Femmes tatouées de l'ethnie CHIN en Birmanie

Forum Birmanie

Lors de notre deuxième séjour en Birmanie, nous avons pu rencontrer les femmes tatouées de l’ethnie Chin dans les villages proches de Mrauk U en Arakan et à Mindat , dans l’état Chin.
MRAUK U
Dimanche 20 janvier 2018 :
8 h, nous partons pour un “boat trip” de deux heures vers les villages chins de la région de Mrauk U.
Nous prenons tout d’abord une moto taxi qui nous amènera sur une piste en travaux jusqu’à l’embarcadère. Ca secoue !
Après plusieurs coups de fil, notre guide birman trouvera enfin la barque qui nous est destinée.
Les scènes de vie se succèdent le long des berges et sur l’eau : toilette, lessive, vaisselle, pêche ou remorquage de radeaux de bambou et autres marchandises…
Nous accostons au village de Pan Paung où nous rencontrons une première femme tatouée aux oreilles percées et fleuries. Dans ce village, certainement très fréquenté par les touristes, beaucoup de femmes proposent leur artisanat à la vente, essentiellement des écharpes tissées manuellement. Les tatouages sont en forme de toile d’araignée dans ces villages Chin. Le centre de la toile se situe au milieu du front, entre les deux yeux.
Le second village, Chaw Mae, est plus “dans son jus”.
Nous arrivons dans une cour où sont regroupés quelques villageois.
Ils font tomber des fruits d’un arbre très haut et nous les offrent. Ils sont délicieux. Ce sont des “custard apple”, nous dit le guide.
Puis nous nous asseyons avec trois femmes tatouées qui nous expliquent comment s’est déroulé le tatouage qu’elles ont subi vers l’âge de 10 ans. L’opération a duré deux journées. Pour qu’elles ne bougent pas, on les a attachées par les poignets et les chevilles. Pour qu’elles pleurent pas, on leur a mis du poids sur la poitrine. Le tatouage s’effectuait au moyen de longues épines séchées et de noir de fumée récupéré sur le fond des marmites et dilué. A l’évocation de ces souvenirs, la souffrance se lit encore sur le visage de la dame qui nous parle. Le tatouage recouvre tout son visage, jusque sur les paupières. Je lui demande si c’était là le point le plus douloureux mais elle me répond que non, que c’était juste sous les yeux… Un moment d’intense émotion !
Nous sommes arrivés à Mrauk U le 20 janvier 2018.
Une dizaine de jours plus tard, à Bagan, un moine a été fort surpris que nous soyons allés à Mrauk U car, nous confie-t-il, il y avait eu des morts environ deux semaines auparavant et il pensait que nous n’aurions pas eu l’autorisation de circuler dans cette zone. De retour à l’hôtel, j’ai cherché des infos sur le web, mais aucune mention de ces évènements. Ce n’est que depuis la France que j’ai eu accès à un article de journal qui confirme les dire de ce moine.
MINDAT
Mercredi 24 Janvier 2018 :
Depuis Mrauk U, nous souhaitons rejoindre Mindat, dans l’état Chin qui est tout proche… à vol d’oiseau. Nous débattons du meilleur trajet avec la gérante du Prince guesthouse.
Prendre le bus jusqu’à Magwe ou Kyauk Padaung ? Puis jusqu’à Pakkoku et ensuite direction Mindat ? Y a-t-il des correspondances sans perdre trop de temps ? Elle passe des coups de fil à la compagnie de bus mais n’obtient pas de réponses précises. Pour les horaires de départ Pakkoku ou Mindat, tout dépend si le bus est plein ou pas…
Nous décidons de prendre le bus pour Mandalay à neuf heures et de descendre à Kyauk Padaung où l’arrivée est prévue entre minuit et trois heures du mat (toujours très précis !). Peu importe où l’on descend, le tarif est unique.
Le bus nous prend juste devant la guesthouse et nous voilà partis en compagnie d’un couple d’italiens, tous les autres passagers sont birmans. Nous passerons trois contrôles de l’armée. Après avoir traversé la plaine, nous commençons à grimper, virer, redescendre et bien sûr, une grande partie des passagers est malade. Je me bouche les oreilles quand ils (ou plutôt elles !) sont trop bruyants ! Le paysage est magnifique et les vallées vertigineuses. La route est en perpétuels travaux, la circulation est compliquée, surtout quand il s’agit de croiser les camions dans les virages. Vingt trois heures trente, le chauffeur nous appelle, nous sommes arrivés à Kyauk Padaung un peu plus tôt que prévu ! Une dame qui tient une petite échoppe est déjà au courant que nous voulons aller à Pakkoku, (ils ont déjà tout organisé pour nous, vraiment trop gentils ces birmans !) Elle nous vend un billet pour un minibus qui nous prendra dans une demi heure. Le trajet se fait à vive allure, nous sommes quatre passagers dans la nuit birmane ! Nous atteignons Pakkoku vers une heure du matin.
Le chauffeur du minibus nous laisse à la station de bus où tout est fermé mais deux hommes sont là et nous leur expliquons que nous voulons aller à Mindat. Il doit y a un minibus à sept heures et après un coup de fil, l’un d’eux nous propose deux billets pour 21400 MMK. Je refuse et lui dit (nous tapons à tour de rôle les prix sur la calculatrice de son téléphone !) que j’ai payé 14600 MMK l’année dernière. Ok, me répond-il, la négociation a été facile… Bon, mais maintenant, où allons nous attendre, il ne fait pas chaud la nuit et pas d’hôtel à l’horizon ! Un autre coup de fil, et on me passe un homme qui m’explique que deux motos vont venir nous chercher, que nous devrons donner 1000 MMK à chaque pilote et qu’ils nous emmènerons là où le minibus partira au petit matin. Et c’est parti dans les rues désertes ! Nous arrivons devant un grand portail métallique fermé. Un des hommes tambourine sur le portail et une femme échevelée et un peu endormie (normal à deux heures du mat !) nous ouvre et nous propose de dormir dans la pièce qui fait office de “bureau-vente de billets de bus”. Super, nous ne resterons pas dehors et nous pourrons nous allonger. Elle nous montre même où sont les toilettes et repart se coucher. Nous nous allongeons donc et essayons de dormir un peu.
Jeudi 25 Janvier 2018 :
La dame nous réveille à sept heures, Alain prend un café dans un bistrot épicerie en face; pour ma part, je ne boirai pas le thé qui est … pourtant je ne suis pas difficile. Le gamin qui nous a servis est très content et fier quand je lui donne la monnaie que nous a rendu son père.
Nous rejoignons le chauffeur du minibus qui nous annonce que nous serons les seuls passagers pour Mindat. Heureusement qu’il transporte aussi quelques marchandises car ce ne serait pas très rentable !
Nous faisons de nombreuses haltes, pour dire bonjour aux copains, et aux copines, acheter un gros sacs de choux-fleurs, un autre sac de tongs que nous laisserons dans une échoppe au village suivant, des fruits qu’il partage avec nous, un autre chauffeur que l’on dépose chez lui au bout d’une heure, pour que je prenne des photos quand il trouve que le paysage est beau… sans compter les arrêts pour cause de travaux sur la route et la pause repas vers onze trente, un délicieux chicken curry. Les derniers kilomètres sont pénibles car les travaux sont très importants. Des excavatrices grignotent la roche dans la dernière montée avant le village de Mindat et il est difficile de se croiser. Quelle poussière ! Sur le tableau de bord, Bouddha, qui protège notre trajet sur son socle tournant à énergie solaire, a même été éjecté par les soubresauts du minibus !!! Hélas, les travaux s’étendent aussi le long de la route principale qui traverse Mindat, recouvrant tout le village d’une épaisse poussière. Tous les magasins sont bâchés. L’air est irrespirable. Et pas de trêve les samedi et dimanche !
Quel bonheur de retrouver Monica et sa belle maison ! Heureusement, le tronçon juste devant la Sé Nang family guesthouse n’est pas encore affecté par le chantier. Après un peu de repos, nous faisons une première sortie dans le village et vers le marché. Que de poussière ! Nous sommes dépités, les travaux routiers rendent les déplacements très désagréables. Tous les commerces sont bâchés. Seul le marché résiste et je peux là aussi distribuer les photos à ma marchande de fruits et légumes préférée. Nous lui achetons des avocats pour notre repas du soir. Nous croisons notre première femme tatouée avec des fleurs dans ses tubes d’oreille. Bon début, non ? Tout près de l’école se trouve le “musée” Chin où le fils d’un chef de tribu a rassemblé de nombreux objets ethniques. Son père a chassé nombre d’animaux : ours, tigres, singes, boeufs sauvages. Nous avons pu observer d’imposantes parures (colliers de dents, de pièces de monnaie anciennes carrées, de perles orangées). Des grelots éloignaient les bêtes sauvages. Des bracelets métalliques protégeaient leurs bras des lances ou autres armes lors des combats. Exposées également les épines d’arbustes qui servaient au tatouage du visage des femmes chins. Sur une table, une belle collection de pièces anciennes et de saugrenus objets de guerre allemands, casques, gamelles, assiettes, tasses. Pour finir, l’essayage du costume traditionnel de chef s’est révélé surprenant : la longue tunique s’enfile par les pieds, puis les bras et la tête. Une coiffe de coquillages et de plumes, un collier et une lance complètent la tenue. Le tatouage le plus répandu représente un B inversé sur les joues et de multiples traits et cercles jusque dans le cou. Mais certaines femmes ont le visage recouvert de petits points et les oreilles percées d’un gros tube de bambou, fleuri parfois.
Cette coutume d’appartenance ethnique ne se pratique plus car la dernière femme tatoueuse est décédée. Je pense également que les jeunes filles actuelles n’accepteraient plus cette pratique si douloureuse.
Vous pouvez voir tous mes articles sur notre périple birman ainsi que beaucoup de photos en consultant mon blog : http://evasiona2.over-blog.com

Voici la femme qui nous a relaté sa douloureuse expérience.

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