Jour 14 : Ko Muk vers Bangkok
Nous arrivons bientôt au terme de notre séjour déjà bien rempli… Il a plu toute la nuit sans discontinuer. On s’est levé tôt pour aller voir Charlie beach une dernière fois, malheureusement, le temps ne nous le permet pas… On s’active pour faire les sacs, l’humeur est comme le temps : maussade… Je m’attache à tout regarder tout autour pour bien figer le décors dans ma tête et ne pas oublier les impressions que j’ai ressenties ici… Maintenant c’est le déluge, on va prendre un petit déj pour dire au revoir à ces gens qui nous ont bien reçus… On est avec un couple de suédois qui lui aussi quitte les lieux avec nous apparemment…
Nous avons booké le départ avec notre hôtel qui s’est occupé de tout. Notre seul impératif : un avion à Krabi à 17h qui nous ramène sur Bangkok. Elle nous a donc trouvé un tuk tuk pour aller à la jetée du village de pêcheurs de Ko Muk (10 minutes) vers 9h. De là nous prendrons un longtail pour retourner sur le continent à Trang (30 minutes) où nous attendra un Pick up pour rejoindre l’aéroport de Trang (45 minutes) où on déposera les suédois. On nous déposera ensuite à la gare routière de Trang où un van nous amènera à l’aéroport de Krabi (2h de route) où on prendra finalement notre avion pour Bangkok. Le tout pour 750 baths par personne.
Nous avions hésité lors de la préparation du voyage avec l’aéroport de Trang qui est beaucoup plus près, mais moins de vols étaient proposés et nous avions peur de rater le vol du matin ce qui explique notre choix d’aller plus loin à Krabi. Avec le recul, nous aurions eu le temps puisque c’est l’option choisie par le couple de suédois qui nous accompagne et qui a eu son vol depuis Trang vers Bangkok en fin de matinée… Peu importe, les transferts en transports collectifs font aussi partie du voyage et apportent eux aussi leurs lots de surprises et de rencontres…
Un premier départ se fait sous nos yeux pendant que nous buvons notre café… La jeune fille en question se munit de sacs poubelles de 100l qui lui feront office de K Way et qui protègeront son sac à dos… La scène est folklorique car la personne rit elle même de la situation… Elle est de forte corpulence et ne pense pas pouvoir monter sur la mobylette qui lui servira de taxi… Elle hésite mais c’est sans compter sur l’assurance et l’habitude du personnel. On les voit finalement partir au milieu des flaques qui n’en finissent pas de se remplir, dans un fou rire général !!! Bientôt notre tour… A quelle sauce va-t-on être mangés???
Ce sont finalement les 2 pêcheurs qui nous ont amenés à Ko Kradan qui viennent nous chercher tous les quatre. 2 tuks tuks feront l’affaire… Ils me font peine, ils sont trempés jusqu’aux os et font ce qu’ils peuvent pour qu’on le soit le moins possible… Mais vu ce qui tombe, c’est pas gagné… Ils sont d’une polyvalence qui résume bien l’atmosphère de Ko Muk : ici, si on veut gagner sa croûte, il faut savoir tout faire, on est donc à tour de rôle pêcheur, jardinier, taxi, animateur… Bref, on est dégourdi!!! On est tous morts de rire de voir le défilé des gens en mobylettes ou en tuk tuk munis de parapluie et autre k way improbables… Beaucoup n’ont d’ailleurs que des sacs poubelle, bien moins chers et tout aussi efficaces!!! L’hôtelière est désolée de tous nous voir partir sous ce déluge, mais la pauvre, elle n’y est pour rien… On se quitte dans une bonne humeur générale malgré ma tristesse de quitter ce petit paradis…
On file à toute allure de l’autre côté de l’île, on s’en prend plein la figure… la traversée de la jetée est des plus folklo, en effet, la largeur du tuk tuk ne permet aucune mauvaise manoeuvre sinon la sanction est immédiate : le plongeon!!! Ils nous déposent tous les 4 à son extrêmité sous un petit toit abritant quelques sacs de ciment et vont chercher le bateau. Un seul pêcheur viendra avec nous…
On part direction Trang en échangeant des regards complices avec les suédois… Le paysage est magnifique même sous la pluie. La côte de Trang est assez découpée et offre quelques éperons rocheux ça et là… auxquels s’accrochent des rubans de brume épaisse. On regarde Ko Muk s’éloigner doucement derrière nous en se promettant d’y revenir un jour…
L’approche de la côte de Trang mérite le détours. Il y a là visiblement de jolies plages bordées de filaos quasiment intactes. L’arrivée se fait via un petit estuaire très beau, bordé de mangroves, de bancs de sables, on y serpente quelques minutes en dénichant quelques oiseaux. Ici, la nature est vierge de tout, il n’y a aucun développement touristique, tout est brut de décoffrage… On aperçoit une sorte de petit débarcadère dans un village de pêcheurs sur pilotis.
Malheureusement, notre navigateur heurte quelque chose avec son moteur qui rend l’âme aussitôt… Il sourit et à l’air gêné…comme un gamin qui vient de faire une bêtise… On lui propose notre aide pour ramer qu’il décline poliment. Après avoir passé un bref coup de fil, il s’empare d’une immense perche en bambou et pousse le bateau comme il peut à la force des bras bien courageusement. Au bout de 5 minutes, quasiment arrivés, un autre longtail, sorti de nulle part avec à son bord toute une famille de pêcheurs vient à notre rencontre. On comprend qu’il se fait gentiment chambrer, tout le monde aide comme il peut et nous accostons finalement à la petite jetée où les pêcheurs qui s’y trouvent finissent d’achever notre pauvre pêcheur qui a gagné sa réputation…Mais qui aime bien, châtie bien, non?
Après cette bonne crise de rire, on s’acquitte de pourboires bien mérités et nous saluons celui qui nous aura trimbalés durant notre séjour à Ko Muk avec toujours une extrême gentillesse et une grande discrétion. Il nous désigne un véhicule qui nous attend. Nous montons tous les 4 dans ce pick up flambant neuf, avec sièges en cuir… ça me fait d’ailleurs bien mal de lui pourrir tout son intérieur car on est trempé… Le chauffeur paraît indien, il à l’air très dévoué, il écoute la radio en thaï… Il nous propose aussitôt un nouveau CD : et là on reconnait “Wind of change” de Scorpion!!! On se regarde tous, on n’y croit pas, ça paraît tellement décalé avec la situation, mais après tout, pourquoi n’écouterait-t-il pas un groupe européen??? du coup on chante tous à tue tête dans une ambiance plutôt décontractée il faut bien le dire… S’en suivront “Carry” de “Europe”, “Hôtel california” des “Eagles” , bref, une compilation spécifique pour les touristes qui veulent bien venir jusque là. On garde un excellent souvenir de ce moment de partage dans ce pick up avec ces gens qui ne se comprennent pas et qui par le biais de la musique sont sur la même longueur d’ondes… L’aéroport de Trang nous paraît un peu excentré dans la campagne… il pleut toujours autant… heureusement, la route est bonne… On quitte nos suédois qu’on laisse dans ce minuscule aéroport après environ 40 minutes de route depuis le débarcadère. Notre chauffeur nous ramène dans le centre ville de Trang et nous dépose à une agence touristique… On ne comprend pas trop ce qu’on fait là… On lui donne notre “voucher” mais la personne de l’accueil ne comprend pas vraiment. Notre chauffeur qui ne nous a pas quittés lui explique qu’elle doit nous transférer à la gare routière de Trang et qu’on a déjà payé notre transfert. Elle s’exécute aussitôt et nous demande d’attendre quelques minutes. On suppose que chaque intervenant aura sa contribution financière via notre hôtel de Ko Muk… Trang est une grande ville, pas du tout touristique. Ici, que des locaux, ça s’agite dans tous les sens, il y a de la vie!!!
On nous colle un autocollant sur le tee shirt “aéroport de Krabi” traduit en Thaï… On reconnait bien là le pragmatisme des Thaïs!!! Au moins, si on se perd, tout le monde sait où on doit aller… Effectivement, au bout de 10 minutes, on monte apparemment dans une voiture de particulier qui nous amène à la gare routière de Trang à 5 minutes de là où on attend 10 minutes le départ d’un van collectif qui part vers Krabi. Nous sommes les seuls touristes, il y a là des gens qui ont fait leur marché, des écoliers, un moine bouddhiste, des jeunes, des vieux… on espère qu’on ne va pas se planter… nos hôtes ont pris soin de nous montrer exactement l’endroit où on doit prendre notre van, mais on ne sait jamais… il y a tellement de vans différents… Tout ceci paraît peut être compliqué à la lecture mais en réalité tout s’est enchaîné assez facilement même si ça a prit pas mal de temps…
On est un peu naze, il nous tarde tout de même d’arriver car la pluie nous pèse un peu…On est déposé à l’aéroport vers 13h où il ne pleut plus, on s’empresse d’aller manger un Pad Thaï. On a pas mal de temps à attendre mais finalement, les formalités aéroportuaires (poste de filtrage…) , écrire les cartes postales combleront notre attente. Je suis d’ailleurs très déçue car je me suis fait confisquer tous les débris de coraux et autres petits coquillages que j’avais ramassés sur le sable des diverses plages traversées jusque là. Visiblement, c’est interdit. J’ai eu beau leur expliquer que je ne les avais pas pris dans l’eau, ils n’ont rien voulu savoir… Seul un rescapé planqué dans la poche de mon short me fait office de souvenir aujourd’hui…
On décolle un peu en retard vers 17h15 et on arrive finalement à Bangkok à Don Muang. La nuit tombe. On a finalement passé la journée à faire ce transfert, certainement qu’on aurait pu optimiser mais bon…
La transition est rude… Quitter une île de 5 km<sup>2</sup> et se retrouver dans une mégapole comme bangkok… n’est pas simple… Après avoir récupéré nos bagages, on doit aller rejoindre notre hôtel qui est en plein centre à 2 pas de China town, au bord de la “Chao Phaya river” : le “River view guest house”.
Pas de panique, on commence par récupérer un plan de la ville qu’on nous donne gentiment à l’accueil de l’aéroport, on interroge cette personne très aimable qui nous indique plusieurs options pour rejoindre notre hôtel : le train (qu’on prend juste à la sortie de l’aéroport) ou un combiné : bus et métro. Nous aurions pu prendre un taxi, mais ça aurait coûté surement très cher et vu les embouteillages de cette ville, je ne suis pas sûre qu’on serait arrivé beaucoup plus tôt… De plus, l’idée est aussi de se débrouiller et d’utiliser les transports en communs… Elle nous indique donc un bus le “A1” qu’on prend “gate 6” de l’aéroport. Ce bus passe toutes les 5 minutes et dessert la 1 <sup>ere </sup>sortie de métro “Chatuchak Park”. Les indications sont claires, précises et fiables, nous trouvons sans problème… de toutes façons, il y a là tellement de voyageurs qu’on trouve toujours quelqu’un à qui demander… Une fois dans le bus, on a l’impression d’être au moyen âge : une employée munie d’ une liasse de billets entre ses doigts et d’un enrouleur de tickets passe auprès de chaque usager qui doit s’acquitter de 30 baths pour le trajet. Il nous faut environ 20 minutes pour effectuer ce trajet jusqu’au métro qu’on trouve aussi très facilement pas très loin de l’arrêt de bus. Je suis très surprise par le métro, tout est calme, silencieux, propre, bien indiqué… On se dirige aux caisses automatiques qui sont traduites en anglais. Là encore, on comprend très bien, on s’acquitte de 42 baths chacun en échange non pas d’un ticket mais d’un jeton. Je trouve ce système ingénieux, pratique, pas de déchets, c’est réutilisable à l’infini… Bravo!!! Une fois sur le quai, là encore, la discipline des gens qui sont là me surprend… pas de bousculade, tout se fait dans le calme, personne ne monte tant que les gens ne sont pas descendus… Quel bonheur, si seulement ça pouvait être comme ça partout!!! On met 30 minutes pour rejoindre le terminus : “Hua Lamphong”. Cette expérience des transports en communs a révélé un réseau clair, pratique et pas cher…
On se retrouve à la sortie du métro avec notre petit plan, notre guide du routard et notre sens de l’orientation… On tâtonne un peu mais finalement on se dirige sans trop de difficultés… Tout va à 100 à l’heure, on a perdu l’habitude du bruit des voitures… On se retrouve finalement dans un quartier qui a l’air d’un village. On a quitté la grande artère et nous sommes maintenant dans un dédale de ruelles minuscules où il n’y a quasiment pas de voitures, seuls les tuks-tuks passent là… Tout est tranquille, jamais on ne saurait dire qu’on est en plein coeur de cette gigantesque ville, il y a beaucoup de plantes en pots et les gens sont dans la rue. Certains jouent, d’autres discutent, beaucoup mangent… il fait une chaleur à crever… il est déjà 20h… ça à l’air assez pauvre, toujours ces fils électriques qui pendent un peu partout… des immenses tas de vieilles pièces mécaniques jonchent le sol en attendant sûrement preneur… Le contraste avec les grands boulevards est saisissant… Sur la dernière partie du parcours, l’accès à l’hôtel est bien fléché et heureusement car les sacs se font lourds et on a faim!!!
La devanture du River view contraste vraiment avec le quartier… tout est très design, bien cosy et fleuri… Belle surprise. Il s’agit d’un vieil immeuble qu’on a transformé en hôtel… Sa particularité : un toit terrasse ouvert sur la ville où on a une vue magnifique sur la ville et la rivière. On y mange ou on y prend l’apéro ou les petits déj… Le gars de l’accueil est très aimable et très pro… Il nous indique notre chambre au 3<sup>ème</sup> étage. Les escaliers et l’ascenseur sont un peu vieillos mais bon, notre chambre est très spacieuse : lit king size, coiffeuse, fauteuils de salon, TV, clim, frigo… C’est parfait… On pose nos sacs, on étale ce qui est mouillé de Ko Muk et on monte sur le toit. Il y a beaucoup de monde attablés, ici c’est plutôt la fête, ambiance un peu “auberge espagnole”… c’est plutôt sympa, il y a de la musique et un immense salon où beaucoup sont sur des ordi… Après quelques photos, on redescend à la réception où le gars nous indique des endroits sympas pour manger en n’omettant pas de nous donner une carte de visite de l’hôtel en Thaï au cas ou on se perdrait… On peut louer des vélos dans l’hôtel mais on préfère y aller à pieds, c’est sûrement moins risqué…
On se dirige donc vers china town… qu’on atteint après 10 minutes de marche. Effectivement, on se prend le choc des cultures en pleine figure… Des enseignes lumineuses géantes, des étals partout sur les trottoirs où on peut manger à peu près tout ce que l’on veut… la rue est plutôt bruyante et il y a là beaucoup de mouvements… on fait tout dans la rue : la cuisine, la vaisselle, vider du poisson, couper de la viande, frire des légumes, il y a des tables un peu partout et ça grouille de monde!!! On ne sait pas où regarder tellement il y a de choses à voir… Les étals sont tous plus beaux les uns que les autres. Les couleurs et les saveurs se répondent. Pour ceux qui sont avides de “normes sanitaires” il faudra passer votre chemin…
On s’enfonce au milieu de ces fumées et de ces odeurs de cuisine, on se fraie un chemin au milieu de la foule en se demandant ce qu’on va bien pouvoir manger…Il y a d’ailleurs pleins de choses qu’on ne connait pas… Après 30 minutes dans ce capharnaüm, notre choix se porte sur une impasse où une famille fait visiblement sensation… Ils sont 6 ou 7 à éplucher, laver, couper des légumes, on presse des citrons, les gars vident le poisson, un est au barbecue…et le patriarche fait son show devant son poelon où jaillissent par moment des flammes qui montent à 2m, titiller les fils du réseau électrique… Tout ceci devant un parterre de clients ébahis… Bref, tout un programme… L’endroit est complet, on partage un bout de table avec des brésiliens, en commandant 2 grandes bières fraîches qu’on a espérées toute la journée… On est content d’être là, cet endroit vaut vraiment le détours!!!
On déguste des plats préparés devant nos yeux, tout est bon, on échange avec nos voisins de table, l’ambiance est très relax… Je suis admirative du professionnalisme de cette famille thaï et de son dévouement…Visiblement, le service va être assuré jusqu’à très tard comme d’habitude visiblement…On est servi assez rapidement et même si beaucoup de personnes attendent une table, chacun trouvera sa place car les repas se dégustent relativement rapidement… On poursuit dans la rue, on en prend plein les yeux, je reste tout de même effarée de voir toute cette pauvreté…
Vers 23h30, on rentre crevé car on s’est levé ce matin à 6h30 à Ko Muk à 750 km de là…
Demain, visite de Bangkok avant le départ pour Paris à 2h du matin…