Bonjour à tous (et à toutes surtout !),
J’ai 23 ans et je suis partie cet été pendant un mois en Inde du Sud, seule avec mon sac à dos.
Avant de partir, comme beaucoup, je m’inquiétais de savoir si ce projet était complètement farfelu et dangereux, ou si, avec un peu de bon sens, il était tout à fait envisageable.
Sur les forums et sur le net, j’ai trouvé un peu tout et n’importe quoi.
Et je suis partie.
Et je suis revenue.
Entière.
Et ravie.
Alors à toutes celles qui hésitent, qui ont un peu peur (c’est légitime), et qui sont un peu perdues dans toutes les informations contradictoires qu’on leur livre, et un peu angoissées par les réactions “des gens”… Voici mon expérience.
Tout d’abord, j’ai déjà pas mal voyagé en Asie, et je connaissais déjà l’Inde, pour avoir visité le Rajasthan il y a quelques années avec des amis. Je ne suis donc pas tout à fait une novice, et j’avais déjà voyagé seule (pas aussi longtemps ni aussi loin malgré tout).
Le fait de voyager seul ou non appartient, je crois, à chacun, et chacun est juge de savoir s’il “le sent” ou pas. Mon expérience est davantage relative à l’Inde (du sud) en tant que femme seule.
La première angoisse, largement alimentée par les médias, a trait à la sécurité : les viols, le harcèlement, les mains baladeuses…
Tout ça existe, mais je n’ai jamais été confrontée à de tels comportements. Cela demande une vigilance constante, et quelques règles de bon sens : je me suis habillée en pantalons larges et en jupes longues tout l’été, avec des t-shirts sans décolleté et avec des manches ; j’avais toujours un foulard dans mon sac, et, quand je me sentais un peu trop observée, je me couvrais les épaules, la poitrine, voire les cheveux avec (ça a du m’arriver 4 fois en tout) ; je m’attachais les cheveux la plupart du temps (pour la chaleur, et pour éviter l’effet crinière qui attire les regards).
Outre l’habillement, il faut aussi se préserver des situations “à risques” qu’on peut facilement éviter : je vérifiais toujours bien que ma chambre d’hôtel fermait correctement de l’intérieur (il est arrivé que quelqu’un frappe au milieu de la nuit. Je n’ai pas ouvert et j’ai dégagé très fermement l’individu en question, qui n’a pas réitéré) ; je ne me baladais pas seule la nuit dans des endroits isolés… ni même le jour ;; je ne suivais pas n’importe qui hors des lieux publics.
Ceci dit, cela ne m’a absolument pas empêchée de louer un vélo et d’aller me promener dans la campagne pour la journée, de visiter des temples toute seule, de me perdre dans les villages, de prendre des transports locaux tout le long du voyage, et de me faire payer des lassi à la banane par des indiens adorables.
Comme partout, il y a du danger -et il faut en être consciente-, mais il y a surtout beaucoup de belles rencontres à faire.
J’ai pris uniquement des trains de nuit (sleeper) et des bus de nuit. En train, il m’est arrivée d’être la seule femme dans un compartiment de 8, avec 7 hommes pour me dévisager. Ne me sentant pas à l’aide, je suis allée dans les compartiments d’à côté pour demander à échanger. Les gens se sont toujours montrés extrêmement compréhensifs et bienveillants, allant jusqu’à me céder la couchette du haut pour que je sois à l’abri des regards et des tentations.
Les jeunes hommes sont souvent très “intéressés” par les femmes blanches
: quand j’avais une question, ou besoin d’aide, je me tournais plus
volontiers vers les femmes ou les personnes agées, toutes adorables et
très concernées par ce qui allait m’arriver.
Pour “le reste”, à savoir les transports, la nourriture, l’hébergement… Rien à signaler de particulier. Quand on est seul, c’est seulement plus fatigant de devoir tout gérer soi-même, et il faut être vigilant à ne pas trop demander à son organisme. En tant que femme blanche seule en Inde, j’ai veillé à garder toujours un minimum de lucidité : une petite sieste préserve parfois de mauvaises histoires.
Pour finir, en voyageant seule, j’ai rarement été vraiment seule. Il est très facile de rencontrer du monde, de partager un repas, une journée, un touk-touk… Et en n’étant pas isolée, on est nécessairement moins vulnérable.
Enfin, mon petit “plus” sécurité : j’avais dans mon sac un “noise maker”. C’est un petit porte-clef tout à fait normal, mais qui fait un bruit d’enfer quand on le dégoupille. La nuit, quand je n’étais pas tout à fait rassurée, je le sortais de mon sac. Je ne m’en suis jamais servie, mais il m’a parfois bien rassurée. Cela s’achète pour moins de 10 euros sur Internet.
En conclusion, avec un peu de lucidité et de bon sens, c’est tout à fait faisable. Votre sourire vous ouvrira beaucoup de portes et vous fera vivre des moments merveilleux.
Bon voyage à toutes,
Margot