Quand on pense à un voyage en Afrique, on pense souvent aux safaris.
Compe tenu des prix, le routard indépendant est obligé de s’adapter et faire prévue de créativité afin de profiter de la vue de la faune sauvage sans se ruiner.
L’Ouganda est un pays magnifique avec des prix pour les safaris un peu au-dessous de la moyenne par rapport au Kenya et à la Tanzanie, et c’est pour ça que je l’ai privilégié pour cette activité pendant mon périple de 3 mois en Afrique de l’Est.
Safari 5 étoiles - Murchinson Falls Nation Park
Je decide de commencer par le confort. Un safari de 3 jours, au départ de mon auberge, dans le Murchinson Fall National Park. C’est le parc en Ouganda le plus difficilement accessible mais avec une carte Visa, on peut arriver partout. C’est le Safari version luxe pendant lequel on ne doit penser à rien, mais seulement regarder par la fenêtre du van.
Le parc est magnifique, on fait des game drive et un safari en bateau. Léopards, hippopotames, girafes, gazelles, buffles, mouches tsé-tsé, crocodiles, sont là. Seulement le Roi est resté caché.
La nature est splendide, les animaux incroyables et l’expérience très confortable. Je me suis rapprochées des animaux mais un peu éloignés des gens. Je sens que l’Afrique des Safaris c’est l’Afrique des touristes et pas des locaux.
Taxi/Boda Boda Safari - forêt de Kibale et Queen Elizabeth NP.
À savoir.
Taxi : minibus ou voiture qui assure le transport public entre petites-moyennes villes, pas cher mais immanquablement blindé.
Boda boda : moto-taxi, un must en Afrique de l’est pour le déplacements en ville ou entre ville et village paumé. Le roi indiscutable de Kampala, la raison pour laquelle je vous conseille d’emmener avec vous un casque si vous allez en Ouganda. Éviter de l’utiliser c’est impossible !
En Ouganda tous les parcs (sauf le Murchison Fall) sont traversés par des routes publiques et donc on peut les traverser en transports en commun sans payer la parc fee. Ça, c’est bien le rêve d’un voyageur indépendant et donc il faut bien en profiter.
Je commence par traverser la forêt de Kibale où on peut aller voir des chimpanzés en payant 150 dollars.
Je traverse : pas de chimpanzés.
Je m’arrête au premier village à la sortie du parc. Je visite le village, les plantations de café et un “traditional healer” qui, après avoir jeté des trucs en bois dans un bol avec du sable et de l’eau, me rassure sur le fait que je vais rentrer chez moi sans problèmes. Merci!
Je retraverse le parc : toujours pas de chimpanzés.
Je savais bien que la probabilité de les voir était nulle (parfois on ne le voit pas malgré les payement de 150 dollars) donc je ne suis pas déçue, la forêt était belle et ma journée aussi.
Si les chimpanzés je n’y croyais pas trop, j’ai beaucoup plus d’attentes en traversant le Queen Elizabeth NP.
Je prends le minibus de Fort Portal à Kantunguru oú une voiture pour Kihihi m’attend. Elle va traverser tout le parc.
Je monte dans la voiture 5 places et puis, comme d’habitude, on attend les autres passagers. On part seulement si la voiture est pleine et la voiture est pleine quand on est…10!
Là, ça fait un peu trop même pour les standards africains. Comme pour les bus en Éthiopie, vu qu’on va passer devant un poste de police, 3 des 10 vont prendre des boda boda pour aller 500 m après la police et on les récupère après.
C’est bon, là on est tous, c’est parti pour le safari !
J’ai une bonne place car je partage celle du chauffeur ! Pas trés confortable au moment du changement des vitesses mais avec une vue parfaite pour le game drive ! En revanche, ça va être compliqué de prendre de photos.
Zero animaux dans la première partie du parc mais une panne de la voiture au niveau du village de Kisenyi me permet d’aller voir, avec 2 autres passagers, le beau lac Edward à la frontière avec le Congo.
Cette panne ne m’a pas vraiment surpris : le compteur dépassait les 394.000 km !
On repart, et pendant que la radio passe “voulez-vous, voulez-vous, voulez-vous danser ?”, on voit des antilopes, un beau combat entre 2 babouins et puis on sort du parc.
On est presque arrivés mais…deuxième panne. Cette fois c’est l’essence…ah non, pas que. Ca ne démarre pas. Pas de problèmes : 4 des 10 vont pousser et c’est bon ! On arrive à Kihihi.
Finalement je n’ai pas vu grand-chose, je décide donc d’y retourner le lendemain et de payer l’entrée pour aller voir les lions grimpeurs. Je me renseigne en ville sur comment y aller et je choisis le moyen le moins cher : le boda boda!
Je pars avec mon « boda boda guide » de bon matin mais, une fois arrivée à l’entrée de la zone payante, on m’explique que les lions, sur les arbres, dès qu’on s’arrêtes pour prendre des photos, ils sautent sur nous et donc d’y aller en boda boda c’est pas l’idéal…c’est à dire interdit!
J’essaye de leur dire que je vais passer sans m’arrêter mais non, ça passe pas. Les boda boda boys de Kihihi m’avaient assuré que c’était possible et ils ont pas menti car, en effet, pour eux l’acces n’est pas interdit. Il y avait des boda boda en train d’entrer dans le lions secteur donc je crois que pour le bureau du parc l’attaque par un lion d’une personne du coin est un risque acceptable mais l’attaque d’un touriste ça ne l’est pas !
Échec. On rebrousse chemin et on rentre à Kihihi.
Sur la route on croise beaucoup de singes, buffles et…un magnifique éléphant tout près de nous. Ce n’est qu’un demi-échec finalement !
Voici les choses à retenir sur les taxi/boda boda safari.
Oubliez le confort et la possibilité de prendre de belles photos. Rien ne vous empêche d’espérer mais, à cause de la vitesse et le moment de la journée pas forcement favorable, les probabilités de voir beaucoup d’animaux restent limitées. Si le safari luxe vous éloigne de locaux, le taxi safari vous colle littéralement à eux et donc c’est une expérience culturelle plutôt que zoologique!
Alternative au Gorilla tracking - Mgahinga Gorilla National Park.
Le Gorilla traking est l’activité qui attire beaucoup de touristes en Ouganda mais elle est hors de prix. L’alternative sympas et pas chère à la promenade avec les gorilles de montagne est la promenade avec les pygmées dans le Mgahinga Gorilla National Park.
La forêt est la même que celle des gorilles mais si, comme moi, vous ne voulez pas payer les 500 dollars de permis qui vous séparent d’eux, vous pouvez vous y balader avec des humains, de petite taille et extrêmement sympas : les Pygmées.
Les Pygmées ont été chassés de la Forêt par le gouvernement quand le parc a été créé et il a été décidé qu’il fallait absolument protéger les très chers gorilles. Même si les Pygmées ne menaçaient pas les gorilles, ils n’étaient pas vraiment utiles donc, « la sotie est par là, svp ! ». Complètement déracinés, sans compensations, sans terres, sans argent, plus de maisons ni de quoi vivre, ils squattent aujourd’hui les terres des autres et ce trail dans la forêt pendant lequel ils racontent leur vie d’avant leur apporte un peu d’argent. La promenade prevoit aussi des mises en scène de chasse autant ridicules que marrantes car ils se marrent trop entre eux ! Ils ont gardé le sourire et la bonne humeur. Ils ne se prennent pas au sérieux, ils prennent du plaisir à jouer les acteurs de leur vie et de cette façon ils arrivent à faire passer un message important sans focaliser l’attention sur leur état de victimes.
Les Pygmées n’habitent plus les forêts depuis 25 ans. Dans quelques années il n’y aura presque plus aucun pygmée avec des vrais souvenirs de leur vie traditionnelle; ils seront bientôt tous, seulement, des acteurs.
Ceci est le triste destin des Pygmées des forêts d’Ouganda, Rwanda et DR Congo. Les 3 pays sont bien d’accord sur le fait qu’investir sur la préservation des gorilles de montagne rapporte bien plus d’argent que le respect des minorités ethniques, leur culture et traditions.
Merci les Pygmées pour cette promenade et pour m’avoir fait découvrir vos traditions. Je ne regrette absolument pas de vous avoir préférés aux gorilles !
Mon expérience de « Safaris insolites » en Ouganda se termine en dansant avec eux, dans la joie.