qui pouvait nuire à son propriétaire.
Le Prophète (que la prière d’Allah et Son salut soient sur lui) a dit : « Quel est cet arbre ? ».
Le bédouin a dit : Le jujubier, il a certes des épines qui nuisent. Le Prophète (que la prière d’Allah et Son salut soient sur lui) a dit: « Allah n’a t-il pas dit: ‘des jujubiers sans épines’ ? Allah a cassé ses épines et a mit à la place de chaque épine un fruit.
Ainsi cet arbre a des fruits et chaque fruit se subdivise en 72 nourritures différentes dont aucune ne ressemble à une autre ».
(Rapporté par Ibn Abi Dounia et authentifié par Cheikh Albani dans Sahih Targhib n°3742)
Juste à côté se trouve une medersa entièrement restaurée, mais vide à la fois de visiteurs et de marchands. Les artisans ont en effet quitté ce site trop éloigné du centre de Samarcande pour attirer le tourisme de masse et les bus de touriste des voyages organisés. U coup, nous en profitons ! Imaginez ! Une medersa complètement restaurée pour nous tout seul ! Notre guide, le gardien du site (entrée payante quand même !), mon épouse et moi… et quelques pigeons !
Arès toutes ces visites éloignées du centre, nous retournons sur la place du Reghistan que nous visiterons aujourd’hui avec Nasrullo. Nous bénéficierons ainsi de ses commentaires et explications éclairés sur les deux médersas, la mosquée et sur l’esplanade elle-même.
Puis Nasrullo nous quitte. Nous restons sur site pour profiter une dernière fois des intérieurs et des vues des trois bâtiments du centre de la place.
En début d’après-midi, je décide d’aller me promener dans le quartier juif. Je passe par une petite entrée située entre la place du Reghistan et la mosquée Bibi Khanum. J’ai repéré sur Maps Me quelques sites dans le quartier : petites mosquées, mausolée, synagogue et medersa.
Je commence par la petite mosquée Qurabay Aqsaqal, puis enchaîne avec une autre toute aussi petite (Mubarak Mosque). Alors que je me trouvais dans sa cour, le propriétaire du magasin situé juste en face (brocante et fripperie) vient me chercher pour m’inviter à y entrer. Ce que je fais une fois mon tour de la petite cour terminée. C’est une vraie caverne d’Ali Baba ! Le propriétaire est tout fier de me montrer ses collections de théières, tasses, médailles militaires russes, assiettes, verres et autres objets hétéroclites. Il me propose ensuite de rentrer dans différentes pièces de cette ancienne maison transformée en magasin. Dans la première, ce sont des coiffes d’occasion et dans la seconde des tissus et tuniques pour femme. Je lui demande si je peux le prendre en photo au milieu de ses étoffes. Il accepte et pose, très fier. Puis, dans la troisième et dernière pièce, j’y trouve des manteaux pour homme qui me plaisent beaucoup ! Il faudra que je revienne ici avec mon épouse car je suis certain qu’elle va aimer cet endroit !
En sortant, j’observe dans la rue un boucher peser un gros morceau de viande (demi mouton, quart de bœuf ?) puis le charger à l’arrière d’un mini-van. Mais où est le véhicule frigorifique ?
Un peu plus loin je m’arrête devant la porte d’entrée de la synagogue. Fermée. Une dame passe et me voit en train d’essayer d’entrer sans succès. Elle me pousse gentiment et se met à secouer la porte puis à appeler quelqu’un à l’intérieur. Cela dure quelques minutes puis un homme finit par arriver. Il semble tout content d’avoir un visiteur. Nous traversons un petit jardinet, montons quelques marches pour nous retrouver dans un petit couloir/préau avec au fond la porte d’entrée de la synagogue. Sur le mur de ce ‘couloir’, des photos probablement de rabbins sont exposées. Il me les commente et bien sûr je ne comprends rien à ce qu’il me raconte. Après être allé cherché la clef de la porte d’entrée de la synagogue, il l’ouvre et aussitôt allume la lumière. Et il poursuit ses commentaires à l’intérieur. Il m’invite à prendre des photos, et m’ouvre des portes de placards/bibliothèques pour me montrer de vieux ouvrages. Au moment de partir, je comprends que je dois laisser une offrande. Je sors un billet de 5000 sums. Là il me montre son insatisfaction et m’explique sans ambiguïté que 50 000 feraient l’affaire… C’est ce que je fais à sa grande satisfaction.
De la synagogue, je pars visiter le petit parc et mausolée de l’imam Maturidi. Je souhaitais enchaîner avec une autre mosquée où se trouve, dans sa cour, une tombe d’un savant. Mais comme c’est l’heure de la prière, je me fais discret et m’en vais.
La dernière étape de cette promenade ma conduira dans une petite medersa située à côté de la rue Panjakent Kso. Dans sa cour, un groupe de jeunes est en pleine discussion. L’un d’entre eux s’approche de moi, m’explique que les autres jeunes sont des russes, et m’invite à entrer dans le bâtiment. A l’intérieur, je trouve quatre anciens en train de jouer aux dominos. Je leur demande l’autorisation de m’asseoir à leur table et les regarde jouer quelques parties. Au moment de partir, l’un d’eux me demande d’où je viens. France ? Que me répond-il ? Gagné ! PSG ! Et de me donner les noms de quelques joueurs célèbres ! Bon ici je vais sans problème améliorer ma connaissance du foot français ! Plus surprenant, un autre des joueurs me lance un tonitruant ‘Charles Aznavour !’ tout en se mettant à rire.
Cela termine ma promenade solitaire. De retour à l’hôtel je montre les photos de la boutique à mon épouse qui, sans surprise, me demande si on peut y aller. Et nous voilà repartis ! Malheureusement, une fois sur place, nous constatons que la porte est fermée. Bon pas grave nous reviendrons un autre jour !
Nous rentrons tranquillement par la voie piétonne entre la mosquée Bibi Khanum et la place du Reghistan.