Le sud-est de l’Anatolie, l’autre Turquie
Urfa, sur les traces d’Abraham
Lorsque l’on arrive à Urfa après une nuit passée dans un bus en provenance d’Ankara, le choc est brutal. Finies les rues occidentalisées de la capitale turque, bienvenue en Orient.
Instinctivement, nous nous dirigeons vers les jardins de Gölbasi et ses célèbres bassins. D’après le Premier Testament, c’est ici que le roi Nemrod tenta d’immoler Abraham. Ce dernier avait eu la mauvaise idée de détruire les icônes païennes adorées par les habitants de la cité. Fort heureusement pour lui, Dieu vint à son secours et transforma les flammes en eau et les braises en carpes. Nous serons moins chanceux, car c’est aujourd’hui que la municipalité a décidé d’offrir une vidange au bassin de Baliki Göl. La sérénité que le plan d’eau entouré d’élégantes arcades dégage habituellement pâtit du bruit assourdissant engendré par les pompes hydrauliques. Toutefois, la balade matinale dans les jardins est des plus agréables : hormis quelques groupes de pèlerins, nous sommes les seuls à profiter de cette quiétude.
Une visite de la ville ne serait pas complète sans aller faire un petit tour au bazar. Il n’est pas sans rappeler les souks d’Alep, mais en version miniature. Au détour d’un passage, on découvre le Gumruk Hani : cet ancien entrepôt fait aujourd’hui office de salon de thé à ciel ouvert. Les plus audacieux tenteront de défier un des habitués du backgammon appelé ici trictrac, mais vous pouvez vous contenter de siroter un çay ou un café.
Pour monter jusqu’à la citadelle, on peut passer par un escalier souterrain qui compte une bonne centaine de marches. Au milieu de cette courte, mais difficile ascension, on croise un jeune couple en train de flirter. Urfa est l’une des villes les plus conservatrices d’Anatolie. Ici plus qu’ailleurs, mieux vaut respecter l’adage « pour vivre heureux vivons cachés ». Arrivé en haut, on est récompensé par une splendide vue de la ville et de ses nombreux minarets.
- Introduction
- Nemrut Dagi, le tombeau d’un roi mégalo
- Urfa, sur les traces d’Abraham
- Harran, au pays des termitières
- Zeugma, une cité antique sous les eaux
- Mardin, un musée à ciel ouvert
- Hasankeyf, dernière visite avant engloutissement
- Dyarbakir, plongée dans le bastion kurde
- Akdamar, une église au milieu d’un lac
- Infos pratiques
Texte : Jean-Baptiste Herrera
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