Franchement, ça craint. D’abord les arnaques qui sont révélées régulièrement, la dernière en date était il y a un mois à peine, pour une énorme escroquerie sur des condominiums vendus à Phuket, mais jamais construits ou jamais terminés, et on se rappellera le gars qui a récolté 13.275 ans de prison pour une arnaque similaire. Certes, ça fait un bail derrière les barreaux, mais les gogos ont tout perdu. Je ne les plains pas, tant pis pour eux. Mais bon, même si c’est un risque sérieux, on peut s’en prémunir avec des précautions et des conseils juridiques solides.
Vous n’aurez pas le droit d’acheter du terrain. La Thaïlande aux Thaïlandais, disent tous les gouvernements qui se succèdent depuis un siècle au moins, et ce n’est pas prêt de changer. Tout ce que vous pourrez acheter, ce sont des murs, un toit, une maison ou une tranche d’appartement en hauteur dans un condominium, mais le sol ne vous appartiendra pas. Pensez que les constructions sont mal fichues, que la plupart du temps, c’est fait n’importe comment, au bout de 3 ans les malfaçons commencent à apparaître, les murs se fissurent, les tuiles dégringolent, pensez que les maisons n’ont quasiment jamais de fondation, qu’il tombe des cordes pendant plusieurs mois de l’année, vous arriverez à la retraite, votre belle maison sera inhabitable, à moins que vous n’ayez investi pendant des années pour l’entretenir. La Thaïlande n’a pas la culture du durable. Le bouddhisme enseigne l’impermanence des choses, l’éphémère, l’eau du karma qui coule, ici, rien n’est pérenne, tout passe, tout se transforme, tout disparaît, et tout renaît.
Et puis, on ne mise pas à long terme sur un pays aussi instable politiquement et économiquement que la Thaïlande. À 27 ans, vos vieux jours sont encore loin, et il peut s’en passer, des choses. Qu’une nouvelle révolution amène un nouveau dictateur ou une démocratie bien corrompue, comme c’est inévitable à court ou moyen terme, vous risquez de tout perdre et de repartir avec votre valise en carton.
Je trouve que c’est un peu triste, votre histoire. À 27 ans, penser à mettre de l’argent de côté pour ses vieux jours, comme un petit rentier ventru du XIXe siècle, ça me fait de la peine. Vivez, bon sang ! Que la Thaïlande soit l’occasion de claquer votre fric avec des minettes de mauvaise vie dans les bars glauques, c’est de votre âge, chantez comme le Brésilien de la Vie parisienne : “J’apporte à vos blanches quenottes toute une fortune à croquer ! Le pigeon vient ! Plumez, plumez… Prenez mes dollars, mes bank-notes, ma montre, mon chapeau, mes bottes, mais dites-moi que vous m’aimez !” Un peu de panache, que diable ! Faites la bringue, ruinez-vous, croyez-en l’expérience d’un vieux con, la vie est désespérement courte, n’allez pas la gaspiller en prévision d’une époque qui ne viendra peut-être jamais. Si votre avion se crashe en allant au pays du sourire, vous aurez pas l’air idiot, avec vos placements immobiliers !
On vit une époque bien morose, tiens !