Cambodge : des berges du Mékong au Ratanakiri, pays des terres rouges
Kratie, Stung Treng et les dauphins
Kratie, ou Kracheh, est sans doute la plus belle escale urbaine en amont de Phnom Penh. Son orientation nord-sud le long du Mékong et l’arrière-plan encore sauvage de la rive opposée est propice aux beaux couchers et levers de soleil. Une série de rues perpendiculaires rejoint la place du marché, entourée de vieux compartiments chinois. Modeste mais charmant plaisir du tourisme urbain cambodgien, cet agencement classique est dans son jus, juste comme il faut, agrémenté de sympathiques petits hôtels dotés de resto-bars. Au sud de la ville, la pagode Kandal, petite mais élégante, est l’une des dernières en bois de tout le pays.
Après Kratie, la balade bucolique continue sur les rives du fleuve et dessert Kampi, où l’observation des dauphins du Mékong constitue la principale attraction touristique régionale. En route, arrêt possible au site de méditation de Sambok, sur une colline plongée dans une luxuriante végétation. Bientôt, devant une rangée de cahutes, des étals exposent des centaines de sculptures presque identiques. Ces couples de dauphins enlacés sont, à vrai dire, plus expressifs que leurs modèles. Appelé aussi dauphin de l’Irrawaddy, ce mammifère, qui nage dans les eaux du Mékong, est presque aussi peureux que son cousin marin peut être enjoué et curieux. Son émersion respiratoire périodique garantit d’entrevoir sa tête mais n’espérez pas une pirouette à la Flipper ! Il a ses excuses.
L’homme et ses techniques violentes de pêche (l’électricité, les explosifs…) a été son grand ennemi. De plus, l’inéluctable développement de la région du Mékong menace toujours sa survie à terme. Autrefois commun sur le fleuve inférieur, sa population se résume aujourd’hui à une petite centaine d’individus, principalement répartis entre Kampi et les chutes du Mékong. La protection des dauphins est en partie financée par une exploitation touristique qui se veut éco-responsable : les barques doivent s’approcher lentement et moteur éteint des trous d’eaux profonds que l’animal affectionne. Privilégiez les heures dorées du matin et du soir pour cette sortie qui dure une heure.
Un peu en amont, au carrefour de Sandan, une route suit encore le fleuve jusqu’au site de Samlor mais nous tournons à droite pour rejoindre la N7 et filer plein nord sur 100 km jusqu’à l’embranchement de Stung Treng. L’excellent bitume n’empêche pas l’ennui de s’installer. Les abords de la route sont complètement dégarnis, sur une profondeur de plus en plus grande. Il y a peu, cette nationale n’était qu’une piste tracée dans la forêt. Comme me le fera remarquer ironiquement le proprio du lodge Terres Rouges, les panneaux interdisant la coupe n’ont sauvé que les quelques arbres où ils furent apposés... Stung Treng, dernier port sur le Mékong avant Champassak (Laos), est plus modeste que ses prédécesseurs. Pas grand-chose à voir ni à y faire mais c’est une bonne base d’excursion fluviale, sur le Mékong ou le Tonle Kong.
- Intro
- En route vers la queue du Dragon
- De Phnom Penh à Kompong Cham
- Villages Cham et Chhlong, la belle coloniale oubliée
- Kratie, Stung Treng et les dauphins
- Banlung, capitale d’une province sans bitume
- Tourisme éco-responsable contre cupidité des hommes
- Balades et treks au Ratanakiri
- Infos pratiques
- Notre itinéraire
Texte : Dominique Roland
Mise en ligne :