Ce qui suit est extrait d’une très beau livre vendu par le superbe Musée Ethnologique de Hanoï ; je suppose donc qu’ils savent de quoi ils parlent !
Les plus anciennes traces d’histoire écrite des h’mongs sont contenues dans de très vieux textes chinois, généralement fiables étant donné que, dès l’avènement des premiers empereurs Han, un édit impérial avait ordonné la rédaction de l’histoire de l’empire.
Ces textes tracent l’origine des h’mongs dans la vallée du fleuve Chung Jiang il y a 5000 ans. Au 3e siècle avant JC, une alliance tribale est créée par Shaoi Yu, roi de Jiuli, et une deuxième alliance par Xuan Yuan, installée sur les rives du fleuve Huang He (Fleuve jaune, au nord de Beijing). A l’époque, les h’mongs étaient réputés comme des cultivateurs de riz aussi doués en la matière que les thaïs (qui vivaient à la même époque dans la même vallée) et d’excellents cavaliers. Les deux alliances sont entrées en conflit, la première a gagné et Yuan Xuan est devenu roi des h’mongs environ 2700 avant JC.
A l’époque des dynasties chinoises Yao, Shun, et Wu, de nouvelles alliances de lignées h’mongs se sont créées, leurs noms chinois étant San Mieo, You Mieo, Mieo Min, et Jing Chu (ou Nam man, avec un sous-groupe plus développé appelé Jung Man). Il faut noter que le mot chinois mieo est un vocable péjoratif donné par les chinois Han à toutes les minorités du pays, et qui veut dire « barbares », transformé par les français en « miao » ou « méo »(donc cette explication donnée par les guides selon laquelle méo est la déformation française du mot viet miao (chat) inventée parce que les h’mong grimpent les montagnes comme des chats est complètement fausse). C’est une appellation détestée par les h’mongs, donc à ne jamais utiliser devant eux.
Toute l’histoire ancienne des h’mongs en Chine est celle de guerres entre eux, qui ne supportent aucune tutelle, et les Han qui essayaient de les contrôler. Ces guerres incessantes, toutes perdues par les h’mongs, expliquent qu’ils ont commencé à se réfugier dans des montagnes souvent inaccessibles, et ont donc perdu leurs dons de cultivateurs de riz et de cavaliers (pas tout à fait puisque, les gènes aidant, « nos » h’mong de Guyane ont replis le flambeau de la culture au bord du fleuve Maroni).
Ces guerres poussent les h’mongs en Chine du sud, d’abord dans la vallée du Yang Zi (Yang Tsé Kiang), puis plus au sud dans la région de Yuang Jiang, qui couvre les provinces actuelles du Hunan, Guizhou, Sichuan, Hubei, et Guangxi.
Les premières migrations de h’mongs au Vietnam datent d’environ 300 ans, avec une centaines de familles des lignées Lu et Giang émigrant du Guizhou à Dong Van et Meo Vac, dans ces montagnes arides vides d’habitants avant leur arrivée (d’où le nom de cette province du Vietnam du nord : Ha Giang). Une 2
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migration se déroule il y a environ 200 ans, avec une centaine de familles des lignées Van et Ly s’installant également à Dong Van et Meo Vac, et une cinquantaines des lignées Van, Ly, Chau, Sung Hoang et Vu s’installant à Bac Ha et Si Ca Mai (ces derniers sont donc nos fameux h’mongs Fleurs). La 3
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migration s’est déroulée pendant la terrible révolte chinoise des Taïpings (1851-1864), celle-là de plus de 10 000 individus partis du Guizhou, Guang Xi et Yunnan et s’installant à Ha Giang, Lao Cai et Yen Bai.
Les h’mongs des régions de Than Hoa et Nge An, au sud du Vietnam du nord, ont d’abord émigré du sud de la Chine vers le Laos (où ils sont encore très nombreux malgré tous les massacres de la fin de la guerre du Vietnam), et ensuite du Laos au Vietnam.
Le recensement du 1
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avril 1999 indique 446 000 h’mongs dans le Nord-est, 289 000 dans le Nord-ouest, 30 000 dans le nord de la région centrale, 13 000 dans les Hauts Plateaux, 500 dans le delta de la Rivière rouge et 50 dans celui du Mékong. Ils habitent dans des villages (dò ou giào en language h’mong). Les villages les plus traditionnels comptent de 10 à 15 familles de 2 à 3 lignées, les plus « modernes » 30 à 50 familles de 6 à 7 lignées. Chaque lignée habitent son propre hameau (en h’mong, Y Chua Senh).
Comme déjà écrit, cela provient d’un livre, donc tous les commentaires contradictoires sont les bienvenus.