La jonque prends l’eau !
Un sujet de post qui n’est pas nouveau, mais que je veux malgré tout optimiste.
« Le bateau quitte le petit port de Cat Ba Town embouteillé par les bateaux de touristes, pour gagner la tranquillité des eaux de la baie de Lan Ha, passant devant un immense village flottant de pêcheurs. Charmant. Car oui la baie d’Ha long est magnifique. Mais après le premier choc visuel devant tant de beauté, une seconde vision, beaucoup moins réjouissante prends le pas : Des déchets flottent un peu partout, et l’eau émeraude qui en a fait la renommée est aujourd’hui marron. Notre jonque, telle le brise-glace fendant la banquise, se fraie un passage au milieu de bouteilles, de sac plastiques et autres OFNI (objet flottants non identifiés) »
Et encore est-on dans un endroit un peu plus préservé du tourisme de masse que la « vrai » baie d’Ha long !
On sait déjà qu’au nord de la baie, des usines thermiques et d’extraction du charbon à ciel ouvert ainsi que les agglomérations rejettent dans l’eau de tonnes de métaux lourds (plomb, pétrole) et d’eaux usées.
Dans la baie elle-même, l’aquaculture bat son plein et les habitants de ces villages flottants semblent peu soucieux, dit-on, de la préservation de leur environnement… Mais ne jetons pas la pierre sur ces pecheurs qui vivent dans des conditions si précaires. Comment même leur en vouloir, eux qui sont souvent en mode survie, quand on voit que ce sont les touristes eux-mêmes qui sèment le plastique partout où ils passent !
En effet, qui laissent des bouteilles en plastiques jusqu’en haut des sentiers de l’ile aux singes, près de Cat Ba ? Surement pas les pécheurs. De mêmes, quand on prend les vélos depuis un embarcadère et que l’on roule sur les petites routes de campagne de Cat Ba, là encore les pécheurs ne sont pas à incriminer. Il suffit de suivre les bouteilles en plastique et autres cannettes pour connaitre la route, et suivre le flot de touriste. Triste constat.
Evidement ils ne sont pas les seuls responsables et le vietnam progresse aussi au niveau de l’environnement mais il y a d’autres priorités.
Quelles solutions ?
On pourrait dire : « mais que fait l’UNESCO ? ». Effectivement elle pourrait mettre en balance un possible retrait de ce site classé sur sa prestigieuse liste si rien n’est fait en matière d’environnement. Mais cela passe aussi par l’éducatif : Lors de notre visite je n’ai vu aucune sensibilisation, aucun panneau invitant au respect de l’environnement, rien non plus rappelant les devoirs des visiteurs, sur le savoir-vivre (respecter le calme et la propreté des lieux visités)
Des associations ont quand même le mérite d’aider à sensibiliser les visiteurs, l’une d’entre-elles proposait 30% de réduction à ses clients en échange d’une séance de ramassage de déchets pendant la croisière. Mais l’initiative était probablement peu rentable, puisque l’agence en question, affirme ne plus organiser ce genre de circuit depuis deux ans.
Alertées par ces commentaires négatifs, les autorités provinciales vietnamiennes ont pris conscience que l’attractivité touristique de la baie était en danger. Un plan ambitieux visant à collecter et traiter les déchets en amont a été mis en place. Mais il faut aussi nettoyer la baie et c’est vers des Belges que les autorités vietnamiennes se sont tournées pour mener les études préliminaires et les conseiller dans le financement du projet.
Grâce à des drones ils ont calculé l’épaisseur des nappes de déchets. Et conclu que 9 % des eaux de la baie étaient polluées : hydrocarbures (dégazage, eau de fond de cale…), poussières de charbon provenant des trois grandes mines proches mais aussi beaucoup de déchets domestiques drainés par les rivières débouchant dans la baie, générés par les villages flottants de pêcheurs ou jetés par-dessus bord par les 250 bateaux hôtels qui croisent dans la baie
En gardant a l’esprit que ce nettoyage sera difficile, vu la configuration des lieux (près de 2000 ilots, où les déchets s’agglutinent).
Et rappelons qu’avant de nettoyer il ne faut pas polluer
Quel pouvoir en tant que simple touriste?
Une fois de plus n’attendons pas que les puissants et autres institutions entament des démarches et fassent le travail pour nous. Que chacun fasse sa part ! (comme le colibri de Pierre Rabhi)
Oui, on peut agir, à son échelle. Respecter les lieux et la quiétude des personnes. Mais aussi s’attaquer soi-même au problème : Faire de la sensibilisation, ramasser ses propres déchets mais aussi ceux des autres. Respecter le calme que ces lieux majestueux imposent. Un devoir d’exemplarité.
C’est d’ailleurs ce que l’on a fait avec notre fils de 10 ans. Car au delà de la plainte il y a possibilité d’agir : Lors de nos balades en kayak, on a ramassé les bouteilles et cannettes croisées, parfois en faisant des détours, et les avons déchargé, et ce de manière ostensible, afin de montrer l’exemple, auprès des loueurs d’embarcations. Nous avons fait la même chose lors de nos balades en vélo sur l’ile de Cat Ba où on a vite rempli les paniers des vélos. En n’oubliant jamais de dire au loueur, de vélo cette fois, de faire passer le message. Ou lors de nos balades à pied, notamment sur l’ile aux singes, en ramenant quelques bouteilles trouvées sur les sentiers a un restaurant de plage.
Une belle leçon pour un enfant de voir que la passivité n’est pas la seule option.
De même ne pas oublier de faire un retour aux agences de voyage sur ce côté moins reluisant. Nous avons proposé à la nôtre de créer une sorte de charte de bonne éducation à faire signer a tout voyageurs avant de signer le contrat de vente.
Certains pourront penser que c’est facile pour un voyageur europeen en vacances, donc aisé, de faire la lecon de morale aux confins du monde. Mon propos est donc mesuré. Je suis conscient bien sûr aussi des problemes auxquels est soumis ce pays et des priorités qui ne sont pas les même que nous.
La baie d’Ha long reste un lieu unique et magique. Notre expérience a été malgré tout belle. 3 jours / 2 nuits au calme, durée ideale pour s’impregner du lieu… Et oui, malgré tout cela vaut la peine d’y aller, malgré ce que certains en disent. En étant un voyageur responsable. Restons optimiste et confiant en un réveil des consciences.