Lisbonne, retour vers le passé
La Bica
Ici, tout glisse, sans violence. Les voitures foncent, mais sans agressivité. Au piéton de s'écarter. C'est une règle implicite à laquelle chacun se conforme. Dans une ruelle de la Bica, autre quartier populaire situé entre Tage et Bairro Alto, je tente d'arracher un sourire à la prostituée qui me fixe durement. À peine en obtiens-je une esquisse. Au bout de la ruelle, un panorama somptueux s'offre à mes yeux. Au loin se dresse la silhouette nette d'un araucaria, fiché sur le flanc d'une colline. Le vent souffle de l'Atlantique. Passe un nuage chargé de pluie, cerné d'une lumière orange. Six heures du soir. Trois gouttes tombent. La lumière est devenue blanche. Un enfant chante. Sa fenêtre est ouverte. On l'entend depuis la rue. " Mario ! " Sa mère l'appelle. Une odeur de friture flotte. Un tramway crisse sur ses rails. C'est l'heure où l'on rentre du travail, où les enfants font leurs devoirs et les mères de famille la cuisine. Les étudiants sortent de cours, leurs classeurs sous le bras. Un chien aboie, nerveux, comme avant la tempête.
Préparez votre voyage avec nos partenairesTexte : Sylvie Lasserre
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