Fès, impériale
L'Athènes de l'Afrique
Les philosophes Averroès et Maïmonide, les écrivains Pierre Loti et Colette, le maréchal Lyautey… Aucune ville marocaine (à part peut-être Tanger) n’a accueilli autant d’hôtes illustres que Fès. Aujourd’hui, plus discrète – et authentique – que Marrakech ou Casablanca, cette vénérable cité, fondée il y a douze siècles, jouit toujours d’un certain prestige au Maroc. Les rejetons de ses grandes familles occupent des postes de haut rang dans l’administration et l’économie du royaume. Et elle est toujours considérée comme un centre culturel et religieux majeur. À la fondation de Fès, le souverain Idriss Ier voulait en faire « la demeure des sciences et la maison du savoir religieux ». Pari gagné !
Palais, universités, mosquées, caravansérails, l’histoire a richement doté la doyenne des villes impériales marocaines, classée depuis 1981 au Patrimoine Universel de l’Humanité de l’Unesco. Fondée au VIIIe siècle dans la plaine fertile du Saïs, Fès connaît son âge d’or entre le XIe et le XIVe siècle, notamment sous la dynastie mérinide. On la surnomme alors « l’Athènes de l’Afrique ». La ville s’agrandit avec la création de Fès el-Jedid, mais surtout s’embellit : c’est l’apogée de l’art hispano-mauresque avec la construction de somptueux édifices – aujourd’hui encore debout – de marbre, bois de cèdre et faïences précieuses, les zelliges.
Mais Fès, c’est aussi – et surtout – un creuset humain exceptionnel, où se sont mêlées, dans un climat de tolérance, toutes les cultures de la Méditerranée : arabes, berbères, juifs séfarades, andalous, siciliens. De ce brassage ne pouvait que résulter un développement du commerce et des échanges, doublé d’un épanouissement des arts et du savoir. En arpentant les ruelles sinueuses du labyrinthe de la médina, le promeneur est confronté à la mémoire des siècles. Pourtant, cette ville de culture n’a rien d’un musée. Là réside le miracle de Fès. Elle a su demeurer vivante, tout en conservant l’héritage de son histoire et de ses traditions.
Texte : Jean-Philippe Damiani
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