Jamais triste à Trieste

Forum Italie

Déjà, il faut bien avouer qu’on ne sait où situer cette ville. Au mieux, on place Trieste à la place de Mestre, la ville moche qui fait face à Venise. L’Italie, c’est Rome l’impériale, c’est Naples la charmeuse, c’est Florence l’intrigante… Et bien alors, pourquoi irait-on à Trieste ? Justement pour ça ! Parce que cette ville est inconnue, dénuée de tout monument remarquable et qu’elle a le pire Office du Tourisme d’Europe. Si ce n’est pas des bonnes raisons ça…. Enfin tranquilles, rien à justifier, pas de compte à rendre, juste y flâner. A Trieste, tu montes et tu descends les ruelles escarpées, tu bois des apéritifs colorés et amers, tu manges des pennes au goulash et tu tiens ton chapeau de la main gauche, parce que quand le vent du nord qui s’appelle la Bora se met à souffler… Mama mia, il décoiffe.

Au premier jour, Trieste, est une baie. Un truc énorme, gigantesque, somptueux : le golfe de Trieste, une montagne de calcaire blanc, décorée de chênes verts qui viennent se tremper les racines dans l’Adriatique. Quand tu mires cette baie, tu as l’Italie à droite, la Slovénie dans le dos et au bout à gauche dans la brume blanche, tu vois la Croatie. Avec un peu de chance, ce jour-là un rayon de soleil. Alors sur les rochers de la berge, les pieds dans l’eau fraîche où frétille ta future friture, sur les sommets, tu découvriras les neiges des Dolomites. Pour aller déjeuner en ville, tu longeras probablement le blanc Castello Miramare de feu l’empereur Maximilien 1er, qui a eu la malencontreuse idée de le quitter pour aller se faire fusiller au Mexique. La tête au soleil et l’horizon glacial, tu te diras sûrement, en sifflotant, que tu es un petit veinard.

Au temps de sa splendeur austro-hongroise, Trieste était une ville prospère, stratégique, commerçante : la perle adriatique du collier de la dynastie des Hasbourg. Des auteurs de talent, des enfants du pays en ont décrit le caractère pittoresque : Italo Svevo, Roberto Bazlen, Umberto Saba… Et puis, vint la Grande-Guerre et la ville changea de maître. Une seconde guerre mondiale ? Une guerre froide ? Encore et encore des changements de main. Voici comment Trieste la bourgeoise cossue polyglotte : latine, slave et germanique devint un port oublié d’une Italie qui a mieux à faire que de débarquer ses marchandises dans l’angle mort de sa grande botte.

De son glorieux passé, la ville a gardé de sublimes cafés viennois, des endroits magiques, hauts de plafond, où des serveurs charmeurs en tenue démodée t’accueillent avec une générosité non feintes. Rarement, dans une même ville, on sera aussi bien et gracieusement accueilli. En s’éloignant, du centre et en poussant la porte d’une osteria ou trattoria de faubourg, on peut tomber sur un artiste. Un cuisto en tablier qui t’explique en ouvrant sa glacière, ce qu’il a aujourd’hui, ce qu’il peut faire pour toi. Tu comprends ou pas ce qu’il raconte en triestin ; peu importe, tu dodelines et tu laisses faire l’artiste. Peut-être qu’en fin de service il viendra s’asseoir à la table, pour t’offrir la grappa et observer la joie que son œuvre opère sur ton visage. La ville est généreuse, c’est ainsi.

Trieste, c’est une bonne fille méconnue, mais qui douée d’un charme fou fait de petits riens, d’intentions microscopiques qui t’attendrissent, t’amusent, te font fondre. Alors quand tu penses à elle, inconsciemment, tu te surprends à sourire, et par réflexe, de la main gauche, tu tiens ton chapeau.

à part votre critique de l’office de tourisme que perso j’ai trouvé très serviable et efficace.
Mais: que voulez vous dans un monde où meme les touristes cherchent à “maximiser” ou “optimiser” leurs journées pour “faire” l’italie en deux semaines, où la plupart ne veut voir que les “incontournables” et où un trajet en bus où train régional pour regarder tout tranquillement le paysage est considéré comme temps perdu?
Profitons d’un ‘cappuccino piccolo’ et du buffet rustique de ‘da Pepi’ et laissons courir ceux qui ne sont plus capables de vivre leurs vacances.
(5 jours à Trieste octobre dernier, et j’ai tellement envie d’y retourner bientot)

précisons que le port oublié est devenu le 1er port d’italie en 2013 ; mais trieste c’est avant tout les sièges de grandes compagnies d’assurance et une ville industrielle comme il n’en existe plus en france

Enfin deux odes à cette capitale de la région autonome du Frioul-Vénétie julienne, chef-lieu de province, de 210 000 ha., mise à l’écart par de nombreux guides francophones, dont le GDR “Italie du Nord”? L’absence de tourisme de masse lui confère une grande authenticité, et tant mieux…

Bonjour,

Je m’aprête à mettre le cap sur Trieste et en navigant sur le site, j’ai trouvé votre poste.
Je ne sais pas trop à quoi m’attendre à Trieste au niveau monuments, impressions… je me renseigne mais un peu pour avoir ce qu’il faut de surprise.

J’ai eu justement la surprise de lire votre témoignage. Ce fut aussi un plaisir de le lire car la plume y est jolie et qu’elle donne envie d’y aller !!

C’est un bel hommage à la ville.

J’espère en tout cas que Trieste me plaira autant qu’à vous !!

Saluti.

pas de soit-dit “incontournables”- et l’ambiance est bien une “chose” pour laquelle il faut etre ouverte.
J’ai particulièrement aimé la cathedrale (n’oubliez pas des pièces de monnaie pour illuminer), prendre un café ou déjeuner sur la piazza Cavana (j’habitais tout près) et naturellement au moins un café par jour sur la piazza Unità dont j’adore l’ambiance.
J’ai aussi beaucoup aimé le jardin botanique du cras (je n’ai pas eu le temps de visiter l’autre car - et là cd’est un peu provincial - beaucoup de visites ne sont possibles que la matinée, celle de ce magnifique jardin botanique d’ailleurs aussi). J’aime aussi beaucoup le parc autour du chateau de Miramare (moins le chateau) et la ballade sur le chemin de Rilke à Duino avec une vue epoustouflante sur le golfe.
Rappel: pas de vente de billets dans les bus urbains, on se les procure d’avance dans les tabacs.

Tout à fait d’accord avec tout ce que vous dites sur Trieste. J’avais d’ailleurs acheté le guide “Italie du Nord” avant de m’y rendre, persuadée que Trieste devait forcément y figurer. Et bien non. Rien. Pas un mot sur cette grande et belle ville à la frontière avec la Slovénie, ex-point de passage vers les pays derrière le rideau de fer, la ville de Illy, la ville du café tout court . . . . passé autrichien oblige - chaque habitant consommerait pas loin d’un kilo de café par mois. Très charmant. Le Guide du Routard doit revoir sa copie… !

  1. la cuisine typique triestine est assez loin de ce que beaucoup s’attendent, cuisine très rustique - la meilleure que j’ai trouvé:
    dans une trattoria très sympa tout près de la terminale du tram à Opicina avec une terrasse sympa et visiblement beaucoup de clients du coin. Très bon aussi “da Pepi” dans le borgo teresiano.
  2. tram pour Opicina: une expérience sympa pour le paysage - à éviter les weekends où il y a trop de touristes. Si on descend un peu avant la terminale à l’arret obélisque on a une petite ballade avec une vue panoramique
  3. Le mei9lleur café à mon avis: café Torinese, via del Corso. Le pire service: café Stella polare près du Canal grande.
  4. Le coin le plus sympa pour loger: autour de la piazza Cavana - plusieurs hotels et apartements en diverses catégories. Un coin du paradis: le “chocolat” via Cavana - des glaces tout simplement merveilleuses.

Hé oui, le GDR zappe le Trentin-Haut-Adige( Bolzano, Trente, Dolomites) et le Frioul-Vénétie Julienne (Trieste, Udine,Lignano,Grado…).

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