Dans le massif des T'ien Chan
Le sacrifice du cheval
Ce jour-là, des voisins donnent une grande fête pour la circoncision de leurs jumeaux, Aman et Essen, trois ans. Pour l'occasion, ils ont prévu de sacrifier un cheval. Nous sommes invitées à assister au rituel. Le jeune animal, un an à peine, fougueux, est attrapé, puis sanglé. Paniqué, il se débat, en vain. Les hommes sont obligés de s'y mettre à quatre pour achever de l'entraver. Une fois l'animal maîtrisé, l'assemblée se tourne vers la montagne sacrée, à l'ouest, pour faire bata, la prière qui se fait avant tout sacrifice animal. Le cheval est mis à terre. Buura, la maîtresse de maison, apporte la bassine qui recueillera son sang. Un homme approche un couteau. Le cheval est égorgé. Son sang gicle à flots dans des bruits flasques, l'odeur me prend à la gorge. C'est absolument insoutenable. J'utilise mon appareil photo en guise d'écran et prends plus de 300 clichés, cela m'évite de regarder. Peu à peu, il perd conscience et sombre dans le coma avant de mourir. Ensuite Buura invite l'assistance à sa table. Seuls les quatre hommes restent dehors pour dépecer l'animal. Autour d'eux, les enfants s'affairent, curieux. Les trois nuits qui suivront, je ne dormirai pas. Cauchemars, semblants d'hallucinations, impossible de chasser le jeune cheval et son martyre de mon esprit.
Préparez votre voyage avec nos partenairesTexte : Sylvie Lasserre
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