Mongolie : une virée en auto-steppe

Entre Oulan-Bator et Tsetserleg

Entre Oulan-Bator et Tsetserleg
David Giason

Une cassette usée jusqu'à la corde défile avec peine dans l'autoradio du minibus coréen. Des chants populaires très beaux, accompagnés par une boîte à rythmes pathétique. En Mongolie, tout se passe en chanson. On n'a trouvé que deux moyens pour adoucir la rudesse de ces trajets interminables dans la steppe : les chansons et la vodka. Duo inséparable, pivot des soirées entre amis, des repas en famille et des voyages en minibus, donc. Le chauffeur ne dédaigne jamais une petite rasade de tord-boyaux, mais comme il n'y a ni route véritable, ni véhicule à emboutir et qu'on dépasse difficilement les 30 km/h, il ne peut pas nous arriver grand-chose. Nous sommes une dizaine, pas trop serrés. Faire de la route en Mongolie est une activité prenante, exigeante. Les tripes ont leur comptant de sursauts chaotiques, les fesses tentent de tenir le choc, le dos prend deux ans d'âge en deux heures de temps. Les yeux, ces veinards, n'en loupent pas une. Ils se régalent de l'immense, du plat infini, des lignes brisées ou gonflées qui prétendent tutoyer le ciel et qui forment le seul spectacle de la steppe. C'est impossible à imaginer, même en rêve : des milliers de kilomètres de presque rien, du moins c'est ce qu'on pense au début, avant de se plonger dans le détail. Mais pour l'heure, il faut faire un effort d'imagination : colline après colline, qu'attendre, qu'espérer, sinon une nouvelle colline ? De temps à autre, on est distrait par le bétail aux réactions demeurées. Les moutons détalent sur des centaines de mètres, dans leur paranoïa ; les vaches restent bêtement sur la route. Un cheval écrasé gît au milieu de la chaussée. Nous contournons le barrage de police : il semble qu'il y ait eu une cavalière ou un cavalier dessus, le tas bleu là-bas, près du camion fatal. Avec le peu de camions qui passent, c'est quand même pas de bol.
Le serpent gris de la route continue de ramper sur ce sol jaune marron exsangue, comme un miracle inexplicable. Nous sortons à peine de l'hiver, nous sommes en avril. L'hiver mongol, on en reparlera. Toujours est-il que les troupeaux ont l'estomac dans les sabots, et le moindre brin d'herbe qui tente de pousser est impitoyablement dévoré par le bétail affamé. On voit les côtes des chevaux, des broutards, des vaches, de tout le monde, sauf des moutons flanqués de leur laine crasseuse. Tout le monde a souffert. Comme tous les hivers. C'est dire si le printemps, on l'attendait.

Ici, en plein centre de Mongolie, nous sommes assez bas : entre 1 000 et 1 500 m d'altitude. Je dis assez bas parce que l'élévation moyenne sur ce territoire d'un million et demi de km2 est d'environ 1 500 m. La neige a en grande partie fondu. Le soleil se donne sans compter, comme il le fait 300 jours par an en Mongolie. Il ne pleut que de mai à septembre, par courts épisodes. Le reste de l'année, l'air est sec comme le cœur d'un financier. Le problème du printemps, ce sont ses humeurs. Des bouleversements effarants. Tiens, le mois dernier à Oulan-Bator (permettez-moi de l'écrire à la mongole, Ulaanbaatar, à savoir " le héros rouge "), on était allé à la campagne avec des amis, et on s'était doré au soleil par 20°. Trois jours après, il y a eu des blizzards de folie sur la capitale, et on a dû ressortir la panoplie d'hiver : il faisait - 15° et la ville était couverte de neige. C'est juste pour vous dresser le tableau.

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Texte : David Giason

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