Culture et arts Auvergne
Architecture
Dans le Puy-de-Dôme, la montagne engendre de longues maisons trapues, aux moellons noirs coiffés de chaume, les jasseries, équivalents des burons du Cantal, et les fermes de Limagne se ceignent de hauts murs. Les bourgs viticoles sont à peine plus souriants, surtout hors saison, avec leurs escaliers extérieurs et leurs tuiles canal. L'insécurité d'autrefois - que rappellent les châteaux et les églises fortifiées - reste gravée dans les gènes, et l'interminable hiver n'autorise aucune déperdition.
Cette règle vaut aussi pour le Cantal mais, au sud du puy Mary, l'Auvergne s'illumine d'influences rouergates qui donnent à ses fermes un air de féerie. Constellés de lucarnes, les hauts toits en pagode étincellent d'un maillage de lauzes aussi précieux qu'un galuchat. Derrière les murs épais de basalte, qui n'offrent aux morsures de l'hiver que d'étroites ouvertures, la salle commune, plaquée ou non de boiseries, baigne dans une obscurité lourde.
Non loin de la pierre d'évier, saucisses et jambons sèchent au-dessus de la cuisinière en fonte. Dans un coin, une cheminée gigantesque abrite le cantou, refuge hivernal d'autrefois, dont les chenets à présentoirs maintenaient la soupe au chaud.
Vision hivernale, vision d’hier, direz-vous, si vous nous lisez au cœur de l’été, quand l’Auvergne est redevenue une terre où il fait bon se laisser vivre. L’été, même les vieilles pierres semblent retrouver des couleurs, quand le soleil donne au Puy-en-Velay des allures d’Italie, quand La Chaise-Dieu revit le temps d’un festival, quand les villages au fil des gorges s’animent...
Art roman en Auvergne
On croyait que l'art roman était européen. En Auvergne, il est auvergnat. Les statues de la Vierge y sont noires comme du charbon. Les églises aussi. La nef est creuse comme un tunnel. Ses parois alignent de grosses arcades, qui n'ont guère évolué depuis Charlemagne. Les chapiteaux sont sculptés de figures terrifiantes, incroyablement archaïques : des saints, des démons, des bêtes d'apocalypse. Pour pénétrer dans ce monde du silence et de la nudité, pas ou peu d'entrées monumentales, mais la discrétion d'une porte latérale. À l'extérieur, une dizaine de coupoles se chevauchent en éventail jusqu'aux arcades du clocher octogonal, mitré d'une pointe de crayon taillée.
Les stars du genre sont à Clermont-Ferrand (Notre-Dame-du-Port), à Orcival, à Issoire (Saint-Austremoine, où le XIXe siècle a rétabli la polychromie), Saint-Nectaire, Saint-Saturnin, Le Puy-en-Velay, Mauriac, l'extraordinaire abbaye de La Chaise-Dieu... aussi bien que dans n'importe quel hameau.
Langues régionales
Le français s’est introduit très tôt dans cette Auvergne coupée du Sud par les montagnes, par l’intermédiaire des classes élevées de la société. Longtemps, le peuple auvergnat a jalousement conservé son patois. Au fil du temps, les contacts quotidiens entre les classes sociales ont provoqué un métissage entre ces langues.
Les patois de l’Auvergne, au contraire des parlers du nord de la France, forment une véritable langue, avec une grammaire et une littérature très particulières. Ils se rapprochent bien plus du latin que le français : alors que ce dernier s’est créé à partir d’idiomes eux-mêmes dérivés du latin, l’auvergnat, comme la plupart des dialectes du Midi, s’est directement inspiré du latin antique. Par exemple, « fontaine », mot français issu du latin fons par l’intermédiaire de son dérivé fontana, se dit fouan en auvergnat.
L’Auvergne a aussi subi l’influence de la langue anglaise : l’Aquitaine, toute proche, appartenait aux ducs d’Anjou (les célèbres Plantagenêts), également rois d’Angleterre. La prononciation auvergnate s’inspire de celle de nos amis d’outre-Manche. Le celtique et l’allemand ont également fourni divers vocables, tel leide (laid), qui provient de l’allemand leid. Multilinguisme déconcertant pour une région enclavée dans ses montagnes, à la réputation de conservatisme forcené.
L'Auvergne a aussi subi l'influence de la langue anglaise : l'Aquitaine, toute proche, appartenait aux ducs d'Anjou (les Plantagenêts), également rois d'Angleterre. La prononciation auvergnate s'inspire de celle de nos amis d'outre-Manche. Le celtique et l'allemand ont également fourni divers vocables. Multilinguisme déconcertant pour une région enclavée dans ses montagnes, à la réputation de conservatisme forcené.
L'Auvergne compte quantité de dialectes ou sous-dialectes. Ces idiomes se ressemblent beaucoup et se classifient en trois grands types. Le brivadois se parle dans le haut Allier, le limanien dans le bas Allier. Le dorien est, comme son nom l'indique, le dialecte de la vallée de la Dore.
Enfin, voici quelques petits « trucs » : les Auvergnats changent les ail et al en au. Au début des mots, le c latin (comme celui de carus) devient ts (carus donne tsar). Les Auvergnats emploient beaucoup de diphtongues. Souvent, ils ne mettent pas de pronom personnel devant le verbe.
Patrimoine de l'Allier
Berceau de 8 rois de France, l’Allier abrite :
- plus de 180 églises romanes du XIIe siècle, dont beaucoup ornées de fresques d'époque ;
- un des plus vieux vignobles de France, le saint-pourçain, de plus de 2 500 ans d’âge ;
- trois villes thermales (Vichy, Néris-les-Bains, Bourbon-l’Archambault) ;
- une magnifique salle d’opéra centenaire à Vichy ;
- plus de 570 édifices qui font de l’Allier le 2e département de France en nombre de châteaux et belles demeures, après la Dordogne. La plupart d’entre eux, propriétés privées, ne se visitent pas, mais on les aperçoit facilement depuis les routes et chemins du département.
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