Randonnée en Ecosse : Lewis et Harris. Bog, famine et tweed

Forum Écosse

Bonjour,
Je commence aujourd’hui le récit des joyeuses aventures et mésaventures de deux vieilles randonneuses bivouaqueuses , récit long comme leur voyage en train, en bus et en ferry et lent comme la marche de deux mules trop chargées .
Je présenterai d’abord, comme il se doit les deux héroïnes .
Nous sommes toutes les deux, Théodorine et moi, issues de la bande de Robin Hood de Fontainebleau Sherwood, qui fut un grand maître de la randonnée bivouac " souvent hors sentier, en terrains variés pouvant être neigeux, pentus, pierreux, touffus et présenter quelques escalades
faciles " pour reprendre les termes des papiers qu’il nous distribuait lors des sorties dominicales pour que nous nous inscrivions aux randonnées en montagne estivales . Il nous habituait à passer partout, et à dormir partout , sous la tente, à la belle étoile , sur des crêtes rocheuses où nous devions nous aménager des lits confortables pour contempler le coucher du soleil, sous des auvents de rochers largement pourvus de gouttières, au milieu des buissons, et aussi en cas de grosses intempéries dans des cabanes menaçant ruine où les anciens occupants appartenant au règne animal n’avaient pas forcément eu la délicatesse d’effacer toute trace de leur passage. Bref, nous étions habitués à tout et à vivre cela avec une humeur joyeuse entretenue par des discussions et plaisanteries improbables d’inspiration scientifique , métaphysique ou purement fantaisiste . Ce fut une véritable chanson de geste , s’étendant sur plusieurs dizaines d’années, plus proche à vrai dire des Monty Python que d’oeuvres littéraires plus sérieuses .
A ces expériences ne manquait que celle du spongieux, les tourbières n’occupant qu’une place marginale dans les montagnes que nous fréquentions . Je parle ici du spongieux de haut niveau, que nous avons eu l’heur de découvrir en Ecosse .
Théodorine, je l’appelle ainsi à cause de Théodore Monod, ce qui la flatte, est naturaliste de formation. Cela lui permit ,un jour loù nous passions en raquettes le col du Longet dans le Queyras, de nous parler de la péridotite serpentinisée, roche du manteau océanique aloin . Elle a pu s’en donner cette fois-ci à coeur joie à examiner le gneiss lewisien et à découvrir, ce sont je parlerai plus tard dans le cours de ce récit, une nouvelle roche métamorphique . Elle est plus agile, et plus résistante que moi , appartenant à l’espèce des fourmis qui transportent des charges énormes ,et porte en fin de compte sans grand dommage le tiers de son poids alors que je peine sous une charge qui atteint le quart du mien . Triste manifestation de la sarcopénie sénile ! En ce qui me concerne , une sérieuse reprise en main est nécessaire .
Théodorine a déja fait quatre randonnées en Ecosse en ma compagnie, de 2010 à 2015 . Elle n’a pu faire la cinquième , étant assignée à résidence par une vieille chatte caractérielle et diabétique qui n’acceptait que d’elle ses deux piqûres d’insuline quotidiennes.
Quant à moi Calamity , j’en suis à la sixième . Je n’ai guère pour qualité qu’une rusticité certaine , une aptitude assez développée à me repérer dans les réseaux et horaires -théoriques -des chemins de fer , bus, bateaux et même téléphériques , mais surtout , je suis la chroniqueuse de nos aventures .
Pour achever la présentation des protagonistes de cette histoire, je vais sacrifier pour la première fois à la mode contemporaine et livrer de nous deux un portrait en pied qui permettra aux lecteurs de mieux nous connaître .


Théodorine

Et moi Calamity.
A suivre

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Préparatifs
La destination du voyage a été fixée par Théodorine . Elle est attirée non par les mers chaudes et les plages où l’on peut se dorer , mais par l’Atlantique Nord et elle rêvait du tweed de Harris . Quant à moi, je déteste la chaleur et la foule, j’aime les pays plutôt froids, pluvieux et humides . Lectrice de Jules Verne depuis l’âge de huit ans, des** Enfants du Capitaine Grant et de L’Ile mystérieuse, à défaut d’aller dans les îles de l’hémisphère austral qui m’ont toujours fait rêver , je pouvais sans mal me satisfaire des Hébrides extérieures et il s’agissait d’abord pour moi de revenir en Ecosse. Le projet prit corps lors d’une randonnée bivouac dans mes highlands cantaliennes l’été dernier , la date fixée en Décembre et Théodorine se chargea à la veille de Noël de prendre les réservations pour Eurostar . Le reste pouvait attendre .
Nous avons acheté plus tard des pass ferroviaires auprès d’Acprail , des euroflexipass, en l’occurrence deux jours de libre circulation sur le réseau ferré britannique avec l’idée de faire d’une traite Paris Inverness le premier jour et Fort William Paris le dernier . Deux mois avant le départ , nous avons réservé au Student Backpackers à Inverness et au Backpackers hostel de Fort William et au dernier moment , ferries et bus d’Inverness à Ullapool. Pour le reste, nous devions improviser . En revanche, j’avais soigneusement examiné les horaires et Théodorine avait imprimé tous les horaires des lignes de bus de Lewis et Harris qui nous intéressaient . Il faut ajouter à ces préparatifs le plus important : l’achat de cartes à la librairie du Vieux Campeur ,et d’un topoguide de l’Hebridean Way par Théodorine .
Matériel :
Théodorine a apporté sa tente , une MSR deux places àrmature en arêtes de poisson achetée pour l’Ecosse en 2012, plus légère que la mienne , un vrai palace pour deux personnes que je suis incapable de monter en l’absence de celui que j’appelle Cyrus Mac Gyver dans mes récits précédents, mon monteur de tente et de réchaud attitré . Elle a pris aussi un réchaud à gaz acheté par nous deux en copropriété en 2015 à Fort William pour un séjour dans les Small Isles et je me suis procuré un matelas gonflable chez Decathlon .


La tente de Théodorine sur le camping de UIg (Skye) avant la pose du double toît .
A suivre

> Citation

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Nous avons fait une liste du matériel à emporter, nous avons une certaine expérience dans ce domaine . Nous avons cherché à nous alléger . Au final, nos sacs seront trop lourds, comme d’habitude (16 kilos pour moi, peut-être plus pour Théodorine qui emporte une vraie bibliothèque ) et nous négligerons d’apporter par excès de confiance un objet essentiel .
Pour le ravitaillement, depuis notre randonnée de fin Juin 2023 où nous avions décidé de renouer avec la randonnée bivouac par un parcours de Saint Flour à Mur de Barrez par le GR 4 et le GR 465 en passant par le sommet du Plomb du Cantal , nous nous sommes entendues pour emporter le minimum, après l’expérience d’un chargement vraiment excessif . Il n’est plus question d’emporter tous nos fonds de placards périmés comme nous en avons l’habitude, avec le sens de l’épargne qui nous caractérise . Nous achèterons tout sur place. Une journée sur une variante du GR 4 entre Valuejols et Prat de Bouc en plein soleil alors qu’il faisait officiellement 32° à l’ombre , souvent hors sentier dans de hautes herbes ,sans point d’eau, et où pour finir nous fûmes obligées de passer un assez grand nombre de fois de part et d’autre d’une clôture de barbelés pour éviter le troupeau de vaches de Salers bien encornées le plus proche nous avait épuisées . Les troupeaux comportaient bien entendu , non seulement les vaches, de moins en moins civilisées, mais aussi leurs veaux et le taureau, et il y en avait partout . De plus les barbelés du Cantal sont dignes de Verdun . Les paysans du Cantal mobilisés ont rapporté ce savoir-faire de la première guerre mondiale et ils l’ont transmis aux générations suivantes qui maintiennent fidèlement cette tradition. Quatre ou cinq rangées de barbelés parfois renforcés de grillage à moutons ou de fil électrifié, c’est du sérieux . Le plus sûr , quand c’est possible, c’est de passer sac et bâtons au dessus de la clôture , de ramper à plat ventre , non sans avoir vérifié au préalable l’absence de vipères, et de se relever. Mais le pire, c’est devoir à nouveau se charger à nouveau d’un sac trop lourd alors qu’on ne dispose pas d’un banc de sherpa . Bref, désormais nous serions raisonnables .
C’était sans compter sur la peur de manquer et le solide appétit qui nous caractérise . Théodorine est arrivée avec le reste du stock de lait en poudre et de nescafé de l’année dernière , des soupes minute, une quantité impressionnante de galettes végétales et d’infusions, des pâtes de couleur bizarre, et j’ai cru bon d’ apporter de la pâte de dattes (Théodore Monod traversait le désert avec de la semoule, de l’huile d’olive et des dattes) et de la pâte d’amandes , à titre de rations de survie . Malheureusement , aucune de nous deux n’a apporté de la purée en flocons, comestible même diluée dans l’eau froide comme nous en avons fait l’expérience l’année dernière , où nous redoutions de mettre le feu aux prés dont le foin avait été mal râtelé .
Cette année, nous pensions pouvoir cuisiner normalement , mais pour cuisiner il faut du gaz, et le gaz est interdit à bord d’Eurostar . Nous achèterions le gaz à Ullapool ,au magasin de sport d’Ullapool visité en 2013, ou à Stornoway .
Théodorine est passée chez moi à Paris une semaine avant le départ. Nous avons discuté des derniers préparatifs . Je suis repartie à la campagne chez mon Cyrus Smith Mac Gyver et nous avons décidé de nous retrouver à la gare du Nord une heure 30 avant le départ d’Eurostar.
A suivre

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Je n’ai pas pu résitser à la tentation d’illustrer ma digression précédente sur les problèmes que pose le passage de clôtures avec un gros sac bien chargé par une photo illustrant la situation (le topoguide du GR4 suggérait de suivre la clôture visible ici ). Vous pourrez constater ainsi que les paysages et les vaches de mes highlands cantaliennes entretiennent des relations de parenté . Le Cantal a quelques beaux marécages , les sagnes , parfois dangereuses, cousines modestes malgré tout des tourbières écossaises, comme la cabrette est une cousine modeste de la cornemuse . Quant à Théodorine , elle est à demi bretonne , apparentée à l’Ecosse par la mer et le biniou . Mais je clos cette digression et je reviens à notre voyage .

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Nous devons prendre le premier Eurostar du matin . Il part à 7h12 . L’objectif du premier jour est d’arriver à Inverness le plus tôt possible , pour avoir le temps de faire quelques courses et de nous rendre dans un pub .Pour moi, le voyage a commencé la veille . J’ai dû partir dans l’après-midi de Picardie où je séjourne fréquemment chez celui que j’appelle Cyrus Mac Gyver dans mes carnets de voyage consacrés à nos aventures qui se sont terminées de manière peu glorieuse* pas loin de Kylesku sur le West Highlands Way et le Cap Wrath Trail. Idéalement , nous aurions dû prendre le dernier Eurostar du soir puis le Caledonian Sleeper , mais l’expérience m’a appris à maintes reprises que je ne pouvais pas accorder ma confiance aux TER des Hauts de France. Résultat , nous devons être à la gare du Nord à 5h45 . C’est inhumain, mais le prix des billets est très raisonnable .L’excitation du départ nous empêche complètement de dormir . Théodorine habite comme moi Paris intra muros mais elle ne peut pas comme moi se rendre à la gare du Nord à pied . Il est trop tôt pour qu’elle puisse prendre un métro ou le bus . Elle arrive donc en taxi et le chauffeur s’étonne qu’elle envisage de marcher avec un sac aussi lourd .
Peu nombreux ceux qui arrivent avec une heure trente d’avance comme on nous le conseille . Nous allons attendre longtemps . Au moins nous sommes parmi les premiers voyageurs à passer les contrôles de la frontière . Pas de problème pour moi qui me suis relativement bien organisée . J’ai mis, soigneusement tous mes objets métalliques dans mon sac pour ne pas avoir de problème. Mais Théodorine se met à tinter au passage . On l’arrête, on fouille le bas de son pantalon . C’est en fait la semelle de ses chaussures Meindl semi-rigides qui est en cause . On finit tout de même par la libérer Une très longue attente commence à nouveau avant que l’on nous accorde l’accès au train , notre petit déjeuner est trop lointain , ces péripéties ont réouvert un appétit toujours prompt à se réveiller et c’est justement alors que Théodorine n’est pas revenue de son expédition de ravitaillement que nous avons le droit d’accéder au quai .
Finalement, nous nous installons avec un peu de marge dans un wagon presque vide . Nous pouvons enfin complètement nous détendre . Nous nous mettons en quête de prises pour charger nos téléphones et je finis par les découvrir , sous les sièges , en me mettant à quatre pattes . Nous arrivons rapidement à London St Pancras , mais quelle attente à la gare du Nord !

  • J’ai raconté le détail de cette affaire dans le carnet de voyage de 2013 intitulé "Comment la montagne accoucha de quatre souris trempées "
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Nous devons passer de St Pancras à King’s Cross pour prendre le train pour Edimbourg . Les deux gares sont très proches mais nous ne prenons vraisemblablement pas le plus court chemin pour sortir de St Pancras et nous manquons de peu de nous retrouver dans le métro . Nous réussissons tout de même à avoir le premier train qui part à 9 heures , alors que nous avons du mal à comprendre les formalités d’accès au quai, grâce à un employé aimable qui nous a accordé le passage. Nous ne trouvons pas le tableau de départ des trains , mais la chance est avec nous et nous tombons sur le train pour Edimbourg . Nous montons donc dans le premier wagon venu (nous n’avons rien réservé ). Le problème est de caser nos sacs monstrueux . Les trains entre Londres et l’Ecosse ont de tout petits compartiments à bagages, c’est bien pire que nos TGV et il y a une famille lourdement chargée , avec poussette . Il y a fort heureusement des places assises libres , au moins sur des portions du trajet , tous les bagages des voyageurs se casent peu à peu , par miracle et je n’aurai à déménager , pas loin, qu’une seule fois . Aucune remarque du contrôleur , lorsque nous lui présentons nos pass, sur notre absence de réservation . Apparemment ,ce n’est pas comme en France où , même sur les Intercités, la réservation est devenue obligatoire . Le système britannique est plus souple .
Le temps n’est pas beau, il se met à pleuvoir . Je ne pourrai pas apercevoir Durham comme lors de mon dernier voyage en Ecosse . Peu de faits marquants lors de ce trajet entre Londres et Edimbourg , sinon une expédition de ma part pour trouver de quoi manger et boire . L’expédition est fructueuse, comme on le voit .


Mon très mauvais anglais (je ne l’ai p) me fait aussitôt reconnaître

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Mon très mauvais anglais (je n’ai pas appris l’anglais au lycée , je suis très largement autodidacte dans ce domaine, mais je débrouille plutôt bien lorsqu’il s’agit de le lire ) me fait aussitôt reconnaître comme Française . L’une des serveuses parle français et me donne deux Twix en prime . Revenue à mon siège , j’apprends de Théodorine que l’on peut se faire livrer à sa place , grâce à un QR Code . C’est trop compliqué pour moi . Je n’ai pas compris comment cela pouvait fonctionner .


Nous arrivons enfin à Berwick où je signale à Théodorine que la rivière est la Tweed et où elle remarque un vestige du mur d’Hadrien . Après , la ligne de chemin de fer longe pendant quelque temps la côte . Malheureusement , il ne fait pas beau et ma photo est très mauvaise .

Peu de temps après ,nous arrivons à Edimbourg .
A suivre

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Calamity, de calamité vous n’avez que le nom … j’adore votre récit, vos aventures et les galères vécues en rando en Ecosse … on connaît (pluie, vent, froid, recherche d’un terrain plat et non marécageux, bothy au toit éventré … ).
Aussi bien en Ecosse que dans le Cantal, régions que je connais fort bien pour la rando! Encore encore! Mais 16kg de bagage! Waouh! Jamais été aussi lourd, même en Ecosse!
Depuis qq temps on utilise Insect écran famille (molécule icaridine) pour les tiques . Il semble vraiment efficace, mais je n’en ferais par une règle. Plébiscité par Que Choisir. Et n’oubliez pas le tire-tique.

Bonjour Glencoe,
Merci pour votre message d’encouragement et pour le renseignement sur les tiques .
Je déplore cependant que l’on modifie le titre de mes messages . Les midges ne sont pas des moustiques et j’ai donné intentionnellement le titre" Bog, famine, et tweed " à mon récit .et non “Bog (famine et tweed ) .Une parenthèse est une explicitation d’un terme ou une réflexion associée . Elle n’a pas de sens ici.
A l’intention de ceux qui l’ignoreraient, et bien que je ne sois pas angliciste de formation mais lectrice de topoguides en anglais , je signale que le terme anglais “bog” s’applique au “wet land” caractéristique de la plus grande partie du territoire des Highlands et des îles de l’Ouest


Je présente ci-dessous un bel exemple de bog, sur une photo que j’ai prise en 2013 dans la montée du bealach na h Uidhe à partir d’Inchnadamph, le jour de notre dernière étape sur le Cap Wrath Trail /
Ceux qui ignorent ce qu’est le bog écossais peuvent regarder avec profit cette vidéo de Iain Harper, auteur d’un guide sur le Cap Wrath Trail .

Les topoguides sur l’Ecosse, les descriptifs de Walkhighlands , prennent en compte le” bog factor".
Ceux qui voudront se lancer dans la randonnée en Ecosse sans en tenir compte s’exposent à bien des déconvenues . Le “bog” est partout , même sur les pentes assez raides, et glissantes . L’une de ses versions les plus intéréssantes , ce sont les "peat hags ". Un bel exemple de “peat hags” dans le “bog”
Peat hags on Beinn a Chapuill © Anthony O'Neil cc-by-sa/2.0 :: Geograph Britain and Ireland . Mais il y a pire .
Il faut savoir (mais c’est parfaitement logique), que le “bog” est plus ou moins redoutable suivant l’état des précipitations . Nous avons eu un temps dans l’ensemble assez beau et “sec” , ce qui est tout relatif . Mais je n’ai encore jamais rencontré un terrain sec en Ecosse , sec selon le test du genou . Le genou est -il sec ou humide lorsqu’on vient de s’agenouiller pour enfoncer un piquet de tente ?

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Je suis fan également de vous et de votre humour (vive les Monty Pythons!)et vous suis de près, admirative (et même perplexe) devant le poids de vos sacs. Merci de poursuivre votre récit, c’est un réel plaisir qui illumine mes journées de travail en attendant mon séjour en Ecosse fin juillet.

Bonjour Hashtag,
Merci pour votre message . Mais ne faites pas trop enfler mes chevilles , j’aurai encore plus mal aux pieds .
Le poids de nos sacs est déraisonnable, et nous cherchons à les alléger car cela nous ralentit et nous fatigue un peu , tout de même mais Théodorine a très longtemps couru le marathon , c’est un vrai phénomène . En ce qui me concerne , plus jeune , je portais aisément plus . Est-ce un effet de l’éducation des enfants dans l’immédiat après guerre où l’on faisait moins attention à ce que transportaient les enfants, de la sélection naturelle dans les régions montagneuses pauvres ?On m’a cité récemment le cas d’un habitant du Cézallier qui, allant en ville alors qu’il ne sait pas faire un créneau, a garé sa voiture en la soulevant . Un membre de mon clan familial m’a dit à diverses reprises que c’est avec les mules que l’on avait gagné la bataille du Mont Cassin. Théodorine , elle rapporte n’importe quoi dans son sac : énorme pierre du Dévoluy, pieds de table en fonte abandonnés dans la rue par des déménageurs pour ne citer que deux exemples mémorables, sans compter un stock de livres achetés dans l’île de Skye lors de notre premier voyage en Ecosse alors que nous avions déjà des sacs bien lourds .
A treize kilos, nous serions maintenant vraiment à l’aise .

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Il est un peu plus de treize heures lorsque nous arrivons à Edimbourg . Le train pour Inverness part 12 minutes plus tard . Par chance ,nous sommes à l’heure et nous le trouvons rapidement . Il y a cette fois-ci pas mal de place et nous prenons nos aises . Malheureusement le temps exécrable ne nous permet guère de profiter du paysage . C’est dommage, parce que , pour la première fois, à mon grand étonnement , au lieu de franchir le Firth of Forth sur le fameux viaduc métallique, nous passons par Stirling . J’aperçois fugitivement au loin le château de Stirling dont je reconnais la silhouette par les nombreuses photos que j’en ai vues . Le plus remarquable pendant cette partie du voyage est l’intervention d’un gigantesque contrôleur, sans doute d’un lignée de champions de lancer de tronc d’arbres , qui se livre à des plaisanteries qui font beaucoup rire l’assistance mais dont nous ne comprenons malheureusement pas un mot .L’ambiance des contrôles est bien différente de celle que l’on observe lorqu’on voyage en France .
Le paysage devient ensuite plus intéressant , nous apercevons en effet des montagnes à l’horizon.


Malheureusement , nous ne bénéficions pas d’une bonne lumière .
Après Perth , jet jusqu’à Aviemore, nous retrouvons des paysages que nous avons déjà vus à plusieurs reprises, avec d’un côté de la vallée les Monadliath Mountains, de l’autre les Cairngorms . La dernière fois, en Avril 2013, elles étaient enneigées .



Photos 2013 .
Cette fois-ci, il y a tellement de reflets dans la vitre du wagon que mes photos sont inutilisables ,à part celles-ci, qui ,quoique mauvaises, donnent une idée de l’aspect fantastique que prennent les “hills” dans la brume .


Pour la première fois, j’aurais envie de marcher sur ces crêtes et je dis à Théodorine qu’il faudrait que nous parvenions à l’âge de Jeanne Calment pour réaliser tous nos projets . Mais je suis déçue de ne pas réussir à apercevoir le château de Blair lorsque nous passons à Blair Atoll .
Nous arrivons finalement à Inverness peu après 17 heures mais il est trop tard pour nous mettre en quête d’une cartouche de gaz pour notre réchaud . Je compte encore sur le magasin de sport d’Ullapool. Nous nous contentons de repérer la gare routière pour le lendemain matin , et de partir à la recherche du Student Hostel d’Inverness où j’ai réservé, car il est difficile de bivouaquer dans un jardin public . En chemin, Théodorine fait du lèche vitrines et nous repérons des soldes qui pourraient nous intéresser , mais le premier jour du voyage ne convient absolument pas à cette activité .
Nous parvenons enfin, sous la pluie , soulagées à la perspective de nous reposer après cette longue journée de voyage précédée d’une nuit quasiment sans sommeil, à ce que nous croyons être notre but , nous nous présentons à la réception d’un établissement qui nous paraît être le nôtre . Nous aurons un court moment d’inquiétude car on ne trouve pas notre réservation, on ne connaît pas mon nom , et je crains d’avoir été victime d’une escroquerie en réservant sur Booking.com . Inquiétude non fondée , notre gîte est en fait situé un peu plus loin, ce dont on nous informe quand je présente les références de notre réservation et nous parvenons enfin à notre but .Trop fatiguées pour ressortir sous la pluie, nous renonçons à nous rendre dans un pub.
A suivre .

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Nuit à Inverness
Nous sommes accueillies très aimablement au Student Hotel d’Inverness par une très aimable jeune femme qui reconnaît rapidement en nous des françaises à notre accent abominable et qui parle le français beaucoup mieux que nous ne parlons l’anglais . Nous acceptons la proposition qui nous est faite de prendre le petit déjeuner pour un supplément modique , cela nous fera gagner du temps.
Nous ne sentons nullement gênées de loger dans un hébergement en principe réservé aux étudiants voyageant sac à dos (les sacs que nous apercevons sont d’ailleurs beaucoup plus modestes que les nôtres ) . Théodorine a suivi il n’y a pas si longtemps des cours dans les jardins de Versailles pour apprendre la technique du plessage des haies et je suis pour ma part élève d’une école de musique où je n’aime pas faire de l’absentéisme. C’est pour cela que je suis rentrée à Paris après ma leçon, trop tard pour être sûre pour prendre le dernier Eurostar puis le Caledonian Sleeper au lieu de voyager de jour . Nous sommes donc , à mon avis au Student Hotel de plein droit .
La cuisine offre tout le nécessaire .Nous y faisons un repas rapide ,assez frugal . Théodorine remarque que seules, les filles font la cuisine , les garçons , eux, doivent aller au pub . On est prié de faire la vaisselle, de la ranger , de l’essuyer et de nettoyer les appareils de cuisson. Si la vaisselle est effectivement à peu près faite, c’est nous qui allons nous charger de l’essuyage , du rangement de tout ce qui traîne , et du nettoyage de la cuisinière, bien que nous ne soyons pas forcément des ménagères obsessionnelles , Nos exigences en matière d’ordre, même les miennes - je déplore que la tolérance dont je fais preuve à mon égard dans ce domaine ne soit pas universellement considérée comme une vertu - me semblent un peu plus élevées que celles des jeunes générations . Cela nous vaut les remerciements de la charmante jeune femme de l’accueil .
Théodorine est plus audacieuse que moi . C’est elle qui se risque la première dans les douches . Elle a d’abord du mal à en comprendre le fonctionnement mais déclare avoir réussi . Je m’y risque à mon tour. Je commence d’abord à chercher vainement un interrupteur pour avoir de la lumière . Il me faut un certain temps pour comprendre qu’il faut tirer sur un fil et après pour m’apercevoir qu’il vaut mieux ne pas coincer ce fil dans la porte . Mon intelligence technique est limitée . Cyrus Smith Mac Gyver affirme avec une perfide ironie que j’appartiens non pas comme lui à l’espèce de l’homo faber , mais celle de l’homo sapiens . Après avoir résolu ce problème , je vais connaître un échec devant l’épreuve suivante. Malgré plusieurs tentatives empiriques et un essai de réflexion plus élaboré, je n’arrive pas à trouver comment obtenir de l’eau chaude et je termine héroïquement cette longue journée par une douche froide , mais il en faudrait beaucoup plus pour mettre en défaut ma remarquable aptitude au sommeil .
Nous nous rendons donc dans notre dortoir . C’est un dortoir mixte . Nous n’avons pas eu le choix, la réservation ayant été faite assez tard , et de toute façon ,nous sommes habituées aux dortoirs des refuges de montagne où cela ne nous embarrasse nullement . Les bêtes fatiguées qui les peuplent ne se distinguent guère que par le raffinement du parfum qu’elles exhalent et la puissance de leurs ronflements . A ce sujet , je crois bon de rappeler une sage réponse d’un membre éminent de la bande de Robin Hood de Fontainebleau Sherwood à une jeune péronnelle tout juste introduite dans la bande qui se plaignait au refuge de l’Essaure d’avoir dormi dans un champ de gorets : “ceux qui se plaignent d’entendre les autres ronfler n’ont qu’à dormir”.
Nous sommes seules dans le dortoir quand nous prenons possession de nos lits superposés , seules quand nous revenons au moment du coucher . Des bottes de motard semblent indiquer cependant que nous aurons des voisins mais nous ne les entendrons pas . Théodorine prend des nouvelles de son époux , j’appelle Cyrus Smith Mac Gyver pour savoir ce qu’il en est de lui et des jeunes personnes griffues et moustachues chargées de veiller sur lui en mon absence . L’esprit serein , nous sombrons rapidement dans le sommeil des justes .
Le jour se lève malgré tout très tôt en cette saison au Nord de l’Ecosse, et nous apprendrons plus tard que nous nous sommes réveillées à peu près à la même heure , vers quatre heures du matin . Elle occupe le lit supérieur , moi celui du bas qu’elle m’a généreusement permis d’occuper car je suis la moins agile , mais un même spectacle, en vue directe pour moi, en vue plongeante pour elle , s’offre à nos yeux . Là où il n’y avait personne s’étale maintenant l’opulente façade arrière d’un motard dont la tenue m’évoque aussitôt la Junie de Racine
“Belle, sans ornements, dans le simple appareil
D’une beauté qu’on vient d’arracher au sommeil”, à cela près que Junius le motard est vraiment dans le plus simple appareil .
Théodorine quant à elle songe aussitôt à
“Couvrez ce sein *que je ne saurais voir .
Par de pareils objets les âmes sont blessées ,
Et cela fait venir de coupables pensées”
Nous nous sommes aussitôt détourné de ce spectacle qui offensait notre regard de prudes Arsinoé et nous nous sommes endormies à nouveau . Le lendemain matin, Junius était fort décemment enveloppé dans sa couverture . Théodorine et moi, nous n’avons parlé qu’une fois parties de ce fait marquant de la nuit .
Ces motards étaient au nombre de trois .Théodorine a fait remarquer qu’ils étaient rentrés sans faire de bruit . Peut-être était -ce nous qui dormions comme des souches .En tout cas, nous remercions celui d’entre eux qui a suscité notre hilarité, à laquelle nous n’avons donc donné libre cours que sur le chemin de la gare routière .

  • Chacun des lecteurs est capable de faire la substitution nécessaire .
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Calamity, cette citation va devenir ma devise, pour des raisons que je préfère garder secrètes afin de conserver un minimum de mystère et de glamour :rofl:…J’adore votre humour et j’imagine très bien la scène dans le dortoir qui toutefois aurait quand même fait venir “de coupables pensées”…Coquine!!!
J’attends la suite avec impatience!

Bonjour @calamity_jane ,

Bravo pour votre récit qui est très amusant et qui change des carnets de voyage habituels !
Vous avez un vrai talent de narratrice , vous devriez écrire un livre sur vos voyages !

J’attends la suite avec impatience !

Bonjour,
Merci pour vos encouragements . La suite arrive, à petite vitesse, et il y aura assez , prochainement une interruption de quelques jours .Pour ce qui est des "coupables pensées " , elles sont apparues hier soir lorsque j’ai voulu retrouver la citation complète du *Tartuffe *Théodorine n’avait cité que le premier vers .

En tout cas, nous avons vraiment beaucoup ri pendant nos aventures.

Nous partons donc à la gare routière , occupées par la pensée de Junius, notre viril Arès kallipyge, dont la posture m’évoque , en plus alangui et plus ensommeillé celle de la Grande Odalisque d’Ingres . Il ne m’a pas semblé toutefois, à la réflexion ,présenter de vertèbre surnuméraire , et c’est peut-être préférable pour encaisser les vibrations de son char .
Le nôtre , collectif , est affrété par Citylink . J’ai réservé par Internet , contrairement à mes habitudes , craignant que depuis mon dernier voyage en Ecosse, en 2019, la fréquentation des bus n’ait augmenté . Il y a effectivement pas mal de monde mais encore un peu de place . Nous quittons donc Inverness pour Ullapool.

La route est assez chargée entre Inverness et Ullapool . Pas mal de véhicules de tous genres , avec des caravanes et des camping cars alors que nous ne sommes pas encore en pleine saison touristique . Effet de la mode de la "North Coast 500 " qui incite à faire le tour des Highlands en une semaine ou moins ?
On pourrait cependant , selon moi, passer sans dommage deux mois ne serait-ce qu’entre le Kintail et le Wester Ross où il y a tant à explorer .
L’Ecosse est de plus en plus fréquentée, de façon selon moi (c’est un avis minoritaire qui peut indisposer ) trop superficielle et trop rapide . Craignant que le bus du retour ne soit complet (il y a effectivement beaucoup plus de monde dans les bus que lors de nos voyages précédents où ils étaient souvent quasi vides ) , je me félicite que nous ayons réservé la veille les trajets Uig Fort William pour le retour en passant à la gare routière encore ouverte .
Le temps est exécrable . Le paysage devient assez vite intéressant , nous apercevons des lochs et devinons des “hills” dans la brume . J’essaie de faire quelques photos , mais elles sont inutilisables, à part celle-ci que je prends lorsque nous atteignons le loch Broom .


Contrairement à ce que j’espérais (nous arrivons à 9 h30 à Ullapool sur le port et le ferry part à 10h30, nous n’aurons le temps ni de nous rendre au magasin de sport tout proche où nous espérions trouver une cartouche de gaz adaptée à notre réchaud, ni de passer à la librairie cartothèque pour acheter la carte au 25000ème qui pourrait nous aider sur une section délicate de l’Hebridean Way, ni de prendre un breakfast au magasin de sport (c’est là qu’en 2013, nous avions apprécié un excellent breakfast, pour un prix vraiment très modique , à l’étage du magasin, après avoir vu avec étonnement au rez- de -chaussée des piquets de tente à planter dans les rochers ). J’ai réservé tardivement nos traversées entre Ullapool et Stornoway , et sur nos billets, il nous est demandé de nous présenter 45 minutes avant le départ du ferry pour notre enregistrement . Pas de pub à Inverness, pas de breakfast à Ullapool , pas de gaz ,pas de carte au 25000ème . Nous plaçons malgré tout tous nos espoirs dans Stornoway . L’espoir aide les âmes qui ne sont pas parvenues au plus haut degré du stoïcisme à supporter avec fermeté les maux du présent . Bref, notre moral est toujours excellent .
A suivre

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Bonjour !

Voilà un récit qui commence fort bien, avec une écriture vive et emportée qui nous incite à partager le voyage, bien que sous des cieux fort peu cléments… :slight_smile:

Bonjour,
Je suis ce périple avec beaucoup d’attention également, habitué des pays du Nord, je vous citerai juste un dicton norvégien : Il n’y a pas de mauvais temps, que des mauvais vêtements…

Nous avons eu en fait un temps très convenable, (deux jours et demi de pluie sur treize , et notre équipement (classique pour des habitués de la randonnée en montagne ) était tout à fait adapté .

C’est la seconde fois que nous venons à Ullapool . La première fois, c’était en 2013 , lors de nos dernières aventures sur le Cap Wrath Trail . Ce jour-là , il faisait beau . C’était le tout début du mois de Mai et la recherche 'un bivouac pour la nuit nous avait conduits sur le Hill path . Nous avions campéà mi hauteur et nous pouvions voir de notre lieu de camp la presqu’île de Scoraig dominée par le Ben Ghobhlach et les arêtes de l’An Teallach émergeant au dessus de la première ligne de crête


On reconnaît sur cette photo la tente de Théodorine .
Au sommet du Hill path , nous avions une vue magnifique sur le loch Broom avec au fond des montagnes enneigées (secteur du Beinn Dearg ?)

Et nous pouvions voir au Nord dans l’Assynt émerger les crêtes du Ben More Coigach et du Suilven .


En 2020, j’avais eu pour projet de revenir dans le secteur , de visiter enfin Scoraig, accessible seulement en bateau ou par un beau chemin au dessus du Little loch Broom qui me fait rêver depuis la première fois que je l’ai aperçu , et de me rendre à Achiltibuie pour bien voir les Summer Isles . Malheureusement , peu de jours avant notre départ , le confinement a mis fin à nos projets .

Presqu’île de Scoraig et Summer Isles .
J’espérais cette année bien découvrir toutes les Summer Isles à partir du ferry , et voir au loin les sommets de la Fisherfield Forest quand le ferry s’éloignerait d la côte . Nous avions dormi en 2012 à côté de Carnmore bothy d’où nous apercevions le sommet de l’A Maighdean lors de notre randonnée d’Inverie à Poolewe . J’espéris aussi deviner le Stac Pollaidh et le Suilven quand nous nous serions suffisamment éloignés de la côte.La météo en a décidé autrement . La pluie s’était arrêté, mais le temps était bien gris et brumeux sur Ullapool.

A suivre .

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Nous allons attendre le ferry bien longtemps dans une salle où nous ne voyons pas grand’chose . Nous devons prendre le MV Loch Seaforth , un ferry récent . Caledonian Mac Brayne , apparemment , a pas mal de problèmes avec ses bateaux , les vieux comme les récents .Ils tombent souvent en panne, les nouveaux comme les anciens, ce qui a des conséquences catastrophiques pour la desserte de certaines îles. Le MV loch Seaforth est récent . Construit en Allemagne , il est en service depuis 2014 et collectionne les pannes . Les horaires des ferries ne sont pas très fiables . Réserver pour des piétons , hors période d’affluence , a pour intérêt d’être informés en cas de suppression d’un ferry ou modification d’horaire . Calmac manque cruellement de ferries .L’Ecosse ,d’près ce que j’ai lu , envisagerait d’acheter de vieux navires norvégiens et des bateaux construits en Turquie . Les temps changent Je me souviens d’une époque lointaine , où accompagnant des archéologues dans une lointaine île de la mer Egée (une amie archéologue m’avait recrutée pendant mes vacances comme dame de compagnie et comme mule * chargée de porter un lourd théodolite,) j’avais voyagé , dormant alternativement à la proue au milieu des poubelles ou à la poupe à côté de caisses de poussins , préférant ce voisinage à une cabine puante ,sur un très vieux rafiot grec rouillé et malodorant dont les retards étaient impressionnants . Le chef de la mission m’avait déclaré alors qu’il y avait pire que les bateaux grecs : les bateaux turcs . Donc, les temps changent, vraiment . Faut-il y voir une signe du déclin des sociétés occidentales et de la disparition de leurs compétences ? Des esprits chagrins pourraient le penser .
La semaine précédente , les prévisions météo semblaient annoncer une mer plutôt agitée pour notre départ . Une jeune parente farceuse , qui me fait beaucoup rire , m’a conseillé de prendre ma bouée canard en attendant que la Navy vienne nous secourir . En fait la mer est relativement calme . J’ai pris assez souvent le bateau mais je n’ai jamais subi de tempête et je ne sais toujours pas ce qu’est le mal de mer . Peut-être le découvrirai-je l’année prochaine si Théodorine peut réaliser son rêve de se rendre à Saint Kilda . Je serai partante pour l’aventure .

  • J’avais au dernier moment été remplacée ( avantageusement ? ) par une vraie mule .
    A suivre

Nous attendons donc le MV Loch Seaforth , parquées dans la salle d’attente . Nous avons dû arriver trop tôt , nos billets de "piétons sans véhicule " ne requérant pas de formalités supplémentaires . Notre bateau finit par apparaître et une longue cohorte de véhicules débarque , suivie des piétons qui empruntent une très longue passerelle . Aujourd’hui, il est à peu près à l’heure , malgré ses pannes récurrentes . Nous pouvons donc espérer arriver à temps à Stornoway et ne pas traîner un jour de plus à Ullapool (nous aurions de quoi nous occuper , par exemple en complétant l’ascension du Hill Path par un tour du côté du loch Achall, mais nous préférons utiliser sur Lewis le jour de battement que j’ai prévu en cas de problème . Il est vendredi 24 Mai et nous devons absolument être à Callanish le samedi soir , après avoir fait nos courses à Stornoway pour occuper le dimanche et le lundi bank holiday (jour férié qui s’annonce ) à marcher vers le Nord .
Nous embarquons enfin et nous retrouvons , la passerelle franchie dans un bateau tout beau ,tout propre , presque trop . Je ne rêve pas du tout de croisière sur l’Harmony of the Seas ou l’un de ses semblables , pas plus que Théodorine , je le suppose . Ce serait pour moi un cauchemar de passer des vacances sur une cité des 4000 rénovée naviguant sur la mer . Aux amateurs de croisière en ville flottante, je suggérerais volontiers la lecture de *t’île à hélice *de Jules Verne .Pour ma part , je n’aime que les bateaux qui servent de bus et de camions locaux, comme le celui des Small Isles qui parfois est affecté, d’après ce que j’ai lu , au transport du bétail . Il plaît à la conductrice de vaches *Salers occsionnelle que je suis de songer que la mezzanine du MV loch Seaforth indisponible l’été prochain a été endommagée par un taureau des Highlands furieux de quitter les Hébrides extérieures pour un sort incertain. En empruntant cette longue passerelle , j’ai pu songer également à l’embarquement rustique , assisté par ll’équipage sur le bateau qui effectue le trajet Mallaig Inverie où passagers et marchandises les plus diverses cohabitent , le plus pittoresque étant sur le trajet retour Inverie Mallaig , l’embarquement à Tarbert des randonneurs qui ont longé le loch Morar avant de rejoindre le loch Nevis par un petit col .

  • Fantaisie informatique ou censure ? . Le logiciel (du forum routard ? m’interdit d’écrire l’expression féminisée de cow boy
    A suivre
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Une fois nos sacs lourds déposés dans un endroit prévu à cet effet , Théodorine et moi ,nous nous rendons sans nous concerter sur le pont supérieur pour voir s’éloigner les côtes du Mainland et observer les Summer Isles.


Ullapool

Vue d’ensemble sur le Mainland

Presqu’île de Coigach , dont le Postie’s path traverse la paroi rocheuse ?
.


A mon grand regret , mes photos ,très médiocres (la responsabilité en revient et à l’appareil ,qui a le mérite d’être très léger , et à la photographe ) ne parviennent pas à traduire l’apparence fantastique de ces îlots rocheux dans la brume .
A suivre

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La mer d’abord calme devient un peu plus agitée, et sur le pont supérieur, on sent assez sérieusement le bateau bouger. Nous descendons à l’étage inférieur . Théodorine me dit que c’est normal pour l’Atlantique Nord . Ce n’est pourtant encore que le MInch . Je ne peux m’empêcher de penser à l’amiral Medina Sidonia commandant l’Invincible Armada en songeant à tous ces îlots rocheux que nous avons longés et à tous ceux que j’ai vus sur la carte de Lewis et Harris … Comme se tenir sur le pont devient de moins en moins agréable , nous décidons de rentrer et de chercher quelque chose à manger . C’est la meilleure façon d’éviter le mal de mer ou de le vivre lorsqu’on en souffre . Le père de Théodorine , ancien marin breton rescapé de Mers el Kébir , comme deux autres membres de sa famille , avait le mal de mer et mangeait ,paraît-il , pour mieux le supporter . Mais nous voulons manger d’abord parce que nous avons faim . Pour ma part , je rêve d’un breakfast . Peut-être n’avons-nous pas suffidamment cherché , mais nous ne trouvons qu’une sorte de café qui vend des objets en tweed de Harris, du café et des cakes . Nous allons donc nous en contenter . Nous nous installons ensuite chacune dans un salon différent . Je cherche une prise pour recharger mon téléphone . j’en trouve d’abord une , difficilement , dans un espace occupé par les propriétaires de chiens, puis une autre , plus confortable pour moi parce que je peux m’asseoir , un peu plus loin;
Théodorine a remarqué que les chiens n’aboyaient pas, que les enfants ne criaient pas, que les adultes étaient calmes . Un univers très reposant . Je m’endormirais presque . Mais nous arrivons à Stornoway .


A suivre .

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Nous sommes devant Stornoway mais le bateau va mettre un certain temps à accoster . Et il nous faut ensuite attendre assez longuement que tous les véhicules évacuent le navire . Ensuite seulement, on libère les piétons . Apparemment , il y a des travaux sur le port . Nous devons marcher entre des palissades . Bien entendu , ma distraction ne me fait pas choisir le bon trajet et je suis remise sur le bon chemin par Théodorine . . L’heure d’arrivée théorique était 13 h10 . Je n’ai pas vérifié l’heure à laquelle nous sommes arrivées sur le quai .


A gauche , notre bateau ,le MV Loch Seaforth . Je n’ai pas eu l’idée de le photographier tout entier .
Nous avons beaucoup à faire . Repérer la station de bus, acheter des provisions, du gaz ,de la protection contre les midges ,et essayer de manger quelque chose avant de partir pour le Nord de l’île où nous voulons nous rendre au Butt of Lewis .
Les bus sont assez fréquents . Nous nous donnons un peu plus de deux heures pour tout faire . Pas vraiment de quoi traîner . La station de bus est proche . Pour nous y rendre , nous passons devant un restaurant à Kebabs .Ce n’est pas exactement ce que nous sommes venus chercher ici . Nous souhaiterions quelque chose de local . A la station de bus, il ne semble pas vraiment que l"on donne des renseignements . Heureusement , nous avions téléchargé les horaires et je les avais étudiés attentivement . Nous décidons alors d’aller directement au Tesco qui est proche de la station de bus . Nous y perdons du temps, ce qui est normal dans un magasin que nous ne connaissons pas . Nous y achetons des pains de mie tout ronds et tout mous ( on ne trouve guère en Ecosse de baguettes croustillantes) , du boudin noir de Stornoway (je ne prends pas le plus cher , par sens de l’épargne , du cheddar parce que c’est un fromage bien dense , des soupes minute, des flocons d’avoine et deux pommes . Nous ne voulons pas nous charger trop .
Théodorine qui a oublié sa serviette de toilette , s’achète un petit torchon pour la remplacer , et pour ma part , je regarde si je ne trouverais pas une cartouche pour notre réchaud . En vain .
J’attends longtemps Théodorine, je la cherche partout , je crains qu’elle ne soit partie Dieu sait où , car j’avais traîné pas mal , à chercher du gaz et des piles de rechange pour mon appareil photo . En fait , elle a été retardée à la caisse par une vieille dame qui ne retrouve plus ses affaires . Nous finissons par nous retrouver , nous nous éloignons du Tesco où nous aurons l’occasion de passer à nouveau et nous revenons sur nos pas pour gagner le centre ville .
Par chance , nous tombons vite sur un magasin de sport . Nous sommes accueillies très aimablement et nous demandons une cartouche . Notre réchaud est tout au fond du sac de Théodorine et elle n’a pas trop envie d’entreprendre une fouille archéologique . Le modèle de cartouche nous paraît
convenir , donc nous ne cherchons pas plus loin . Je demande alors s’il y a des midges . On me répond qu’il y en a , et même beaucoup . Théodorine a sa coiffe , achetée en 2010 lors de notre premier voyage en Ecosse à Fort Willaim, après une attaque mémorable à Kinlochleven sur le West Highland Way . Installées par un beau soir de Juin dans un endroit idyllique , près de rhododendrons en fleur , réchauffées par les rayons du soleil couchant alors que nous avions gelé dans la montée du Devil’s Staircase , nous nous préparions, Cyrus Smith Mac Gyver , l’Archiduchesse aux chaussettes toujours sèches, elle aussi membre éminent de la bande de Robin Hood (elle m’a prêté des chaussettes et hébergé dans sa tente lors de ma première randonnée bivouac avec Robin Hood, en 1980, dans le Beaufortain - j’étais novice encore - ) , Théodorine , et moi -même à passer une soirée délicieuse . Les tentes étaient montées, la soupe prête , bref le bonheur .

Photo de 2010 . Auteur Cyrus Smith Mac Gyver
Il y avait , masqués par nos buissons en fleur de gros tuyaux pas très loin , et l’accès à un cours d’eau dont les eaux étaient vraisemblablement chargées d’aluminium , mais nous avons à ce jour sur vécu et aucun d’entre nous ne présente encore de signe de maladie d’Alzheimer …
,
Donc ,nous étions euphoriques et confiants, ne doutant pas que nous saurions résister aux attaques de midges . N’avions-nous pas rencontré quelques unes de ces dames dès nos premiers pas sur le West Highland Way peu après avoir quitté la gare de Bridge of Orchy, où nous arrivions presque directement de Paris ? Nous n’en avions pas vu le soir lorsque nous avions bivouaqué sur notre terrain marécageux pas très loin de Kingshouse . Nous saurions les tenir à distance , protégées par nos mètres de tulle de voiles de mariée de couleur variée (une géniale idée de Théodorine , pourvue comme toute sa famille d’un sens artistique développé . Quant à Cyrus, il se sentait invulnérable , avec la moustiquaire achetée pour une randonnée bivouac au Groenland qu’il sortirait en cas de besoin de son sac . Las ! C’était présomption pure ! L’ennemi sournois nous repéra promptement , nous encercla, s’insinua partout , sous nos voiles, à travers les mailles . Des milliers d’ennemis surgirent. Contraints d’abréger nos agapes, nous nous efforçames malgré tout de nous replier en bon ordre .
La manoeuvre , pour être judicieusement conçue , n’en fut pas moins exécutée avec trop de lenteur et les midges pénétrèrent en nombre dans nos tentes . Nous passâmes donc une nuit d’horreur , , étouffant dans nos duvets sarcophages , sans échapper pour autant aux agressions de nos ennemies dont je crois bien avoir entendu le vol . Le lendemain, j’étais transformée en monstre et nous avons tous passé la nuit à nous gratter frénétiquement jusqu’à la fin du voyage .
J’avais égaré ma coiffe antimidges depuis quelque temps . Je ne l’ai pas retrouvée avant le départ . J’en ai donc acheté une nouvelle , noire ,plutôt que blanche comme la précédente , ,on y voit mieux à travers les mailles .

Sacrifiant à la mode du selfie, je vous livre , une fois n’est pas coutume ,mon autoportrait .
A suivre

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Il ne nous reste avant de quitter Stornoway qu’à trouver du Skin so soft ou du Smidge . Le magasin de sport n’en avait pas . Nous allons voir dans une première , puis une seconde pharmacie , où nous sommes aimablement accueillies. Finalement, nous ne trouverons de Skin so soft nulle part . J’apprends par ailleurs que le Smidge, assez volumineux et qui pourrait passer pour une bombe dans Eurostar , n’est pas efficace contre les tiques . Donc , tant pis pour le Smidge .Le temps passe. Nous aspirons à prendre rapidement quelque chose dans un pub. Un café, sur une petite place attenante à l’ancienne mairie, nous tend les bras . Ô déception ! Il ne sert que des alcools, pas de café , et rien à manger . Bien que nous ne soyons nullement favorables à une totale abstinence dans ce domaine, ayant toutes les deux dans notre riche héritage culturel la civilisation du Beaujolais, du Condrieu et du Côte Rotie (je suis par ailleurs une fervente partisane de l’utilisation du Rhum, du Kirsch , et de tous les alcools éventuellement recommandables dans la pâtisserie en particulier et dans la cuisine en général) ,ce n’est vraiment pas l’heure . Nous souhaitons un grand pot de café au lait et surtout :manger !
Théodorine , repère cependant dans la rue des cafés au lait ambulants ,qui marchent à intervalles réguliers dans la rue du bar à alcools . Fine limière ,elle suit la piste à rebours et revient , triomphante ,avec de quoi boire , mais rien de solide . Donc , nous mangeons Le premier vrai délice de ce voyage, un sandwich de pain de mie tout mou à la galette végétale froide. Un local technique indispensable à tous les voyageurs errants des deux sexes se trouve d’autre part à l’entrée de l’ancienne mairie , avec un point d’eau comme il se doit* . Nous nous y rendons donc ., et nous découvrons , après avoir passé l’entrée, une exposition d’artisanat local que nous visitons avec plaisir, un peu gênées tout de même , car nous ressemblons avec nos gros sacs à deux éléphants dans un magasin de porcelaine . Nous achèterions volontiers quelque chose , mais ce ne serait pas raisonnable, vu tout ce que nous transportons déjà .
Quittant Stornoway et ses délices limités, nous prenons le bus direction Port of Ness pour Eoropie .
A suivre

*Je signale cela à tl’intention de tous ceux qui errant dans Stornoway , et ne trouvant pas de pub, se trouveraient dans une nécessisté cruellle . Mais je ne peux garantir que c’est ouvert le dimanche .

Nous avons l’intention pour la fin de la seconde journée de notre voyage, de nous rendre à l’extrémité Nord de l’île et de trouver un lieu de bivouac proche . L’arrêt de bus le plus proche est Eoropie , localité située à moins de deux kilomètre du Butt of Lewis . Nous n’avons pas l’intention ce soir de nous lancer dans une longue marche . Il s’agit seulement de prendre l’air , et nous pouvons espérer atteindre un lieu bien ventilé .
Durant ce trajet , je suis occupée à repérer les localités par lesquelles nous passons, et bien qu’ayant le tableau de la ligne , je n’y comprends rien . Je ne vois qu’exceptionnellemnt des noms de localité , je ne vois pas d’arrêts de bus et je me demande comment se repérer dans un tel pays . Heureusement , nous avons indiqué notre destination au chauffeur . Pour le reste , je vois de petites localités ou des habitations plus isolées disséminées dans une lande monotone . Sur la fin du trajet , nous apercevons de temps en temps au loin la mer . Nous arrivons finalement à Eoropie . Nous le comprenons parce que le chauffeur nous dit de descendre . Je lui demande si le bus circule bien le lendemain et s’il s’arrête bien au même endroit . Il me répond par l’affirmative . D’autre part , même si rien n’indique qu’il s’agit d’un arrêt de bus, il y a là dans un carrefour , un assez curieux abri en ciment à trois compartiments . Est-ce pour s’abriter quel que soit le sens du vent ? En tout cas, le lieu est facile à repérer.
La marche vers le Butt of Lewis se fait sur une petite route . Nous sommes dépassées ou croisées par des cyclistes . Nous apercevons un camping car arrêté près d’un lieu qui pourrait nous plaire , nous repérons plus loin une bergerie ou une maison qui paraît de loin abandonnée . Si tel était le cas ,nous pourrions nous installer à proximité , protégées du vent par ses murs . Allant plus loin , nous apercevons de loin le phare et nous l’atteignons enfin . Nous ne sommes pas seules . Il y a quelques camping cars et cinq ou six personnes . C’est déjà un peu trop civilisé .


La bergerie au loin

Le phare est en vue .

La mer , de l’autre côté . Le but est proche .

Presqu’arrivées .

Butt of Lewis
A suivre

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Nous restons un moment au Butt of Lewis, à observer les rochers et les oiseaux. Théodorine s’approche du bord d’une falaise et s’y assied d’une manière qui m’inquiète un peu . Elle repère un couple d’oiseaux qui l’intéresse . Pour ma part ,je regarde surtout les rochers .



Mais l’heure passe et il nous faut maintenant chercher un lieu de bivouac. Première déception . Un camping car s’est installé pas loin de la bergerie , là où nous pensions passer la nuit . Les terrains aux alentours sont trop spongieux . Plus loin , ils sont entourés de grillages à moutons . Nous revenons à notre point de départ , à l’arrêt de bus . Un panneau indique vers l’Ouest la direction d’un monument commémoratif . Pensant que le terrain à dû être aplani à proximité , nous prenons cette direction. C’est d’abord une rue bordée par des maisons qui se termine par une impasse . Derrière une barrière qui s’ouvre facilement part un chemin en direction de la mer . Nous l’empruntons . Nous sommes de moins en moins visibles des maisons .

Nous arrivons enfin au monument de Cunndal, commémorant la tragique histoire de pêcheurs
d’ Eoropie , qui firent naufrage en 1885 sous les yeux de leurs proches .
Devant ce monument passe un large et bon sentier qui longe la mer , et nous arrivons à une plage précédée de dunes . Nous nous installons sur l’herbe rase , déjà broutée par les moutons , à proximité immédiate du chemin ,sans doute un chemin intéressant , sur lequel personne ne passe , et des dunes . C’est un lieu idéal , à la fois à distance du village et assez proche pour reprendre sans problème un bus assez tôt dans la matinée pour rejoindre Stornoway et partir pour Callanish .

Nous prenons le temps de contempler la plage et la mer . Nous apercevons au loin un couple qui se promène . Nous n’irons pas sur la plage . J’ai lu qu’il y avait pas loin du Butt of Lewis des plages avec des sables mouvants .


Un repas et une soirée idyllique s’annoncent . Un terrain confortable ,pas de midges . Théodorine sort le réchaud . Je prends la cartouche de gaz que je portais dans mon sac . Nous nous apercevons alors qu’in ne s’agit pas d’un modèle adapté. Nous mangerons donc une soupe minute froide , suivie d’un sandwich au boudin de Stornoway tout froid , avec la perspective de Nescafé et de flocons d’avoine tout aussi froids pour le lendemain matin , mais nous nous y sommes habituées dans le Cantal l’année précédente et nous supportons cela avec la fermeté d’âme qui nous caractérise .
Le réseau est excellent . Nous appelons nos compagnons restés au logis . Cyrus me dit que ma voix trahit un excellent moral . Son analyse est exacte , mais je me garde bien de lui raconter aujourd’hui nos problèmes de réchaud , pour ne pas l’entendre rire aujourd’hui de notre déconvenue *. Il ne perd d’ailleurs rien à cette attente , comme la suite de nos joyeuses mésaventures le révèlera plus tard …

  • Je pense que , me connaissant bien , le perfide ne serait guère surpris , même si son opinion sur les capacités de Théodorine est plus favorable .
    A suivre
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Notre premier bivouac est une réussite , mis à part le repas froid , mais copieux . J’ai oublé de mentionner précédemment nos premières “noodles”, des nouilles chinoises au curry , un peu de cheddar et pour finir un dessert, un peu de pâte de dattes en principe réservée aux rations de survie . Tout cela ajouté à la soupe froide et au boudin tout aussi peu
cuit ,c’était en fait un festin .
J’ai étrenné de surcroît une superbe polaire achetée au Vieux Campeur ,très chaude et confortable , qui m’a coûté une fortune , tout comme un tee shirt mérinos icebreaker qui me sert de pyjama. Il ne fait pas froid .Il n’a pas plu depuis notre arrivée à Stornoway Nos chaussures n’ont à aucun moment marché dans le bog. Nous allons bien trouver demain une solution pour notre réchaud puisque nous passerons à nouveau en ville Cette randonnée s’annonce marquée par le luxe et la facilité . Où donc est la justification du titre de ce récit ? Patience , lecteur, si la déduction est sûre , il faut se méfier des inductions trop hâtives .

Le sol étant confortable, la nuit est parfaite . La nuit, ou plutôt ce qui en reste fin Mai au Nord de Lewis . Nous sommes à la latitude de Sandwood Bay , dernière étape avant le Cap Wrath sur le Cap Wrath trail . Nous nous endormons très rapidement , Théodorine à une vitesse impressionnante comme je le constate chaque jour avec étonnement . Elle pourrait être sélectionnée dans deux disciplines olympiques qu’il est urgent d’homologuer , le rucking que nous pratiquons depuis des dizaines d’années , comme Monsieur Jourdain faisait de la prose , et l’endormissement rapide . Là où je pourrais tout juste espérer atteindre péniblement le niveau des championnats de France , elle pourrait , dans la même catégorie que moi , celle des seniors très confirmées ,briguer la médaille d’or olympique .
Le matin , nous nous réveillons , fraîches et disposes. Rien d’étonnant pour Théodorine qui dort peu , mais bien , comme Théodorine . Moi, en principe , je m’endors très vite et pour très longtemps . Einstein et Descartes dormaient beaucoup eux aussi , paraît-il , et si ce pauvre Descartes est mort à 54 ans seulement , c’est , dit-on ,parce qu’il a vu trop souvent son long sommeil du matin abrégé par la reine Christine , passionnée par la philosophie , Pensez donc ! Etre obligé de lui donner à 5 heures du matin un cours dans une pièce glacée ! Il est mort au mois de Février , dans une longue nuit quasi polaire . Au mois de Juin , Descartes se serait tout comme moi réveillé de lui-même à 4 heures . Sans doute aurait-il pu aspirer à un repos supplémentaire , mais il aurait résisté .
Par bonheur , il n’y a pas dans les parages de reine Christine . Nous devons seulement être prêtes pour le bus de 9 h40 et une heure plus tard , nous serons à Stornoway .
Tout paraît donc facile . Cédant comme l’armée d’Hannibal* aux délices de Capoue, nous prolongeons le petit déjeuner , nous tardons à démonter la tente . Théodorine n’a pas de montre , je suis une bavarde impénitente et distraite . Je m’aperçois assez tard qu’il faut vraiment quitter les lieux en urgence . Nous coupons donc en tous terrains , fonçons vers le village et nous arrivons finalement à l’arrêt de bus où un autre voyageur attend , un habitant du pays apparemment . Nous faisons donc en sens inverse le voyage de la veille en sens inverse , dans la lande toujours aussi monotone et tourbeuse .
Je repère cependant , à Borve quelque chose de rare et important .


C’est suffisamment rare pour mériter une recherche sur internet . On peut même , à ce que je lis, y recharger son téléphone .
https://www.hebridean-estate-agency.co.uk/property/borve-mini-market-fivepenny-borve-isle-of-lewis-hs2-0rx/
A suivre

Nous avons le loisir d’observer la lande tourbeuse et ses petits lochans, ses éoliennes , et ses moutons (là où le sol n’est pas trop humide).




Approchant de Stornoway, nous voyons des rhododendrons sur un talus . Comme les buddleias chez nous les rhododendrons deveinnent sous ce climat humide une espèce envahissante .

Arrivées à Stornoway , nous cherchons d’abord à résoudre le problème de la cartouche de gaz du réchaud . Le marchand qui nous l’a vendue n’a pas d’autre modèle et il ne vend pas de réchaud . Il nous indique un autre magasin , le Store 67 . L’accueil est très aimable . J’ai pris avec moi le réchaud tandis que Théodorine attend à l’extéreiur . Le magasin a bien des cartouches compatibles ,mais elles sont trop grandes . Je ne nous vois pas refaire à la fin du voyage l’expérience de 2015 * où nous avions perdu un temps fou à Glasgow, au lieu de visiter la ville , à brûler ce qui restait dans une petite cartouche sur la place de la cathédrale Saint Mungo .
Donc , je décide d’acheter un autre réchaud ,que je possède celui-là en pleine propriété , une miniature de réchaud, un "Atom stove " de la marque Vango , qui pèse 66 grammes .



Les deux photos , qui datent de ce jour , ont pour auteur Cyrus Smith Mac Gyver , maître du feu et de toutes les techniques .

  • Carnet de voyage Un voyage dans les Small Isles

A suivre

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Le problème du réchaud réglé, je laisse Théodorine dans le petit jardin repéré la veille près de la mairie et je repars au Tesco pour compléter nos provisions . J’achète à nouveau des des nouilles chinoises, des soupes minute , du cheddar en promotion , et de la charcuterie “spanish inspired” , ayant été peu convaincue par le boudin noir acheté précédemment , ainsi que du pain de mie tout mou . En relisant le ticket de caisse , je viens aujourd’hui de comprendre qu’il s’agissait en fait de scones à la pomme de terre .
Nous n’avons plus rien d’essentiel à faire à Stornoway . Après nous être restaurées dans notre jardin public (il ne pleut toujours pas ) , nous prenons le bus pour Callanish .
Cette fois -ci , le paysage est beaucoup plus intéressant .Il est même splendide ,avec au premier plan de petits lochs et tout au fond la vue sur la barrière montagneuse qui sépare Lewis de Harris . Malheureusement ,mes photos n’ont pas la qualité voulue .



Nous arrivons ensuite très vite à Callanish .
A suivre

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L’arrêt de bus à Callanish est proche des Standing stones . La visite a, semble-t-il , un sens obligatoire . Peut-être cela a-t-il un sens en période de grosse affluence touristique , mais si les lieux sont loin d’être déserts ,ce n’est pas pour autant la foule . Comme de juste, nous entrons par la sortie où nous trouvons ce qui nous intéresse au plus haut point, un “foodtruck” avec cakes et grands pots de café au lait , avec des tables et des chaises tout à côté . Nous commençons donc par nous intéresser aux nourritures terrestres avant de nous tourner vers les nourritures spirituelles .
Nous rencontrons des motards, qui , apprenant que nous sommes françaises, nous parlent de Carnac .Cela amuse beaucoup Théodorine , la semi bretonne de voir qu’elle est allée en Ecosse pour qu’on lui parle de Carnac.
Un panneau fournit quelques explications sur le site .


Nous nous dirigeons ensuite vers les "Standing stones " . Je craignais la présence d’une foule d’illuminés soucieux de capter les énergies cosmiques . Heureusement , il n’en est rien .

Théodorine est aux anges, au milieu de ces gneiss dont elle va photographier les détails .
Personnellement , je ne suis pas passionnée par les pierres levées, qu’elles soient de Carnac, de Callanish ou d’ailleurs , ni par les sites préhistoriques en général . Sans doute tout comme les habitants de ma contrée des Highlands cantaliennes, qui ont emprunté la table d’un dolmen pour en faire une pierre levée ,gravée d’une inscription à la gloire de celui qui fit planter la forêt de pins qui couvre désormais les pentes de la vallée d’un ruisseau de la commune . La vengeance du dolmen, il est vrai, fut terrible . Les habitants du coin , privés par la plantation de la forêt ,du libre usage des communaux où ils faisaient paître leurs brebis l’incendièrent plusieurs fois . Désormais , la nouvelle pierre levée, perdue au milieu des ajoncs d’une petite clairière , fera connaître aux archéologues du futur que la préhistoire connaissait déjà l’écriture .
Je visite malgré tout les lieux sans déplaisir , d’autant plus que le paysage est beau et je m’interroge sur l’endroit où nous allons bivouaquer.


A suivre

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Nous quittons les pierres levées elles-mêmes pour nous diriger vers un tout petit sommet voisin d’où nous avons une belle vue sur la mer .



Revenant vers la boutique de l’entrée du site nous avisons un sentier qui conduit à un portillon en bois, et qui poursuit sa route dans un pré le long d’un mur en pierres sèches . Nous trouverons vraisemblablement dans les parages un lieu discret pour bivouaquer . Entrant dans la boutique , Théodorine s’offre un sweat shirt spectaculaire orné des pierres de Callanish (elle pense que l’une de ses petites filles le lui piquera assez vite) ainsi qu’un beau torchon inspiré des pièces d’échec de UIg . Jalouse , j’achète le même torchon pour l’offrir .

Il nous faut de l’eau pour bivouaquer . Nous ne trouvons de robinet d’eau potable nulle part .Et nous n’avons guère envie de boire l’eau plus ou moins stagnante de tourbières peuplées de moutons , de surcroît peu éloignées d’habitations . Nous nous rendons donc , comme toujours en pareil cas, dans les toilettes publiques , mais le robinet des lavabos n’est visiblement pas conçu pour le remplissage d’une gourde . La situation est un peu plus favorable dans les toilettes pour handicapés où du moins nous pouvons prendre nos aises . L’opération , quoique laborieuse et longue , réussit , non sans que nous ayons inondé les lieux . Nous allons passer un certain temps à remettre les lieux en état. Dure est parfois la vie des randonneurs -bivouaqueurs !
Nous avons donc maintenant tout le nécessaire. Nous passons donc discrètement le portillon que nous avons repéré, continuons le long du mur , le terrain , d’abord ferme , devient parfois vraiment spongieux . Nous arrivons ensuite à un passage sommairement aménagé mais qui exige un peu de gymnastique avec nos gros sacs , nous poursuivons et nous arrivons enfin à un autre muret que nous franchissons, suivi à proximité immédiate d’une autre muret . Entre les deux s’insinue un sentier pateaugeoire , visiblement fort peu emprunté . Nous déposons là nos sacs et repartons, légères , vers l’entrée du site pour nous rendre à un autre cercle de pierres levées ,situé un peu plus au Sud .
L’eau des toilettes avait un drôle de goût le lendemain . A ce jour , nous avons survécu .

A suivre .

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Le cercle de pierres levées est à un peu plus d’un kilomètre de distance , mais il faut marcher sur la route, il fait chaud par moments, et mes pieds souffrent sur le bitume dans mes chaussures de montagne. Ils préfèrent de beaucoup le sol moelleux des tourbières .
Nous arrivons enfin . Le cercle est certes plus modeste , mais il n’y a que deux visiteurs qui partent à notre arrivée . Le lieu est agréable . Nous nous trouvons un rocher pour nous asseoir . Nous apercevons ecore des pierres levées ,au loin , au delà du site le plus célèbre . Pas de vent , un rayon de soleil , le bonheur . C’est alors que les premières midges attaquent . Je sors mon filet anti midges et nous quittons rapidement les lieux .


A proximité , il y a une maison en ruine , dont la silhouette s’accorde avec celle des standing stones .

Nous revenons vers le site le plus important , il n’y a plus que de rares visiteurs . Nous passons à nouveau notre portillon , nous trouvons un lieu qui nous paraît favorable, et nous allons chercher nos sacs .
A suivre

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On voit bien ici au fond les deux murets qui nous ont permis de dissimuler nos sacs .

Le terrain élu, un peu humide , mais pas trop . Il n’a pas servi de toilettes à nos moutons qui l’ont déjà assez largement brouté mais ne seront pas très contents , visiblement , de notre arrivée .

Notre bivouac désormais installé (nous avons vue sur les Standing stones mais nous n’aurons pas le courage d’aller les voir au coucher du soleil , nous nous apprêtons à faire la cuisine .

A suivre

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Je sors donc le fameux réchaud et j’entreprends de visser la cartouche de gaz ,confiante . Jamais, je n’avais essayé de faire une telle opération sur les réchauds en usage dans la bande de Robin Hood . ll fallait effectuer l’opération promptement . Je ne suis pas à l’aise avec le gaz en général et je n’ai tenté qu’une seule fois dans ma vie (expérience jamais recommencée) d’allumer un four à gaz . Le réchaud acheté à Fort William, certes plus lourd , est robuste ,sûr, aucun problème pour changer la cartouche ,aucune fuite de gaz , et de surcroît il a un allumage piézoélectrique . Nous avions mis beaucoup de temps à nous en apercevoir en 2015 ,Théodorine et moi, et nous avions mangé froid jusqu’à ce qu’une âme charitable rencontrée d par hasard ans l’île de Muck *1 (nous avions fait sa connaissance en 2012 le long du loch Hourn .*2
Je déchante rapidement : je ne visse pas assez rapidement la cartouche ,pas mal de gaz s’échappe . C’est plutôt froid sur les doigts . Je comprends enfin qu’il faut visser davantage .
Je confie alors l’allumage à Théodorine . Nous nous rendons compte qu’il n’y a pas d’allumage piézoélectrique . Or nous n’avons , bien entendu ,ni briquet, ni allumettes . Heureusement , Théodorine ,est une femme de ressources . Elle a l’idée d’utiliser le réchaud sans cartouche comme allume gaz . Cela marche . Il est donc officiellement promu au rang d’allumettes et sera désigné de cette manière.
Nous mangerons donc un repas chaud .
Le soir , je me garderai bien , au téléphone , de raconter cette histoire à Cyrus…

*1 Carnet de voyage 2015 Un voyage dans les Small Isles
*2 Carent de voyage 2012 Randonnée d’Inverie à Poolewe .

A suivre

Je rétablis une lacune du chapitre précédent : il faut insérer : “jusqu’à ce qu’une âme charitable.(… )nous donne un vieux briquet et que de plus nous nous décidions enfin, à lire la notice …”

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