Itinéraires conseillés Serbie

Difficile de se faire une première idée du pays en moins d’une semaine. Ceux qui ont davantage de temps en prévoiront plutôt deux, ce qui leur permettra à la fois de parcourir les routes tortueuses du Sud à la recherche des plus beaux monastères, d’explorer la Voïvodine et sa culture influencée par la Hongrie et l’Autriche, et de se promener dans les parcs nationaux.

Belgrade s’éveille d’un long sommeil. Établie au confluent de la Save et du Danube, la capitale serbe reste veillée par les murailles de la vieille forteresse de Kalemegdan. Celtes, Romains, Slaves, Turcs et Austro-Hongrois se sont battus pour la possession de cette éminence stratégique, d’où se livre un vaste panorama sur les rivières et l’île formée lors de leur rencontre.

En contrebas, la vieille ville (Stari Grad) déroule ses atouts. De la forteresse à la place de la République, un long boulevard piéton, Knez Mikhaïlova, invite à déambuler paisiblement de terrasse de café (viennois) en dignes façades. Sur l’esplanade, face au « cheval » (statue du prince Mikha[MOU1] ïl), lieu de rendez-vous privilégié des citadins, se dresse le Musée national. Pour une pause, mettez le cap sur la rue Skadarska : voici le Montmartre belgradois avec ses vieux restos typiques, ses peintres et ses musiciens tziganes quand vient le soir. Autre visite : le palais de la princesse Lioubitsa, typique du XIXe siècle.

Au-delà, édifices baroques, Art Nouveau et communistes, construits après la Seconde Guerre mondiale, se mêlent : un patchwork plus ou moins élégant selon les quartiers ; Dort'ol présente le visage le plus seyant. En dehors du centre, la gigantesque église Saint-Sava (bien plus grande que la cathédrale, Saborna), avec son impressionnant dôme doré, a été récemment élevée sur le site où le pacha turc ordonna de brûler les reliques du saint.

Avant de quitter la ville, offrez-vous encore une balade dans le faubourg de Zemoun, à l’Ouest : ses vieilles façades pastel s’étagent gentiment sur les berges du Danube, où prolifèrent les terrasses de restaurants. C'est là que logèrent, en 1096, les croisés de Godefroi de Bouillon, qui se montrèrent plutôt turbulents sur la route de Jérusalem.

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Province autonome, pays de plaines immenses grand ouvert sur la Hongrie voisine, la Voïvodine occupe près du quart de la surface de la Serbie. Sa diversité ethnique est grande : on n'y compte pas moins de six langues officielles ! Les Hongrois sont toutefois de loin les plus nombreux (14 %), après les Serbes.

Capitale de la région et deuxième ville du pays, Novi Sad s’ancre sur une boucle du Danube, sous la protection d’une vieille forteresse (Petrovaradin), bastion avancé de la défense des Habsbourg face aux armées ottomanes. La vieille ville et ses petits cafés, comme l’ensemble de la région d’ailleurs, a gardé la marque de l’architecture austro-hongroise, baroque, néoclassique et néogothique. On y visite le Musée régional (costumes et artisanat), les galeries d’art, une myriade d’églises, catholiques et orthodoxes, et même une synagogue.

En ligne de mire, les collines de Frouchka Gora, "la Montagne des Francs", site de l’un des quatre parcs nationaux du pays, ondulent au Sud. Semés l’été venu de meules odorantes, ces mamelons, verdoyants et boisés dans leur partie haute, se couvrent sur les basses pentes de vignobles parmi les meilleurs du pays (dégustations possibles). De loin en loin, quelque seize monastères des XVe et XVIe siècles se dissimulent dans le fouillis de petites routes : Krouchedol et ses très belles peintures murales, Novo Khopovo influencé par l’art du mont Athos etc. La petite « capitale » de la Frouchka Gora, Sremski Karlovtsi, est une jolie ville baroque comme oubliée par le temps. On peut s’y rendre depuis Belgrade par le train « Romantika »…

En aval de Belgrade, le grand fleuve passe au pied de la puissante citadelle de Smederevo, éphémère capitale serbe jusqu’à sa conquête par les Ottomans en 1439. Mais vous n’avez encore rien vu ! À l’approche des contreforts des Carpates, la forteresse de Goloubatch (XIVe) amarre fièrement ses tours, donjon et murailles crénelées sur un promontoire rocheux surplombant le fleuve. Un site romantique en diable, qui plaira à tous les chasseurs de fantômes.
Le château signale l’entrée du Danube dans les Portes de Fer, une gorge creusée dans les montagnes des Carpates, entrecoupée de défilés (150 m de large) et de passages plus amples (2 km).
Dans le canyon de Kazan, les falaises atteignent jusqu’à 300 m de haut ! Le Danube marque ici la frontière avec la Roumanie et l’on peut, sur une rive ou sur l’autre, suivre ses courbes de près. Depuis un bateau, ne manquez pas la Tabula Traiana, la "table de Trajan", inscription latine dédiée à l’empereur romain qui « a entaillé la montagne et placé des poutres de soutènement pour la construction d’une route ».
Côté serbe toujours, le parc national de Djerdap déroule ses forêts où habitent encore ours, lynx et loups.

Joyau national, les monastères orthodoxes ont vu le jour dès le XIIe siècle au sud de la Serbie actuelle. C’est dans la Rascie, autour de la capitale médiévale serbe de Ras (actuel Sandjak), à l’approche de la vallée de l’Ibar, que les premiers sont apparus à l’instigation de saint Sava et des rois Némanides : Stoudenitsa, modèle de toute la dynastie, aux murs en marbre blanc et aux fresques d'un bleu proverbial (le bleu Stoudenitsa), qui devint un centre de diffusion de savoir et compta jusqu’à douze églises ; Djourdjevi Stoupovi (Saint-Georges), en ruines ; Jitcha aux murs rouges vifs, où furent couronnés plusieurs monarques ; Milecheva, attaché au souvenir de saint Sava ; et encore Sopotchani, aux fresques exceptionnelles (dont celle de la Dormition de la Vierge), et Gradats dont les bâtiments évocateurs ont été restaurés… Leur architecture romane se mêle à la tradition byzantine (narthex, haute nef, coupole, iconostase).

Un style serbo-byzantin, plus imposant, se développe au XIVe siècle. C’est à lui que sont, entre autres, rattachés les monastères de Gratchanitsa, aux cinq dômes et multiples clochetons, et la patriarchie de Petch, tous les deux au Kosovo, dont les grandes peintures murales montrent la transition vers le Renaissance Paléologue, orchestrée depuis Constantinople dans tout le monde orthodoxe. À la fin du siècle, face à l’avancée des armées ottomanes, les grands ensembles religieux sont bâtis plus au Nord, dans la vallée de la Morava et à l’approche du Danube : Ravanitsa et sa forte enceinte, Manasiya et sa superbe église (fresque de la Communion des Apôtres), Resava, Kalenit' (peintures byzantines), Lioubostinya , et d’autres encore. L’école de la Morava désigne une architecture plus raffinée, aux accents géométriques marqués, combinant brique et plusieurs types de pierres.

Cinq des monastères serbes ont été classés au patrimoine mondial par l’Unesco : Stoudenitsa, Stari Ras, Sopotchani, Djourdjevi Stoupovi et Detchani.

C’est au Sandjak (voir la rubrique « Culture »), région à forte minorité « bosniaque » (comprenez musulmane) que se trouvent une partie non négligeable des grands monastères serbes. Le contraste est fulgurant avec Novi Pazar, chef-lieu de la région, qui vit à l’ombre de sa grande mosquée. Caravansérails et maisons dignes du Bosphore y annoncent les Balkans avec déjà un pied (ou plutôt deux) en Orient.

La région abrite deux des principaux parcs nationaux du pays. À l’Ouest, celui de Tara s’étend au nord du massif de Zlatibor. Pas de pics alpins, mais une jolie montagne à vaches cisaillée de canyons par les torrents et de splendides forêts (zlatibor signifie « pins d'or » !). C’est le roi de Serbie qui, à la fin du XIXe siècle, rendit les lieux populaires en y séjournant. Aujourd’hui, on randonne et on fait du rafting sur la rivière Drina (qui marque la frontière avec la Bosnie).
Autres lieux sympas : le joli village ethno de Sirogoyno, où sont nichées une église et des vieilles maisons typiques de la région (on peut y loger), et le train à vapeur de Mokra Gora, qui grimpe à l’allure de l’escargot à flanc de montagne, en formant un « huit ». L’autre parc national du Sud, celui de Kopaonik, est situé tout contre le Kosovo, près de Novi Pazar. On y trouve le point culminant de la Serbie (2 017 m) et sa plus grande station de ski.

Ceux qui disposent d’un peu plus de temps exploreront la région de Nich, la troisième ville du pays, patrie de l’empereur romain Constantin. Pas de Riviera ni de Promenade des Anglais au programme, mais une puissante forteresse-parc où a lieu un festival de jazz en août, et la très sinistre Tour des Crânes, maçonnée au début du XIXe siècle par les Turcs avec les 952 têtes décapitées des Serbes qui venaient de se soulever (c'est devenu un monument patriotique : les rigolades sont très mal venues)… Située sur la route terrestre de Rome à Constantinople, la ville est la porte d’accès à plusieurs sites archéologiques : ruines du palais de Constantin à Mediana (fermé en raison de nouvelles découvertes, à l'heure où nous écrivons), cité de Tsaritchin Grad (Justiniana Prima) et incroyables vestiges du palais fortifié de Galère (IIIe) à Gamzigrad (Romuliana Felix), récemment classés au patrimoine mondial de l’humanité.

La frange orientale du pays, où se dressent les premiers contreforts de la Stara Planina (Balkans : faux ami, planina veut dire montagne !), se prête bien à la rando et au VTT.

Un séjour 100% Belgrade peut être aussi envisagé pour un long week-end (voir le programme pour 14 jours).

1er jour

Arrivée à Belgrade. Exploration du centre-ville : place de la République et Stari Grad. Promenade à travers la forteresse de Kalemegdan et son parc, coup d'oeil au monument à la France. Eglise colossale Saint-Sava. Après-midi ou soirée sur les quais du Danube. Nuit à Belgrade.

2e jour

Musée ethnographique. Déjeuner dans le quartier "bohème" (et touristique) de Skadarliya ou autour de l'avenue Knez Mikhaïlova.Départ pour Novi Sad (Voïvodine). Promenade dans le vieux quartier, puis dans la forteresse. Nuit à Novi Sad.

3e jour

Excursion dans les monts de Frouchka Gora et visite de deux ou trois de ses monastères. Nuit à Belgrade.

4e jour

Monastères fortifiés de Manasya et de Stoudenitsa, peut-être le plus beau. Nuit près de Stoudenitsa.

5e jour

Départ pour la montagne (Alpes dinariques) et la région de Zlatibor. Lac de Zlatar, belvédère sur les méandres spectaculaires de la rivière Ouvats. Nuit dans un chalet de montagne.

6e jour

Départ tôt le matin pour Nich. Journée à Nich : vieux quartiers, cathédrale, forteresse, tour des Crânes. Ruines antiques de Naissos si elles sont enfin rouvertes au public. Nuit à Nich.

7e jour

Retour sur Belgrade. Visite du mont Avala, près de la capitale, où se trouve le soldat inconnu - vue imprenable!.

1er jour

Arrivée à Belgrade. Exploration du centre-ville : place de la République et Stari Grad. Promenade à travers la forteresse de Kalemegdan et son parc, coup d'oeil au monument à la France. Eglise colossale Saint-Sava. Maison des Fleurs (mausolée de Tito). Après-midi ou soirée sur les quais du Danube. Nuit à Belgrade.

2e jour

Musée ethnographique. Petit tour à Zemoun, jusqu'au belvédère sur le Danube. Soirée dans le quartier "bohème" (et touristique) de Skadarliya ou autour de l'avenue Knez Mikhaïlova. Nuit à Belgrade.

3e jour

Départ pour Novi Sad (Voïvodine). Promenade dans le vieux quartier, traversée du Danube sur le fameux pont, promenade dans la forteresse. Nuit à Novi Sad.

4e jour

Excursion dans les monts de Frouchka Gora et visite de deux ou trois de ses monastères. Site romain de Sirmium (Sremska Mitrovitsa) où sont nés cinq empereurs romains, dont Trajan. Nuit aux environs.

5e jour

Retour en direction de Belgrade pour suivre le Danube vers l'est. Rapide tour du site romain de Singidunum, forteresse de Smederevo, visite au pas de charge de Viminacium. Château fort de Goloubats. Nuit à Goloubats.

6e jour

Défilé des Portes de Fer. Site de Lepenski Vir et ses cabanes préhistoriques, là fut sculptée, affirme-t-on, la plus ancienne représentation humaine de toute l'Europe. Descente vers le sud et le palais-forteresse de Galère, à Felix Romuliana (Gamzigrad). Nuit à Nich.

7e jour

Journée à Nich : vieux quartiers, cathédrale, forteresse, tour des Crânes, mémorial (belvédère) de la bataille de 1809, perdue face aux troupes ottomanes. Ruines antiques de Naissos si elles sont enfin rouvertes au public. Nuit à Nich.

8e jour

Excursion au Kosovo. Patriarchie de Petch. Detchani, Prizren : tekke (couvent) soufi. Visite de Pristina - église serbe en ruine, divers monuments albanais, telle la statue de Skanderbeg. Nuit à Pristina.

9e jour

Visite de Novi Pazar et de la région musulmane du Sandjak. Monastère de Sopotchani. Nuit à Novi Pazar.

10e jour

Départ pour la montagne (Alpes dinariques) et la région de Zlatibor. Lac de Zlatar, belvédère sur les méandres spectaculaires de la rivière Ouvats. Nuit dans un chalet de montagne.

11e jour

Aux alentours de Zlatibor, pique-nique, mini-rando dans la montagne selon le logement trouvé.

12e jour

Rafting sur la Drina ou la rivière Ouvats. Train à vapeur panoramique de Mokra Gora, village aux magnifiques maisons de bois. Nuit sur place ou près de Manasya.

13e jour

Monastères fortifiés de Manasya et de Stoudenitsa, peut-être le plus beau. Nuit près de Stoudenitsa.

14e jour

Court arrêt au mausolée d'Oplenats, panthéon de Karadjordje et de la monarchie serbe. Visite du mont Avala. Dernière nuit près du mont Avala ou à Belgrade.