Randonnée en Ecosse : Lewis et Harris. Bog, famine et tweed

Forum Écosse

Où la question du ravitaillement devient cruciale .

Le lendemain matin, le temps est brumeux . Aurait-il été judicieux dans ces conditions de poursuivre l’étape de l’Hebridean Way que nous avons abandonnée ? Nous pourrions reprendre notre parcours en direction du Carran .D’après les vidéos que j’ai consultées, nombreux sont ceux qui parcourent dans leur intégralité l’étape Leverburgh Seilebost . La plupart des randonneurs semblent couper cette étape en deux, certains semblent opter pour le bitume de la route encore plus que nous n’allons le faire . Je n’ai guère trouvé sur les vidéos consultées , d’images du parcours que nous avons effectué hier .Mais à quoi bon se lancer à nouveau dans un parcours difficile dont l’intérêt serait officiellement une vue inoubliable sur la plage de Luskentyre si c’est pour se retrouver en plein brouillard sur une pente mi-rocheuse mi-marécageuse glissante ,très raide de surcroît ? Nous allons donc marcher sur la route environ quatre kilomètres pour rejoindre Seilebost et le départ de l’étape Seilebost Tarbert de l’Hebridean Way , avec pour objectif de nous rapprocher au maximum de Tarbert . Demain sera un samedi . Nous quittons l’île dimanche et nous devons absolument acheter du tweed demain après-midi .Pour l’heure, il nous faut d’abord prendre notre petit déjeuner . Mais nous n’avons plus de gaz et il ne reste plus qu’une quantité infime de lait en poudre . Nous allons donc nous contenter de flocons d’avoine à l’eau froide et de nescafé froid . Nous plaçons cependant de grands espoirs dans le “foodtruck” . Il est malheureusement fermé . Nous croyons comprendre que ce n’est pas la saison ou qu’il est définitivement fermé . Mais je place quelques espoirs dans les possibilités qu’offrirait Luskentyre . Ne pourrait-on attendre monts et merveilles en la matière d’une plage qui a été classée parmi les dix plus belles plages du monde ? Elle ne saurait laisser mourir de faim ses innombrables visiteurs . En tout cas, ce qui est sûr, c’est que nous n’avons plus pour ressource que des flocons d’avoine, du nescafé, un paquet de nouilles chinoises, un petit morceau de cheddar , un peu de pâte d’amandes et une petite ration de pâte de dattes . S’il faut tenir jusqu’à Tarbert , la situation va devenir difficile . En attendant, nous pouvons faire une bonne provision d’eau au robinet du camping ,et nous partons pleines d’espoir .
A suivre

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La route longe la mer et nous avons une vue imprenable sur les plages de Seilebost et Luskentyre . Le sommet du Carran ,quant à lui, est dans la brume .


Un couple de Français d’un certain âge , assurément motorisé , s’est arrêté lui aussi pour regarder le paysage . C’est l’unique fois où nous entendrons parler français dans l’ île de Lewis et Harris .
Peu après, une pancarte annonce la présence d’un restaurant à Luskentyre, avec une précision fatidique : fermé le vendredi , et nous sommes bien entendu un vendredi . Au cours de l’été précédent , où Théodorine et moi nous avions renoué avec la randonnée bivouac de Saint Flour à Mur de Barrez par les GR 4 et 465, nous étions aussi systématiquement tombées sur des restaurants fermés. Notre plus grand succès en la matière avait été notre arrivée à Pailherols, petit village pourvu de deux bons restaurants . C’était la période de fermeture annuelle de l’un et le jour de fermeture hebdomadaire de l’autre . Il est dit apparemment que ce n’est pas dans les lieux de restauration que nous ferons de grosses dépenses .
Si le restaurant de Luskentyre avait été ouvert , nous aurions vraisemblablement modifié notre itinéraire et nous serions peut-être rentrées à Tarbert par le bus . Mais dasn les conditions présentes , nous nous ne tenons à notre projet inititial.
Nous ne verrons les plages de Luskentyre et Seilebost que dans la brume .

Au bord de la route, un homme qui effectue des travaux d’entretien nous salue aimablement . Nous ppursuivons notre route et arrivons enfin à la bifurcation qui nous permet de rejoindre l’Hebridean Way .

Le panneau porte l’indication "Harris Walkway " . Cet itinéraire a en effet été intégré à
l’ Hebridean Way au moment de la création de ce dernier .

A suivre

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Une apparition inquiétante . Théodorine fait une découverte scientifique importante.

Nous quittons donc la route . Je repère l’échancrure où va passer notre itinéraire qui doit nous permettre de rejoindre la Golden Road sur la côte Est non loin d’Aird Mhighe.

Nous croisons quelques promeneurs, qui visiblement ne font pas l’Hebridean Way et nous nous engageons dans la montée du bealach Eorabhat . L’itinéraire que nous empruntons est une ancienne "coffin road ", une route de cercueils . Les habitants de la côte Ouest , plus fertile grâce à son machair,
victimes des clearances ont été chassés sur la côte Est rocheuse et déshéritée . Mais ils voulaient être enterrés à l’Ouest où ils avaient vécu .
Nous commençons par longer le petit loch Carran .


Le temps est de plus en plus brumeux et l’atmosphère est inquiétante . C’est alors que Théodorine , se retournant , voit apparaître ,toute vêtue de noir , courbée sous son grand sac où elle transporte les âmes des morts, la sinistre silhouette de l’Ankou .

Tremblant d’effroi ,nous poursuivons notre route jusqu’au col .
Le paysage est sombre et inquiétant . Il ne s’éclaire même pas lorsqu’arrivées au col , nous découvrons un petit loch et la mer au loin .

Nous ne voyons plus l’Ankou, disparu dans la lande . Bien que fort peu rassurées - il ne faut pas confondre la courage avec l’inconscience - , nous décidons de nous arrêter pour nous restaurer , autant que faire se peut vu l’état de nos provisions . Nous n’avons plus de pain . Nous allons nous partager un paquet de nouilles chinoises crues , qui vont faire office de pain pour accompagner le seul petit bout de fromage qui nous reste , nous terminons notre pâte de dattes et la pâte d’amandes dont il ne restait vraiment plus grand’chose . Désormais, nous ne pouvons plus compter jusqu’à Tarbert que sur les flocons d’avoine, à manger sans accompagnement, à l’eau froide . Par bonheur , il ne fait pas chaud et donc notre réserve d’eau , qui semble-t-il doit tenir elle aussi jusqu’à Tarbert n’est pas trop entamée .
On ne peut dire que l’avenir s’annonce sous les meilleurs auspices . Pourtant, c’est dans ces circonstance où des âmes plus faibles auraient succombé au désespoir que l’esprit de Théodorine , toujours en éveil , toujours animé par la passion de la connaissance , va faire une découverte scientifique majeure, celle d’une roche métamorphique inconnue à ce jour, le gneiss noodeliensis aux plis extraordinaires .


Photo Théodorine

On comparera les plis de cet échantillon de gneiss noodeliensis avec ceux de cette roche du Knoydart

Comme on peut le voir , les plis du gneiss noodeliensis sont beaucoup plus rapprochés et complexes et la couleur de ce gneiss est beaucoup plus claire . Nul doute que cette découverte ne soit de nature à révolutionner la connaissance de l’histoire géologique des Hébrides extérieures et même de toute notre planète . L’enthousiasme de Théodorine est indescriptible , elle réussit à m’en communiquer une partie et nous repartons d’un bon pas en direction de la côte Est .

A suivre .

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Malgré la frugalité de notre repas, galvanisées par cette découverte qui fera date dans les annales de la science , nous reprenons avec ardeur notre marche vers la côte Est . La paysage devient plus intéressant dans la descente et nous avons la chance de voir le soleil apparaître .

Nous arrivons assez vite au terme de la descente et nous rejoignons la Golden Road au niveau de l’‘une des extrémités du loch Stocanais, un loch maritime qui pénètre assez profondément dans les terres . Soucieuses de hâter notre retour à Tarbert, nous abandonnons avec regret l’Hebridean Way pour la route . Nous quittons la Golden Road à Aird Mhighe dans le but de rejoindre l’ A 859, la principale route du Sud qui relie Tarbert à Leverburgh par la côte Ouest . Le relief est plus accidenté qu’il n’y paraît et marcher sur le bitume n’est pas très agréable avec des chaussures de montagne . Après avoir rejoint la route principale où le trafic à cette heure est encore assez important, nous commençons à envisager la recherche d’un lieu de bivouac . Tarbert est encore assez loin et nous ne pensons pas trouver à proximité un emplacement favorable . La localité est en fait très étendue et le relief pentu du côté où nous allons arriver .

A suivre

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Trouver un lieu de bivouac n’est pas toujours chose facile, tout particulièrement en Ecosse . Nous allons donc commencer rapidement notre recherche . La route de Tarbert traverse d’abord un petit défilé rocheux dont on ne peu juger qu’il puisse offrir un emplacement favorable , à moins de camper sur la chaussée elle-même . Plus loin, nous allons découvrir sur la droite l’accès à une sorte de parking, relativement à l’abri des regards, un peu empierré, un peu herbeux, avec des restes de bitume . Ce n’est p

Ce n’est pas séduisant mais il semble bien qu’à perte de vue il n’y ait que des terrains extrêmement spongieux , le paysage étant constellé de tout petits lochs . C’est assurément pittoresque mais ce n’est pas en ce moment notre préoccupation première . Nous posons donc nos gros sacs et nous entreprenons d’explorer les environs . Nous pourrions trouver des endroits bien cachés, mais c’est vraiment extrêmement humide . Cette exploration nous prend un certain temps et nous arrivons à une conclusion négative . Le seul endroit relativement sec est proche de la route . Nous ne serions pas visibles des voitures arrivant de l’Ouest , mais seulement de celles qui viennent de Tarbert et les véhicules se font de plus en plus rares . L’environnement n’est vraiment pas séduisant . Le lieu sert de décharge . Il y a là morceau de gouttière et diverses pièces métalliques rouillées issues de je ne sais quelle machine . Nous décidons cependant de prendre là notre très frugal repas du soir (flocons d’avoine à l’eau froide, puisque nous n’avons plus que cela) avant de planter la tente à la tombée de la nuit . Théodorine se demande si le lieu n’est pas fréquenté par de jeunes fêtards , ayant découvert des
restes de bouteille de bière .
De l’autre côté de la route part un raide chemin empierré . Il conduit à une sorte de relais . Je vais explorer les lieux de ce côté aussi . En fait c’est vraiment très raide et pentu , et il y a une construction au sommet qui est peut-être habitée . Nous ne pouvons donc envisager de profiter à cet endroit-là d’un terrain aplani et sec . La solution la moins mauvaise serait donc cette décharge sordide .
Alors que nous sommes à peu près décidées à nous installer , arrive une voiture avec à bord un homme seul . Il stationne en bas du chemin empierré . Nous ne comprenons pas pourquoi il reste sur place . Nous observe -t - il ? En tout cas ,cela se prolonge . Beaucoup .
Théodorine n’est pas rassurée à l’idée de dormir à cet endroit . Assurément, il y a là tout ce qu’il faut pour commettre un crime .

Photo Théodorine
On voit bien ici la nature du terrain qui nous environne . Contrairement à nos espérances, les parties les plus herbues sont elles aussi très spongieuses .

Paradoxalement, l’idée que nous puissions être victimes d’un crime me fait un peu sourire . J’ai peur de tout en général et de l’humanité en particulier mais la criminalité , d’après ce que j’ai lu , est très faible dans les Hébrides extérieures et j’imagine les articles qui pourraient paraître dans la presse locale et française si nous étions assassinées . Nul doute que l’on verrait en nous deux dames d’âge vraiment très mûr à l’esprit quelque peu dérangé qui auraient connu un destin tragique . Le plus grave dans cette histoire ne serait-il pas que la découverte du gneiss lewisien noodeliensis restât inconnue du reste de l’humanité ?
Nous nous étions dissimulées . Lorsque nous revenons en direction de la route, nous voyons que la voiture est repartie . Nous décidons pourtant de reprendre notre route, mais nous avons perdu beaucoup de temps et il se fait tard .

A suivre .

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La nuit tombe vraiment très tard en cette saison et le jour se lève très tôt . Il ne pleut pas et il ne fait pas froid , nous n’avons donc guère de motifs de grande inquiétude . Peu après, on nous annonce un point de vue et une aire de pique-nique . Si elle est vaste et bien aménagée, il y aurait peut-être possibilité de planter là notre tente . Nous n’y aurions pas été repérées et il n’y a plus du tout de circulation sur la route . Grande est ma déception lorsque nous découvrons cette fameuse aire de pique -nique : elle est située à plusieurs mètres en hauteur, en plein vent, et très exiguë . Il y a seulement place pour une table et des sièges . Jamais de notre vie nous n’avons imaginé pareille aire de pique-nique .Nous continuons donc notre chemin.
Nous sommes maintenant toutes proches du carrefour avec la route qui arrive de Greosabhagh. A perte de vue , nous ne voyons qu’un immense terrain spongieux parsemé de petits lochs et de petits rochers , avec au loin la mer . Ne pourrions-nous nous arrêter et nous accommoder du terrain tel qu’il est . Décision est prise car il est 21 heures . C’est spongieux, par endroits très spongieux, mais nous trouvons à quelque distance de la route à peu près deux mètres carrés un peu plus fermes ou plutôt un peu moins mous . Cette nuit nous aurons , et pour pas cher, la chance de goûter au confort d’un water bed .


Environs immédiats de la tente . La base des rochers est très molle et humide . Il ne faut pas y poser les pieds .

A suivre

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Le montage de la tente sur un terrain aussi marécageux n’est pas sans présenter quelques difficultés . Le sol n’a rien de plan , il y a des creux un peu partout entre les touffes d’herbe épaisses . Il faut éviter de perdre des piquets ,ce qui n’est pas évident . Nous nous posons des questions sur l’étanchéité du tapis de sol, même si Théodorine a placé au dessous une grande feuille de plastique qu’on lui avait donnée lorsqu’elle courait le marathon . Cette feuille, trop ancienne ,s’est en effet déchirée .
La tente montée, nous devons y installer notre matériel et y pénétrer . Mais avant de nous coucher , nous devons inspecter les alentours pour bien repérer les pièges boueux auxquels nous devrons échapper lors de nos éventuelles sorties nocturnes . Entrer dans la tente s’avère une opération assez risquée . Il faut en effet s’agenouiller . Dès notre première randonnée en Ecosse en 2010 , nous avions constaté qu’il est impossible de se relever avec un genou qui ne soit pas humide . Cette fois-ci, il est non pas humide, mais trempé . Cependant, une fois installées, Théodorine sur son matelas mousse, moi sur mon matelas gonflable, nous trouvons que notre water bed est somme toute vraiment confortable .
Nous passerons une excellente nuit sur notre water bed . J’ai eu le courage d’effectuer une sortie nocturne , en sandales et sans chaussettes, pour ne pas les mouiller . Mon pyjama a été trempé par deux fois aux genoux , mais le linge, comme je l’ai expérimenté depuis longtemps lors des bivouacs sous la direction de Robin Hood, sèche assez rapidement sur la bête . J’ai eu les pieds bien mouillés bien que ma frontale m’ait permis d’éviter les pièges . J’ai constaté un jour plus tard qu’ils étaient constellés de piqûres . Sans doute les midges présentes dans le marécage ont-elles trouvé là une occasion inespérée de se restaurer ,la nourriture leur étant servie à domicile , et même dans leur lit comme dans les festins à la romaine .

A suivre

Nous avons dormi tout près du carrefour entre la route principale de Tarbert et une petite route venant de Greosabhagh, nous sentant malgré tout en sécurité grâce qu marécage . Les châteaux forts étaient entourés de fossés remplis d’eau . Assurément, pour parvenir jusqu’à nous, il aurait fallu franchir en pleine nuit toute une série de douves .
L’objectif est de partir tôt pour prendre un bus qui vient de Leverburgh et Luskentyre et arriver à Tarbert dans la matinée . Nous aurions ainsi le temps de nous ravitailler, d’acheter notre tweed et de prendre le bus pour rejoindre Reinigeadal le soir . Nous passerions la nuit à l’auberge de jeunesse et reviendrions tranquillement le lendemain prendre le ferry pour l’île de Skye. Le bus d’après les horaires est un bus régulier, sans réservation. Il s’arrêterait au carrefour de l’ A 859 et de la Golden Road, à peu près à deux kilomètres de notre lieu de bivouac. Après un petit déjeuner frugal et pas franchement gastronomique, nescafé froid et flocons d’avoine à l’eau froide, c’est-à-dire tout ce qui nous reste avec quelques infusions qui nous ont été parfaitement inutiles, nous levons le camp, amusées par notre nuit
dans notre water bed et partons en direction de l’arrêt de bus supposé .Il ne nous reste plus beaucoup d’eau non plus, nous vivons sur notre provision faite à Horgabost . Nous marchons d’un bon pas . Je me sens pousser des ailes à l’idée que nous pourrons bientôt vivre pour le moins dans les délices de Capoue . Je rêve de pub ,d’ale, de haggis, de boudin noir de Stornoway, de n’importe quoi qui se mange . Je ne sens plus le poids de mon sac et je dépasse même Théodorine .
Nous arrivons au carrefour juste à l’heure prévue et nous attendons . Aucun bus ne nous a dépassées sur la route, donc nous avons confiance . Le bus devrait arriver sous peu . Le temps passe . Nous attendons depuis près d’une heure . Toujours pas de bus . Nous décidons donc de regagnenr Tarbert à pied . C’est à cinq ou six kilomètres , donc a priori facilement faisable .
Nous partons donc, un peu déçues . Peu de temps après, nous sommes dépassées par un bus qui venait de Leverburgh par la Golden Road, un bus qui théoriquement ne circule que sur réservation. Mon moral s’en trouve quelque peu atteint ,et du coup, je commence à sentir la fatigue accumulée depuis le début de notre séjour . Est-ce vraiment de la fatigue ou plutôt seulement la faim qui fait son oeuvre ? La veille au soir, nous n’avons mangé qu’une assez modeste ration de flocons d’avoine, ce matin aussi . Il nous en reste deux petites doses de secours et un petit peu d’eau . On ne peut pas se nourrir de nescafé .
Le paysage était sans doute beau . Je ne m’y suis pas beaucoup intéressée . Le parcours m’a paru interminable, j’ai eu l’impression de ne plus avancer . J’ai faim , tout simplement . Théodorine aussi .
Aucun véhicule de transport lourdement chargé ne saurait rouler si le carburant vient à manquer . C’est la situation qui nous menace, alors que le but est proche et que nous apercevons Tarbert . Sans doute la faim se serait-elle moins fait ressentir si nous avions été plus éloignées du but et aurions-nous trouvé l’énergie nécessaire pour tenir plus longtemps , mais l’énergie disparaît lorsque l’arrivée paraît trop proche . Nous descendons enfin sur Tarbert , descente qui me paraît bien longue. Les deux magasins qui vendent du tweed sont à l’entrée du village , tout en bas . Théodorine fonce dans l’un des magasins pendant que je m’effondre sur un banc et me prépare une ration de flocons d’avoine .

A suivre

e

Il y a à Tarbert, non loin de la distillerie, deux magasins situés à proximité immédiate l’un de l’autre , dont l’un vend du tissu au mètre et l’autre des vêtements et objets fabriqués en tweed . J’entre avec Théodorine dans le premier magasin . Il y a là un extraordinaire choix de tweed en rouleaux . Tout nous tente et il est difficile de faire un choix . Théodorine achète des échantillons et une écharpe,
j’ opte de mon côté pour une écharpe destinée à Cyrus et deux coupons de 50 cm de long sur 1. 50 m de large que je me suis engagée à offrir à une association créée par la voisine de Cyrus . Nul doute que ses membres ,des dames aux doigts de fée , en feront un bon usage . Comme personnellement je suis nulle en couture (je fais des efforts très mesurés pour progresser à leur contact) je m’offre pour 10 livres un sac de petits bouts de chutes de tweed . J’essaierai d’en faire un sac en patchwork lorsque j’aurai terminé ma première oeuvre, un prototype fait de bouts de guenilles , en chantier depuis près de deux ans, dont on me promet que l’achèvement fera l’objet d’une célébration .
Comme nous avons encore des cadeaux à faire , nous entrons dans le second magasin . Il y a là des vêtements, de très beaux sacs (je suis tentée mais je résiste ) et divers petits objets : pinces à linge aimantées décorées de tweed, trousses ,étuis à lunettes . Nous achetons quelques bricoles (chères ) et partons pour le centre de Tarbert, avec l’idée de nous restaurer , enfin !
Depuis quelque temps , je suis travaillée par une idée inavouable . En principe , nous devons prendre le bus pour les environs de Maraig et gagner de là à pied Reinigeadal , environ 8 km à pleine charge avec nos achats de tweed en sus . Et nous n’avons toujours pas mangé . Nous sommes maintenant à proximité de l’auberge de jeunesse et j’ose enfin poser une question honteuse à Théodorine : ne pourrions-nous envisager d’y passer la nuit et de passer la fin de la journée sans nos sacs ? Théodorine me déçoit . Au lieu de repousser une telle idée avec l’indignation vertueuse que j’attendais d’elle, elle y souscrit immédiatement . Toute honte bue, nous téléphonons à l’auberge . Il y a de la place pour nous, il faut seulement attendre l’ouverture de la réception jusqu’à 14 heures . Or juste à côté de l’auberge , il y a l’inespéré : un foodtruck ouvert , qui nous promet monts et merveilles faites à la maison .

A suivre

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Gastronomie locale .

Nous avons soif, nous avons faim . Il y a une file d’attente qui laisse présager le meilleur . Nous prenons notre tour , patiemment, tentant de décrypter le sens des multiples propositions, plus ou moins obscures pour les brillantes anglicistes que nous sommes ,comme le lecteur le sait déjà . Nous commandons toutes les deux un grand pot de café au lait , comme d’habitude .Théodorine, pourtant ni vegan ni végétarienne , est plus sensible à la cause animale que moi, plus particulièrement à celle du cochon dont le patrimoine génétique serait si proche du nôtre (je dois pour ma part avouer une grande insensibilité à l’égard de ce proche cousin à la voix si mélodieuse , seuls les veaux de Salers m’attendrissent car j’ en ai caressé étant enfant et l’on me cachait la triste fin à laquelle ils étaient destinés ) . Elle choisit donc un sandwich à la feta et un pudding . La tranche de feta est énorme, le pudding , aussi . Elle m’en donne la moitié . Il n’est pas mauvais, mais même pour des affamées ,cette moitié est un véritable étouffe -chrétien , qui peut rivaliser victorieusement par sa taille avec les gâteaux que j’ai mangés tous les soirs en refuge après une platée de pâtes ou de pommes de terre tout récemment dans les Pyrénées * En ce qui me concerne , je choisis un sandwich (aux scones à base de pommes de terre ?) garni de black pudding et de “scallop” .Le “black pudding” ,je sais depuis plus de dix ans grâce aux breakfasts écossais que c’est du boudin noir de Stornoway . “Scallop”, je pense que c’est une escalope de je ne sais trop quelle bête . Je suis donc très surprise de recevoir un sandwich garni de cinq grosses tranches de boudin et d’un énorme morceau de coquille Saint Jacques géante, une mutante de type inconnu . J’ai tout mangé sans hésiter . Oserai-je dire que ce n’était ni vraiment bon , ni mauvais ? Cela avait du moins le grand mérite de mettre fin à la famine . J’espère malgré tout , même s’il n’est pas évident d’adopter un régime méditerranéen dans les Hébrides extérieures, que les habitants du cru ne se nourrissent pas tous les jours de la sorte . Nous étions visiblement les seules touristes de la file d’attente .

A suivre

  • Je signale à l’intention de mes lecteurs qui n’ont jamais pris de repas du soir en refuge , qu’il ne faut pas s’attendre à trouver là les raffinements de la nouvelle cuisine , ni le souci de la ligne des pensionnaires . Il faut du consistant , du compact, qui fasse effet non seulement soir et pendant la nuit , mais pendant toute la journée du lendemain . Théodorine ne manque jamais de rappeler ce proverbe dauphinois " L’avoine du soir fait le cheval du lendemain ".Pour le matin, Robin Hood ne jurait en bivouac que par le porridge, dont il avait rendu la consommation quasi obligatoire . Apparemment, les athlètes des Jeux Olympiques, tout au moins les Britanniques et les Allemands, ces barbares ,auraient des vues semblables …
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Nous retrouvons avec plaisir notre dortoir du Backpackers Stop . Nous déposons nos sacs et nous commençons par nous reposer avant de partir nous approvisionner pour le soir et le lendemain au Morrisons shop . Nous rapportons nos provisions à notre gîte et nous partons, légères , visiter Tarbert .
Tarbert affiche fièrement à l’entrée que le secteur est une "community " . Cela signifie , me semble-t-il que les habitants sont propriétaires de leurs terres, maîtres de leur destin , et ne dépendent plus d’un “landlord” . Il y a justement une réunion communautaire. Nous consultons le calendrier des activités collectives . Nous allons regretter de ne pas avoir eu plus d’occasions de côtoyer la population locale . Mais était-ce possible sur l’Hebridean Way où nous nous ne rencontrions personne, pas même un animal d’élevage, dans l’immense bog des hauteurs ?
Continuant notre promenade dans Tarbert, nous découvrons le Harris Charity Shop . Nous ignorons comment ce magasin fonctionne mais nous trouvons ici quantité de petits objets en vente dont certains sont fabriqués en partie avec du tweed . De quoi compléter la liste des cadeaux que nous devons rapporter . Je trouve en particulier un joli petit nécessaire de couture de voyage . Le magasin est tenu par une charmante vieille dame ,en fait vraisemblablement pas plus vieille que nous ou même plus jeune , mais nous avons du mal à nous percevoir telles que nous sommes .
Quittant le magasin ,nous poursuivons notre marche et nous nous retrouvons dans une lotissement où nous faisons la connaissance d’un gros chat roux visiblement fort bien nourri qui vient nous faire des amabilités; Cyrus aurait pu passer une heure avec lui . Nos échanges seront plus brefs mais nous échangerons quelques mots à son sujet avec sa maîtresse .
Le soir venu, nous prenons notre repas, un vrai repas du soir normal , dans notre gîte . Mais nous sommes prises d’une intense nostalgie de la gastronomie française . Théodorine et moi, nous sommes toutes deux originaires de la région lyonnaise . Je suis une vraie lyonnaise , élevée à la rosette ,au Jésus ,au saucisson de Lyon, au cervelas truffé et pistaché, aux quenelles de brochet , au gratin dauphinois et au gâteau ambassadeur inventé paraît-il par ou pour Talleyrand .Le Cantal, avec le chou farci , le pounti , les cabeccous ,le Bleu d’Auvergne , les tripous et la tarte à la tome, c’était pour les vacances . Théodorine et moi, nous avons une culture gastronomique let oenologique lyonnaise commune . Nous connaissons toutes les deux ce que sont le Chiroubles, le Côte -Rôtie et le Condrieu .Nous allons évoquer aussi les spécialités des autres régions, les pommes de terre sarladaises la garbure, le baeckeoffe. le bourguignon , tous ces mets qui me rendent en matière culinaire, mais seulement dans ce domaine, d’un nationalisme exacerbé. Aurait-on pu écrire au Royaume Uni un tour de Gaule d’Astérix ? J’aime bien le Haggis, je peux m’intéresser aux innombrables variétés d’ale, au whisky, mais j’en doute fort . Et je préfère de beaucoup les boudins que je trouve au marché du samedi à Aurillac au boudin noir de Stornoway . Nous manquons de fruits et de légumes ! Je crois que c’est la proximité du retour qui nous autorise cette crise de mélancolie …

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L’intérêt des auberges de jeunesse ou des hébergements du même type (bunkhouses et hostels dont le Backpackers Stop de Tarbert fait partie, ce sont les contacts sociaux qu’ils permettent , entre voyageurs de nationalités diverses . Je précise que nous n’y avons pas rencontré un seul Français . Il y a en fait ici une femme dont j’apprendrai le lendemain qu’elle est allemande, une jeune néerlandaise accompagnée d’une femme plus âgée qui doit être sa mère . Elle est à vélo et doit ensuite en France se rendre à vélo à Taizé . J’ai eu l’impression que sa mère la retrouvait chaque soir . L’Allemande s’était lancée sur l’Hebridean Way, mais d’après ce que j’ai compris , elle a été assez vite rebutée par les marécages et a pas mal voyagé par les transports en commun . Il y a dans notre dortoir une jeune femme indienne ou d’ascendance indienne , mais nous n’avons pas eu l’occasion de parler avec elle . Enfin , le Coréen muet lors de notre premier passage est toujours là .
C’est avec le Coréen que nous allons avoir l’échange le plus long . C’est lui qui engage la discussion . Sans doute a-t-il été surpris de voir deux femmes ,pas jeunes de surcroît , voyager avec des sacs pareils. Nous lui expliquons ce que nous avons fait . Nous apprenons qu’il voyage pour plusieurs mois en Europe, qu’il a laissé sa femme et son fils en Corée (cela heurte un peu le féminisme de Théodorine ), qu’il a acheté du tweed pour eux et pour lui-même , et qu’il a fait aux Etats Unis l’Appalachian Trail. Ici, il s’est déplacé à vélo et nous montre une photo de son bivouac non loin de l’église de Rodel . En tout cas, il n’a pas pataugé comme nous dans le bog de Harris .
Après l’Ecosse, il pense se rendre en France. Mais il ne veut voir que de petites villes . Cela me surprend un peu . Je me sens tout de même obligée de lui dire qu’il vaut la peine de visiter Paris, sans le convaincre , et Lyon , pour sa gastronomie . Je m’aperçois alors, à mon grand étonnement , qu’il ignore ce qu’est la gastronomie française . J’essaie de le convaincre de s’y initier . Je ne suis pas sûre d’avoir réussi .
Il s’intéresse aussi aux itinéraires de randonnée en France et en Europe . Nous lui parlons des Pyrénées, des Alpes bien sûr, en lui disant qu’il y a trop de monde sur le Tour du Mont Blanc. Je lui fais de la publicité pour la Suisse, pour la Via Alpina, et même, chauvinisme oblige, pour le Cantal . Toute cette discussion se fait en grande partie à l’écrit , par Google Traduction ,sur son téléphone . Il m’a demandé mon adresse mail . Je lui en ai communiqué une . Peut-être en saurons-nous plus un jour sur la suite de son périple .
Nous avons pour projet de faire le lendemain un aller-retour sur le sentier de Reinigeadal , avant le départ du ferry l’après-midi . Nous nous sommes entendues avec les responsables du gîte pour laisser nos sacs , bien qu’ils ne soient pas là le dimanche . Nous nous couchons donc tôt pour partir tôt le lendemain .

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Nous nous levons tôt le lendemain, comme prévu . Nous prenons finalement nos sacs mais nous laissons l’essentiel de leur contenu dans une annexe du gîte et nous prenons pour la seconde fois la route de Scaloay jusqu’à Urgha où nous devons trouver la bifurcation pour Reinigeadal . Malheureusement , le temps n’est pas beau .

Nous arrivons enfin à l’entrée du glen Lascadail où s’engage l’Hebridean Way dans son cheminement vers le Nord et que nous allons traverser pour trouver le chemin de Reinigeadal


Le temps est malheureusement de plus en plus sombre .
Nous arrivons au panneau qui nous indique le chemin .

Un panneau nous annonce qu’un projet de restauration de la forêt est en cours dans le secteur dans lequel nous allons nous engager .

Le sentier que nous allons emprunter était autrefois celui qu’empruntait le postier . Il pouvait être dangereux . Il a depuis été réaménagé et peut être parcouru sans difficulté . Un panneau nous rappelle l’histoire de ce sentier .

Il s’agit , pour une fois, d’un agréable sentier bien tracé . Nous l’empruntons avec plaisir pour monter en direction d’un petit col , le point culminant de l’itinéraire. Normalement, nous aurions dû avoir une très belle vue sur la montagne et sur la mer .Mais le temps, bien loin de s’améliorer , empire . Il pleut de plus en plus et nous nous retrouvons en plein brouillard quand nous arrivons au sommet d’où part une descente spectaculaire sur le loch Trolamaraig . Nous ne voyons donc rien du tout comme l’attestent les photos .

Il pleut beaucoup . Je teste une fois de plus lde façon apparemment positive 'efficacité de ma veste de pluie . Je juge malgré tout utile de sortir ma cape de pluie pour la première fois depuis le début de mon séjour .
Inutile dans ces conditions d’aller plus loin . Nous faisons demi - tour et redescendons en direction du glen Lascadail et de la route .

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Tandis que nous redescendons, je vois une personne qui monte dans notre direction . Il s’agit en fait d’une femme que nous avons rencontrée au gîte, celle qui a renoncé à affronter le bog de l’Hebridean Way .Nous avons assez péniblement discuté en anglais . Je lui demande alors d’où elle vient et elle me répond qu’elle est allemande . Nous allons donc, avec nettement plus de facilité, échanger quelques mots en allemand . Elle continue sa route tandis que nous redescendons . Elle fera la même chose que nous peu de temps après .


On voit que le temps n’a toujours rien d’engageant .
Vers le bas de la descente, nous apercevons dans la brume la route qui doit nous ramener à Tarbert

Nous regagnons le Backpackers Stop. Nous nous installons dans l’annexe et nous y pique-niquons . Nous y serons rejointes par l’Allemande et la jeune cycliste . Puis nous nous dirigeons vers le port pour y attendre le ferry pour UIg .

A suivre

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Nous sommes au port 45 minutes avant la départ, comme on nous le demande . En fait , cela ne sert à rien . Nous avons nos billets et le bateau n’est pas là . Heureusement , nous sommes à l’abri dans une grande salle confortable . Il n’y a pas foule . Nous aurions pu avoir une place, même à l’aller en partant d’Ullapool même en prenant notre billet au dernier moment .
Le MV Hebrides ne doit pas être confondu avec le MV Hebridean Isles, un des plus vieux ferries de Caledonian Mac Brayne .Ce dernier a près de quarante ans et l’on a un temps envisagé de l’envoyer à la ferraille après de multiples pannes et réparations

Après de coûteuses et importantes réparations, il a été remis en service . Cela ne me déplaît pas et me rappelle un très vieux bateau grec puant et tout rouillé que j’avais pris il y a plus de quarante ans pour rejoindre une amie archéologue à Amorgos . J’ai le souvenir d’être arrivée avec 15 heures de retard au terme de mon voyage. Le bateau avait la réputation de tomber en panne une fois par semaine, Au retour, j’avais pris entre Amorgos et Naxos un petit bateau dont le moteur avait lâché en pleine mer peu de temps après . Mais Ulysse n’a-t-il pas souvent fait naufrage et ne s’en est-il pas heureusement sorti après bien des aventures ? J’ai peur en avion, mais je monte volontiers sur un bateau .
J’ai cru à tort que nous prenions ce navire et je l’ai dit à Théodorine . En fait le nôtre aurait été mis en service en 2001 . Donc il est tout jeune , mais je crois bien tout de même avoir lu qu’ il a heurté un quai à Tarbert il n’ y a pas si longtemps .

A suivre

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Théodorine ne devait pas être très rassurée . Elle a pris en photo un canot de sauvetage et une bouée (elle prétend ne pas en avoir vu d’autre et les a nommées “canot et bouée du Titanic” Malheureusement, elle a perdu ces photos juste avant de me les envoyer . Mes lecteurs devront se contenter de les imaginer .
Après avoir embarqué, nous nous mettons immédiatement en quête de la salle à manger . Il faut attendre encore un peu avant d’être servies . Théodorine , un peu inquiète, a le sentiment que le bateau peine à se mettre en route . J’éprouve moi-même une impression un peu bizarre mais finalement, il démarre bien et nous faisons route vers Uig . La cafeteria est enfin ouverte . Théodorine commande un Fish and chips . Elle en rêve, je suppose, depuis le début du voyage .

Quant à moi,à défaut de manger enfin le breakfast de mes rêves, je me laisse séduire par la publicité dithyrambique faite par Calmac pour ses macaronis au fromage .

A ma grande surprise , ils sont accompagnés eux aussi de frites et de petits pois . Les frites sont en nombre: j’avais déjà attaqué mon assiette avant de la prendre en photo . Je sais désormais que la gastronomie locale admet non seulement que l’on serve le boudin noir accompagné de coquilles Saint Jacques, mais les pâtes accompagnées de pommes de terre .
Bien entendu, nous n’avons ni l’une ni l’autre absolument rien laissé dans notre assiette .
A l’extérieur ,c’est le déluge, et nous n’avons donc rien d’autre à faire que d’observer les autres convives.
Il y a là un groupe de touristes avec son guide, des personnes relativement âgées , moins que nous vraisemblablement, servies à leur place avec les égards dus à leur rang . Nos considérations narquoises ne font que révéler notre jalousie .
Finalement, nous arrivons à Uig sans avoir vu passer le temps de la traversée . Je regrette que nous n’ayons pas eu de vue d’ensemble sur l’île de Skye . Le temps était trop mauvais pour sortir .
Heureusement pour nous, les choses s’améliorent .

L’arrivée n’est pas agréable . Il nous faut nous débarrasser de nos sacs pour monter dans un petit bus pour traverser un chantier . Il y avait déjà un chantier à traverser lors de notre arrivée à Stornoway . Je supporte mal les travaux, après avoir subi pendant des mois la traversée des chantiers de la gare du Nord et de la gare d’Austerlitz lors de mes fréquents voyages .Mais il ne pleut plus . Le camping n’est pas loin . J’ai téléphoné à l’avance pour réserver , craignant de ne pas trouver de place . Nous y arrivons après avoir marché entre des haies de palissades , et nous avons aperçu des lieux de restauration . Il y a pas mal de monde au camping . J’ai l’impression d’un lieu très urbanisé, très civilisé

Ce n’est plus notre Ecosse .
Nous choisissons une place à l’abri du vent . Le terrain est sec, bien tondu, uni . Rien à dire contre les douches . Nous nous apercevons avec surprise que nous avons pour voisines la jeune cycliste qui doit de rendre àTaizé avec une amie et sa mère . Alors que nous sommes installées dans notre tente, elles viennent gentiment nous offrir des cookies . Il est bien utile de fréquenter les auberges de jeunesse .
Paradoxalement ,nous avons toutes les deux très mal dormi au camping de Uig . J’avais trop gonflé mon matelas . Avions-nous trop mangé l’une et l’autre ? Serait-ce que nous sommes toutes les deux devenues difficilement adaptables à une vie normale ? Ce qui est sûr ,c’est que nous avons regretté notre waterbed .

A suivre

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C’est maintenant le douzième et l’avant-dernier jour de notre voyage .
Nous nous levons suffisamment tôt pour être sûres de ne pas manquer notre bus pour Fort William . Nous avons réservé pour être sûres d’avoir de la place . Il faut absolument que nous soyons à Londres le lendemain soir pour prendre le dernier Eurostar .
En fait , nous sommes arrivées un peu trop tôt et l’attente est un peu fastidieuse .
Le bus arrive enfin . Notre trajet doit durer un peu plus de quatre heures mais il nous permettra de voir d’emprunter un itinéraire que nous ne connaissons que partiellement . Nous avions pris le bus entre Broadford et Portree puis jusqu’à Eilean Donan Castle en 2010 et seulement entre Shiel Bridge et Kyle of Lochash en 2012.
Nous n’avons jamais effectué le trajet entre Uig et Portree . Je suis frappée par le caractère verdoyant des lieux . Il y a également des bois . Ce n’est pas du tout la désolation de Lewis et Harris . Il fait beau . Le paysage me paraît un peu trop riant, un peu trop "civilisé ". Nous nous arrêtons très longuement à Portree . Je reconnais la place . Nous y avions passé une nuit en auberge de jeunesse en 2010 . Les maisons paraissent bien entretenues . J’ai l’impression d’une petite ville touristique prospère .
J’ai déjà emprunté le trajet qui suit en 2010 . Je vois au loin le Quiraing et je devine le Storr. Devant nous, apparaissent des montagnes .


Je reconnais à droite le Marsco . Nous avions remonté en 2010 le Glen Sligachan pour aller voir le loch Corruisk . Un peu en arrière à gauche du Marsco , cela m’évoque les Black Cuillins , mais est-ce vraiment compatible avec l’orientation ? A gauche, je pense qu’il s’agit des Red Hills.

Photo 2010


Photo 2010 Plutôt que des Black Cuillins, ne s’agirait-il pas du Bla Bheinn à gauche du Marsco sur la photo prise cette année présentée un peu plus haut ? Cela me paraît plus compatible avec l’orientation.
Nous approchons de Sligachan . Je ne suis pas du côté du bus où l’on voit le pont . Je m’intéresse cette année au loch Sligachan et à Raasay . Je rêve d’aller à Raasay . J’ai photographié Raasay sur mon téléphone mais j’ai perdu mon téléphone et les photos du retour qui vont avec, à part deux rescapées du désastre que j’avais envoyées à Cyrus par MMS . Et Théodorine a perdu toutes celles qu’elles ne m’avait pas envoyées . Je n’ai donc que les mauvaises photos de mon petit appareil .
Ici , je suis sûre qu’il s’agit des Red Hills.


Nous arrivons ensuite à Broadford . Le bus s’arrête à un feu rouge ,le premier depuis notre départ d’Inverness et nous avons droit à un embouteillage . Nous ne sommes décidément plus dans notre Ecosse . Je n’exclus pas de revenir randonner dans l’île de Skye, mais ce sera complètement hors saison, en hiver si nécessaire .
Nous traversons le pont de Kyle of Lochalsh . Je vais à peine apercevoir Eilean Donan Castle qui ne m’intéresse pas particilièrement . Je l’ai photographié amplement en 2010 où nous avions juhé indispensable d’aller le voir . De près , on voit bien que la maçonnerie est relativement récente

Photo 2010

A suivre

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En fait, je m’intéresse à l’autre rive du loch Duich , beaucoup plus sauvage et solitaire . Nous avions dormi à l’auberge de jeunesse de Ratagan , au terme d’une longue étape qui nous avait conduits de Kinloch Hourn à Ratagan par le bealach Coire Malaghain.


Loch Duich et Sisters of Kintail 2012 . C’était une atmosphère bien différente, autrement plus mystérieuse . Aujourd’hui, il fait beau , trop beau ,tout est trop vert et il y a trop de monde .
Mais je vais être séduite par la beauté du glen Shiel , tout en cherchant désespérement à essayer de reconnaître la crête du Meallan Odhar d’où nous nous apercevions le loch Duich et les hauteurs qui dominent au Nord le Glen Shiel.

Photo 2012 prise du bealach Coire Malaghain . On aperçoit au loin le loch Duich (mais pas Eilean Donan Castle !)


Cyrus Smith Mac Gyver s’éloignant sur la crête du Meallan Odhar . On devine le fossé du Glen Shiel . De l’autre côté du Glen Shiel, ce sont les Fives Sisters of Kintail . Photo 2012 . Randonnée d’Inverie à Poolewe.

Photo 2012
Le Saadle dont j’ai cru fugitivement apercevoir le sommet , prenant sans doute mes désirs pour la réalité .


J’ai vraiment envie de revenir dans le secteur cette fois-ci pour le Glen Affric Kintail Way

Loch Cluanie ?


Glen Garry ?
Enfin, nous arrivons à Fort William .

A suivre

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Je n’aime pas le sillon calédonien ,c’est trop peuplé pour mon goût . Je n’aime pas Fort William . A l’aller , arrivant de Paris , cela passe . Au retour, non . Je n’aime pas la gare routière , je tolère mieux la gare ferroviaire . Nous allons y passer un assez long moment , parce qu’il nous faut faire valider le second jour de nos pass ferroviaires . Nous avons droit d’autre part à des réservations gratuites pour le train qui nous conduira de Glasgow à Londres . Cette démarche effectuée, nous nous rendons dans le centre de Fort William pour manger et nous entrons dans le premier pub que nous trouvons sur notre passage , le Crofters Bar. Théodorine prend un "poulet Balmoral " , très copieux et bon, accompagné de cidre , je choisis un haggis, avec de la bière . C’est notre premier repas dans un pub (et le dernier) de notre voyage . Du coup, nous allons jusqu’à prendre un dessert , voyant dans les choix possibles l’appellation mystérieuse de "sponge decadent "

C’est un gâteau moelleux, alcoolisé et délicieux . D’une manière générale, à part une pizza qui n’avait strictement rien d’italien à Glasgow en 2015, nous avons toujours bien mangé dans le Mainland (je n’en dirai pas autant de la gare de Londres) . La pomme de terre de Garenin était très bonne , mais nous n’avons guère fait d’expériences gastronomiques dans l’île de Lewis et Harris . IL est vrai que nous n’en avons guère trouvé l’occasion .
Finalement, après avoir trop mangé, nous partons à la recherche de l’hostel Fort William Backpackers où j’ai réservé deux places dans un dortoir mixte .Le but était au départ de nous permettre de passer les contrôles de frontière pour prendre l’Eurostar et de rentrer à Paris dûment douchées, c’est-à-dire à peu près propres ,au cas où nous aurions passé tout notre séjour à bivouaquer. J’ai en effet le souvenir d’un retour de randonnée itinérante en raquettes sous la direction de Robin Hood où nous avions dû prendre le TGV du retour sans nous être recivilisés , après une semaine à marcher, et à passer la nuit dans des cabanes non gardées où nous n’obtenions de l’eau qu’en faisant fondre de la neige . Au froid et entre nous , ce n’était pas un problème ,mais il fait nettement plus chaud dans un TGV, c’est beaucoup moins ventilé, et nous étions dispersés . Malgré la distinction naturelle qui nous caractérise en toutes circonstances, nous n’étions donc pas franchement à l’aise .
Nous avons eu un peu de mal à trouver notre hostel et nous avons erré un certain temps le long du périphérique de Fort William, bruyant et fort désagréable . L’hostel est moins loin , que nous ne l’avions cherché, au calme . A proximité se trouve un hébergement manifestement plus chic où un joueur de cornemuse donne une aubade à des touristes en veine de pittoresque local . Nous sommes aimablement accueillies à la réception par une jeune femme qui parle le français .
Débarrassées de nos sacs, nous sommes revenues dans le centre de Fort William pour faire des courses pour notre repas du soir . J’ai acheté une boîte de Haggis pour des proches qui apprécient autant le haggis que les tripous, et quelques paquets de shortbreads pour les offrir . Comme c’était la période des soldes, Théodorine est partie en chasse . Il faisait chaud , j’avais mal aux pieds et j’ai dû l’attendre assise sur une bordure en ciment , avec une allure suffisamment lamentable pour qu’un jeune homme m’aborde . Etait-il prêt à me faire l’aumône ? Je me demande s’il n’était pas plutôt légèrement alcoolisé et s’il ne voyait pas en moi une personne qui aurait commis des excès semblables aux siens .* Ma nullité en anglais ne m’a pas permis d’en décider .
Théodorine a fini par revenir, déçue . Les magasins étaient fermés . Trop tard pour les soldes. Nous sommes revenues à l’hostel . Nous n’avons pas tardé à nous coucher . Le train devait partir tôt le lendemain pour Glasgow .

  • Les rencontres intéressantes en voyage . ne sont pas rares . Il y a longtemps de cela , après avoir bivouaqué sur la jetée de Galway avec une amie sur les conseils du Guide du Routard de l’époque, nous avions eu un contact très amical avec un clochard de Galway alors que nous avions installé notre camping gaz dans un grand bac à fleurs en ciment à l’abri du vent . Il avait dû déceler en nous un certain potentiel pour la vie errante .

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Le lendemain , treizième et dernier jour de notre voyage est une longue journée . Nous devons
en effet faire le trajet Fort William Paris par Glasgow en prenant le dernier Eurostar du soir .
J’aime beaucoup la ligne Mallaig Glasgow en général et la section Spean Bridge Bridge of Orchy tout particulièrement, une fois quitté le sillon calédonien que je n’aime pas comme je l’ai déjà dit . Par chance , il fait beau sur cette partie du trajet . J’ai fait de jolies photos de Rannoch Moor , en particulier une belle photo de bog . Malheureusement, je les ai perdues avec mon téléphone . Il ne me reste plus que cette photo du loch Treig que j’ai pu récupérer .

Malheureusement , alors qu’il n’y avait pas grand monde dans le wagon, ce trajet a été
gâché par un voisinage insupportable . Quatre français, des profs retraités (des retraités plus jeunes que nous ) des profs du genre à ne fréquenter que des profs, avec à leur tête une femme insupportable par son bavardage incessant , ses certitudes et ses affirmations péremptoires . Un prof a toujours raison , certes, ( d’où pourrait-il sans cela tirer la légitimité de sa fonction ? ) , mais il y a quand même des limites que même un prof ne doit pas dépasser ). Tout y passe : l’expression de sa supériorité et de son mépris pour son mari auquel elle reproche son arrogance alors qu’il n’est pas autorisé à ouvrir la bouche , ses certitudes à l’égard des élèves qu’elle sait une fois pour toutes et de façon infaillible classer en bons ou mauvais , ses rapports avec l’inspecteur qu’elle a, selon ses dires , réussi à séduire (récit appuyé des mimiques et postures qu’elle a adoptées , bref, non seulement une caricature de prof* , mais une horreur . Elle ne s’intéresse pas au paysage . Elle remarque seulement les troupeaux de cerfs .
Ces profs sont des randonneurs, mais des randonneurs qui voyagent avec de petits sacs à dos et des valises à roulettes . Nous apprenons que la dame n’accepte pas n’importe quel type d’hébergement . Je pense qu’elle n’aurait pas apprécié nos Backpackers hostels et encore moins notre nuit sur un waterbed .
Théodorine et moi, nous n’avons parlé qu’à voix très basse, pour ne pas montrer que nous étions françaises.Je ne sais pas si elle est descendue à Crianlarich ou il pleuvait des cordes, ou si j’ai débranché cérébralement mes oreilles . Lorsque nous sommes arrivées à Glasgow, je l’avais oubliée .

  • Je crains que mes propos ne m’attirent les foudres non seulement de l’ honorable corporation des enseignants , dont les représentants qui , comme chacun sait , jouissent de longues vacances , peuvent être assez nombreux à consulter ce forum , mais même d’un ministère qui a pour fonction de défendre l’honneur injustement attaqué des fidèles serviteurs de l’instruction publique . Il existe malgré tout dans cette corporation que j’ai eu l’honneur de bien connaître, des individus fréquentables, il y en avait et il y en a toujours dans la bande de Robin Hood .

A suivre

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La suite du voyage n’a guère présenté d’éléments remarquables . Nous avons un peu hésité sur notre itinéraire lors de notre changement de gare à Glasgow, de Glasgow Queen Street à Glasgow Central l’ayant fait jusqu’ici dans l’autre sens .Pourtant, ce n’est pas loin . Nous sommes rentrées par Glasgow parce que jusqu’ici, nous n’avions fait le trajet que de nuit . Finalement , à part quelques vues sur les collines du Sud de l’Ecosse (je m’y intéresse car il existe un long itinéraire de traversée dans ce secteur , le Southern Upland Way dont on ne parle jamais sur ce forum ) , nous n’en avons guère profité car le temps était souvent exécrable .
A Londres, nous sommes arrivées à London Euston . C’est un peu plus loin de Saint Pancrace que King’s Cross, située juste à côté, mais cela se fait sans problème à pied . Sans problème, c’est vite dit. Au retour comme à l’aller, nous nous sommes un peu perdues dans Saint Pancrace et nous avons dû demander où se trouvait le départ d’Eurostar.
Il est prudent de prendre une marge lorsqu’on veut changer de gare . D’autre part, il faut compter, lorsqu’on rentre en France, sur le temps nécessaire pour passer les contrôles de la frontière .
Nous étions malgré tout bien en avance et nous avons eu le temps de manger rapidement dans une sorte de boulangerie café restauration rapide située dans la gare où l’on trouve un excellent pain français, un délice dont nous avions eu le temps d’oublier le goût pendant notre séjour . Notre principal problème a été de trouver un espace entre les tables et les chaises pour déposer nos énormes sacs et ensuite de les remettre sur notre dos sans provoquer de catastrophe aux alentours. Il y avait fort heureusement à la table voisine un anglais aimable d’une cinquantaine d’années qui parlait bien le français ,et il avait autrefois randonné en France au long cours . "Vous êtes solides, mesdames ! " est le commentaire auquel nous avons eu droit après qu’il a aidé les mules à se charger de leur bât .
Les solides dames sont parties s’affaler sur un siège sans déposer leur sac à l’entrée de la zone de contrôle des frontières . J’aurais largement eu le temps de mettre tous mes objets métalliques dans mon sac comme à l’aller pour éviter les problème . Je ne l’ai pas fait . C’était le grand relâchement . Conséquences : .non seulement j’ai eu droit à un contrôle suspicieux de la police britannique (je suis un monstre sur la photo d’identité de mon passeport ,étais-je devenue encore pire durant notre aventure ?) mais j’ai tinté au portique . C’était le mousqueton de mon petit appareil photo qui était en cause . J’ai été contrainte de le lancer dans le plateau prévu à cet effet prêt à passer le portique . Par bonheur , pour une fois, j’ai été à peu près habile . J’ai eu ensuite du mal à me cherger à nouveau de mon sac à dos . C’est le mauvais souvenir du retour . Théodorine, cette fois, n’a pas eu de problème avec le métal de ses Meindl semi-rigides .
Il n’y avait pas beaucoup de monde dans l’Eurostar . Rien à signaler sur le trajet . Théodorine a pris le métro, je suis rentrée à pied chez moi . Notre aventure était terminée . Il me reste à conclure .

A suivre

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C’était le cinquième voyage de Théodorine en Ecosse, le septième pour moi , je suis revenue sans elle en Ecosse en 2019 et j’ai effectué sans elle en 2020 en plein confinement , un voyage dans le Wester Ross que j’ai longuement raconté sur ce forum.
Nos aventures ont commencé par un préambule sur les traces de Stevenson en 2009 où un âne et trois puis seulement deux ânesses ont marché du Puy à Alès . Je ne raconte pas mes randonnées en France . En 2010 , nous sommes allées à pied de Bridge of Orchy à Fort William puis de Glenfinnan à Inverie (j’avais trouvé des cartes de la presqu’île de Knoydart qui m’avaient plu à la librairie du Vieux Campeur) . Nous sommes ensuite brièvement parties pour l’île de Skye Nous n’avions pas de topoguide . J’ai raconté notre expérience dans un carnet de voyage inachevé pour cause de panne d’ordinateur . Titre “Retour d’Ecosse par Eurolines " . Le titre n’est pas de moi . Il a été donné par le forum .
En 2012 nous sommes partis d’Inverie vers le Nord . Nous sommes allés jusqu’à Poolewe . J’ai raconté notre expérience de façon détaillée sous le titre” Randonnée d’Inverie à Poolewe "
En 2013 , nous avons repris notre marche vers le Nord, avec pas mal de problèmes . Nous nous sommes arrêtés près de Kylesku avant de découvrir les Small Isles . J’ai raconté nos mésaventures dans le carnet de voyage intitulé "Comment la montagne accoucha de quatre souris trempées ".
Jusque là , on ne pouvait pas insérer de photos dans les récits de voyage .
J’ai consacré deux carnets de voyage aux Small Isles en 2015 “Un voyage dans les Small Isles " et 2019 “Retour dans les Small Isles " . Pour ceux qui ne veulent pas aller dans l’île de Skye à cause de la foule , et qui voyagent dans voiture , c’est vraiment un choix intéressant .
En 2020, j’ai raconté nos aventures à Edimbourg sous le titre “Voyage en Ecosse d’une confinée”, récit abondamment illustré . Je me demande vraiment pourquoi l’aveu très circonstancié de mon crime n’a pas été suivi de sanctions exemplaires .
Je n’ai toujours pas fait le voyage en Ecosse initialement prévu : Edimbourg, Abbotsford et Melrose, île de Mull et début du West Highland Way . Un jour peut-être ?
C’est Théodorine qui a voulu se rendre dans l’île de Lewis et Harris , qui ne m’attiraient pas spécialement au départ . J’ai été vraiment séduite . J’ai été particulièrement marquée par l’île de Lewis et ses grands espaces monotones . J’ai retrouvé cette atmosphère dans” L’île aux chasseurs d’oiseaux” de Peter May et je compte bien lire tous ses romans écossais . J’ai beaucoup aimé aussi les environs de Dun Carloway et la côte Nord près de Garenin . Mon grand regret est que nous n’avons pas eu le temps de nous rendre à Uig , Mangersta et Great Bernera .
Mon second grand regret est que nous n’avons pas exploré du tout la barrière montagneuse qui sépare Lewis de Harris et qui m’a fascinée . Et nous avons toujours à nous rendre à Reinigeadal .
Mon souvenir le plus marquant de Harris est la découverte miraculeuse du Ceapabhal et des plages de Northon et Scarista à notre arrivée au col lors de notre première journée sur l’Hebridean Way . C’était une apparitions féérique, avec une lumière extraordinaire . Mes photos n’en donnent pas du tout l’idée.
En résumé, il nous reste beaucoup à faire dans l’île de Lewis et Harris . Théodorine n’a pas vu toutes ses Standing Stones, elle veut faire la Golden Road à vélo . Nous avons eu toutes les deux, je pense , le coup de foudre pour les Hébrides extérieures (nous n’avons pas eu le temps d’aller dans les autres îles )
Je pense donc que l’on pourrait s’occuper un mois sans s’ennuyer dans l’île de Lewis et Harris ,si on fait cette visite à pied . C’est selon moi la meilleure façon de voyager . Le réseau de bus est d’autre part finalement assez dense . Le principal problème est d’être sûr des lieux où ils s’arrêtent, la plupart du temps pas matérialisés et des horaires . ll est peut-être finalement prudent de téléphoner . Les horaires sont faciles à trouver sur Internet , sur le sIte Visitouterhebrides .
L’Hebridean Way n’est pas l’itinéraire le plus facile qui soit ,du moins pour ce qui concerne l’étape Leverburgh Seilebost . Je n’étais pas fière de nous . Nous avons terminé sur la route . En regardant des vidéos , je crois m’être aperçue que bien rares sont ceux qui ont parcouru cette étape dans son intégralité , et encore plus rares ceux qui l’auraient fait en une seule journée . Théodorine, elle , ne s’est sentie nullement déshonorée .
Nous avons pour projet de revenir dans l’île de Lewis et Harris . Pour notre prochain voyage, s’il peut avoir lieu , Théodorine veut aller à Saint Kilda . Si la météo nous l’interdisait , je crois que nous aurions droit aux Iles Shiant en guise de consolation . Je suis d’accord mais j’aimerais bien que nous précédions notre séjour dans les Hébrides extérieures par le Glen Affric Kintail Way . Il va falloir une fois de plus se livrer à des choix déchirants . Les projets d’itinéraire sur ce forum me laissent la plupart du temps rêveuse . Que peut-on vraiment voir pendant un voyage d’une semaine en voiture ? L’Ecosse de surcroît a un climat bien particulier, comme chacun le sait ,et il faut souvent faire preuve de beaucoup de patience et venir plusieurs fois avant d’avoir une vue dégagée, sinon ensoleillée d’un endroit précis .
D’un point de vue financier, ce voyage, sans le tweed acheté , a dû nous revenir à un peu plus de 800 euros par personne , la moitié à peu près représentant le coût du transport .
Pour terminer ce bilan, je dirai qu’il faut vraiment prendre au sérieux la question du ravitaillement dans l’île de Lewis et Harris . En pleine saison touristique, c’est peut-être plus facile . Fin Mai début Juin, nous avons eu des problèmes . Nous ne risquions pas malgré tout de mourir vraiment de faim sur une route désservie par des bus et relativement fréquentée à quelques kilomètres de Tarbert . Nous avions les moyens de nous payer un taxi en cas de nécessité …D’une manière générale ,d’ailleurs ,tout ce que nous avons fait était sans risque . La civilisation n’était jamais loin et la couverture réseau excellente . J’ignore s’il en est de même pour le réseau dans la barrière montagneuse .
Mais ma plus grande satisfaction au cours de ce voyage, riche de perspectives d’avenir , est peut-être l’expérience de notre nuit sur un waterbed . Preuve est faite désormais que l’on peut bivouaquer confortablement dans un marécage !

Fin

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