Hello !
Voici un petit retour sur mon expérience sur la West Highland Way, parcourue en couple de Milngavie à Kinlochleven du 3 au 8 août 2023 et stoppée malheureusement par une entorse à la cheville.
Je précise qu’il s’agît là de notre vraie première rando sur plusieurs jours, que nous ne sommes pas de grands sportifs et qu’il s’agît là de dépeindre mon propre ressenti sur cette expérience.
Jour 1 : Milngavie - Drymen (19kms - 6h)
Dans le train depuis Glasgow, le stress et l’impatience nous gagnent !
Le trajet semble interminable, on jauge inévitablement les autres randonneurs dans le wagon (“wouah comme leurs sacs ont l’air légeeeerrrs !”, “Eux c’est sûr ils ont fait le GR 20” …) et on fait le point sur ce qu’on doit acheter à Milngavie, point de départ de notre balade.
Sur le quai, on ne peut pas se louper, les panneaux nous guident jusqu’au centre-ville piéton où règne une sorte d’ambiance “Disneyland” avec ses petites boutiques mignonnes, son effervescence autour de l’iconique obélisque symbolisant le point de départ.
Un petit dej au Costa Coffee (pas recommandé), quelques emplettes de dernières minutes à la pharmacie et au Spar pour manger le midi, les petits selfies pour immortaliser tout ça et c’est parti !
Enfin… pour 15 mètres, avant d’être arrêtés par une mamie aux cheveux violets qui s’empresse de venir nous demander d’où nous sommes, nous parler de la Tour Eiffel et nous souhaiter un super séjour. Adorable.
Globalement, ce début d’étape à travers les sous-bois est agréable, il fait beau, les gens sont gentils. Rien de très dépaysant mais parfait pour se mettre en jambes.
Le chemin devient un poil plus sauvage, sinue à travers quelques collines, quelques moutons, puis une longue, longue ligne droite à travers champs où nous commençons à nous rendre compte que nous ne serons pas tous seuls…
Il est possible de faire un petit détour par la distillerie de Glengoyne ou juste l’admirer de loin le temps d’une pause casse-croute.
Au fil des kilomètres, je me questionne quand même sur le poids de mon sac qui me paraît de plus en plus lourd… Aurais-je dû laisser tel ou tel truc à la maison ? 2L d’eau, c’est peut-être trop ? 5 slips, j’ai déconné ?
Le chemin abouti sur une route qui nous emmène droit sur Drymen et nous accorde quelques jolies vues sur la campagne.
Nous croisons aussi notre première honesty box, sorte de petite épicerie libre service pas plus grande qu’une armoire sur le bord de la route, où chacun se sert et paie dans une boite prévue à cet effet.
La route grimpe un peu sur le final et nous voici déjà au camping de Drymen où nous nous faisons recaler (Attention : camping minuscule).
Peu importe, on retrouve un chemin un peu plus bas qui traverse un grand pré avec quelques tentes déjà installées. Le spot est agréable, spacieux, à 800m du village par la route.
Nous sommes vite accostés par un vieux paysan au patois bien local venu rentrer ses vaches et nous prévenir qu’il ne faut surtout pas laisser nos ordures, de sorte à ne pas rendre ses bêtes malades. Passé cette recommandation, il se détend et la conversation dérive inévitablement sur le foot, ses animaux et la suite de notre rando. Une super rencontre !
A Drymen : quelques B&Bs, une superette, 2/3 pubs (dont l’un des plus vieux d’Ecosse) et un point de ravitaillement en eau sur la place centrale.
Jour 2 : Drymen - Cashel Campsite (21kms - 8h)
Après un réveil au milieu des vaches et des premières midges, nous repartons de bonne heure sur un large sentier à travers une forêt de pinèdes puis à travers les pâturages. Nous sommes partis de bonne heure, ce qui nous permet d’être relativement tranquilles sur le chemin. Nous nous faisons doubler par un couple d’Allemands très sympathiques et souriants qui avait campé à proximité de nous, manifestement bien entrainés.
Les jambes commencent à piquer, le dénivelé s’accentue, nous sommes en train de gravir Conic Hill, première vraie difficulté du parcours.
Une discussion avec des Françaises nous apprends que nous sommes sur une “variante” du trajet et que nous aurions pu contourner la colline.
Soit ! Nous en aurions moins bavé, mais nous n’aurions pas eu la chance de rencontrer le majestueux Loch Lomond depuis un si joli point de vue !
L’autre versant par lequel nous entamons la descente vers Balmaha est extrêmement fréquenté par les familles de touristes et tours organisés venus se garer en bas.
A Balmaha : superette, restaurant, point d’eau, marchand de glace et quelques hébergements en B&B. Beaucoup de monde en haute saison !
Après s’être restaurés, nous repartons le long de la route qui mène à Rowardennan puis sur un sentir à travers bois. Il est 14h, mon sac me semble avoir pris 10kg de plus, mon dos me fait mal et les campings autour de Rowardennan sont pleins.
Nous décidons donc de nous arrêter à celui de Cashel, situé à 2h de marche de Rowardennan mais idéalement placé au bord du lac, avec superette, douches chaudes et toilettes.
Nous retrouvons notre couple d’Allemands avec qui nous papoterons une bonne partie de la soirée autour de la machine à laver.
C’est assez marrant de voir tous les campeurs arborer leurs “filets de tête” au coucher du soleil et courir dans tous les sens pour s’épargner la compagnie des midges. Drôle d’ambiance !
Jour 3 : Cashel campsite - Inverarnan (Beinglas campsite) (40kms - 12h)
Partis vers 9h, nous voulions rattraper notre “retard” pris la veille et rejoindre Rowardennan dans la matinée pour entamer la 3ème étape. Le bout de chemin fait la veille entre Balmaha et le camping de Cashel était plutôt plat et c’est confiants que nous entamions cette remontada.
Le chemin forestier longe le Loch Lomond, nous croisons une multitude de jolies petites plages de galets, testons même une petite balançoire au dessus du lac.
Les choses vont se corser assez vite avec une succession de bosses assez raides et mon mal de dos qui me reprend beaucoup plus fort que la veille.
Je pose le sac, m’étire, Fanny me masse, on règle le sac et on repars.
A Rowardennan : un hôtel, une auberge de jeunesse, un restaurant, des toilettes…
Quelques mètres après la pause pipi, mon trapèze refait des siennes, les coups de poignard dans le dos ne s’arrêtent plus… Je ne sais plus vraiment quoi faire… Appeler un service de portage de sac ? Mais nous ne savons même pas où nous pourrons dormir le soir, les zones de bivouac sauvage autorisé étant très très limitées le long du Loch Lomond… Peut-être à mi-chemin à Inversnaid ? Il y a bien un hôtel, un dortoir et quelques B&B, mais sans réservation préalable je pense que ça s’annonce compliqué.
Ou bien abandonner ?
Nous n’avons mangé qu’une barre protéinée et mon ventre commence à grogner, ce qui rajoute à mon humeur maussade.
Mais c’est dans ces moments où rien ne va que bien souvent ma bonne étoile apparaît, et elle prend cette fois la forme d’une magnifique honesty box bien garnie.
On repars avec 20 livres de petites quiches maison, quelques pommes/bananes et des petits gâteaux. Le moral revient au moment où les premières gouttes se mettent à tomber, se muant bientôt en une grosse drache bien épaisse.
Nous évitons cette fois une variante du sentier en bord de falaise, redoutant l’état du chemin avec la pluie, et avançons sur un large sentier à travers bois pendant 2 bonnes heures. Les premières sensations d’être seuls au monde surviennent. Est-ce lié à la météo ou au fait d’être au milieu d’une forêt de pins dont on ne voit pas le bout ?
Le chemin rétrécit et devient beaucoup plus technique, glissant, rocailleux, passant tantôt à travers bois, tantôt en bord de falaise, tantôt au milieu de gigantesques fougères qui nous barrent la route.
2 heures plus tard, épuisés, nous arrivons enfin à Inversnaid, accueillis par une cascade et un très bel hôtel où de nombreux randonneurs ont trouvé refuge.
Il y règne une ambiance de chalet de montagne, la moquette moelleuse est un délice pour nos pieds, mais à la vue du nombre de randonneurs présents, je me doute qu’il sera difficile d’obtenir une chambre pour la nuit.
Impression confirmée, et pas de place non plus à l’auberge de jeunesse.
Les marcheurs échangent leurs conseils bivouac pour la nuit, certains devant même quitter le sentier et remonter plusieurs kilomètres pour planter leurs tentes sans risque les 600 livres d’amende.
Il est 17h et je regarde les infos sur la suite de l’étape en sirotant une petite limonade bien sucrée. Les faits sont là : nous sommes à 3/4h de marche d’Inverarnan où le camping de Beinglas peut nous accueillir, mais la suite du sentier est réputée être le tronçon le plus difficile de la WHW.
Mais requinqués par cette pause moquette/limonade et l’envie irrésistible d’une douche chaude, nous prenons le pari de continuer.
Avant de partir, nous recroisons les Allemands qui ont réservé une chambre la veille.
Pleins d’empathie, ils nous accompagnent jusqu’à la sortie de l’hôtel en nous encourageant. Nous ne les reverrons malheureusement plus.
La pluie a cessé, et le chemin reprend comme il s’est arrêté.
Mais les rochers sont plus gros, les racines piégeuses, le sol boueux, le bord de la falaise est très abimé, et il faut passer chaque obstacle avec la fatigue des 9h de marches accumulées.
La solitude gagne du terrain, tout le monde a arrêté de marcher et nous voici au beau milieu de la falaise à crapahuter et essayer de gagner notre course contre le soleil qui disparaît. Impossible de s’arrêter pour la nuit, nous sommes à flancs de côteaux et le sentier est beaucoup trop étroit.
Nous faisons quelques pauses rapides mais l’angoisse monte.
Je me laisse aller à vérifier notre avancée sur Google Maps, les kilomètres défilent, je ne regarde plus que le chemin devant moi, essayant d’éviter à tout prix la blessure ou la chute.
Néanmoins, l’adrénaline me fait oublier la fatigue et je booste Fanny autant que je peux, au bord de la crise de nerfs.
Enfin nous quittons le sentier, au bout du Loch Lomond, et des petites zones de bivouac bien humides me redonnent un peu d’espoir.
Nous recroisons un peu de vie humaine, et c’est fou, dans ces moments là, comme cela fait du bien !
Nous passons devant un refuge déjà investi et nous continuons, Google m’indiquant encore 1h de marche.
Enfin, à la tombée de la nuit, épuisés mentalement et physiquement, nous arrivons comme des zombies au camping de Beinglas. Une soirée karaoké bat son plein au pub du camping et, le check-in étant fermé, nous nous adressons au barman pour réservé notre emplacement. A la vue de nos têtes, certainement pris de pitié, il nous offre la nuit et nous ouvre même l’épicerie du camping pour pouvoir acheter de quoi manger.
Fanny s’écroule de sommeil dans la salle de restauration, nous manquons de cramer un couple d’espagnols avec notre réchaud et, après la douche salvatrice, nous nous glissons enfin sous notre tente. Ma chère et tendre n’aura aucun problème pour trouver Morphée, ce qui ne sera pas mon cas : l’after à la sortie du pub est bruyant, entre concours de rots, péquins désorientés, vomis à 2 pas de la tente…
Jour 4 : Inverarnan - Tyndrum (14 kms - 5h)
Après l’épique journée de la veille, nous repartons de bonne humeur et requinqués malgré la courte nuit.
L’étape du jour nous semble bien différente des précédentes, les paysages sont moins grandioses, nous évoluons dans une vallée où nous accompagnent une voie ferrée et une route très empruntée. La vue sur les petites montagne est tout de même très jolie.
Il fait beau, chaud, et le sentier passe d’un versant à un autre, nous obligeant à monter/descendre durant plusieurs kilomètres avant de rejoindre un large chemin à flanc de montagne surplombant la route.
Après une bonne dizaine de kilomètres, la fatigue nous rattrape, l’environnement moins plaisant n’aidant pas, nous prenons la décision de nous arrêter en milieu d’étape dans la petite ville de Crianlarich pour aller nous restaurer dans un pub on-ne-peut-plus Ecossais et prendre un bus sous des trombes d’eau jusqu’à Tyndrum où nous avons trouvé une chambre en lodge.
Le confort moderne et l’intimité d’une chambre privée nous ferons énormément de bien.
La suite arrive très vite !