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Architecture

Le style manuélin

Il doit son nom à Manuel Ier, qui monta sur le trône du Portugal en 1495, en pleine époque des grandes découvertes. Curieusement, c’est un architecte d’origine française, Diogo Boytac (ou Boitac), qui est à l’origine de ce style gothique tardif.

Entre gothique et Renaissance, le style manuélin présente des caractéristiques très particulières : à l’opposé des lignes rigides de la période gothique, les piliers se tordent en spirale, sur les voûtes apparaissent de grosses nervures en relief. On a longtemps considéré ce style comme une exaltation des conquêtes, à cause du choix des motifs inspirés du monde marin, de la faune et de la flore exotiques, sans oublier la croix de l’ordre du Christ.

Ce style original, qui symbolise la nouvelle richesse du pays, disparaîtra aussi vite qu’il s’est épanoui, avec la mort du souverain en 1521. S’il s’est beaucoup exprimé sur le continent, le style est moins manifeste sur l’île de Madère.

Azulejos (prononcer « azoulège »)

Beaucoup le prononcent à l’espagnole « azuleros », mais c’est une faute ! Prononcez bien « azoulège ».

Pas seulement un art décoratif : du grand art, support indémodable de l’imaginaire de tout un peuple. On les découvre à chaque angle de rue, dans les jardins publics, les églises, et même chez les particuliers. Ils reflètent superbement la lumière et donnent une réelle impression de fraîcheur.

Ces carreaux de faïence vernissée sont introduits au Portugal après la prise de Ceuta, au Maroc, en 1415. Les azulejos sont donc d’abord arabes, puis andalous, originaires de la « route de la faïence ». D’ailleurs, leur nom vient de l’arabe al zulaicha, qui signifie « petite pierre polie ». En 1498, Manuel Ier en visite en Espagne découvre les splendides murs d’azulejos dans les palais de Saragosse et de Séville. Il s’approprie la technique dès le milieu du XVe siècle et se met à en produire lui-même.

Très vite, la mode de l’azulejo se répand : ce ne sont pas seulement les palais ou les chapelles qui s’ornent d’azulejos, mais aussi les fontaines, les bancs, les bassins... Pour satisfaire la demande croissante, on fait appel aux Hollandais, qui imposent momentanément leur technique : carreaux à dessins bleus sur fond blanc (Delft). La décoration s’anime, les édifices se couvrent de scènes champêtres. Au XVIIIe siècle, Oliveira Bernardes crée une école qui rivalise avec les Hollandais...

Au XIXe siècle, les fabriques sont ruinées par les guerres napoléoniennes et les guerres civiles, et l’on assiste à un certain abandon de cet art jusqu’aux réalisations du grand maître Ferreira das Tabuletas. Il faut attendre le XXe siècle et le mouvement Art déco pour voir la céramique murale connaître un renouveau qui se confirme dans les années 1950, grâce à de grands artistes tels que Jorge Barradas et Maria Keil.

Aujourd'hui, cet art est toujours bien vivant. En règle générale, les azulejos les plus originaux ou les plus attrayants ne se trouvent pas dans les magasins pour touristes. Ne vous laissez pas séduire par de prétendues reliques du XVIIe siècle et renseignez-vous auprès des Portugais pour connaître des adresses fiables.

Patrimoine culturel

Les peintures flamandes de Madère

On trouve bien de superbes peintures flamandes à Madère ! Ces magnifiques œuvres d’art en provenance de Bruges ou d’Anvers parviennent à Madère pendant l’âge d’or de la production du sucre. Les bateaux portugais arrivaient dans les ports flamands avec une cargaison de balas, caisses fabriquées avec le vinhatico ou le til, sortes de lauriers endémiques de l’île. Ces balas contenaient des cônes de sucre cristallisé, surnommés « pains », qui se vendaient très cher.

Au XVIe siècle, les peintures et les triptyques (retable placé au-dessus de l’autel avec 2 volets pouvant se refermer sur la partie centrale) flamands étaient très à la mode dans toute l’Europe. Pour embellir les lieux de culte, cathédrale, églises ou chapelles privées des riches quintas, on ne lésine pas. C’était un luxe un peu ostentatoire à l’époque pour une île si petite. La très belle collection de tableaux religieux et de retables rassemblée au musée d’Art sacré de Funchal en témoigne.

Musique

À Madère, la fête de la Musique ce n’est pas seulement le 21 juin, c’est toute l’année.

Différents instruments accompagnent les danses et romarias. Certains, très particuliers, sont nés du goût des insulaires pour le rythme et la musique. Ils expriment ainsi avec plus ou moins de force, à travers cordes et percussions, la diversité qui caractérise le peuple madérien.

Les chants de l’île sont spontanés et repris en chœur ; tout le monde chante, juste ou faux, l’important est de donner de la voix, même si elle est parfois un peu stridente ou éraillée. On chante pour fortifier son courage au cours des durs labeurs des champs ou des vignes. On chante pour s’entraîner le long du chemin vers le but du pèlerinage. On chante pour exprimer le deuil ou la joie, et qu’importe si le résultat manque parfois d’harmonie.

Il y a des instruments traditionnels comme la viole à neuf cordes, l’accordéon, le tambour ou le triangle. Mais il y également des instruments spécifiques à Madère.

Pour les inconditionnels, il y a bien sûr le fado venu de Lisbonne ou de Coimbra. Il exprime la saudade, savant mélange de passion et de mélancolie. Ce chant nécessite une voix puissante et s’accompagne très simplement d’une guitare ou d’une mandoline. L’âme de Madère, pourtant, ne s’y reconnaît pas tout à fait.

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