Ouest Addict #3.1 : Chroniques d’une folie solitaire

Forum Parcs nationaux de l'Ouest américain

L’Ouest me rend-t-il fou ? Voilà la seule question qui me vient à l’esprit… dans un instant de lucide concentration au moment de commencer la rédaction de ce journal. C’est que je viens de relire mon roadbook – inachevé faute de temps.
Je dois me rendre à l’évidence, ce Ouest Addict #3.1 est une pure folie.

Car c’est bien sur un coup de tête que j’ai décidé d’allonger d’une semaine complète mon déplacement professionnel à Palm Springs.
Une folie, car j’ai à peine consulté l’avis de ma famille pour prendre ma décision – l’addiction de l’Ouest prend toujours le dessus… « je resterai quelques jours tout seul pour faire des photos… » leur ai-je dit.
Une folie, car l’itinéraire n’a cessé d’évoluer en préparant ce mini-trip en solitaire… de Palm Springs j’ai 6 jours pour rejoindre Las Vegas pour mon vol retour. Entre les deux : l’Ouest ! et toutes ses tentations. Mais 6 jours c’est court… et si l’objectif principal de ce trip était clair depuis le départ, une 2ème cible est venue se rajouter…
…Sur un coup de folie il y a à peine plus d’un mois. En l’espace de 24 heures, j’ai chamboulé toute la première partie ; annulé 2 nuits d’hôtels et le photo tour à Upper Antelope Canyon déjà réservés… Devrais-je aussi changer la 3ème nuit pour couper la route ? non, ça va aller.

Mais non ! c’est de la folie… mais qu’est-ce que j’ai fait là ?? Sur le forum, on conseille toujours d’être raisonnable, de bien tenir compte des distances et des temps de trajet, de réduire la charrette… J’ai fait tout l’inverse. J’ai chargé la mule sans réfléchir.
Je suis fou ; la mule vient de poser le diagnostic. Trop tard pour me retourner… Je n’ai pas d’autre option que de me lancer tête baissée dans cette aventure.

Cette petite folie solitaire je vais la partager avec vous – amis du forum ; au travers de ces chroniques. Parce que je prends toujours autant de plaisir à vous relater mes journées d’Ouest-immersion en presque live, parce-que prendre la plume me donnera l’impression d’être moins seul… d’être moins fou ? Je ne crois pas… mais vous êtes toutes et tous les bienvenu-e-s pour m’accompagner sur les sinueux chemins de l’Ouest-aliénation.

Olivier

Liens vers les symptômes précédents :

Ouest Addict #1 : 2014 la Californie
Ouest Addict #2 : 2015 de San Diego à Las Vegas au travers de l’Arizona et l’Utah – ou le live sur le forum
Ouest Addict #2.1 : 2016 quelques jours de plus dans l’Ouest – ou le live sur forum
Ouest Addict #2.2 : 2017 Palm Springs et environs
Ouest Addict #3 : 2017 Colorado, Utah, Wyoming et South Dakota: 4 états pour un roadtrip ! – ou le live sur le forum

Super Olivier, je ferai partie des suiveurs !
Et quand on part seul, on a le droit d’être un peu fou hein …C’est bien ça l’avantage, tu peux te lever quand tu veux, sauter les repas que tu veux, rester planté au même endroit pendant des heures …Profite bien et fais juste gaffe à ta propre sécurité !

Hé salut JP - merci pour ton message :slight_smile:
Profiter oui; pour la sécurité on fera le bilan à la sortie :smiley: mais si je suis fou, je ne crois pas encore être une “tête brulée”; on verra!

Mardi 6 mars: Une Oasis dans le désert

C’est la 4ème fois que je me rends à Palm Springs pour ce congrès qui se tient chaque année au mois de mars – et c’est la période idéale… si l’été on évitera de s’attarder ici tant les températures y sont insupportables, en mars par contre, c’est l’été ! Des maximas autour des 25º, un soleil généreux, à l’ombre des palmiers il y règne comme une atmosphère de vacances :slight_smile:


Allez, je suis avant tout ici pour travailler hein ! Et si il y a bien une chose à laquelle je ne m’habituerai jamais, ce sont les salles sur-air conditionnées. C’est quand même un comble de devoir prendre un pull avec soi, pour ne devoir l’enfiler qu’à l’intérieur – ça aussi ça me rend fou ! Heureusement il y a un remède tout simple : un zeste de wilderness et ça repart !

L’année dernière j’ai illustré mon passage en photos sur mon blog; mais il me restait un point d’intérêt majeur à relater : Indian Canyons
Il s’agit d’une zone dans la réserve indienne des Cahuilla qui offre de nombreuses possibilités de balades et randonnées. On y rentre de la même manière que pour les parcs nationaux: en passant par une cahute où il faudra s’acquitter d’un droit d’entrée de 9$ par adulte. Il est ensuite possible de rejoindre les différents trailheads en voiture. Comme je n’ai pas énormément de temps (je vous ai dit que j’étais ici pour travailler ? :p), je me contente du Andreas Canyon Trail, boucle de 1 mile.


Et c’est une agréable surprise! La marche d’approche longe le canyon dans un premier temps, ce qui permet d’apprécier l’étendue de cette petite oasis.


On pénètre ensuite à l’intérieur de l’oasis. On se trouve alors au bord des eaux qui ont créé ce petit paradis.

Il fait bon à l’ombre des palmiers; et si les cascades ne sont pas impressionnantes, elles restent sympas à photographier…

J’apprendrai ensuite qu’il y a une cascade de près de 20 mètres sur le trail du Tahquitz Canyon. C’est malin ça… il faudra que je revienne !

Jeudi 8 mars: Joshua Tree NP
Toujours en quête d’échappatoire pour fuir cette horreur qu’on appelle l’air conditionné, il y a un endroit que j’apprécie tout particulièrement dans le coin : le parc de Joshua Tree évidemment. Une fois n’est pas coutume, je lui consacre une après-midi jusqu’au coucher du soleil.
A mes yeux, c’est la plus belle partie du parc se situe au nord-ouest – du côté de Yucca Valley. Je ne me lasse pas des paysages qui se dévoilent sous mes yeux une fois rentré dans le parc. Ni même de Keys View, ce magnifique point de vue sur la faille de San Andreas et sur la Salton Sea au sud


Le soleil se couche vers 17h45, je n’ai pas énormément de temps – mon choix se porte alors sur Skull Rock

Le trail du même nom est une boucle de 2,7 km qui permet d’apprécier ces décors bien typiques du parc

Les plus belles lumières sont celles qui précèdent le coucher du soleil - qui sculptent comme un rasoir dans la roche

Thumb Up ! le parc lui même semble apprécier ma précence :slight_smile:

Initialement je pensais me planter sur un rocher pour apprécier le soleil tirer sa révérence. Mais la zone de Skull Rock est un peu encaissée dans le relief du parc, et les rayons de l’astre se cachent déjà. Je reprends rapidement ma monture vers l’ouest, jusqu’au début de la piste du Geology Tour.
Le coucher du soleil se passe de commentaire :smiley:


Allez, sur ce bonne nuit, ou bonjour chez vous – moi je vais me reposer, car demain marque le véritable point de départ de ma folle aventure…

Photos au top, bravo Olivier !

Merci JP!

Vendredi 9 mars : de la Palme à la Pêche
Pour commencer un road-trip, rien de tel que … une journée de transition ! Et pour cause, Palm Springs – mine de rien – est relativement loin des deux objectifs que ma folie m’a imposés sur ce road-trip.
Et qu’est-ce qu’on fait pour ne pas s’ennuyer lors d’une journée de transition ? On charge la mule !

Au programme donc aujourd’hui : la Mojave Desert National Preserve. Souvent ignoré voire simplement traversé, voyons un peu ce que ce parc a à nous offrir…
Mais d’abord il me faut clôturer ma semaine professionnelle par 2 dernières sessions au congrès, et je peux enfin lancer mon compteur à miles à 11h30. Direction la 29 Palms Highway, et puis l’Amboy Road. Le long de celle-ci, de nombreuses boites-aux-lettres


Typique des USA je sais… mais ce qui m’interpelle c’est qu’on est en plein désert ici, et la première ville est à 20 ou 30km… qu’est-ce qui pousse les gens à venir habiter ici ? Enfin, je me tais, après tout, c’est moi le fou dans toute cette histoire :stuck_out_tongue:

Arrivé dans le parc, je passe outre le Visitor Center de Kelso, direction Lava Tube. Je retrouve rapidement les arbres de Joshua si familier, mais le décor est tout différent !


Un peu plus loin je tourne à droite – aucune indication, donc bien penser à mettre à 0 son odomètre à Kelso : la piste se trouve à un peu moins de 15 miles. C’est une bonne piste à l’exception de quelques passages avec des cailloux, mais rien de bien méchant. 5 miles plus loin le trailhead. Trail de 300 mètres tout au plus qui mène à une échelle qui permet de descendre dans le « tube », qui ressemble plus à une grotte qu’un tube… En arrivant, j’ignorais complètement si le soleil serait bien orienté – c’est donc une agréable surprise de découvrir 2 beams de lumière dans la grotte

Celui du fond est plus photogénique

Ma folle euphorie m’impose de tester toutes les silhouettes possibles dans le beam – je vous ai gardé l’apparition d’un bio-man – ou la rencontre du troisième type qui passait par là (moi quoi!)

Mais ce qui m’avait surtout motivé à planifier la Mojave Desert National Preserve pour cette journée de transition, ce sont les dunes de Kelso – et hors de question de me rendre dans ce type d’endroit au milieu de la journée ! J’avais donc planifié d’attaquer le trail 1h30 avant le coucher du soleil.

La marche dans le sable est très pénible, et j’hésite même à faire l’ascension jusqu’au bout. Je zigue-zague pas mal pour trouver des passages où le sable n’est pas trop mou. Finalement, la dernière partie de l’ascension sur la crète est la plus facile : il suffit de marcher dans les traces, comme si on montait l’escalier


Mais vous avez vu le vilain soleil ? Il a décidé de se cacher… Dommage pour les photos, j’y aurais bien vu une belle lumière rasante…

En haut de la dune, je rencontre deux français, dont l’un vit à Montréal. On fait connaissance en attendant de voir si le soleil nous réserve une surprise, mais rien n’y fait…
La descente est très fun : on marche lourdement en se laissant enfoncer presqu’à pic, et le roulement des grains de sable fait un bruissement très étrange.

On parle, on parle, mais avec tout ça, je n’ai pas parcouru la moitié de la route nécessaire pour cette journée de transition, moi ! Ouest-aliénation quand tu me tiens…

J’aime bien ton idée de commencer ta série de photos par une scène banale (toujours prise hors de l’objectif initial) mais sublimée par ta touche perso. J’adhère !

héhé merci JP - ce n’est même pas voulu… :smiley:
du coup tu me donnes un challenge pour la suite…

Retour sur un coup de folie
Mercredi 31 janvier 2018, alors que j’erre comme souvent sur le forum, un post attire particulièrement mon attention : au milieu d’un circuit relativement classique, il y avait Havasu Reserve casé un peu maladroitement.

Il y a deux ans, j’avais tenté en vain d’obtenir une place de camping à Havasu Falls pour mon Ouest Addict #2.1. Réservations par téléphone uniquement ; ligne perpétuellement occupée ou en dérangement ; et quand j’obtiens enfin un interlocuteur au bout du fil après 2 semaines de tentatives infructueuses, c’est pour me dire que ma date est sold-out. Pour cette année, j’avais d’abord tenté ma chance en téléphonant au Lodge en juin dernier, mais celui-ci est fermé cet hiver. J’avais donc sorti de ma tête l’idée de voir les chutes du peuple des eaux bleu-vert…

…jusqu’à ce post de Lindhell. Et si je tentais ma chance ? Soyons fous ! Je sais que les réservations du camping ouvrent le 1er février à 8h00 MNT – le lendemain donc… nouvelle plateforme de réservation sur internet, ça risque d’être chaud – mais j’y suis :slight_smile: une nuit, 2 nuits ? je suis en plein délire, l’hésitation est brève – tant pis ce sera une seule nuit, j’ai encore tout un programme derrière. Moins de 5 minutes et moins 159$ plus tard, j’ai mon sésame. Un petite folie quoi :slight_smile:

Une petite folie qui vient avec son lot de conséquences – et je m’en rendrai compte plus tard quand je détaillerai mes journées dans mon road book… La première, c’est d’avoir dû me rapprocher le plus possible du trailhead hier – il était 23h00 quand je suis arrivé à Peach Springs. Il est 5h00 bien passé maintenant, je profite une dernière fois du wifi, avant de laisser ma folie m’emporter vers l’inconnu.

Samedi 10 mars : descente au Paradis
J’arrive au parking de Hilltop peu avant 7h, et le lieu a des allures de bivouac du Paris Dakar : certains dorment encore dans leur tente plantée à côté des voitures, d’autres s’affairent autour de leur pickup pour les ultimes préparatifs de l’étape du jour.
Moi c’est facile, je suis tout seul !


Je pensais pouvoir mettre mon « petit » sac à dos photo dans celui-ci, mais j’ai préféré y renoncer – ou j’aurais dû me passer d’eau et de nourriture… mais je ne suis pas fou ! Si ?
7h20, je me lance sur le Supai Trail. Le début est assez éprouvant pour les chevilles et les genoux ; ça descend pas mal dans les switchbacks et il y a pas mal de cailloux.
Ensuite l’essentiel du trail se déroule dans le canyon, et le décor qui nous entoure est très agréable

Je croise les premiers convois de mules au trot

Je croise aussi un ranger, qui vérifie que je suis bien en possession d’une réservation en bonne et due forme. Et après près de 2 heures de marche, je vois enfin un signe qui me certifie que je suis sur le bon trail :smiley:

En même temps, il aurait vraiment fallu que mon Ouest-aliénation me dévore tous les neurones pour que je puisse me tromper, hein !
10h05 : les premiers signes de civilisation !

Le village se trouve en fait 5 minutes plus loin – mais je m’arrête au premier lieu de ravitaillement, le Sinyella Café, pour bruncher avec un excellent Buritto. C’est étrange comme endroit… comme si le temps s’était arrêté ; il y règne un calme absolu : les oiseaux chantent, les enfants des locaux jouent pendant que leur père bricole; je resterais bien des heures à savourer cet instant. Ce bel équilibre sera gâché par le vacarme d’un hélicoptère, et aussi par l’accumulation des déchets chez certains locaux.
Je poursuis ma route, direction le Tourist Office pour m’enregistrer

Et puis ? Direction le paradis !
On commence avec Old Navajo Falls

Un peu plus loin c’est Little Navajo Falls – la photo ci-dessous n’en montre qu’une partie, mais j’aimais bien ce côté « minimaliste »

Et même quand il n’y a pas de cascade, l’Havasu nous offre un décor à couper le souffle

Avant d’arriver à la fameuse Havasu Falls

Je resterai longuement à photographier les chutes sur les travertines

Mais il est temps pour moi de me trouver un endroit où planter ma tente, surtout qu’il commence à pleuvoir ! Et là je me rends compte que tous les emplacements disposant d’une table sont déjà bien occupés ! Je trouverais finalement une place sur la rive est ; au bord de la paroi du canyon. Le temps de m’installer, la fine pluie semble s’estomper ; je peux poursuivre mon chemin vers Moony Falls !
Je me sens nettement plus léger, et ça fait du bien
Moony Falls n’est pas très loin, et je reste bouche bée devant ce saisissant spectacle

Mais il y a du monde en bas, et je me fais prendre dans un embouteillage avant la partie la plus risquée de la descente. Pendant une vingtaine de minute la voie est à sens unique car ils sont nombreux à remonter. Quand je peux enfin m’y engager, je dois vite rebrousser chemin car d’autres arrivent. Au final, je décide d’abandonner, car la voie est complètement détrempée et très glissante, et avec mon trépied et l’appareil photo, je n’ai qu’une main pour m’accrocher aux chaines… sur le coup j’ai vraiment regretté de ne pas avoir pris mon sac photo, mais c’était impossible. Ma dernière vue sur Moony Fall est donc celle-ci

Je termine en photographiant quelques travertines dans le camping

Mais la pluie reprend et ne nous lâchera plus…

Dimanche 11 mars : Tel un fou qui veut tenter sa chance

I wish I was a bird

Entre mes 2 campements du jour, il y a 55 miles… 55 miles, oui mais à vol d’oiseau… Entre les deux, il y a le Colorado River et cette merveille que l’on appelle le Grand Canyon ! Ahhh qu’est-ce que je voudrais être un oiseau aujourd’hui !

L’objectif principal de ce road trip, c’est la loterie pour The Wave à Kanab… Havasupai Falls c’était l’imprévu, le coup de folie… c’était juste pour remplir le week-end, car le bureau du BLM où se tient la loterie est fermé jusque lundi. Mais pour m’y rendre, je dois d’abord atteindre ma voiture, avant d’avaler les 400 miles nécessaires pour rejoindre Kanab ce soir. Avec la fatigue accumulée par les courtes nuits et les kilomètres de rando dans les jambes ; c’est de la folie pure de prendre le volant pour 6h30 de route.

Et la nuit fut agitée… je me réveille toutes les 2 heures par l’inconfort de ma position. Il pleut sans discontinuer, je sens que la serviette qui me sert d’oreiller est humide, ainsi que le fond de mon sac de couchage. Cela ne m’empêche pas de me rendormir à chaque fois – jusqu’à ce que je me réveille à 5h20 car j’ai les fesses mouillées ! Et non, je ne me suis pas « oublié », la folie de l’Ouest m’a pour l’instant épargné ces neurones-là.

Je fais le point quelques instants ; je sais que la journée risque d’être longue, très longue. Dure, très dure. il continue de pleuvoir, mais cela ne sert à rien de postposer mon départ. Je fais mon sac-à-dos minutieusement pour ne pas mélanger les affaires mouillées du reste – à 6h15 j’attaque les quelque 4 kilomètres qui me séparent du village.
7h15 j’atteins l’héliport. Je suis seul. Peu de temps après d’autres campeurs arrivent – tout le monde se questionne si l’hélico volera aujourd’hui. Je m’étais tellement préparé à ne pas compter dessus, que j’ignore la chance qui se présente à moi : si j’attends, je serai parmi les premiers au départ… à 10h – à condition qu’il n’y ait pas beaucoup de locaux qui useraient de leur droit de priorité. 3 heures d’attente d’un hypothétique hélicoptère ; peut-être une de plus pour embarquer. Autant mettre ces heures à profit et économiser 85$ et me refaire une santé ! Après un café et un excellent breakfast burrito au Sinyella Café je me lance sur le coup de 8h


La première heure, je ressors vite l’appareil photo – c’est qu’il est vraiment sympa ce trail ; il mériterait le détour même sans les chutes


Ensuite, je décide d’activer le mode mule sur ma machine à avancer. Après tout, comme je l’ai chargée, c’est la moindre des choses que la mule participe à l’effort. Tête baissée, j’avale la caillasse sans broncher. À 10h15, ma mule et moi atteignons le pied des switchbacks, pas peu fiers. Une pause d’un quart d’heure, je vide la bouteille d’eau de source du camping que je gardais « au cas où ».

J’enclenche les vitesses lentes, et c’est parti pour l’ascension finale. Quel calvaire…
La mule souffle.
La mule grogne à chaque fois qu’un hélico passe.
Sur les tronçons les plus pentus, la mule doit s’arrêter brièvement tous les 5 mètres.
Surtout ne pas regarder en haut… Je croise des arrivants, qui me sortent le classique « hey, how-r-u-doin’ ? » Je réponds comme par réflexe : « Exhausted ! » déclenchant leurs rires. Ce n’est pas drôle.

11h15 j’arrive sur le parking – liquidé… L’helico débarque son 4ème vol : 5 campeurs – je m’en fous, je l’ai fait – na !
Ravitaillement, je change de t-shirt, il est 11h30 quand mes jambes tremblantes touchent les pédales. Je regarde le road-book : j’ai 2 heures d’avance… Waouw. 3h15 pour l’ascension depuis le village alors que j’en prévoyais 4 et demi. La folle euphorie m’emporte ; je lance mon bolide ; ma journée ne fait que commencer.

Musique à fond sur la route ; les différents panneaux me rappellent d’excellents souvenirs de mon Ouest Addict #2 en famille : Seligman, Williams, Wupatki NM… tiens, ils ont fait un rond-point à la jonction entre l’US-89 et la route vers le grand canyon ?
Un peu plus tôt je m’étais arrêté pour faire le plein… J’ai à peine pu marcher – mes jambes sont tétanisées.

L’excitation m’emporte dès que j’aperçois les red-rocks au loin… J’avais oublié le panoramique qu’offre l’US-89 ; mais ici les nuages veulent gâcher mon euphorie.


16h un peu passé je m’arrête au trailhead de Waterholes Canyon. Quelques voitures, d’énormes pancartes Navajo Fee – Hiking Permit required… Oui je sais tout ça, et au vu du nombre de voitures, je me dis que c’est peut-être risqué. Comme il fait couvert, le jeu n’en vaut peut-être pas la chandelle… Un peu plus loin, Page quand à elle est sous le soleil

Je me rends quand même au Navajo Tribal Park & Recreation Office à Lechee, mais celui-ci est fermé. Pas de permis donc. En rejoignant l’US-89, je vois que le ciel se dégage au sud… allez, permis ou pas, j’y retourne !

Je descends dans le Waterholes Canyon pour visiter la section est. Le début du canyon n’est pas très intéressant, mais on me dit que ça se rétrécit plus loin. Je fonce, car le soleil n’est déjà plus très haut



Après un bon kilomètre et demi, je vois des cairns sur le côté indiquant un retour possible à la surface. Et là, qui c’est qui est là pour me faire une surprise ? L’Ouest ! Avec son plus bel apparat


Bonjour,

je viens de m’enfiler toute la série et donc, pardon!!, putain que c’est beau!!

merci Gedea!
ps: la folie de l’Ouest t’excuse tout abus de langage :slight_smile:

Bonsoir Darth
s’il reste une place dans la diligence , je la prends.
Continue , c’est super !
Sur les dernières photos ,on se croirait à CBS
Prends soin de toi !
Fred

Salut Fred - Merci!
Alors la diligence elle est complète; par contre on cherche toujours quelques mules pour la tirer hahaha!
Moi aussi j’ai tout de suite pensé à CBS en voyant les ocres qui ressortaient sur ces roches au couchant…
Olivier

Lundi 12 mars : et maintenant, qu’est-ce qu’on fait ?
Abra-Kanabra ! J’ai donc réussi ce pari fou : faire Palm Springs – Kanab en passant par la Mojave National Preserve et Havasupai Falls en moins de 56 heures. Fini la folle épopée ; voici qu’aujourd’hui s’ouvre la deuxième partie de cette virée en solitaire : celle du roadbook inachevé ! A côté des heures des levers et couchers du soleil, et des noms d’hôtels réservés, il y a : The Wave Lottery ; et quelques lignes de ma West Wish List.

La loterie tout d’abord : ne pas se tromper d’heure ! J’ai changé en rentrant en Arizona vendredi. Samedi, alors que j’avais les fesses mouillées sous ma tente, tous les Etats-Unis passaient à l’heure d’été. Tous ? Sauf l’Arizona ! Mais ce n’est que de courte durée, puisque depuis hier soir, je suis en Utah… Perdu 2 heures en 2 jours. Ké casse-tête, ch’te jure – et on dit que c’est moi qui suis fou ?
Quand j’arrive sur le parking du BLM à 8h45, il est déjà complet. Un monde de fous (mais qu’est-ce que je viens faire ici moi ?) à l’intérieur. Je remplis ma fiche, comme 63 autres groupes. C’est dingue : il y a 2 ans à cette époque on était 35 groupes. Le tirage est rapide : 2 + 4 + 6 personnes. C’est fini, je peux rentrer bredouille à l’hôtel. Et je suis pris d’un énorme coup de fatigue… Comme si le fait d’avoir « atteint » l’objectif, mon corps me disait : bon maintenant t’arrête tes conneries et tu me « fous » la paix.

Je vais prendre le petit déjeuner dans un café de Kanab, histoire de remettre le pied à l’étrier. Et si j’allais à White Pocket ? Avec la pluie du weekend le sable ne sera pas trop mou, et comme à mon habitude, j’ai loué un SUV fullsize, afin de m’assurer une généreuse garde au sol – denrée de plus en plus rare sur les SUV récents. La piste ne devrait pas poser de problème à mon Ford Expedition, vrai 4WD avec de bons pneus Goodyear Wrangler. Dans mes bagages, un compresseur pour pouvoir les dé/regonfler si nécessaire ; et même une pelle pour parer à un éventuel enlisement. Je vous entends d’ici : “il est fou ce type”, et je vous donne raison :slight_smile:


Mais White Pocket j’y ai déjà été – et comme les jours dans l’Ouest il ne faut pas en abuser, je me tourne vers ma West Wish List : Wire Pass, Buckskin Gulch, Edmaier’s Secret, Yellow Rock… Que du beau monde. Euh –« ça fait pas un peu beaucoup pour une journée ? » me dit ma mule. Mais non ! Bien sûr que si.

J’arrive vers midi sur le trailhead de Wire Pass. Alors que je remplis ma petite enveloppe avec les 6$ une voiture vient à mon niveau et le gars me demande où se trouve CBN. Je lui demande s’ils ont un permis évidement – il me regarde bizarre, et me précise « The Wave » - bon sang mais c’est bien sûr ! Je ne les aide pas et je les envoie chercher un permis à Kanab – Ils n’imaginent pas être si près du but. N’empêche que cela fait réfléchir. Sur le registre, de nombreuses lignes comportent « The Wave » comme destination, et la colonne Permit # n’est pas remplie. Ils sont nombreux à frauder – volontairement ou non. Et toi qui veux faire ça dans les règles tu restes là avec ta déception de perdre à la loterie.

Bon, c’est pas tout ça ; je parle, je parle, et je vous entends d’ici : vous voulez les photos du jour ! Je commence donc par Wire Pass. Je m’étais bien renseigné sur le premier tronçon obstrué et son contournement par la droite. J’y suis !


La paroi humide par endroit donne un effet sympa

En arrivant à la confluence avec Buckskin Gulch, je m’engage d’abord dans la branche sud, mais rapidement je rencontre un tronçon immergé. Tant pis, le nord alors, direction Edmaier’s Secret ! Mais ici aussi c’est fort mouillé

Et je dois rapidement enfiler mes chaussures d’eau. Nom-di-dju qu’elle est froide ! Au bout de quelques secondes la sensation de froid se transforme en douleur intense - qui ne cesse que lorsque le pied arrive à se thermoréguler à nouveau une fois sorti de l’eau.
J’arrive à la sortie du slot canyon, et là où le wash prend cours au milieu des prairies, je devine Edmaier’s Secret sur la droite. Je resterai une bonne heure sur ce secteur sud. La vue sur Buckskin Gulch est grandiose

Mais surtout ces contrastes de couleurs, ces courbes et ce lignes font le bonheur de mon objectif



Le vue d’en bas ne démérite pas non plus

Il est plus de 17h30 quand je rejoins le trailhead. Je sais que je n’arriverai pas assez tôt pour profiter des belles lumières sur Yellow Rock ; pour le coucher du soleil, j’opte donc pour un secteur facile d’accès en voiture : Old Paria

Mardi 13 mars : Better luck next time
2ème et dernière chance d’obtenir un ticket pour The Wave ; à nouveau plus de 60 groupes ; à nouveau mon numéro de sortira pas au bingo. Bon ben voilà, je suis venu ici pour rien ! Je rentre à l’hôtel – plus rien ne me retient ici. Je m’affaire à trouver un hôtel pour ce soir – je choisis Hurricane – histoire de me rapprocher un peu de Las Vegas ; et enfin préparer le trail du jour


Ce sera White Domes – en bonne place sur ma Wish List, et c’est sur la route. 2 options de rando – je prends la plus courte, par Water Canyon, mais aussi la plus dure – la mule a pleine confiance en ses pattes dirait-on – même pas peur ! Le temps de charger les cartes topo et la trace GPS ; en route mon kiki.

La piste qui mène jusqu’au réservoir au trailhead est en très bon état, et accessible en voiture. Je démarre le trail vers 11h30. Au début le canyon me rappelle la Left Fork of North Creek du Subway – et c’est normal, on est tout près de Zion. 45 minutes pour arriver à Water Canyon, je sors le trépied pour les poses longues. Jusqu’ici tout va bien


Avant de continuer ma marche vers l’amont. Euh… ? mais comment on fait pour monter tout ça ?

Et « ça », ce n’est qu’un aperçu de ce qui attend la mule… Il faut monter, monter, et monter sur des chemins en corniche. Ceux-ci forment un labyrinthe vertical et la mule navigue au petit bonheur la chance… Mais rappelez-vous : la chance, la mule elle n’en a pas : je dois souvent rebrousser chemin – tantôt le chemin se termine sur un point de descente en rappel dans le canyon ; tantôt le chemin pris semble finalement redescendre dans le canyon.

La mule souffle, la mule grogne, la mule a mal aux pattes, très mal. Quand enfin j’atteinds le « sommet », je n’ai aucune idée où aller. Pas de cairn, rien. Je suis comme sur un plateau, mais c’est une cuvette ; et il faut encore monter pour en sortir


J’avance au cap ; en craignant l’impasse à chaque fois que je grimpe une bosse. Je regarde la carte, le plateau est comme un réseau de washes, et sur la fin le trail semble suivre l’un d’entre eux. Il est là… mince, je suis trop haut. J’avance prudemment, jusqu’à devoir descendre une paroi de 2 mètres. Dans le wash, quelques traces dans le sable à moitié effacées par la pluie. Je suis bon.
Mais le calvaire n’est pas fini ; cela continue de grimper

Il est presque 15h quand j’atteinds les domes blancs. 3h30 d’une pénible ascension de 660 mètres de dénivelée. Mais quelle récompense là-haut les amis ! Un sublime décor à rendre sotte la moindre mule.



En montant sur les domes, on aperçoit Zion au loin


Je reste 45 minutes sur le site ; avant d’attaquer la descente. L’eau dans le wash m’offre une dernière opportunité photo

Ah ! Un cairn m’indique l’endroit où il faut quitter le wash. Pas bien loin de là où j’y étais descendu finalement… Je poursuis, mais à nouveau c’est au pif… Comme je m’y attendais, je ne suivrai pas exactement le même chemin qu’à la montée. Plus je m’engage dans le canyon, plus ma trace GPS ne ressemble à rien. Impossible de s’y fier ; la précision ici ne vaut rien.
Mes genoux et mes chevilles s’endolorissent à chaque pas, à chaque choc. A chaque glissade aussi – et là tu stresses : il n’y a que toi sur le trail, et si ta mule se casse une patte, il faudra passer la nuit ici. Un peu de lucidité que diable !

C’est un soulagement d’atteindre Water Canyon. Le dernier tronçon de la rando me parait interminable… Il est 18h quand j’arrive à la voiture.

Mercredi 14 mars : le jeu du chat et la souris – ou du ciel et la mule : round #1
La mule traine la patte ce matin… Alors qu’hier mon arrivée à Hurricane s’est faite sur un air de printemps


Quand je descends prendre le petit déjeuner je vois que le ciel est tout gris :frowning: Je n’avais pas regardé les prévisions météo – et de toute façon quand je le fais, je me fais quand-même surprendre comme à Havasupai.

Je profite donc de ma chambre et du wifi pour vous poster les CR des derniers jours, avant de lever le camp. J’arrive vers 11h30 sur le trailhead du jour : Yant Flat. Il y a une dame dans sa voiture moteur allumé qui semble attendre que j’ai fini de préparer mon sac. Quand je passe à sa hauteur elle m’interpelle et me demande si je suis déjà venu. Non, mais je lui montre ma carte avec la trace et les waypoints. Elle en revenait. Elle commence à me parler de la piste où elle n’est pas à l’aise avec son petit SUV, surtout qu’on annonce beaucoup de pluie cet après-midi. Hein quoi de la pluie ? C’est vrai que les nuages au loin sont bien bien gris, et que les ornières sur certaines sections de la piste ne prédisent rien de bon si je dois sortir d’ici sous le déluge. La pluie est annoncée pour midi me dit-elle – avant de me montrer les simulations radar sur son téléphone avec une grosse tâche verte qui envahit peu à peu tout l’écran ; mais Yant Flat devrait être épargné jusque 15h ; « you gonna be fine » me lâche-t-elle pour conclure.
Je ne suis quand-même pas trop rassuré quand je me lance sur le trail. Je ne crois pas à la fiabilité des prévisions et le ciel est tout gris. Si c’est pour ramener des photos ternes c’est prendre des risques pour pas grand-chose.

Quand j’arrive au bout du trail, je m’oriente d’abord vers les formations que je vois sur la droite.


Hein, quoi ? il faut descendre là en bas ?? Moi qui croyais que Yant « Flat » c’était un « Plat »eau ! L’Ouest tu cherches à m’achever là ; je ne t’ai pas encore assez donné ?? Pas le temps de me poser de questions, je commence l’exploration.


Bizarrement, je suis plus à l’ouest que le premier waypoint que j’avais encodé. Au bout d’une demi-heure, je me décide d’aller vérifier par là-bas. Ça monte et ça descend ; la mule grogne à nouveau. J’arrive sur site – ah ouais !

Le soleil commence à faire de rares percées à travers les nuages, je profite de chaque brève opportunité pour shooter sans prendre le temps de travailler mes compositions.

Oh my God, il est immense le site en fait – direction le second waypoint ; contre l’avis de la mule, car il faut à nouveau monter – descendre, grimper, crapahuter… Mais le maître-fou c’est moi, la mule n’a qu’à bien me soutenir. Le soleil commence à être plus généreux, et j’en oublie la menace de l’orage


Allez hop ! On va au troisième waypoint ! Comment ça non ? Tu vas avancer oui vieille bourrique ! Un coup de cravache et ça repart. Le ciel se fâche, et le vent se lève… un vent à écorner les bœufs…Sauf qu’ici il n’y a que la mule et moi, et le vent il te balance des grains de sable à t’arracher l’épithélium… Mais il a du bon aussi, le vent semble tenir à l’écart les nuages – car malgré la belle éclaircie, l’orage reste proche, et semble vouloir me cerner au nord-est comme à ‘ouest.

Au loin. je devine les trombes d’eau que le ciel déverse. Le dernier waypoint semble être au-delà de ce vallon

Mais la mule en a ras les pattes, et je crains que nous perdions au jeu du chat et la souris avec ces nuages. Après avoir remonté le wash qui nous ramène au WP2, je rejoins la voiture en coupant à travers tout sur le plateau. Total 9,5km et 300m de dénivelée en 3h45. Il est 15h30 ; et surtout, on a gagné sur le ciel…

Mercredi 14 mars : le jeu du chat et la souris – ou du ciel et la mule : round #2
Avant de rejoindre Las Vegas, il me reste un point de passage obligé : Valley of Fire. Obligé, car les nuages sont restés derrière moi ; et obligé, car je n’y ai pas encore été ! La mule n’est pas d’accord – mais le fou a toujours raison. Je n’ai rien préparé – je n’ai même pas 2 heures avant le coucher du soleil ; alors je sors mon PTSW : Elephant Rock OK, Rainbow Vista blabla super "until after sunset" et White Domes also super "until after sunset". Mince, je dois choisir. Bah, White Domes a l’air plus sympa – avançons en faisant des arrêts rapides jusque-là.
Elephant Rock tout d’abord; à contre-jour d’en bas, je fais un bout du trail mais ça m’éloigne, et j’ai pas l’impression que je peux voir l’autre côté de l’éléphant. Je perds un temps précieux, je fais demi-tour.
Un peu plus loin je m’arrête pour cet arc-en-ciel


Avant de m’arrêter quand-même à Rainbow Vista. Je suis les instructions de PTSW et je trouve un autre éléphant

Et de sympathiques formations

Mais l’heure avance, et je traine de trop. Je relance ma monture au galop (pas la mule, l’autre monture – le mammouth qui rugit mais ne se plaint jamais). Je ne résiste pas à quelques arrêts le long de la scenic byway – la lumière est superbe


je vois un panneau « P3 Fire Wave » Oh oui ! pourquoi il n’en parle pas dans PTSW de celle-là ?? Nom di-dju ; 1 km de marche, le soleil est déjà bien bas ; j’avance au plus vite, contre ce vent qui continue de desquamer la mule. J’arrive évidemment trop tard.
Le ciel remporte le dernier round – la mule et moi sommes KO.

20h passé quand j’arrive sur Vegas – toujours impressionnant de voir cette vallée de lumière s’étaler sous mes yeux ; avant de les ouvrir de plus en plus grand au fur et à mesure qu’on approche du strip. Une douche, un burger, et une heure de blackjack. Gagné 100$ ; comme souvent quand je joue ici… Ah si au moins je pouvais avoir autant de chance à la loterie !

Epilogue


C’est en pleines turbulences au-dessus de l’Atlantique que je termine ces chroniques. En 6 jours de folie solitaire, j’ai parcouru 2000km sur mon mammouth rugissant, et 85km à dos de mule grognante. Elle aura bien tenu ma mule finalement – et dire que je ne savais pas trop ma condition avant de partir ; je ne peux qu’être satisfait de mon tableau de chasse.

Bien sûr il y a des regrets, comme celui de ne pas être descendu au pied de Mooney Fall à Havasupai ou même de ne pas avoir poursuivi jusque Beaver Falls. Et The Wave évidemment – mais ça fait partie du jeu. Des règles du jeu que l’Ouest nous impose…

Et que de belles récompenses – j’ai pris autant de plaisir à photographier ces sites d’exception qu’à randonner seul dans le wilderness. Mes yeux pétillaient en permanence… Et si la mule souffle et grogne, c’est qu’elle se dépasse – et ça aussi cette une satisfaction.

Et puis cette addiction, toujours présente. Elle bouillonne comme jamais dans mes veines, dans les tourments mon Ouest-aliénation… Je sais que je ne serai jamais rassasié… Oh des folies j’en ferai encore pour toi, l’Ouest !

Merci à vous tous les fêlés de L’Ouest de m’avoir accompagné dans cette folie solitaire… J’espère avoir apporté un peu d’Ouest sur vos écrans, que vos yeux ont pétillé un peu aussi… Mais attention ! L’Ouest-aliénation c’est extrêmement contagieux. Je ne vous avais pas prévenu ? Oh… ben mince alors…

Olivier

superbe ce récit, merci du partage!

Merci pour votre récit et vos merveilleuses photos. Ca donne envie d’y revenir, même si la “mule” commence à être un peu fatiguée…

Bonjour Olivier,

Un grand bravo pour ce carnet de voyage Tes photos sont sublimes et ton texte bien écrit.

Je reviens sur ta sublime randonnée de White Dome, car nous avons prévu d’y aller bientôt, j’espère !!

Jean-Michel m’a donné le choix entre passer par là ou par Squirrel. Malgré mon problème de vertige j’ai quand même décidé de passer par Water Canyon car je préfère le slickrock au sable. Toutefois il n’a pas un endroit précis d’où il faut passer pour monter, aurais-tu un point gps ? Sinon non, on cherchera. Merci.

Là c’est moi qui te pose la question : faut-il grimper à l’endroit de ta photo car j’essaye d’analyser si je vais pouvoir contrôler mon vertige. Je te remercie.

Bonne soirée.

Michèle

Merci Michèle :slight_smile:
Alors pour White Domes, juste après les cascades de Water Canyon, le trail part sur la gauche pour monter le long de la paroi du canyon. La photo est prise de cet endroit, mais on ne voit pas le trail.
A partir de là ça monte vraiment fort, et le GPS ne sert à rien… la canyon est trop encaissé, et tu zigzagues à la verticale. Je ne peux pas juger de ton vertige, mais j’ai trouvé qu’il y avait 2-3 passages « chauds »… à un endroit par exemple j’ai dû escalader une paroi de 1,5m pour rejoindre le sentier qui continuait au-dessus.
Arrivé « en haut » j’ai navigué en essayant de suivre tant bien que mal la trace gpx et le pointillé du trail sur ma carte topo; mais comme le relief reste accidenté et qu’aucun chemin n’est clairement balisé, cela demande pas mal d’orientation…

j’avais également hésité avec l’option Squirrel; mais je voulais faire au plus court. Au final, avec le temps perdu dans l’ascension et l’orientation, je ne crois pas que squirrel m’aurait pris plus de temps à l’aller. Durant l’ascension, j’ai même envisagé de redescendre par Squirrel, mais j’aurais été contraint de marcher un mile de plus entre les deux trailheads.
Si je devais y emmener mes enfants, je prendrais probablement le Squirrel canyon…

Olivier

Merci beaucoup Olivier pour ta réponse.
Je vais encore réfléchir sur l’itinéraire !
Bon dimancheMichèle

Hi Olivier.
MERCI pour ce superbe carnet narré avec beaucoup d’humour et de MA-GNI-FI-QUES photos (comme d’hab!!!)

Nous essayerons de passer à certains de tes endroits lors de notre trip d’octobre prochain (36 jours), et beaucoup de randos en prévision. Mais ce sera certainement un peu compliqué à certains moments, car, comme Michèle je souffre de vertige, et pour moi c’est très handicapant…
wait and see.
excellent week-end de Pâques ainsi qu’à toute ta famille
Sonia d’Alsace où le soleil peine à arriver

Bonjour Darth ! Un grand merci car quel régal ton récit !! Tes photos sont sublimes également…

J’ai eu l’impression de lire un livre passionnant, peut-être devrais-tu te reconvertir :slight_smile:

Quel appareil as-tu utilisé pour faire tes photos ?

Merci voyageuse16, Sonia et Jean-Jacques et Annie pour vos messages qui me font énormément plaisir

Alors j’étais parti avec mon Nikon D750, et 2 objectifs: le très polyvalent 24-120mm f/4 et l’ultra-grand-angle 16-35mm f/4

Olivier

Hello Olivier,

As-tu traité tes photos avec un logiciel où c’est ton appareil qui les a faite directement sortir comme cela ?

j’utilise Lightroom pour le développement; mais le plus souvent je n’ai fait qu’appliquer un preset paysage sur ces photos; le traitement plus poussé prend plus de temps (et est toujours en cours :))

Merci pour ces belles images, accompagnées de bons mots!

Effectivement, cette folie est très très contagieuse! (Déja 2 séjours dans l’Ouest…)

Merci pour cette belle contribution darth !
Votre carnet de voyage a été sélectionné pour figurer dans la rubrique Carnets de voyage.
Nous y avons rassemblé les meilleurs carnets de voyage postés par les membres de la communauté de Routard.com : une vraie source d’inspiration pour vos futurs voyages !

Sabine de Routard.com

Merci Sabine! :slight_smile:

[quote]
Merci pour cette belle contribution darth !
Votre carnet de voyage a été sélectionné pour figurer dans la rubrique Carnets de voyage.

Merci Sabine! :] (/citation]

Bravo pour cette belle sélection !
Sans darth et quelques autres sur ce forum, nous raterions des sites superbes, et surtout nous nous contenterions, en tant que “novices”, des lieux “touristiques”…

Bonsoir Olivier,

En lisant ce soir ton interview sur le routard et en regardant tes superbes photos (bravo, très chouette) je me suis rappelée t’avoir demandé un conseil sur White Dome.

Nous voici donc revenus de nos trois semaines magnifiques hors des sentiers battus dans l’ouest américain mais avec une grande déception, je n’ai pas pu terminer la randonnée de White Dome.
Tu m’avais pourtant bien conseillé de passer par Squirrel et bien après toutes mes réflexions j’ai décidé le contraire (plus court, moins de sable…).

Nous avons eu un problème banal d’oubli le matin et nous avons commencé la randonnée en fin de matinée alors que nous avions prévu de la commencer le matin très tôt. Il faisait déjà très très chaud et nous étions chargé nous avions prévu de camper là-haut.
Arrrivée à Top rock sans problème de vertiges ce qui me faisait pourtant peur, j’étais fatiguée. Toutefois j’ai voulu absolument continué et à 960 mètres du but le mental ne m’a plus suffi. J’ai eu des crampes, mal à une cheville que je m’étais foulée quelques jours avant et plus capable de grimper. Je rage encore et je n’ai pas dite mon dernier mot, je recommencerai mais par Squirrel.
Voilà ma petite anectode sur WD.

A quand une autre virée dans l’ouest ?

Bonne soirée
Michèle

Bonjour Michèle,

Je suis désolé de lire que tu n’aies pas pu atteindre White Domes. C’est vrai que l’ascension par Water Canyon est très éprouvante, autant physiquement que mentalement (orientation, impression qu’on en finit jamais de monter…), et j’imagine qu’avec la chaleur et le matos de camping c’était encore plus hard!
Comme vous étiez équipés, aurais-tu pu camper là et finir le trail le lendemain?

Olivier

Il ne s’agit pas de folie mais de passion meme si la frontiere reste tenus entre les 2.
Pour aller tous les ans dans le Colorado voir de la famille et y faire des photos je comprend cette addiction qui est sans fin tant le territoire et ses habitants sont complexes à saisir.
Une des difficulté est le climat, une autre que l’on ne peut pas etre eveillé 24/24 pour se rassasier de cette terre captivante.
Merci de nous faire profiter de ton expérience.

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