Carte d'identité Colombie
- Nom officiel : République de Colombie.
- Capitale : Bogotá.
- Superficie : 1 138 910 km², divisés en 32 départements et un distrito capital (Bogotá). Et 3 208 km de littoral.
- Population : 50,88 millions d'habitants (2020).
- Langue officielle : espagnol (castillan). Et près de 85 langues autochtones (tucano, guahibo, etc.).
- Régime : présidentiel.
- Chef de l’État : Gustavo Petro, élu en juin 2022.
- Densité de la population : 44,7 hab./km² (avec 82 % de population urbaine).
- Moyenne d’âge : 31,2 ans.
- Espérance de vie : 77 ans.
- Sites inscrits au Patrimoine mondial de l'Unesco : Port, forteresses et ensemble monumental de Cartagena de Indias (1984) ; centre historique de Santa Cruz de Mompox (1995) ; Parc archéologique de San Agustín (1995) ; Parc archéologique national de Tierradentro (1995) ; paysage culturel du café de la Colombie (2011).
Économie
Dès avant la colonisation, un réseau commercial se développe en Colombie sur la base des spécificités régionales : culture du maïs et de la pomme de terre sur les plateaux, exploitation du sel et des produits de la pêche sur le littoral. L’arrivée des conquistadors change tout. Leur priorité est unique : amasser beaucoup, rapidement. La mise à sac des métaux précieux achevée, ils s’appuient sur la main-d’œuvre autochtone, contrainte par le système de l’encomienda (servage) de travailler dans les mines d’or, de cuivre et d’émeraudes, mais aussi dans les champs. Agriculture et élevage se développent, traçant ce qui fait encore la colonne vertébrale de l’économie colombienne.
La côte caraïbe, elle, profite des échanges (certes limités) avec la métropole, ainsi que du commerce des esclaves qui se met en place. Malgré les attaques des pirates et corsaires, Cartagena s’enrichit de manière démesurée. Avec le développement de la colonisation et l’épuisement progressif des ressources minérales et métalliques au XVIIe s, la couronne d’Espagne réoriente sa politique économique afin de stimuler davantage le secteur agricole. À la fin du XVIIIe s, le sucre et le tabac deviennent d’importants produits d’exportation.
Période contemporaine
Aujourd’hui encore, la Colombie vit en partie grâce à ses abondantes ressources naturelles, qui contribuent à en faire la 4e puissance économique d’Amérique latine, derrière le Brésil, le Mexique et l’Argentine – avec un PIB estimé à 315 milliards d’US$ en 2021. La Colombie extrayait de son sous-sol plus de 850 000 barils de pétrole par jour jusqu’en 2019, faisant d’elle le 4e producteur latino-américain et assurant son entière indépendance énergétique, mais la production a chuté de plus de 15 % en 2020-2021. Le pays possède en outre 85 % des réserves de charbon d’Amérique latine (8e producteur mondial) – qui, avec le pétrole, comptent pour plus de la moitié des exportations.
Depuis les années 1960, l’économie colombienne s’est (un peu) diversifiée. Les services représentent aujourd’hui environ 60 % du PIB et l’industrie 24 %. Cependant, le pays conserve un secteur agricole important (7,6 % du PIB et plus de 15 % des emplois) qui, après une décennie de déclin, a retrouvé une certaine dynamique. Principaux secteurs : le café bien sûr (3e exportateur mondial), les fleurs (2e) et la canne à sucre. La Colombie a d’autres atouts : une double façade maritime sur le Pacifique et la mer des Caraïbes, un fort potentiel touristique, une relative stabilité institutionnelle ainsi qu’un système bancaire sain qui la placent en tête des CIVETS (oui, comme les lapins !), pays considérés comme les futurs émergents.
Une économie sur le fil du rasoir
Cela étant dit, tout n’est pas rose pour autant sur le front économique. Inquiétude majeure, le pays, qui transforme peu ses ressources, dépend directement des cours mondiaux des matières premières – qui jouent volontiers au yo-yo. La faiblesse de la productivité et des infrastructures (routières, portuaires et sanitaires), l’importance du secteur informel (56 % de l’emploi !) et de la corruption, l’afflux de réfugiés vénézuéliens (1,7 million) et la situation sécuritaire toujours un peu incertaine ne jouent pas non plus en sa faveur. Sans oublier les problèmes sécuritaires liés au trafic de drogue, un autre enjeu, même si l’on peut considérer que le secteur, évalué à 8 à 12 milliards de dollars par an (2,6 à 4 % du PIB), apporte plus qu’il ne coûte au pays...
Autre enjeu de taille, enfin : la pauvreté. Avec un PIB par habitant d’environ 6 600 US$ en 2021, plus d’un Colombien sur 3 est concerné (15 % d’extrême pauvreté), alors même que les 10 % de plus riches concentreraient à eux seuls près de la moitié de la richesse nationale... Pas étonnant que la Colombie se classe au 10e rang des pays les plus inégalitaires de la planète ! Établie à 4,73 % en 2014, la croissance s’est peu à peu affadie, avec des hauts et des bas, pour plonger brusquement de - 6,8 % en 2020 en raison de l’épidémie de Covid et de presque 6 mois de confinement. Les politiques de soutien engagées ont permis à l’économie de fortement rebondir en 2021, mais elles ont profondément creusé le déficit, passé de 2,2 % avant crise à 8,6 % en 2021.
Droits de l'Homme
La Colombie peine à se débarrasser de ses démons. Ex-guérilleros, narcotrafiquants, paramilitaires constituent toujours un mélange explosif et préjudiciable aux Droits humains. Ajoutons à ces ingrédients que, depuis 2018, gouvernements et présidences freinent l’application de l’accord de paix de 2016. Conclu entre le pouvoir et les FARC, il mettait fin à un conflit vieux de plus de 50 ans et avait suscité de grands espoirs pour la paix dans le pays, la vie en harmonie des différentes communautés et la dignité des peuples autochtones. Or, alors même que les ex-guérilleros avaient déposé les armes et que l’organisation terroriste s’était « transformée » en parti politique, les gouvernements successifs ont rechigné à respecter la teneur même de cet accord pourtant historique en accumulant les entraves : aucun financement pour la réinsertion ou pour la substitution des cultures illicites, remise en cause du tribunal spécial pour la paix – chargé de juger les crimes de guerre commis par les 2 camps –, arrêt du programme de restitution des terres aux paysans. On comprend pourquoi, depuis juin 2022, tous les yeux sont tournés vers le nouveau président Gustavo Petro.
Autre sujet d’inquiétude, les assassinats ciblés d’anciens guérilleros, de syndicalistes, d’élus locaux, de défenseurs de l’environnement ou des Droits humains. Les observateurs locaux imputent ces meurtres aux narcotrafiquants et groupes paramilitaires. L’ONG Global Witness considérait en 2021 et 2022 la Colombie comme le pays le plus dangereux au monde pour les militants de la société civile. Des exactions qui ont laissé jusqu’alors les autorités indifférentes. Dit autrement, une atteinte alarmante à la liberté d’expression. En conséquence, de nombreux ex-membres de la guérilla ont préféré reprendre le maquis. En août 2019, l’ancien chef rebelle Iván Márquez a ainsi annoncé son intention de renouer avec la lutte armée en dénonçant la « trahison par l’État des accords de paix ». En novembre de la même année, des milices telles que la Garde indigène du Cauca reprenaient pied pour protéger les populations rurales.
Dans ce contexte tendu, en 2021, lors de manifestations et grèves, la police anti-émeutes a fait usage d’armes à létalité réduite entraînant une centaine de traumatismes oculaires. Amnesty International dénonce également des cas d’arrestations arbitraires, de torture et de disparitions forcées particulièrement dans la ville de Cali. Et le Haut-Commissariat aux Droits de l’homme des Nations unies d’ajouter avoir obtenu des témoignages attestant de violences sexuelles perpétrées par la police nationale.
Dans les campagnes, les épandages de pesticides en vue d’éliminer la production de cocaïne sont dénoncés par les ONG car toxiques pour les populations autochtones.
Enfin, si les droits des personnes homosexuelles sont garantis en Colombie, on peut s’inquiéter de l’accroissement de victimes issues de la communauté LGBTQIA+. Fin 2022, parmi la centaine de crimes perpétrés contre elles en 1 an, plus de la moitié restaient impunis.
Seule bonne nouvelle dans ce très sombre tableau, en février 2022, la Cour constitutionnelle colombienne se prononçait en faveur de la dépénalisation de l’avortement au cours des 24 premières semaines de grossesse. Les IVG clandestines opérées jusqu’alors dans des conditions sanitaires souvent précaires entraînaient un réel problème de santé publique. Plus de ⅓ des femmes concernées vivaient en milieu rural et étaient très souvent victimes de violences domestiques.
N’oublions pas qu’en France aussi, les organisations de défense des Droits humains continuent de se battre contre les discriminations, le racisme, et en faveur de l’intégration des plus démunis.
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