Prendre le large en Polynésie

Forum Polynésie française

« Fais de ta vie un rêve, et d’un rêve une réalité » (A de Saint Exupéry)


Flash-Back

En cours de matinée, sous un soleil radieux, le catamaran quitte la marina de Papeete. La navigation de courte durée, sera l’occasion aujourd’hui de profiter du lagon de Tahiti.

Les activités, snorkeling, baignade et farniente.




Pause déjeuner à bord

Dans l’après-midi navigation en logeant la côte ouest jusqu’à la passe de Ta’Apuna.


De retour dans les eaux turquoise, le coucher du soleil face à Moorea, laisse peu à peu place à la nuit, loin du tumulte de Papeete.



Le jour se lève, après le petit déjeuner, Tahiti s’éloigne peu à peu de nous.

Le cap est mis sur l’atoll de Tetiaroa. Sur une mer quasi d’huile, les voiles dressées, le bateau file calmement sur le bleu indigo, suivi par les fous à pied rouge, attirés par le fil de pêche trainant à l’arrière, quant à la proue les poissons volants ouvrent le sillage du catamaran.

En nous rapprochant progressivement de l’atoll, après 4 heures de navigation, la ceinture de corail écumante se fait de plus en plus visible et les terres coralliennes arborant leur végétation se dessinent au fur et à mesure de notre avancée. Les fous et sternes se font plus nombreux et voltigent au-dessus de nos têtes, ou en tendant les bras nous pourrions les étreindre.

A quelques mètres de la barrière, le boute du corps mort est saisi, une fois amarrer, les fonds marins translucides s’offrent à nous, quelques requins pointes noires curieux remontent tels les gardiens des lieux, venus sonder les nouveaux arrivants.

Sans plus attendre nous prenons l’annexe, une petite attention particulière avant de pénétrer dans le lagon, car ici pas de passe, il faut donc attendre la bonne vague pour franchir la barrière de corail. Déposés sur la partie récif de l’atoll, équipé de notre matériel de snorkeling nous contournons légèrement le motu à pied. Un an et demi après notre dernière venue sur Tetiaroa, rien n’a changé, les coraux sont toujours aussi colorés, les poissons en grand nombre.









Place au déjeuner, les plats sont dressés sur une table, posée sur la plage à l’ombre des poro ati, tamanu, c’est avec régal que nous dégustons poissons crus au lait de coco, poulet sauce huitre et coco, riz, fruits.


Faire la vaisselle ici est un enchantement, imaginez une piscine naturelle ou dans un premier temps, nourries avec les restes, trois habitantes vêtues de blancs tachetées de brun, les jeunes murènes viennent se restaurer en pénétrant dans les plats, elles ne sont d’ailleurs pas les seules, une foule innombrable de poissons cochets, perroquets, balistes et autres profitent de la curée. Et c’est ensuite au milieu de tout ce monde, immergés dans à peine cinquante centimètres d’eau, que le spectacle prend toute sa forme, assaillis de toutes parts, par ces habitants des lagons peu farouches.




En ce début d’après-midi nous partons par la plage et pénétrons à l’intérieur du motu, nous passerons par l’ancien village en ruine datant de 1850, puis le lac intérieur.




Nous ressortons de ce motu face à celui de l’ilot aux oiseaux. La marche se poursuit dans le lagon avec de l’eau tantôt à mi mollet, aux genoux ou bien jusque la taille.


Plus nous nous rapprochons de l’îlot, plus les cris des oiseaux se font stridents, il est interdit de s’approcher trop près du motu, nous restons à quelques mètres de la ceinture de sable. En passant, les sternes huppées prennent leur envol, les fous à pied rouge et bleu voltigent au-dessus de nos têtes, il suffit de lever le bras pour attiser leur curiosité, seuls les noddis bruns, restent impassibles.



Nous contournons le motu et restons une bonne partie de l’après-midi à nous baigner dans cette eau turquoise, à contempler le paysage. A proximité de nous un banc de sable effleure l’eau cristalline ou une centaine de noddis impassibles, réchauffent leur plumage au soleil brulant.





Il faut regagner le catamaran, nous sommes à bonne distance du motu ou se trouve l’ancien village, a vu d’œil plus d’un kilomètre, le lagon se fait plus profond par endroits jusqu’à 2 mètres. Puis une marche le long du rivage, pour atteindre celui donnant face à l’ancrage du bateau

Une fois à bord, une autre activité nous attire, celle de snorkeler dans cette eau marine d’une visibilité à plus de 20 mètres, en compagnie d’un nombre bien plus important de pointes noires, mais surtout d’un magnifique spécimen de plus de 3 mètres, j’ai nommé le requin citron.


Une nouvelle journée s’offre à nous, avant le petit déjeuner, bain océanien et déjà nos nouveaux compagnons pointent leur aileron.


C’est parti pour de nouveaux snorkeling, côté lagon.












Ballade autour du motu, pose sur de larges bancs de sables et dans quelques centimètres d’eau une nurserie de pointes noires et citron.





Après midi snorkeling océan et pêche





21 heures, le diner se termine, les amarres sont largués, une navigation de nuit nous entraine vers de nouvelles découvertes. C’est sur le filet couvert d’un paréo, avec comme plafond la voie lactée que je passe une partie de la nuit. La houle est faible mais vers 4 h 00 du matin le vent forci, il commence à faire frais. Je remballe et avec précaution regagne ma cabine.

08 h 00, île interdite en vue.

Maiao, la mystérieuse, tel l’envers d’un bol la montagne sertie d’une immense couronne horizontale, se dessine à l’horizon. Le passage de la petite passe de Vairai est délicat, bâbord et tribord sont scrutés avec attention, l’amarrage technique dans cette petite rade ne laisse aucune place à l’erreur, le skipper manœuvre avec précaution pour positionner le catamaran face à la passe. Les boutes sont croisés à la poupe et reliés au quai. Quant à la proue un boute retiendra le bateau au corps mort à quelques distances de la passe, l’ancre est descendue et finie de maintenir le catamaran.

Avant de débarquer, des consignes sont relayées par téléphone, interdiction de parler aux habitants et de se déplacer seul sur l’île. Pourtant sur le quai, un couple et leur bébé est présent, et c’est tout naturellement que nous entamons une petite discussion informelle, mais vite interrompue, du bateau on nous rappelle la règle à respecter sur Maïao.

Nous partons à pied vers la petite plage juxtaposant le quai, il y beaucoup de courant, les fonds sont peu profonds et la visibilité n’est pas très bonne, nous passons tout de même le restant de la matinée à patauger dans l’eau.

Le déjeuner se passe à bord. En début d’après nous partons en pick-up faire la visite d’une partie de l’île. Sur le quai nos hôtes, à l’initiative du projet pour recevoir des non insulaires, nous accueillent bras ouverts, sourires, colliers de fleurs et chapeau fabriqués à partir de palmes de cocotiers. On passe tout d’abord par une cocoteraie de part et d’autre de la route, pour sortir à découvert et apercevoir un premier lac, cerné sur la partie côtière de cocotiers, et face à nous la montagne verdoyante.



La piste fend cette partie du lac, avant de retrouver la route longeant la montagne et d’arriver au village ou résident 380 âmes. Tout en longueur ce petit village est d’une zenitude parfaite, tous les jardins sont magnifiquement fleuris. Les farés sont tous très bien entretenus, grands pour la plupart et nous apprenons que la règle ici est à celui qui aura le plus grand. En fait c’est la solidarité qui prime, car c’est ensemble que les habitants se chargent de la construction des farés.

La première visite protocolaire, se doit d’être au maire âgé de 74 ans, en fait il s’agit plus d’un des quelques sages régissant l’île. C’est dans son épicerie ou peu de produits sont disponibles, le dernier ravitaillement remontant à un mois, que nous le rencontrons. Peu loquace, l’œil malicieux, il nous observe avec attention. Nous continuons la visite par le dispensaire, pas d’infirmière, ni médecin, les petits bobos sont soignés par le maçon. L’église protestante repeinte régulièrement par les habitants est de toute beauté avec sa couleur prédominante rose. Nous ferons ensuite une halte chez un artisan de confection de toiture. Une mamie et un jeune garçon tressent les pans de toitures traditionnelles polynésiennes intérieurs et extérieurs pour les farés, hôtels, bungalows, destinés aux îles de Polynésie.



Au sortir du village nous découvrons un lagon plus large et d’immenses plages de sable blanc. Délaissant la route pour une piste de sable vaseux, nous stoppons sur la rive entre deux lacs intérieurs, ou chaque trimestre, une pêche traditionnelle à lieu, le produit de celle-ci est divisé en part égale aux 80 familles résidentes. Nous finissons le tour de l’île principale en logeant le troisième lac et c’est le retour au quai pour 16 h 00. Léon nous conviant pour plus tard dans la journée à une autre activité, en attendant le reste de l’après-midi se passera à se baigner, lire….

Notre hôte, d’une ponctualité sans faille, arrive comme prévu à 18 h45, la nuit est tombée. C’est couvert de la tête au pied que nous le retrouvons sur le quai, munis de nos lampes frontales. Nous parcourons à bord de son pick-up quelques kilomètres à travers les cocoteraies. Il est temps pour nous de participer à la chasse aux tupa (crabes de sable). Soulever les cocos pour en débusquer ces vivaces crustacés, n’est pas d’une facilité, il faut faire preuve d’habilité et rapidité, mais pas de précipitation car attention aux pinces. Une fois le coup de main pris, cela se révèle d’un « jeu d’enfants ». D’autres bêtes s’en donnent à cœur joie, les nonos et moustiques, malgré que nous soyons couverts, les piqures ne manqueront pas, c’est soulagé que nous remontons à bord du catamaran.


Levé tôt, des clandestins se sont invités, en rafales les nonos s’abattent sur nous, le quai est assailli, laissant peu de temps à notre hôte venu apporter à 05 h 30 les fifi (beignets) préparés par un jeune du village, alors il faut faire vite, un rapide aller-retour du véhicule à l’annexe du bateau pour nous les remettre. Les assaillants disparaitrons aussi vite qu’ils sont apparus.

07h 30, à bord du pick-up nous partons pour une randonnée sur les hauteurs de l’île. Avant de l’entamer, nous assistons à une opération liée à la culture du coprah, celle de l’extraction de la chaire des cocos, opérée par les habitants de Maiao, heureux de nous la faire découvrir mais toujours aussi intimidés par notre présence.


Laissés sur le bord de la petite route la tâche revient à 4 jeunes du village de nous servir de guide. La marche commence à travers une végétation vierge et sauvage, l’ascension se fait aisément. Nous pénétrons dans les sous-bois, quelques pins font partie du paysage. Premier point panoramique ou l’on distingue au travers des branchages une vue sur deux lacs absolument magnifiques, s’approcher du ravin pour optimiser au mieux ce tableau ou tels deux yeux surmontés d’épais sourcilles formés par les cocoteraies, nous fixent. A l’horizon l’océan toisé d’un ciel azur parsemé de boucles de cheveux blancs, complète le panorama. S’en suit après plusieurs minutes de marche un deuxième point panoramique ou le troisième lac et une partie du lagon séparés l’un de l’autre par une bande de cocotiers sont visibles.




Nous sortons de la forêt, une crête verdoyante d’herbes hautes nous fait face, nous la longeons sur plusieurs centaines de mètres, jusqu’à atteindre la pointe pour un nouvel arrêt panoramique, abrité sous un bosquet d’arbres apportant un peu de fraicheur après cette partie de marche sous le soleil.




Le retour tout en descente vers notre point de rendez-vous, demande de la concentration, non sans grande complication, mais beaucoup de roches, cailloux et racines, pouvant vite occasionner une chute. Notre hôte nous attend, un coupe-coupe à une main et de l’autre prenant dans sa glacière une coco. Deux, trois coups de coupe-coupe, vite décalottée et chacun se rafraichissant du jus frais.

Nous prenons la route pour découvrir d’autres facettes de cette île mystérieuse. La petite ceinture asphaltée de l’île est délaissée, coupons au travers des lacs, pour circuler sur une piste de corail, le paysage est surprenant, la partie lagon est tantôt ceinturée d’une barrière avec de belles plages de sable, tantôt ouverte sur une mer fracassante sur des plages de corail.



La végétation n’est pas en reste, cocoteraies bien sûr, forêt de pandanus, des miki miki et autres variétés d’arbustes et plantes présentent sur les atolls. Ce qui est frappant ici, c’est qu’après la partie haute, on se retrouve comme transporté en quelques secondes aux Tuamotu. C’est sous les pandanus que nous posons pied à terre, pour un bain et snorkeling, cette partie du lagon est parsemé de pâtés coralliens, ou s’accrochent anémones et coraux coussins, les poissons tropicaux arborant les lieux sont observables.





Sur la plage, des petits trous, l’occasion de creuser jusqu’à 50 cm de profondeur et d’en ressortir des petits crabes de couleur beige et bordeaux, qui une fois rincés feront bulles sur bulles, avant d’être relâchés et piquer un sprint vers le lagon.





Dernière partie de piste puis nous retrouvons un des lacs, ou une bande de sable exhibant plusieurs cocotiers sans tête le sépare du lagon. Nous finirons cette visite par un déjeuner gargantuesque au bord d’une nouvelle partie du lagon dans une anse bordée par une large plage de sable blanc farineux. Le déjeuner préparé par plusieurs jeunes est composé des crabes chassés la veille, farcis de leur chair, de poulpe au lait de coco, uru, poisson cru, pain coco et fruits. Un bain dans cette immense piscine turquoise, puis nous reprenons place dans la benne du pick-up. Passage par le cimetière, le village avec un dernier tour du côté de l’église, on croise plusieurs enfants, sourires aux lèvres et main levé.






Retour au quai, ou plusieurs jeunes insulaires sont venus se baigner au port et d’autres sous abri à l’ombre scrute le catamaran avec réserve.

Dernier bain aux abords du catamaran et le moment de quitter Maiao arrive. Ces quelques jours auront été l’occasion d’en apprendre pour les uns, pour les autres de visualiser et cerner un peu plus la vie, les problèmes et le mode de fonctionnement de ces Polynésiens, s’ouvrant peu à peu au reste du monde. Il aura fallu trois ans à notre hôte, pour faire accepter son projet, avec bien sûr toutes les restrictions imposées par les sages du village, pour accueillir annuellement une petite centaine de touristes sur ce petit joyau.

15h30 les amarres sont levées, la traversée durera 6 heures, la canne à pêche trainant à l’arrière, sans aucune prise. 21 heures dans une pénombre totale, sur une mer d’huile le catamaran s’enfonce prudemment vers le bout de la baie d’Opunohu de Moorea.

Nana fascinante Maiao, comme j’aimerai te dire de rester ainsi, sans grandir, ce serait surement trop égoïste de ma part, le monde évolue vite, pas toujours dans le bon sens. Ta singularité en fait ton attrait, devenir comme les autres n’aurait plus de sens. Prendre le meilleur pour ton amélioration quotidienne et rejeter le superflu seraient peut-être l’alternative. Tu n’as rien à apprendre des autres, nous avons tout à apprendre ou réapprendre après toi.

Merci Christian pour ce beau compte-rendu.
Voilà qui me donne encore plus hâte d’y être…

Bonjour Anne Claire

Un peu d’évasion ne fait pas de mal, si ça peut aider à tenir, réver, espérer, envisager une réalité pour découvrir ou retrouver ce paradis, tel est le but.
Bien à toi
Bonne journée
christian

Bonjour
c’est votre catamaran ou un tour operateur local?
Merci

Bonjour

Il faut adhérer à une charte pour Tetiaroa, pour Maiao une autorisation des autorités est nécessaire avant l’arrivée sur place. Je n’ai pas connaissance dans le détail des coûts, procédure… mais si entorse les autorisations peuvent être retirées.

Il faut donc obligatoirement passer par un tiers, soit en privatisant le catamaran, ou en mode charter de 8 pax max.
Les déplacements à terre sont encadrés partiellement ou totalement par un membre d’équipage ou représentant de l’île.

Bonne journée
christian

Merci Christian pour ce superbe reportage. J’ai vraiment hâte de partir, encore 4 mois à attendre. Pour que ça passe plus vite, je ne compte pas le mois en cours ni celui du départ ! Je pars le 30 Septembre.

Bonjour chris

Tu as surement raison pour le compte à rebours, pourquoi s’encombrer des décimales:)

Bonne journée
christian

Sympa la navigation … voilà des images qui donnent des envies, on en prend plein les yeux avec toutes ces photos, du soleil, du bleu et des eaux si claires … et puis on imagine les saveurs avec les plats présentés. Le plaisir des yeux, le plaisir du palais, merci pour avoir partagé ces moments de rêve.

Bonjour jem

Merci pour ton retour

Que le forum est petit, j’étais entrain de lire ton CR en pays zoulou. Il n’est pas en reste et le dépaysement est lui aussi total, bravo pour tes photographies absolument magnifiques.

Bonne journée
christian

Bonjour

Un petit complément sur l’histoire de l’île Interdite
https://www.tahiti-infos.com/Comment-Maiao-est-devenue-l-ile-interdite_a167868.htmlBonne journée
christian

Merci Christian pour ce joli carnet, pour la découverte de cette petite destination confidentielle, et pour l’éclairage historique, très intéressant.

Je n’ai pas bien compris pourquoi on n’a pas de droit d’adresser la parole aux habitants?

Bonne soirée,
Patou

Bonjour Patou

L’île est restée fermée durant de très nombreuses décennies, il a fallu plusieurs années pour que les sages du village, autorisent la venue de gens externes.
Ne pas entrer en contact avec la population fait partie des régles imposées, sûrement ^pour ne pas être influencé par l’extérieur, avec la peur de revivre le passé.
Tout comme interdiction de se balader seul sur les grandes plages de sable, Il faut rester à proximité de l’hôte, dormir sur l’île est interdit également, impératif de rester à bord du bateau…
La population est très timide, limite “craintive”, certains se cachent à notre passage.
Bonne journée
christian

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