Lisbonne, retour vers le passé
Rue Sao Pedro
Chaque matin, rue Sao Pedro, les marchandes ambulantes installent leurs breloques sur des cartons qu'elles posent à plat sur le sol. " Beco " do Pocinho, Carmelinda, icône incontournable du quartier, attend devant sa porte que le nettoyeur ait fini d'arroser l'escalier pour y poser sa bâche en plastique. Elle y dispose trois chemises de nuit et une dizaine de paires de chaussettes. C'est pour la forme, elle ne vend jamais rien. Les poissonnières se tiennent debout derrière leurs stands, alignés le long de la venelle assombrie par les échafaudages. Elles ont disposé leurs quelques poissons dans des caissons de polystyrène, indifférentes au capharnaüm des nombreux chantiers et attendent le chaland de pied ferme. Pour tromper l'attente, Angela arrange poulpes et calmars sur ses étals. Habilement, elle écaille ses rougets, les trempe dans une bassine, leur coupe les nageoires avec de gros ciseaux, puis les dispose sur des plateaux. Elle a l'habitude des photographes et prend la pose avant de me laisser son adresse pour que je lui envoie la photo. Rue Sao Miguel, les maraîchères surveillent leurs cageots de fruits et légumes. L'épicière du coin fredonne entre ses dents. Deux commères désœuvrées et pleines d'espoir grattent leurs bulletins de loto contre une vitre. J'ai l'impression d'être dans une réserve protégée… Je ne donne pas long feu du quartier lorsqu'il sera rénové.
Préparez votre voyage avec nos partenairesTexte : Sylvie Lasserre
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