Ouest Addict #3.2 : Me, Myself et… la Mule

Forum Parcs nationaux de l'Ouest américain

« tu dors ? »

« dis, tu dors ? »

non, je suis juste profondément endormi. Les nuits d’octobre sont particulièrement chaudes cette année. Mais quelle est cette voix ?

« dis, on y retourne ? » …

J’entrouvre péniblement les paupières. A mes côtés madame darth dort paisiblement. C’est sans doute un de mes 3 enfants qui n’arrive pas à dormir. Je lance un scan 360° de la chambre avec mon radar visuel…

Rien.

« allez ! On y retourne ??? »

Je sursaute et me retrouve assis dans mon lit. La mule ! ça ne peut être qu’elle !
J’ai été tellement occupé à préparer notre voyage en Namibie pour l’été prochain que je l’avais oubliée – délaissée à l’étable.
La mule, c’était juste un personnage que je m’étais inventé pour m’accompagner dans mes « Chroniques d’une folie solitaire ». A présent elle me parle. Comme une petite voix qui me chuchote à l’oreille interne… et dont je ne peux pas me débarrasser. Ca y est : d’addicted à fou, je vire définitivement schizo.

Je me rendors.

« et si tu tentais une nouvelle fois ta chance à la loterie de The Wave ? Si tu y vas le vendredi matin tu pourras participer à 3 tirages – début mars, le BLM est encore fermé le weekend… »

Nom di dju, elle me prend vraiment par les sentiments. Voilà que l’ouest-addiction se remet à bouillonner dans mes veines. Elle me prend par toutes les extrémités du corps, comme une sensation chaude qui se propage lentement d’abord, mais très vite elle explose dans ma poitrine… une longue inspiration haletante et puis je bloque ma respiration. Les souvenirs des périples précédents défilent et se bousculent :

Ouest Addict #3.1 : 2018 Chroniques d’une folie solitaire – ou le live sur le forum
Ouest Addict #3 : 2017 Colorado, Utah, Wyoming et South Dakota: 4 états pour un roadtrip ! – ou le live sur le forum
Ouest Addict #2.2 : 2017 Palm Springs et environs
Ouest Addict #2.1 : 2016 quelques jours de plus dans l’Ouest – ou le live sur forum
Ouest Addict #2 : 2015 de San Diego à Las Vegas au travers de l’Arizona et l’Utah – ou le live sur le forum
Ouest Addict #1 : 2014 la Californie

Je n’arrive plus à me rendormir. Allongé sur mon lit, à présent ce sont les lignes de ma West-Wish-List qui s’entrechoquent avec l’image difforme d’une carte sans échelle, dont les distances sont fortement altérées par mon ouest-aliénation.

Il faut que j’y retourne.

Et la mule qui assène dans ma tête « Charge-moi encore ! » … et oh ! je te rappelle que c’est toi qui porte, la mule ! Euh… non non non, la bête de somme c’est moi et uniquement moi. Je me suis de nouveau fait avoir…

Salut Olivier,

Hou, la,la oui il y avait urgence là !
ça va mieux ? :slight_smile:

Bonjour Olivier,
Comme je comprends ce côté schizophrène… toi tu as ta mule , moi j’ai Ehawee, la sioux Lakota.
En ce moment elle me réveille la nuit parce qu’elle veut que je m’implique plus dans la collecte de fonds qui permettrait à des familles de vétérans code talkers comanches de venir en Normandie pour les commémorations du 75eme anniversaire du débarquement… alors ta mule, même si elle parle, même pas peur.
D’ailleurs, en écoutant bien, j’entends son sabot arrière gauche qui racle le sol marquant son impatience avant le départ. Je me trompe?

[quote]
Salut Olivier,

Hou, la,la oui il y avait urgence là !
ça va mieux ? :-] (/citation]
Salut JP,
Hé oui, j’ai besoin de ma dose annuelle hein!
L’enthousiasme de la mule est quelque peu écorché par les conditions actuelles; il va falloir composer avec je crains… j’en saurai plus demain!
Olivier

Bonjour Mayannick,

Oh oui je me souviens bien d’Ehawee! C’est un bien joli projet que tu as là, je te souhaite beaucoup de succès dans cette initiative.

La mule racle le sol oui, même si je ne sais pas encore de quoi celui-ci sera fait :wink:
Olivier

Mercredi 6 mars : Palm Springs, encore et toujours

La mule a fait son œuvre de conviction sournoise, et j’ai dû à mon tour aussi convaincre… 1) mon patron de m’envoyer une fois de plus à ce congrès à Palm Springs, et 2) ma tribu car je vais à nouveau abandonner les miens pendant plusieurs jours – d’autant plus que cette année, cela coïncide avec les vacances d’hiver.

Le compromis fut une optimisation maximale : un départ lundi à 6h de Bruxelles via Amsterdam pour arriver avant midi à Los Angeles. C’est tôt assez pour taper le bitume jusque Palm Springs sans craindre de trop la fatigue. 3 jours de conférence avant d’avaler les miles en suivant un roadbook déjanté pendant 5 jours… La mule va souffrir ; elle l’a bien cherché.

Mais avant d’épuiser la bête, je profite de ces quelques jours à Palm Springs pour explorer les environs. Ce matin je jette mon dévolu sur l’Anza Borrego Desert. C’est pas tout près, mais comme j’ai déjà été 4 fois dans Joshua Tree, il était temps de varier un peu…
Initialement je voulais arriver pour les premières lumières et photographier Pumpkin Patch : une série de formations rocheuses faisant penser à un champ de citrouille. J’avais donc naturellement fait confiance à la mule pour me réveiller de bonne heure en cette deuxième nuit décalée. Tu parles… la mule a ronflé jusque 6h30. Le temps du p’tit dej’ à l’hôtel, les premières courses au Walmart, et la route jusqu’Anza Borrego, il est 10h quand j’arrive dans le désert :


Si si, c’est bien un désert, je te jure !!! Je te l’avais pas dit, mais les déserts californien ils sont tout vert cette année ! Lundi, sur la 60 East le spectacle était saisissant : les collines après Moreno Valley étaient d’un vert pétant avec de hautes herbes ondulant au vent, et en arrière-plan les sommets enneigés des San Gorgonio Montains.
Je laisse la mule gambader librement un petit moment au milieu des fleurs, et puis je me rends au point de vue le plus spectaculaire du parc : Fonts Point

La piste de 4 miles pour y accéder suit un wash dans sa majeure partie, et sur certaines sections on roule sur du sable mou. Ce n’est jamais bien profond, mais un 2WD ne passerait pas à mon avis.
Le point de vue en soi est sympa, mais ça se limite à la photo ci-dessus. Donc, à toi le fêlé de l’Ouest : si tu as déjà vu les Badlands au Dakota du Sud, tu seras naturellement un peu déçu…

Suite du programme avec The Slot. La piste pour y accéder est facile à louper : il n’y a aucune indication, et de la route on ne la voit pas. Arrivé sur le parking, il y a une dizaine de voiture – wow, je ne m’imaginais pas que ce serait si fréquenté.
Je me lance sur le premier chemin qui monte vers les collines ; d’autres me suivent. Après quelques centaines de mètres une bifurcation ; et aucune indication. Je continue sur le chemin qui me semble le plus emprunté ; il y a vent terrible. J’avance quelques centaines de mètres ; au loin les autres ont pris le même chemin. Soit je suis bon, soit ces autres sont aussi des mules et me suivent juste à l’odeur… au bout d’un quart d’heure, je ne les vois plus… héhé on les a semés avec le vent me dit fièrement la mule – mais non ! je me suis planté !!
Je rebrousse chemin et emprunte l’autre embranchement. Plus loin je croise 2 dames, et quand je leur demande si c’est le bon chemin : négatif ! Elle ne savent pas où est The Slot, mais ça serait de l’autre côté. Retour sur le parking, et là qu’est-ce que je vois ? un sentier qui descend gentiment dans le canyon qui est juste en contre-bas ! Je n’avais rien vu… Ah là là, il va falloir corriger le tir, sinon ce périple va être une torture !

Le début du canyon n’est pas super photogénique, surtout que la lumière est des plus mauvaises. Il faut arriver dans les sections les plus étroites du canyon pour sortir quelque chose de sympa




Allez, disons que c’est juste une petite entrée en matière. On va voir ce que le reste de mon périple me réserve ; mais là je vous avoue que j’ai une certaine appréhension : il a énormément neigé sur nos terres de prédilection il y a 2 semaines, de nombreuses pistes sont impraticables, et il pleuvait encore à Kanab cette semaine. Mais bon : il y a un roadbook et on va s’y tenir, même si la mule doit se rouler dans la boue !

Vendredi 8 mars : Deception Point

Après avoir accompli mon devoir professionnel jeudi, je prends la route avec comme objectif la loterie The Wave à Kanab vendredi matin. Mine de rien, ça fait plus de 700km à taper le bitume – c’est pas très raisonnable, et pour vous prouver que je ne suis pas trop fou et qu’il y aura encore des Ouest Addict #f.s++ (j’offre une Pacifico à celui qui décode cette formule savante), je coupe la route à Mesquite pour ma nuit.

J’arrive au BLM de Kanab à 8h30 – sous la pluie. Coup d’œil rapide aux Road Conditions :
Hole in the Rock : 4WD HC – Wet and muddyCottonwood: impassableSkutumpah: impassableParia Movie Set: impassableHouse Rock Valley: 4WD HC – very muddy, travel not recommendedCe à quoi tu rajoutes la Scenic Byway 9 vers Zion qui est fermée à cause d’un éboulement…

Bon et moi je fais quoi alors ???

Pas le temps d’y penser, le speech du ranger commence. Enormément de mises en garde sur l’état de la piste, photos à l’appui… mais cela ne dissuade personne… Le tirage se déroule, pour 3 jours : samedi, dimanche et lundi, et, et, et… j’ai encore perdu. Nom di dju, j’y croyais pourtant cette fois-ci : il n’y avait que 36 groupes, le ranger en a tiré 16 au total !! T’imagine ça ?? ça fait 4 chances sur 9, 45% !!! … et je suis pas dedans. Jamais The Wave n’aura été aussi proche.

Pour couronner le tout, je dévoile mes projets du week-end au ranger de faction à l’accueil : Reflection Canyon. Le gars me regarde d’un œil circonspect… et puis d’un coup il aperçoit la mule qui est en moi, son visage s’éclaircit quelque peu avant de me dire très sérieusement : « That’s not a good idea ». Je lui fais comprendre que je suis préparé blabla ; rien n’y fait ; il bugge sur l’état de la piste.

Et je fais quoi alors moi ? Me supplie la mule… je l’ignore et je suis à 2 doigts de rentrer sur Las Vegas.

Quand tous tes plans tombent à l’eau, qu’il n’y a pas assez de lettres dans l’alphabet, un seul moyen de sortir la mule de l’eau : les fondamentaux de l’Ouest. Zion n’étant pas accessible, allons à Bryce Canyon !


Tu la sens ??

Et là, tu la sens ??


La claque que l’Ouest inflige à ton addiction !!! Ô toi qui ose douter de lui… Et pourtant, la mule a souffert pour arpenter le rim trail : ses sabots s’enfonçaient régulièrement dans la neige, elle en avait jusqu’au grasset.

Les trails dans l’amphithéâtre étant fermés je me rabats sur Mossi Cave qui nous plonge au milieu des hoodoos



Petite pose longue pour la cascade

Avant d’aller voir la fameuse grotte… Et là, surprise !

Allez, c’est plein d’émotions, et avec une addiction revigorée que je pose mes valises au Circle-D à Escalante. On annonce une belle journée demain samedi, il va falloir la mettre à profit !

ça commençait bien … :frowning:

Sinon, bravo la mule ! C’est bien la première fois que j’entends qu’une mule pousse son maître à aller plus loin hein :slight_smile:

Superbes photos de Bryce enneigé !

Bonjour darth
Ton lot de consolation est tout de mêm incroyable de beauté .
Le pire de la loterie de The Wave ce n’est pas de perdre ça fait partie du jeu, j’ai perdu 7 fois , mais de gagner et de ne pouvoir le faire par manque de compassion des gens du BLM. C’est ce que j’ai vécu l’an passé…
Je le dis régulièrement ici , je penne que la meilleure période pour l’ouest reste octobre avec en prime les couleurs.
Bonne continuation.
Fred

A mais il faut bien saisir la dualité: la mule c’est elle qui porte; et jusqu’ici elle n’avait pas eu beaucoup de travail… Le maître, il fonctionne au mental :wink:

Samedi 9 mars : le plan A, c’est le plan A

Les rangers, c’est comme les médecins: si tu as un doute sur son diagnostic, tu vas en voir un autre!
En arrivant à Escalante hier, je me suis arrêté au Visitor Center… et la qu’est-ce la mule et moi apprenons? La Hole in the Rock aurait bien séché ces derniers jours, et en plus elle a été nivelée jusque Hurricane Wash il y a 5 jours. Le gars m’avertit quand même qu’au-delà c’est “Conditions Unknown” et que nous n’avons aucune garantie d’atteindre le trailhead… mouais: un challenge! La mule et moi on aime ça!

Et vlan, on ressort les plans A sur la table du Circle-D, on charge les cartes topos, on prépare le backpack pour le bivouac à Reflection Canyon… combien de litres d’eau? 4? 6? Il va faire beau, et une mule çà consomme pas mal; allez: 6!

6:30: et hop on déroule le roadbook comme du papier à musique: premier stop à Devil’s Garden pour l’heure dorée:




8:00: on lance le mammouth pour avaler les 38 miles restantes de la Hole in the Rock. Si celle-ci est très roulante (40mph avec des pointes à 50mph) au début, il convient de ralentir la cadence pour les 15 derniers miles; puis rouler au pas les 5 derniers miles.

10:00: je suis au trailhead. Enfin pas vraiment car les coordonnées que j’avais notées me feraient démarrer le trail trop bas - par la voie compliquée… je préfère attaquer la rando sur le plateau au pied des montagnes. On attaque au cap, mais rapidement je remarque une clôture à bétail. la mule, bien plus perspicace que moi, identifie rapidement un passage. A partir de là, on remarque un sentier assez marqué. C’est pas peu dire, c’est quand même plus confortable d’avancer sans se poser trop de questions, et de ne pas devoir sortir les GPS toutes les 30 secondes.
Après 4 km, je perds ce sentier… pas de problème, il suffit d’utiliser les Navajo Mountains comme repère visuel :

C’est par là !

Je ne tarderai pas à me rendre compte qu’il y plusieurs chemins en fait. Aucun n’est bon, aucune n’est mauvais… ils vont tous dans la même direction, avec des stratégies diverses pour contourner les canyons.

Après 10km, j’atteins la partie de slickrock :



…et là l’orientation se complique: plus de chemin évidemment, et la précision des cartes topo qui m’induit plusieurs fois en erreur.
Nouvelle erreur sur la fin, où la vue du lac Powell me fait avancer trop au sud. Et dans ce pays de collines de pierre bien pentues, chaque erreur se paie cash… ça y est, la mule recommence à grogner…

14:30 : j’arrive sur site en ayant parcouru 13,5km. Malgré l’heure, une partie de Reflection Canyon est déjà dans l’ombre…


Je m’installe dans ma chambre avec vue, et il ne me reste plus qu’à savourer le moment

Je me suis longtemps demandé si d’autres viendraient aujourd’hui… et non, il n’y a que la mule et moi… et le spectacle

Bonjour,
Merci à vous les passionnés de l’Ouest de nous faire partager toutes vos exépriences. Je vais partir au boulot,avec les aventures et belles images de darth.
Merci à vous les fidèles du forum de nous répondre aussi précisemment et généreusement à chaque question que l’on se pose, pour préparer nos modestes circuits.
Belle journée à vous tous

Bravo Olivier, you did it !
On attend les photos du sunrise maintenant …

Merci pour ce retour Aude!
Il n’y a pas de modestes circuits… les grands incontournables sont des endroits merveilleux dont on ne se lasse pas (la preuve avec Bryce…)

Olivier

Dimanche 9 mars : la mule rempile

Si je tenais absolument à faire Reflection Canyon cette année, c’est à cause d’un détail qui ne vous saute peut-être pas aux yeux : depuis que la photo de Michael Melford qui l’a dévoilé est parue en une du National Geographic en 2006, jamais le niveau du Lac Powell n’a été aussi bas. Sur toutes les photos publiées ensuite, on ne distingue pas le « S » formé par l’eau, car la fine bande de roche qui relie le « spike » de droite est submergée.

Si toi aussi tu veux ta photo du « S » de Reflection Canyon, tu as jusqu’autour du 10 avril 2019 ; ensuite le niveau du lac va sérieusement remonter étant donnée l’énorme quantité de neige tombée sur le bassin versant du lac cette année.

Allez, retour à nos moutons – euh – mules. Malgré la zenitude du lieu, je n’ai pas bien dormi cette nuit, mais c’est systématique quand je campe… A 4h je jette un coup d’œil dehors ; j’avais noté que la voie lactée se lèverait au sud-est, et peut-être qu’il y aurait une photo à faire. Et là grosse déception : aucune étoile, le ciel est complètement bouché. La mule commence à râler sec – tant d’effort pour ne pas avoir de sunrise. Je dois la forcer à se rendormir.

Quand le réveil sonne à 6h00, je n’en crois pas mes yeux : le ciel est complètement dégagé !! Je dois encore attendre une bonne heure pour que l’heure bleue s’installe confortablement, et c’est parti pour 45 minutes d’immense plaisir photographique et visuel…
2 photos pour résumer - prises à 10 minutes d’intervale:



Qu’est ce que je donnerais pas pour des moments comme ça !

Le temps de ranger le campement, dernier coup d’œil sur le canyon à 8h30 et on relance la machine à avancer. La première heure et demie est rude : je garde un œil permanent sur mon gps pour ne pas refaire les mêmes erreurs qu’hier. Alternant slickrock, et ce que je qualifierai de « zombie brainrock » (mais si, tu vois : c’est comme si on avait tapé avec une grosse masse dans du brainrock), ça monte, ça descend, ça monte surtout. La mule souffle, la mule grogne, la mule jure, la mule râle surtout.

C’est un soulagement d’arriver sur le « plat », et un sol plus meuble après 3,5km. Dans la tête, tu dis que le plus dur est fait, et que le reste est une partie de plaisir… tu parles… la mule avance au pas, des minutes durant. Et quand tu te dis : « oh on doit bien avoir fait 6-7km maintenant » et que le verdict du GPS t’annonce 4,4km, ta mule rue dans les brancards. Le calvaire ne fait que commencer : les minutes paraissent des heures, et chaque centaine de mètres parcourue vaut un kilomètre d’épuisement. Je cravache la mule pour tenir 45 minutes entre les pauses. Ce n’est qu’en apercevant la voiture au loin que la mule reprend du poil de la bête.
On l’atteint peu avant 13h30 ; au bout de 12,9 pénibles kilomètres

Le temps de laisser décanter les pattes de la mule, il est 14h quand notre mammouth se lance sur la Hole in the Rock Road. Certains passages me semble plus délicat qu’hier… J’ai passé ça moi ? Mais mon Nissan s’en sort à merveille.

Après 25 miles, je prend à droite vers Dry Fork – histoire de se dégourdir les pattes. La fin de la piste est extrêmement cabossée, avec entre-autres une marche de plus de 20 centimètres, qui ne posera pas problème au Nissan Armada. Je commence à croire que ses capacités surclassent celles de mes Ford Expedition ou Chevy Tahoe habituels.

On attaque le trail, puis la mule aperçoit la descente qui s’annonce et s’arrête net. Je fais face à un refus catégorique d’avancer… « parce qu’après il va falloir tout remonter ! » Allez, chérie, on s’en tient au road-book OK ? Et puis je te rappelle que le plan A c’était Yellow Rock
J’agite la carotte – enfin, l’image de la Pacifico qui repose dans la glacière – et la mule repart.

On commence par Dry Fork : slot large dans sa majeure partie, balade agréable


Ensuite : Peek-a-boo Gulch : il faut escalader une paroi de plus de 2 mètres pour entrer dans le slot, et se retrouver face à la double arche

La lumière aurait été plus favorable le matin, mais ici c’était un plan B, donc on fait avec…
Pour remonter, il y a pas mal d’obstacles à franchir – il faut tantôt escalader les rochers, tantôt se hisser en s’appuyant contre les parois.
Le canyon est nettement plus étroit que Dry Fork, et la progression y est plaisante

A la sortie, on parcourt 600m en surface avant de s’enfoncer dans Spooky Gulch. Il faut d’avord passer un long obstacle constitué d’énormes rochers qu’il faut d’abord escalader avant de se laisser glisser dans un « puit » pour atteindre le fond du canyon et commencer son exploration.

Rapidement le canyon devient terriblement étroit, et cette photo résume à elle-seule ce slot

Et ce sera comme ça pendant plus de 800 mètres – avec de nombreux passages plus techniques

Ce qui ne manquera pas de réveiller des souvenirs d’enfance de la mule, qui s’y amuse comme une sotte. Pour ma part je suis assez frustré de devoir ranger l’appareil photo régulièrement dans le sac afin de la laisser avancer…

Au final, plus de 3 heures passées sur le site, près de 7 km de plus dans les pattes, la mule aura bien mérité sa Pacifico !

Lundi 11 mars : la mule a pris congé

Retour à Kanab, retour au BLM pour la loterie, et là Yahouuuww !! … la House Rock Valley Road a bien séché ce weekend ! Mais on s’en fout, puisque je n’irais pas par là.

Aujourd’hui le programme est léger : la mule m’avait prévenu : « lundi j’ai congé »… Bon ben d’accord, on va faire avec… Comme j’étais vraiment tout seul, je me suis fait un petit plaisir en m’offrant le Photography Tour à Upper Antelope Canyon.
Et je ne regrette pas du tout l’argent dépensé ! Quand on arrive à l’entrée du canyon, celui-ci est vide. D’autres groupes « normaux » sont là aussi, mais les guides s’assurent de nous laisser le champ libre pour nos photos


Vous voyez l’ours ? Moi il m’a fallu un certains temps pour comprendre ce que la guide nous montrait…

On continue pour 2 heures de pure bonheur



L’autre avantage incontestable du Photography Tour, c’est le trépied ! Quelques photos HDR (ndt: technique permettant de combiner plusieurs photos d’expositions différentes) pour compléter la série


Lunch tranquille à Page, avant de poser mes valises à Big Water. Je me sens un peu seul sans la mule, mais qu’à cela ne tienne, j’ai un autre compagnon de voyage : le Mammouth !


Comme le lac Powel est devenu mon meilleur ami, la suite du programme est toute indiquée : Alstrom Point. Mais le ciel s’est méchamment couvert, donc tu l’as compris: pas de sun, pas de sunset. Peu importe, je tenais à parcourir ces 25 miles de piste au milieu de paysages lunaires

Les choses se compliquent pour les derniers 1,5 miles, car le Mammouth doit faire face à de sympathiques franchissements. Low Range préférable pour plus de confort, mais si vous n’avez pas un véhicule avec une bonne garde au sol, laissez-le là (il y a d’ailleurs un petit parking), et continuez à pied… Je ne rigole pas – la photo ci-dessus, et celle-ci ont été prises au retour :

Roue arrière gauche en l’air, et même pas touché le marchepied ! Je pense que ma trajectoire aurait été meilleure 10 cm plus à droite, et en tournant un peu plus tôt. Mais bon les trajectoires, c’est plus facile à gérer en montée qu’en descente où on ne voit pas bien sous le capot…
Bref, après ce petit intermède de pilotage 4x4, passons aux choses sérieuses : Alstrom Point !


Le retour se fait quand la nuit tombe, amplifiant encore l’impression d’être sur une autre planète

Il fait bien noir quand je rejoins la mule dans notre chambre très mal insonorisée du Rodeway Inn – on entend plein de bruits bizarres… Serait-ce des extra-terrestres ?

Bonsoir darth
Tu le roi de l’optimisation du temps et tu remplis bien tes journées.
Pour la communauté , peut être peux tu donner des infos complémentaires sur le Photographe tour de Upper Antelope Canyon : Prix , exigence d’avoir unpied et un reflex . En tout cas c’est ce qui est demandé sur Lower .
Alstom Point : Cela fait partie de mes 3 jours de galère lors de notre dernier trip.
On a renoncé à cause de ça :


Nous n’avons pas regretté car 15 mn apres c’était ça un peu plus loin

et encore ça sur Johnson Canyon pres de Kanab à la mêm période.
https://www.youtube.com/watch?v=ORJtxkuD62E&t=13s
Bonne continuation.
Fred

Salut Fred,

J’ai payé 132$. Le trépied, ni même le reflex ne sont obligatoires Dans mon groupe de 5, il y avait 3 trépieds, 4 reflex et un compact. Ils interdisent juste l’accès à ceux qui n’auraient qu’un téléphone portable…

Concernant le Lower, je n’ai pas vérifié, mais le Texan qui était dans mon groupe et qui est un “habitué” m’a dit qu’il n’y avait plus de Photography Tour au Lower…

Olivier

Mardi 12 mars : this is the end

Dernière journée dans l’Ouest… Déjà. Au programme aujourd’hui : départ 4h30 pour faire les 7 km jusque Wahweap Hoodoos à la frontale, et y arriver juste avant le lever du soleil.
Bien joli tout cela… quand il ne pleut pas. Je me réveille la mine déconfite, encore un plan qui tombe à l’eau. La mule ne dit rien, mais je vois bien à sa tête que quelque chose ne va pas… « je pensais qu’on marcherait un peu plus… » finit-elle par lâcher en râlant. Ah ben ça ma belle, on n’y peut rien !!

Pou remettre le pied à l’étrier, je regarde les plans B : Cobra Arch, White Rocks, Edmaier’s Secret secteur Nord, Yellow Rock via Paria Movie Set… que du beau monde ! Quand il ne pleut pas.
Plus loin j’irai bien faire Angel’s Landing ou une autre rando à Zion d’autant plus que la météo semble plus clémente par-là, mais avec la SB-9 fermée, on oublie. J’arrive au plan Ω : Snow Canyon. Les prévisions météo ne s’améliorent qu’en début d’après-midi ; j’en profite pour vous poster le CR d’hier, avant de lever le camp à 10h.

Quand j’arrive à Hurricane, le ciel nous offre une très large éclaircie ; j’hésite à remonter vers Springdale et rentrer dans Zion. Mais vu l’heure avancée, ce détour réduira l’après-midi à peau de chagrin. On s’en tient donc au plan Ω.
Le soleil ne nous lâche plus… Cool ! Et au moment où j’éteins le moteur du Mammouth sur le parking du Butterfly Trail, le soleil passe définitivement derrière les nuages… mwouais mwouais… on dirait que cette journée ne veut pas en découdre avec la poisse météorologique.

Tant pis, soleil ou pas, la mule a besoin de taper du sabot. On remonte d’abord le Butterfly Trail


avant de bifurquer vers le Lava Flow Trail. La particularité de cette immense coulée de lave sur laquelle on marche, c’est qu’elle présente quelques entrées pour accéder à un réseau de galeries souterraines. Je ne m’y suis pas risqué, mais d’après ce que j’ai compris, il y a de quoi s’y perdre !

Demi-tour, et je poursuis la descente le long du West Canyon Trail

Avant de remonter sur les Petrified Dunes

Qui offrent une superbe vue sur West Canyon

Ca grimpe bien, et mine de rien ça fait du bien aux pattes de la mule. Arrêt suivant Bonsaï Pond évidemment – qui s’est transformé en un pothole


Après Reflection Canyon, c’est tout logiquement que ces reflets dans l’eau viennent boucler ce périple. Je fais l’impasse sur Valley of Fire cette année : le ciel ne veut décidément pas – et surtout une fortuite rencontre m’attend ce soir à Vegas…

Bon Olivier, tu as encore vu de belles choses lors de trip. Avec ce fameux Reflection Canyon à faire en cette saison car en été je me demande si le jeu (de la déshydratation) en vaut vraiment la chandelle.
Merci en tout cas pour ce partage quotidien. Est-ce que tu veux que je te rédiges une lettre de recommandation pour ta boîte afin que tu puisses partir plus longtemps en séminaire l’année prochaine ? :slight_smile:

Salut JP,

[quote]
Est-ce que tu veux que je te rédiges une lettre de recommandation pour ta boîte afin que tu puisses partir plus longtemps en séminaire l’année prochaine ? :-] (/citation]
Oui!!! C’est surtout mon nombre de jours de congé annuels qu’il faudrait revoir :smiley:

Oh bah là dessus je peux te tuyauter !

Retrouvez désormais ces chroniques sur mon blog, avec de nombreuses photos inédites
6 jours de West Loneliness

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