Je viens de lire tout ce qui a été dit plus haut, à propos du Princesse Bora de Sainte-Marie.
Il y a des vérités mais aussi pas mal d’erreurs ou de méconnaissance de cet établissement et de ses propriétaires.
Juste pour régler le problème des tarifs pratiqués, pour deux personnes en “Villa Executive”, c’est, à ce jour en 2013, 491 euros la nuit ! Quatre cent quatre vingt onze euros, juste pour dormir une nuit… dans un pays où le salaire mensuel de base est de 20 euros, mais le problème n’est pas là. S’il y a des gens assez stupides pour dépenser autant d’argent si bêtement, après tout, c’est leur problème… pas le nôtre.
Quant à la qualité de cet établissement, bof… le décor n’est pas du tout malgache, la cuisine est ordinaire mais tout est dans la décoration des assiettes. Les infrastructures commencent à vieillir, ce qui ne se voit pas sur les photos très trompeuses.
Evidemment, on pourrait s’émerveiller de manger tous les jours de la langouste, sauf que là-bas, une grosse langouste coûte moins d’un euro !
Les bungalows sont les uns sur les autres, aucune intimité.
On mange beaucoup mieux et pour bien moins cher ailleurs sur l’île. Tout est dans l’esbroufe, le décor…
Toutes les activités, spa et autres, sont payantes et très chères…
Pour exemple, une plongée coûte deux fois plus cher qu’en France et cela s’adresse à des débutants.
Le climat est très changeant, souvent pluvieux et très venteux. Dépenser plusieurs milliers d’euros pour passer une semaines sous la pluie…
Parlons plutôt des propriétaires et de leur comportement sur cette petite île paradisiaque.
Il s’agit d’une famille d’origine noble bretonne (aujourd’hui suisse), qui s’est accaparée cette île il y a plus de 200 ans, pour rien, à l’époque des colonisations et de l’esclavage.
Leur ancêtre, Napoléon de Lastelle, débarque de Saint-Malo en 1790 à Madagascar et gagne vite la confiance de la reine de Sainte-Marie, Ranavalona 1ère. Eclairé (surtout), généreux (parait-il), l’homme n’a de cesse de moderniser l’île (Mais cherchez à qui cela profitait-il).
Il se lance dans le commerce, bâtit des usines, multiplie les plantations (canne à sucre, arbres à pain, canneliers…). Il importe des vaches et des moutons. Mais tout cela pour son unique profit, avec une main d’oeuvre d’esclaves (L’abolition de l’esclavage n’a été prononcée qu’en 1848) ; les malgaches présents n’avaient rien demandé et vivaient heureux sur cette petite île située à quelques kilomètres de la côte Est de Madagascar.
Les remous de l’histoire ont privé la famille de bon nombre de ses biens (bien mal acquis ne profite jamais), hormis quelques terrains en bord de mer et des plantations de cocotiers et autres arbres fruitiers.
Il y a quelques années, Patrice Alexis Mayer (brocanteur-antiquaire au Marché aux Puces de Paris) et son frère François Xavier Mayer (plus ou moins aventurier, soit-disant biologiste ayant fait ses études au Zaïre et une école hôtelière) décident de valoriser leurs terres et construire le Princesse Bora Lodge. Avec la folie des grandeurs et l’avidité qui les caractérise, ils ont préféré taper dans le haut de gamme et le luxe.
Tout irait pour le mieux si… on ne grattait pas un peu la surface de tout ça. Gagner de l’argent, donner du travail aux locaux, c’est très bien ! Mais…
Comme le disait plus haut quelqu’un, une grande partie des sommes gagnées n’est pas déclarée honnêtement au fisc malgache, comme le font tous les patrons blancs (vazahas) de l’île d’ailleurs.
Si les salaires sont un peu plus élevés que la moyenne dans cet établissement, ils n’en restent pas moins ridicules au regard des sommes en jeu et si le personnel reste attaché à cet établissement (ce qui n’est pas toujours vrai), c’est parce qu’il n’a pas le choix ! Il n’y a pas de travail là-bas et c’est la misère sous les cocotiers.
Le grand-frère emploie une trentaine de jardiniers dans ses plantations. Une partie des récoltes sert à approvisionner l’hôtel (pas de petit profit). Ces jardiniers se tuent à la tâche, sous un climat tropical souvent difficile, pour un salaire de la peur, sans aucune assurance ni retraite, comme dit plus haut.
Mais cela ne s’arrête pas là et le pire est à venir…
La personne gérante d’hôtel à Nosy Be, qui dit être son amie (d’Alexis ou François ?), ne semble voir les choses que de façon très superficielle.
Le fait qu’ils soient ou pas « za-tany » (né à Madagascar à plusieurs générations) n’y change rien. Ils n’ont pour seul but que de faire du fric et rien d’autre. En fait, ils ont vécu ailleurs et ne sont revenus que récemment sur l’île. Il est certain qu’ils repartiraient bien vite s’il n’y avait plus d’argent à gagner.
François Xavier Mayer, avec d’autres gens (vazahas, blancs, bien sûr) nantis de l’île, a créé une ONG qui se prétend écologiste, pour la défense des baleines (très présentes là-bas) : CETAMADA.
On pourrait dire « chapeau » ! Mais en fait non…
Cette association, CETAMADA, vit des dons divers internationaux et de gens passionnés par les cétacés. Officiellement, elle ne fait que réinvestir ses bénéfices (si bénéfices il y a) pour son fonctionnement. Sauf que… François Xavier Mayer a aussi créé le Dive Research Bora, un club de plongée et que le Princesse Bora organise des sorties en mer pour aller voir les baleines. Tout est lié !
En réalité, cette association sert à attirer des clients au Princesse Bora Lodge et au Dive Research Bora, pour aller voir les baleines, sous couvert d’une pseudo recherche scientifique, avec l’argent des dons ! Il utilise le matériel offert, normalement prévu pour la recherche, pour gagner encore plus d’argent avec les promenades en mer.
Plus fort encore, François Xavier Mayer est pilote et possède son avion privé. Il utilise cet avion pour certains transports liés au CETAMADA et en profite pour y faire passer les frais de ses transports personnels. Un avion ça coûte cher à entretenir, il est vrai ! Hé hé !
Ça va encore plus loin, puisqu’il fait venir ce qu’il appelle des “éco-volontaires”, qui viennent bosser gratuitement, emmener les touristes en promenade par exemple, et qui paient leur hébergement (Pas au Princesse Bora, évidemment). C’est très fort ! Des gens qui paient pour avoir le droit de travailler ! C’est de l’ordre de 500 euros pour trois semaines, alors qu’on peut vivre à Madagascar avec deux euros par jour.
Il touche de partout, mais de façon indirecte, toujours… c’est très subtile…
Et on pourrait aussi parler de sa petite amie malgache, responsable scientifique de l’association, qu’il envoie aux USA, en France et en Belgique… sur le compte de l’association, en stage…
Et le pire, c’est que ces hommes sont très sympas, très avenants avec leurs clients. On leur donnerait le bon dieu sans confession. De charmants garçons, de bonne famille ! Hé hé !
En réalité, la famille Mayer (qui possède aussi des boutiques à la capitale, le Café de la Gare de Tananarive (La gare historique est à eux, c’est fort aussi), des hôtels en Europe, à Vevey en Suisse notamment, maintiennent les gens de cette île dans la pauvreté ; ce n’est évidemment pas leur intérêt de les voir se développer, même s’il s’en défendent farouchement. Ils pratiquent exactement comme le faisaient les colons des siècles précédents, les esclavagistes.
De temps en temps, pour se donner bonne conscience et surtout pour donner le change, s’occuper aussi, et faire parler du Princesse Bora (car ils sont très forts en matière de communication ; ils sont même passés dans Gala et sur des chaînes de télé récemment), ils dispensent des journées d’information sur les baleines dans les écoles primaires ou ailleurs, distribuent des tee-shirts, des casquettes, et même un petit ordinateur portable. Tout cela fait partie de leur stratégie ; faire croire que cette famille fait le bien sur Sainte-Marie et faire connaître le Princesse Bora, pour gagner encore et encore…
Oui, lors du dernier cyclone, ils ont fait reconstruite une église ; mais avec sur la façade, le jour de l’inauguration, la banderole du Princesse Bora. Ils avaient invité les médias, bien évidemment…
Tout est calculé, rien n’est gratuit. Ces gens ne vivent que pour l’argent, au détriment des malgaches, même si tout laisse penser le contraire…
Quant à ce qu’a dit cette gérante de Nosy Be, en effet, le personnel n’est pas simple à gérer à Madagascar. Avec 20 ou 30 euros de salaire mensuel sans aucune assurance sociale ni retraite, plus de 60 heures de travail par semaine, ne cherchez pas plus loin pourquoi…