Bonjour,Je ne pense pas que randonner dans le Knoydart à partir d’Inverie soit inaccessible à des débutants. Aller et revenir de la baie de Barrisdale ne présente pas de risque . Il y a d’ailleurs une ferme à Barrisdale . Je ne saurais dire si elle est occupée en permanence. Le chemin entre Barrisdale et Kinloch Hourn présente pour toute difficulté de trouver son point de départ (il ne faut pas aller jusqu’à l’embarcadère, je crois, d’où la vue est superbe vue pourtant: la carte doit le dire),un passage surplombant le loch où il faut regarder où l’on pose ses pieds , à cause de la bruyère qui souvent couvre un peu le chemin, et tout près de Kinloch Hourn une petite dalle inclinée pas très méchante. Pas de problème non plus pour aller au Mam Meadall, ni même pour descendre jusqu’au pont branlant sur la rivière Carnach, près du loch Nevis . Les problèmes commencent avec la traversée du marécage. Pas de problème certainement non plus pour aller d’Inverie à Airor: il y a un chemin carrossable. Les vues sur Skye doivent être superbes.Il y a beaucoup d’itinéraires de montagne dans le Knoydart, mais ils ne doivent pas être faciles.
Pas de problèmes non plus pour explorer un peu les petites îles. Il y a des chemins sans difficulté dans chacune d’entre elles.Faire un sommet, c’est une autre histoire.
Pour le Knoydart, les problèmes se posent lorsqu’on veut traverser de Kinloch Hourn à Shiel Bridge et de la rivière Carnach à Glenfinnan (itinéraires préconisés par le Cap Wrath Trail. Je ne peux malheureusement rien dire du passage de Kinloch Hourn à Arnisdale, que spontanément je jugerais plus facile (mais je ne l’ai pas fait, donc je je ne peux rien dire. Le mieux est de demander aux rangers.
Ayant marché plus d’un mois dans les Highlands, je peux dire les choses suivantes.
La difficulté de la randonnée au delà du West Highland Way sur le Cap Wrath Trail, dont nous avons parcouru plusieurs tronçons n’est pas technique. Il y a même des passages faciles, sans danger,avec de vrais chemins. Le problème, c’est qu’il y a des sections hors sentier, que les sentiers d’autre part ne sont parfois que des pointillés sur la carte. Rien à voir avec nos GR continentaux, balisés, et jalonnés de refuges gardés en saison.Une belle pancarte indiquant “public footpath” ne signifie pas qu’il y a un sentier, il s’arrête bien souvent assez rapidement, vous laissant la responsabilité de faire votre itinéraire à travers pentes raides, marécages, et torrents à franchir,expérience vécue de l’itinéraire de Glenfinnan au loch Arkaig qui commence gentiment sous le célèbre viaduc par une petite route suivie d’un bon chemin qui vous laisse en plein espace sauvage quand vous arrivez au col qui termine le glen Finnan. Le passage de Kinloch Hourn à Shiel bridge par le bealach Coire Malaghain réunit quant à lui plusieurs difficultés qui peuvent être vraiment sérieuses.
Il faut savoir que les cabanes “bothies” sont très rares, que leur confort est sommaire. Nul ravitaillement possible en route, et en cas de problème, pas de possibilité d’appeler les secours sur son portable. C’était il n’y a pas si longtemps la règle partout en montagne (c’est d’ailleurs encore le cas dans pas mal de secteurs sauvages, même en France)
.Les pricnipales difficultés tiennent au climat ,à l’omniprésence de l’eau, et à l’absence de lieu pour s’abriter ou bivouaquer.
L’omniprésence de l’eau, d’abord. Il y a partout de l’eau, celle que l’on voit (d’innombrables petits cours d’eau) , celle qu’on ne voit pas . Lors de notre premier bivouac sur le West Highland Way, (sur une hauteur !) en vue de Kingshouse, nous entendions un petit cours d’eau couler à l’intérieur de la tourbière, sous la tente. Chaque fois que nous avons voulu tout au long de nos pérégrinations testé l’humidité du sol avec le genou ,le test s’est révélé positif. Les Highlands sont normalement une gigantesque éponge . Tous les itinéraires de Walkhighlands indiquent un “bog factor” avec cotation de difficulté. Il faut découvrir ce que cela signifie…
Mais l’éponge est plus ou moins essorée selon les périodes. Ce qui est facile à un moment donné ne le sera pas peu de temps après. Un marécage seulement désagréable peut se transformer en oiège redoutable, surtout si le brouillard ne permet pas de trouver le meilleur passage.Les cours d’eau peuvent grossir très vite, surtout avec un effet d’entonnoir. Il faut tenir compte de ces facteurs et élaborer non pas un seul mais plusieurs itinéraires en fonction des difficultés potentielles.
Passons maintenant au climat.
Randonner fin Avril et en Mai , c’est bien pour ne pas avoir les midges, mais il ne fait pas chaud. De la glace sur la tente un matin de beau temps fin Avril 2013 à 100 mètres au dessus du loch Maree, pas loin des jardins d’inverewe et de leurs plantes tropicales. PLus fréquemment alternance constante de petites pluies et d’éclaircies, averses de grésil dès que l’on monte un peu ,grand vent pouvant être totalement intenable et déstabilisant , neige (neige en continu le 1er Mai dernier l’après midi à 300 mètres d’altitude dans l’Assynt.
Progression difficile dans les marécages (les “peat hags” sont une très intéressante découverte, pluie, vent ,froid, neige, ralentissent la progression ,éprouvent les organismes. S’arrêter est souvent impossible: pas d’abri en dur, et plus grave, sur d’immenses espaces, pas d’endroit où planter sa tente .
Attention au froid , à l’épuisement ,et même à la faim au cas où les eaux vous isolent. Et ne pas oublier qu’un accident mineur dans de telles conditions peut prendre des proportions dramatiques.
Le Knoydart et les Small isles, oui, même pour des débutants ,mais de manière progressive, et avec prudence.D’abord avec des allers-retours, en comptant des durées supérieures.
Pour le West Highland Way (en ce qui nous concerne , notre seul problème avait été les midges), Doudous doit pouvoir parler de son expérience des abords du loch Lomond et du Devil’s Staircase.
De toute manière, ne vous affolez pas. Nous ne sommes pas encore en Mai, et c’est sur place qu’i lfaudra au jour le jour prendre vos décisions. Pas de problème de logement (ce ne sera pas une période d’affluence et vous aurez une tente). Inutile de réserver dans l’Ouest. Nous avons eu un seul problème en trois ans ,un week end à Mallaig, Mallaig étant un lieu de grosse affluence ,et nous étions arrivés tard.
Calamity Jane