Ma fille et moi sommes parties avec deux vélos à Cuba pour deux semaines. Nous avons fait un voyage FOR-MI-DA-BLE!
Avant de partir, j’ai lu beaucoup de choses sur ce forum. Certaines infos très pratiques, mais aussi beaucoup de mises en garde plutôt alarmistes qui ont généré du stress inutile avant le départ. C’est pourquoi je veux rendre compte de notre expérience pour encourager les voyageurs qui souhaitent éviter la formule du tout-inclus des « resorts » à aller à la rencontre du vrai pays. Malgré les graves difficultés économiques qui perdurent, c’est tout à fait possible de voyager en autonome à Cuba. La vaste majorité des Cubains que nous avons rencontrés sont aimables, arrangeants et généreux!
Nous avions 18 jours devant nous et pas d’itinéraire précis. La seule chose que vous avions réservé sont les deux premières nuits en casa à La Havane et un bus de nuit (Viazul) jusqu’à Holguin. Réserver le bus d’avance (en ligne) est une bonne idée, le nôtre était plein à craquer (bien que nous étions les seules extranjeras). Sur le site de Viazul, c’est indiqué que les vélos doivent voyager comme du « bagage non-accompagné » sur des bus différents. Mais lors de notre enregistrement, il n’y a eu aucun problème pour faire embarquer les vélos, non-démontés, en soute (moyennant 25 $ US / € par vélo – en espèces). Prévoir un bon chandail pour la clim dans le bus, quelqu’un sera toujours heureux de vous le prendre si vous souhaitez vous en départir après.
PESOS, DOLLARS, EUROS?
Puisqu’il est impossible de se procurer des pesos cubains (CUP) avant d’arriver à Cuba, et puisque le taux de change officiel (banque - guichet automatique) est toujours beaucoup moins intéressant que le taux informel, on gagne vraiment à apporter l’intégralité de son budget de voyage en argent comptant ($US ou € - le $CA étant beaucoup moins demandé) et à échanger une partie de ses devises dans la rue. Oui, ça demande de la vigilance de partir avec autant de liquide, comme il faut toujours être vigilant avec ses effets personnels en voyage. À aucun moment nous nous senties en danger de se faire voler.
Comme le dollar est actuellement en légère baisse par rapport à l’euro, à repartir bientôt, je privilégierais des euros. Pour avoir une idée du taux de change à négocier, consulter le site eltoque.com et baisser d’une dizaine de pesos (la petite marge ira à la personne qui vous rend service). Dans les grandes villes, il suffit de se promener dans les lieux touristiques pour se faire aborder par un changeur. Nous sommes allées au-devant des choses en s’informant dans un petit commerce au coin d’une rue, le message est vite passé… Un gentil type muni d’une calculatrice a pris le temps de tout bien compter devant nous. Il y avait du monde autour, c’était simple et rassurant, pas du tout glauque, ni inquiétant.
À savoir qu’on paye les nuitées casas en $ ou €, ainsi que les bus destinés aux étrangers, tout le reste en pesos. Les casas apprécient aussi les devises étrangères pour la nourriture, mais d’après notre expérience, c’était plus avantageux de négocier le prix des repas en pesos. $ ou € pour les taxis aussi, mais nous n’en avons pas pris.
LES CASAS
Des casas, il y en a partout à Cuba. Ou presque. Nous sommes arrivées à la nuit tombante dans la petite ville de Cueto. Pas de casa! Des gens qui prenaient l’air sur leur balcon nous invitent à dormir chez eux, ce fut une expérience fantastique. Nous ne voulions toutefois pas retenter le sort. Le lendemain, nous misons sur un camping (avec maisonnettes) dans la région de Mayari. En route, des gens confirment que c’est ouvert. Sur place, on apprend que l’endroit est réservé aux Cubains (comme la plupart des campings apparemment). Rien à faire, même s’il n’y a peu de clients, les employés pourraient perdre leur boulot si on dormait là. Un des employés nous trouve toutefois une famille, à proximité, qui accepte de nous héberger. Encore une autre expérience fantastique! À partir de là, par prudence, nous nous sommes arrangées pour arriver dans des lieux où au moins quelques casas étaient indiquées sur Google.Maps. Sans réserver avant, nous sommes toujours bien tombées. Coût moyen : 20 $/€ pour deux. Après la crise du covid, les propriétaires de casas sont heureux d’avoir à nouveau des clients, ils en ont besoin!
NOURRITURE
S’il est vrai qu’on ne trouve pas de tout, partout, on trouve toujours à manger, partout. Même dans les bleds les plus reculés, vous aurez du poisson, du poulet ou du porc servi avec montagne de riz, des tomates et du concombre. Ce n’est pas de la fine gastronomie, mais selon le cuistot, c’est parfois savoureux. Le coût varie beaucoup, du simple au double selon notre expérience : 800 à 1600 pesos (5-10 $/€). On trouvait parfois des légumineuses (le fameux « congri » ou encore mieux le « potage »), toujours servi sur du riz », pour trois fois rien.
Le rapport qualité/prix des petits déjeuners offerts en casas n’était jamais intéressant. Parfois on arrivait à négocier pour avoir des œufs durs (pas dispos partout). On comblait avec du pain, des fruits et des grignotines à base d’arachides achetées dans la rue et nos réserves apportés du Québec. Pour les fruits, faut profiter de ce qu’il y a, quand il y en a. L’offre varie énormément d’un endroit à l’autre. Au pire, il y a toujours des tomates.
Pensez tout de même à apporter des collations : fruits séchés, barres protéinées, etc. On ne trouve RIEN sur place. Nous avions apporté 1 kg d’abricots séchés, une vingtaine de barres protéinés, ½ kg de chia, ½ kg de noix, des sachets de poudre énergétique et d’électrolytes. Nous n’avons pas regretté ce poids supplémentaire dans nos sacoches, nous étions bien heureuses d’avoir ces réserves!
EAU
En ville, les bouteilles d’un litre et demi coûtent autour de 200 pesos, soit un peu plus d’un $/€. En dehors des grandes villes, trouver de l’eau embouteillée est simplement impossible. Nous avions des pastilles pour purifier l’eau (goût de chlore). Une bonne bouteille filtrante aurait été un meilleur choix. Dans les endroits les plus reculés, la seule autre boisson non alcoolisée disponible est le Tigon, un genre de cola caféiné très sucré. Quand on tombe sur de la limonade en cannette, c’est la fête! On trouve de la bière partout.
LES BUS
Pour certains tronçons moins intéressants de notre parcours, nous avons choisi de prendre le bus pour avancer plus rapidement, comme entre Guantanamo et Santiago. Nous avons eu de la chance, car il faut savoir qu’en principe, les bus nationaux n’ont pas le droit de prendre les étrangers. Mais des entorses à la règle sont parfois possibles, il faut tenter sa chance, même avec des vélos à mettre en soute…
S’il n’y a rien à faire et que vous ne souhaitez pas attendre plusieurs heures ou jusqu’au lendemain pour un bus Viazul ou Transtur, demandez où est le terminus des « camions ». Les camions étant des genres de camions-bus, très inconfortables, mais très bon marché. À savoir que le coût du transport d’un vélo à bord d’un camion revient presqu’au même prix qu’un passage normal. Si les vélos gênent un peu les passagers, personne ne s’en plaint, les gens sont souriants, accommodants et curieux.
CARTE SIM
La carte Cubacel acheté pour 1000 pesos dans une boutique Etecsa a été fort utile. Si vous prévoyez vous rendre en dehors des grandes villes, privilégiez la formule qui comprend de la 3G. Ça fonctionne presque partout, même si c’est souvent intermittent et très lent.
HONNÊTETÉ
Sauf pour quelques rares occasions où on nous a demandé des prix exorbitants pour un fruit ou un transport, les Cubains se sont montrés très honnêtes dans les prix demandés. Ce ne sont pas des arnaqueurs, on n’a jamais eu l’impression d’être des guichets automatiques ambulants (comme ça peut être le cas ailleurs dans le monde). À noter que ma fille est moi parlons toutes les deux assez bien espagnol, ce qui nous a certainement aidé à plusieurs niveaux.
LES MOUSTIQUES
Certains en parlent comme d’une véritable plaie. Il y en a, certes, un peu, surtout après le coucher du Soleil. Mais bon, ce n’est vraiment pas si pire. Prévoyez simplement un produit répulsif. Après, il y a eu très peu de pluie pendant notre séjour, alors cela a peut-être aussi joué en notre faveur…
COUPS DE CŒUR
Notre parcours à vélo s’est essentiellement fait dans la pointe Est de l’île, la région de l’Oriente. À refaire, je passerais plus de temps dans le coin de Baracoa pour profiter d’une nature extraordinaire, la végétation y est luxuriante. La petite plage de Cayo Guin est un coin de paradis… La traversée du col Alto de Cotilla fut splendide et la route en excellent état. Santiago de Cuba mérite au moins deux jours. Sinon, le tronçon qui longe la mer entre Chirivico et Mare adel Portillo fut incroyable par bouts, même si on ne pouvait pas rouler aussi vite à cause de la route sévèrement défoncée. Après Pilon, la remontée vers Manzanillo n’a aucun intérêt et la route est affreuse. Camaguey est une chouette ville étape. Ce sont les rencontres et la chaleur humaine des Cubains qui ont fait tout l’intérêt de ce voyage!
LES PETITS DONS
Si vous prévoyez vous rendre dans des régions éloignées, pensez à apporter des petites choses à donner. N’hésitez pas à offrir vos vêtements apportés en trop, les serviettes sanitaires excédentaires, etc. Combien de fois on nous a demandé si on avait des stylos à donner! L’accès à tout est difficile pour la majorité des Cubains, alors tout est précieux. Ce n’est pas pour rien que tant de Cubains cherchent à quitter l’île, souvent au péril de leurs vies. Ce n’est pas une raison de ne pas s’y rendre, au contraire, mais c’est important d’en être conscient.
Voilà, j’espère que ce compte rendu sera utile à ceux et celles qui prévoient se rendre prochainement à Cuba. Bon voyage!