Fès, impériale
L’artisanat, trésor de Fès
N’hésitez pas à vous aventurer dans le labyrinthe de la médina, au-delà de ses deux artères principales Talâa Kbira et Talâa Sghira. Une expérience inoubliable. Six circuits thématiques fléchés, ponctués de panneaux explicatifs, guident le visiteur. Une brigade touristique d’une cinquantaine de policiers a été mise en place afin de limiter les risques de harcèlement. Pour approfondir la visite, contactez un guide officiel. Privilégiez ceux de l’office de tourisme à ceux proposés par les hôtels. Et précisez que vous ne tenez pas à être trimballé de commerce en commerce.
La médina est un conservatoire vivant des métiers traditionnels. Malgré un certain déclin, dû à la désaffection des jeunes, on recense encore 50 000 artisans, 200 métiers et trois tanneries traditionnelles à Fès. Parmi les spécialités locales, citons la maroquinerie, la menuiserie, le tissage et la bijouterie. Quant à la poterie et à la céramique de Fès, bleue ou polychrome, ses artisans ont été déplacés sur la route de Taza pour des raisons de sécurité.
Si la plupart des bazars sont sur Talâa Kbira, l’artisanat fassi est régi par des corporations regroupées en quartiers : par exemple, la place Nejjarine pour les ateliers de menuiserie, le souk Henna spécialisé dans le henné et les plantes ou la place Seffarine avec ses chaudronniers et ses dinandiers. À ne pas manquer, les tanneries chouara et Guerniz (photo) pour observer le travail des peaux. Elles sont plongées dans des cuves de fiente de pigeon et de chaux, puis teintes dans des colorants naturels, avant d'être tannées. Les tanneurs, qui travaillent dans des conditions épouvantables (notamment l’odeur pestilentielle), font partie d’une corporation très cotée.
Dans la médina, on peut rencontrer les artisans de métiers en voie de disparition : l’échoppe de M. Tazi, dernier fabricant de seaux d’eau en bois de chêne (sur Talaa Kbira) ; le dernier atelier de brocart du Maroc avec les somptueux tissus de M. Ouazzani, dans l’oued Zhoun ; non loin de là, un petit atelier de produits en corne de bœuf. D’émouvants vestiges de savoir-faire ancestraux encore vivants. Pour combien de temps encore ?
Texte : Jean-Philippe Damiani
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