Bonjour,
Comme les contributions des routards m’ont beaucoup aidé à préparer mon voyage, je me dévoue pour apporter ma pierre à l’édifice car il reste finalement assez difficile d’obtenir des informations sur ce pays très peu connu des touristes français…
Je suis partagé, pas par mon expérience là-bas absolument grandiose, mais sur le fait de devoir faire de la pub à toute cette beauté et cette richesse au risque de participer indirectement à la perte de son authenticité… Effectivement, un jour sans doute toute l’Europe de l’Ouest et l’Amérique du Nord iront en vacances là-bas, mais si Tbilissi devient comme Prague avec ses hordes de touristes et de jeunes venus enterrer leur vie de garçon/ jeune fille à bas coût (et non à Baku qui reste encore préservée J), je n’y remettrai sans doute pas les pieds avec le même enthousiasme.
J’avoue que le fait de ne pas voir beaucoup de touristes et surtout presqu’aucun français m’a beaucoup aidé à apprécier le dépaysement…
Alors ça me fait un peu mal, mais je vais quand même lui faire de la pub, car la Géorgie le mérite, elle mérite de continuer de se développer également sur le plan économique, de se rapprocher encore plus de l’Europe, et cela passe bien sûr également (mais pas que) par le tourisme.
En ultra synthèse, la Géorgie c’est :
Des paysages magnifiques et extrêmement variés sur une superficie somme toute assez limitée (au départ de Tbilissi on peut dans la journée aller voir la mer, aller faire du ski dans le Caucase au Nord, aller à la frontière arménienne ou azérie etc.) ;
Une architecture variée, parfois Mitteleuropa, parfois rococo et presque méditerranéenne, parfois soviétique, parfois ultra-moderne. Tbilissi en est un bon exemple ;
Des gens absolument adorables et accueillants (je ne compte plus le nombre d’invitations à boire des verres ou à manger un shashlik), avec le côté un peu « rugueux » propre aux pays de l’Est ou aux régions montagneuses en général (le service est parfois un peu amateur mais on s’en fiche), sans la relative froideur des russes, ukrainiens, tchèques ou polonais (pour comparer avec ceux que j’ai rencontrés et sans généraliser), et sans le harcèlement des touristes propre aux méditerranéens. Bref, le bon compromis.
Seule difficulté pour le touriste, il est très difficile de se faire comprendre des anciennes générations sans parler russe (heureusement ma compagne le parle), les nouvelles générations parlent de moins en moins russe mais de plus en plus anglais ce qui va beaucoup aider. Quoi qu’il arrive, l’affabilité des géorgiens permet au moins de se débrouiller au resto et dans les commerces à coups de gestes ponctués de quelques « gamarjoba », « Madloba » et « getakva » (c’est à nous d’apprendre leur langue après tout !).
Enfin, je dirais qu’hormis les routes qui restent assez dangereuses (y compris en ville, les piétons ne sont jamais prioritaires !), nulle part je ne me suis senti en insécurité. Certes, on a pas été dans les zones occupées ni sans doute dans les quartiers difficiles de Tbilissi, mais visiblement la situation a beaucoup changé en 15 ans et je m’attendais à moins de confort sur place. La « petite corruption » notamment qui touchait les policiers (inventant des amendes pour racketter les touristes) semble bien avoir disparue.
Une culture et une histoire très riche (mais comme souvent très douloureuse, et ce n’est pas fini…), avec le croisement de plusieurs influences issues de la Perse, de la Turquie, de la Russie etc., et une identité propre qu’ils ont su préserver malgré l’incorporation dans l’URSS (la langue et l’alphabet bien sûr, mais aussi les tissus, les danses et musiques traditionnelles etc.)
Une nourriture et des boissons délicieux, bon marché (pour le moment), souvent fraiche et bio sans le label, respectueuse de vos intestins fragiles et aseptisés de français (c’est peut-être un détail pour vous mais avant de partir en randonnée pour la journée c’est appréciable J)…mais assez calorique, on a pas complètement réussi à l’annuler à coups de randonnées : khinkalis bien sûrs au moins tous les jours, khatchapuris, aubergines aux noix, soupes, salades, ragoûts de bœufs et poulet etc., bière locale (la pinte souvent à moins d’1 euro !), vins, « cognacs », eaux de vie etc.
J’ai déjà pas mal voyagé, un peu partout dans le monde, mais la Géorgie va sans doute rester dans mon top 3 (si ce n’est pas en première position) tant ce pays m’a touché…
Pour ceux que ça intéresse, un résumé de nos visites ci-après (absolument tout au départ de Tbilissi, on avait notre petit confort dans un hôtel/ hostel modeste du centre):
J1 – visite du centre de Tbilissi (tout se fait facilement à pied), les vieux quartiers (Bethléem, les bains, la fameuse cascade du centre-ville, la place de la liberté etc.), les plus modernes (Rustavéli, Maharadjvini) ;
J2 – visite de Tbilissi « par les collines » : celle de la tour TV (je n’ai plus le nom en tête) via le funiculaire pour avoir le panorama complet, puis randonnée en pleine nature de cette colline jusqu’à la forteresse de Narikala (pas un chat sur le chemin !), redescente pour aller voir de plus près la gigantesque cathédrale Sameba etc.
J3- Visite de David Garéja (le monastère) mais c’est surtout la route et les panoramas sur l’Azerbaïdjan qui valaient le déplacement ! Pour cette visite on a pris un service de bus appelé « Gareji Line » qui part tous les jours du centre de Tbilissi (square Pouchkine), on les trouve facilement sur Internet, les tarifs sont modestes (25 laris par personne de mémoire) car il n’y a qu’un chauffeur et pas de guide (ça m’allait bien), au retour petit stop à Udabno, village perdu assez délabré mais avec dépaysement garanti !
J4- visite de Mtskheta : beaucoup de touristes russes sur place (lieu de pèlerinage orthodoxe), mais ça vaut le coup d’œil surtout pour le monastère perché sur la colline de Javri (montée en taxi avec le chauffeur qui nous a offert du vin dans une corne, assez pittoresque et un bien meilleur service qu’über !). Pour se rendre sur place on a pris le métro de Maharadjhvini jusqu’à Didubé, puis un marchoutkha (si ma compagne n’avait pas parlé russe je pense honnêtement qu’on aurait galéré pour trouver le bon vu que tout était écrit en géorgien et que la gare routière est un peu disséminée sur plusieurs rues…)
J5- excursion jusqu’à Kazbégi dans le grand Caucase en longeant la route militaire et en passant par le réservoir de Zhinvali, la forteresse d’Ananuri etc. C’est mon meilleur souvenir, j’ai été absolument bluffé par les paysages enneigés du Caucase, cette route chaotique pour y parvenir, et assez troublé par les témoignages sur place des frontaliers (qui sont également frontaliers de l’ « Ossétie du Sud »). Nous avons pris une excursion avec la société Envoy Tours (bonnes critiques sur Trip advisor) avec guide anglophone, 135 GEL par personne de mémoire et ça valait vraiment le coup. Il est assez difficile de se rendre dans cette région par ses propres moyens et les explications du guide apportaient beaucoup. La journée s’est conclue par un festin dans une pension locale, assez mémorable !
J6 – visite de Sighnaghi, très belle ville d’ambiance un peu méditerranéenne (mais pourtant presque à la frontière avec le Daghestan). Cette fois nous avions loué un taxi à la journée (120 GEL, soit 45 euros, abordable !).
J7- visite des derniers coins de Tbilissi, dégustation de vin local dans un bar à vins (le patron très fier de faire découvrir ses spécialités à un français !), et repos en terrasse
J8- Musée national de Géorgie (l’exposition sur l’occupation soviétique était marquante), repos et soirée électorale française avec des Géorgiens conscients des enjeux avant de monter dans l’avion du retour.
N’hésitez pas si vous voulez des détails sur les aspects pratiques !
Bon voyage à ceux qui s’apprêtent à partir, je vous envie