L’Ombrie, le cœur vert de l’Italie
Les belles Italiennes de l’Ombrie font les yeux doux aux voyageurs derrière leurs remparts ! Entre Florence et Rome, le Tibre traverse cette région aux paysages sortis d’un tableau de la Renaissance : l’Ombrie, ce « cœur vert de l’Italie » comme on dit par ici, où les cyprès, palais de marbre et cités fortifiées perchées se détachent sur fond de ciel souvent bleu.
Pérouse, Assise, Spoleto et Orvieto… Partons explorer ces superbes villes, sur les traces du Pérugin et des plus grands peintres de l’Italie.
Préparez votre voyage avec nos partenairesL’Ombrie, bien plus qu’une autre Toscane
Et si on cessait de comparer l’Ombrie à la Toscane parce qu’on y trouve des cyprès et des collines ? Certes, les deux régions ont un air de famille, mais l’Ombrie, plus pentue et plus verdoyante – Apennins obligent – que sa voisine du nord, présente un visage plus secret et, surtout, un caractère plus authentique.
Ici, presque toutes les cités sont restées médiévales, avec murailles et portes d’entrée étroites. D’où la difficulté de pénétrer jusqu’au cœur historique piétonnier et l’obligation de trouver un parking.
Sauf pour quelques villages agricoles, l’assaut se fera par escalators à plusieurs niveaux, funiculaires et tapis roulants. Et même, à Pérouse, par un mini-métro sans conducteur conçu par le Français Jean Nouvel.
Les villages, très bien restaurés pour la plupart, et les villes d'art, qui ont su conserver leur caractère et leurs singularité, forment les attraits principaux de l'Ombrie. Ce n'est toutefois pas une raison pour délaisser les somptueux monts Sibyllins (2 478 m) à l’est et l’ombreuse Valnerina où coule la Nera, avec son étrange musée des Momies à Ferrentillo. On y verra que les soldats de Bonaparte n’ont pas toujours été bien traités… De quoi surpendre les plus blasés.
Pérouse et sa région, sur les traces du Pérugin
Après avoir laissé sa voiture au parking, le visiteur parvient au centre historique, perché sur les hauteurs de Pérouse, la capitale de l’Ombrie.
Grandioses, les monuments spectaculaires font vite oublier les aléas de la circulation. Veillant sur le palais des Prieurs, un griffon et un lion en bronze dominent l’élégante fontaine en marbre des Pisano.
Entre Moyen Âge et Renaissance, les façades se succèdent avec élégance le long du Corso Vannucci, avec ses magasins chics, jusqu’aux fortifications de la Rocca Paolina. Pérouse se prête admirablement à la flânerie urbaine, après la visite de la cathédrale et de l’incontournable Galerie nationale, toutes à la gloire du Pérugin et de son école.
Le Pérugin, star locale
Pietro di Cristoforo Vannucci (1548-1523), dit Le Pérugin, est la vedette locale. Avec Léonard de Vinci, il apprit la peinture auprès de Piero della Francesca et l’enseigna à Raphaël. Ses paysages aériens, ses chérubins joufflus, ses madones feront sa réputation et lui vaudront d’être baptisé « il migliore maestro d’Italia » en 1500.
La campagne ombrienne, avec ses collines ponctuées d'oliviers, peut se parcourir sur les traces du Pérugin : à voir, notamment, les églises et l'oratoire de Citta della Pieve, le village natal du peintre aux ruelles de charme près du lac Trasimène, Corciano, Pérouse, ainsi que sa fresque de la Crucifixion, redécouverte à la basilique Sainte-Marie-des-Anges à Assise.
Les villages agricoles de Bettona, Deruta, Foligno, Marsciano, Montefalco, Panicale, jusqu’à Spello et Trevi, comportent également de nombreuses œuvres du Maître, favori des expositions du musée Jacquemart-André à Paris.
Gubbio, Assise, Spoleto, Orvieto : les fées de l’Ombrie
Outre Pérouse, il ne faut pas manquer de visiter les villes de Gubbio, Assise, Spoleto et Orvieto, ces bonnes fées de l’Ombrie.
Au nord, Gubbio la médiévale, dresse ses nobles façades sur les pentes du mont Ingino. Céramiques lustrées, trésors archéologiques et diocésains, fête des Cieri (15 mai) et gourmandises aux truffes sont autant de raisons d’y aller.
Au centre, Assise l’apostolique draine son quota de touristes et de croyants venus du monde entier vers ses innombrables clochers, plantés tel des pics, sur une colline fortifiée. Bain de foule garantie lors de la fête du saint patron de l’Italie, les 3 et 4 octobre… On oublie les échoppes de souvenirs en approchant de la basilique inférieure San Francesco où est enterré le saint aux oiseaux, et la basilique supérieure décorée, entre autres, des fresques du Giotto.
Au sud-est de l’Ombrie, la grimpette vers le Duomo de Spoleto, ville monumentale adossée aux montagnes ombriennes, se fait par des escaliers roulants dignes des Galeries Lafayette ! L’abside de cette cathédrale isolée resplendit des magnifiques fresques de Filippo Lippi. Une halte silencieuse avant l’animation des ruelles de la vieille ville que l’on rejoint par un superbe escalier monumental.
Au sud-ouest, Orvieto s’ennoblit d’une cathédrale gothique, dentelle pointue rayée blanc et noir et dorée de mosaïques. Transept droit, la Cappella San Brizio attire toute l’attention. Les saisissantes fresques du Jugement dernier par Fra Angelico et Luca Signorelli inspirèrent Michel-Ange. Freud lui-même en perdit, dit-on, la tête…
La cuisine de l’Ombrie
Les produits frais d’une cuisine locale et rurale sont souvent présents sur la table. En montagne et dans la région de Norcia, l’agneau très grillé et les lentilles blondes garnissent votre assiette. La charcuterie est réputée dans les monts Sybillins de cette même région. Quant aux Coglioni di Mulo, il s’agit simplement d’un petit saucisson en forme de... « couilles de mule » !
Les amateurs de truffes blanches et de cèpes seront comblés à Gubbio. Pour la truffe noire, c’est plutôt à Norcia qu’il faudra se rendre, avec des spécialités comme d’inoubliables pâtes aux truffes râpées et un fromage truffé, caciotta tartufata, accompagné d’un miel au sainfoin de la Valnerina.
L’huile d’olive extra-vierge DOP Umbria, trouble et verte, développe des arômes sensuels dans la campagne autour de Trevi. À déguster avec du céleri noir au marché paysan de cette ville, le 4e dimanche de chaque mois. Peut-être, lors d’une fête, comme à Foligno, aurez-vous l’occasion de croquer de curieuses pommes de terre épluchées en spirales, frites sur une broche, accompagnées de quelque bière artisanale ?
La rareté des vins rouges classés, dont le sagrantino corsé de Montefalco, explique leur prix parfois élevé. Le fruité vin blanc d’Orvieto développe, quant à lui, ses arômes à un prix abordable. À essayer avec une délicieuse soupe à base d'anguilles et de perches du lac Trasimène, agrémentés d’huile d’olive, de laurier et autres herbes, nommée tegamaccio... ottimo !
Fiche pratique
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Office national du tourisme italien
Comment y aller ?
Avion ou train jusqu’à Florence ou Rome, puis correspondance en train jusqu’à Pérouse. Location de voiture recommandée pour sillonner la région.
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Quelques adresses
Bevagna
- Hôtel Chiostro di Bevagna, corso Matteoti, pour son cadre et sa tranquillité.
- Restaurant Ottavius, via del Gonfalone. Cuisine locale, avec comme spécialité les gnocchi al sagrantino (vin rouge).
Gubbio
- Taverna del Lupo, via della Repubblica 17, la bonne table de Gubbio, assez chic.
Assise
- Hotel Properzio, via San Francesco 38. À deux pas de la basilique San Francesco, un hôtel au bon rapport qualité-prix.
Spoleto
- Il Tempio del Gusto, via Arco di Druso 11. Une adresse bien nommée, aussi bien pour la qualité des mets que pour le décor raffiné à souhait.
Coups de cœur
- L’entrelacs labyrinthique inclus dans les remparts, des ruelles en brique de Citta della Pieve.
- Les façades dépouillées de Gubbio.
- À Pérouse, la Galerie nationale de l’Ombrie pour ses tableaux du Pérugin et les autres. Les fresques du Pérugin à l’église Saint-Pierre, et à la chapelle San Severo située près de la gare.
- L’approche panoramique d’Assise. L’allée de cyprès entre le cimetière et la basilique.
- La campagne paisible et bucolique de Bevagna.
- Le parvis du Duomo de Spoleto et son escalier monumental.
- Les squelettes et les humains naturalistes de Luca Signorelli de la « Résurrection de la Chair », à la cathédrale d’Orvieto. Le musée diocésain.
- Les inexplicables Chinoises momifiées de Ferrentillo, dans la Valnerina.
- Le paysage montagnard dénudé et les immenses pâturages à chevaux autour de Castellucio et de Norcia, dans les monts Sybillins.
À savoir
Documentation utile et complète à la boutique de la Galerie Nationale de Pérouse.
Texte : Anne-Marie Minvielle
Mise en ligne :