Mongolie : une virée en auto-steppe

Uliastai : dans l’immensité

Uliastai : dans l’immensité
David Giason

Uliastai, capitale de l'aimag de Zafran, au Nord-Ouest. À 300 km de Tariat. Le trajet fut long et c'est un euphémisme de dire que les pistes mongoles sont fatigantes. Le temps était encore au déluge. On ne voyait pas à 100 m. Trois gars ont accepté de m'emmener, des géologues. On a partagé le ouaz beige pendant vingt heures de galère. Les paysages d'Arkhangai ont défilé à vingt à l'heure, vitesse idéale pour les apprécier à leur juste valeur. Le ouaz a pataugé comme un enfant pas sage dans les flaques, les mares de boue, les rivières et les trous qui jalonnent le chemin. Il n'y a évidemment pas de route, que des traces de pneus dans la terre, la mouise et l'herbe, trois, six, douze traces, chacun créant les siennes pour ne pas repasser dans les précédentes. Un peu de chance nous a permis d'accoster sans rester pris dans les eaux turbulentes et hostiles : un pont était cassé, vraiment effondré. La rivière en tumulte semblait profonde. Un cadavre de voiture russe, genre Lada, en pire, et jaune vif de surcroît, patientait sans espoir aux portes du Styx infranchissable. Ses passagers, noyés dans la vodka, eux, nous encourageaient à tenter le coup. On se lance, on y croit un peu, on cale et le moteur se noie. Le niveau monte à l'intérieur, on lève les pieds. Le chauffeur allume une clope et attend un miracle. Du coup, le miracle arrive, tout fumant, fier sur ses gros pneus. Le pont, ils essaient de le réparer, alors il y a des engins pour. La pelleteuse nous accroche à ses fesses et tire paisiblement. Un jeu d'enfant, il n'y avait plus qu'à ouvrir les portières pour que l'eau s'écoule en cascade du ventre de notre machine. Puis on a démarré, et le pot d'échappement a craché des litres et des litres. On pourra ironiser à l'envi sur la mécanique russe, les incessants trifouillages sous le capot, toujours est-il qu'aucune voiture de chez nous n'aurait redémarré après ça.

Je repense à la halte au col de 3 000 m, au cérémonial à Awa le père. Au sommet des cols, il y a toujours un gros tas de pierres, avec des branches dressées au milieu. Des quidams ont, il y a des lustres, noué des rubans de soie bleue (les khadag) autour des branches. On doit (si on veut éviter les accidents) s'arrêter et tourner trois fois dans le sens des aiguilles d'une montre autour du totem. À chaque tour, il faut jeter une pierre du bas vers le centre du tas. Ce qui perpétue ledit tas. Ensuite, en général, et là, en l'occurrence, on baptise une bouteille de vodka. C'était de l'Apu, made in Mongolia. Le premier verre est jeté en l'air, par-dessus la tête. C'est pour la nature. Ensuite on offre un verre au plus âgé, et puis c'est chacun son tour. Celui qui a ouvert la bouteille reprend le verre à chaque fois pour verser la vodka. Pour le premier, voici un petit rituel : on trempe l'annulaire de la main droite dedans et on jette une goutte au ciel, une aux montagnes, une à la terre. En général, en tant qu'homme, on est censé boire au moins une fois. Ils insistent. Comme ils n'ont jamais de verre à bord, on découpe une bouteille plastique ou une canette de bière. Cette fois-là ils avaient dévissé le clignotant de la jeep pour verser la vodka dedans.

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Texte : David Giason

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