Bonsoir,
Nous avons passé 17 jours au Cap Vert entre fin juillet et début août, avec plusieurs jours de randonnée à Santa Antao et Fogo. Les quelques opinions données n’engagent que nous et nous ne pouvons que vous engager à vous forger votre propre expérience!
Climat
Il fait chaud en cette saison, au-delà de 30 °C même si on n’a pas cherché à mesurer. Dans la mesure du possible, éviter de faire du dénivelé chargé entre 12h et 15h. Après ce n’est pas beaucoup plus pénible qu’une chaude journée d’été dans les Alpes. Prévoir eau, lunettes de soleil et casquette avec couvre-nuque ou chapeau et tout se passe bien !
Nous avons eu 3 demi-journée de pluie à partir du 5 août. C’était de la pluie légère sauf à Assomada (Santiago).
Equipement
Pour ma part, j’avais des chaussures basses de randonnée en cuir, avec chaussettes de trek légère. Dans l’ensemble ça c’est bien passé et je n’ai pas eu chaud aux pieds. Si les chaussures basses permettent de faire à la fois les villes, les transports et la randonnée, elles montrent clairement leur limite dans certains chemins un peu défoncés, par exemple à Alta Mira (Santa Antao), où le manque de maintien au niveau de la cheville se fait bien sentir.
Mon ami est parti avec des chaussures de randonnée montantes et des sandales de marche, ce qui semble optimal mais bien sûr plus lourd.
A noter que les cordonniers locaux sont excellents et pourront aisément vous dépanner si vos chaussures ne sont pas de première jeunesse.
Dans l’ensemble, le matériel pour faire de la randonnée au Cap Vert est le même que pour en faire dans les Alpes. J’avais juste laissé la poche à eau à la maison pour des raisons décrites plus loin. J’avais aussi prévu une veste et une polaire qui n’ont pas servi, sauf dans l’avion. Mon ami mettait parfois sa veste le soir ou en altitude.
Guides et plans
Pas de routard ni de Lonely dédié à l’archipel ! (Le Lonely Afrique de l’ouest y consacre quelques pages). Le Petit Futé est loin d’être fantastique mais a au moins le mérite d’exister (voir les commentaires délirants sur les habitants d’Assomada de Santiago). Les éditions du Jaguar y consacrent également un guide (Le Cap Vert aujourd’hui), avec peu d’informations pratiques mais très complet pour l’histoire et la culture.
Au niveau carte, je n’ai pu trouver qu’une carte routière chez le Vieux Campeur. Il existe cependant une carte faite par des allemands pour les randos sur Santa Antao, sans doute dénichable sur le net. On a aussi entendu parler d’un guide de randonnée avec carte fait par un espagnol, mais qui semblait pour le moins imprécis pour le peu qu’on a pu en juger.
Enfin, il existe une appli Windows Phone gratuite qui contient tous les plans des villes « hors ligne » avec repérage GPS.
Nourriture et eau
L’eau n’est pas potable et doit être filtré. La meilleure solution nous semble être des bouteilles rigides pour la transporter, ce qui facilite aussi sa purification. Pour ma part, je possède une pompe à eau de marque suisse, assez chère mais efficace : je ne pense pas avoir été malade à cause de l’eau. Elle reste assez légère à transporter et l’absence de goût dans l’eau est vraiment appréciable, surtout par forte chaleur. Reste qu’il faut en refaire à peu près tous les soirs c’est à ce moment que le fait d’avoir une bouteille stable à remplir est clairement un avantage par rapport à la poche à eau.
Mon ami pour sa part utilisait les classiques pastilles de chlore. Rapide mais on boit de l’eau de piscine !
On peut bien sûr acheter des bouteilles d’eau purifié à peu près partout, ce qui peut rendre service mais n’est pas vraiment écologique, surtout dans un pays ou la collecte des déchets n’est pas encore entièrement développée.
La nourriture est généralement excellente, on recommande surtout les poissons frais du jour grillés ou au barbecue, vraiment excellents et quasi-introuvables en France. Il faut bien sûr se méfier des fruits, des salades et crudités pas forcément nettoyée à l’eau minérale, cependant nous n’avons pas eu de grosse crise.
Le cas des fromages frais est assez délicat, puisque c’est un peu une spécialité locale mais qu’ils ne sont pas forcément pasteurisé : ils peuvent donc receler des bactéries causant des maladies handicapantes. On en a donc manger uniquement dans des hôtels ou restaurant un peu luxe, par exemple quand c’était compris dans le petit-déjeuner ou offert en guise d’entrée.
Transports
Le principal problème vient des taxis. Dans notre cas, nous avons trop souvent eu affaire à des chauffeurs malhonnêtes (j’ai d’ailleurs écrit à l’Office du Tourisme du Cap Vert pour ça). A titre d’information, voici les tarifs officiels que j’ai vus sur la brochure des taxis (2014) :
-Aéroport de Santiago – Praia : 700 esc le jour, 1000 de nuit
-Aroport de Santiago - Assomada : 3000 esc de jour
-Aéroport de Santiago –Tarrafal : 5000 esc de jour
-Aéroport de Sao Filipe – Chà das Calderas : c’est normalement 5000 esc, difficilement négociable vu la distance je pense.
En revanche, les alugers (minibus collectifs) pratiquent toujours les prix réglementés par les municipalités. Mais ils ne partent souvent que plein, vraiment pleins, donc il ne faut pas être trop pressé. D’un autre côté, on ne va pas au Cap Vert pour se dépêcher généralement.
Nous avons eu un peu de retard sur la TACV : comme ils n’ont que deux ATRs le moindre retard impacte le reste des vols mais il y a du coup peu de risque de manquer une correspondance locale. Pour le vol international de retour, il faut par contre prévoir une certaine marge. Dans notre cas, nous avions prévu de passer les trois derniers jours sur Santiago, justement pour éviter tout problème de ce type.
Entre Mindelo et Santiago, nous avons pris le Fast Ferry (30 min) à 1000 esc la traversée. Attention, les gens sensibles prévoiront des comprimés contre le mal de mer, la bateau bouge beaucoup même quand il n’y a pas de mer. En revanche mention spécial pour les clips diffusés en boucle dans le bateau (zouk antillais à l’aller et artistes locaux au retour).
Santa Antao
L’ile fut clairement à la hauteur de nos attente en terme de randonnée.
Les vallées sont vraiment belles et les cols apportent un peu plus de difficultés. Nous n’avons pas fait les deux grands sommets (Pico da Cruz et Tope de Corroa) car les dénivelés sont assez importants (1500-1600 m de mémoire).
Chaque vallée amène sa petite originalité, celle de Paul est clairement à faire, Alta Mira est un peu plus éloignée mais vraiment sympa avec son grand canyon. Le sentier côtier au nord est également à recommander.
En fin de saison sèche (Aout), la végétation n’est clairement pas aussi abondante que sur certaines photos prises après la saison des pluies. L’eau est quand même rare sur l’ile et surtout visible dans la vallée de Paul (prononcer « Paoul »). Pour autant, l’île reste très belle et beaucoup plus verte que les autres îles.
Dans tous les cas, l’ile regorge de randonnées possibles et pour tout niveau : nous y avons passé 5 jours mais on aurait pu y rester 5 de plus !
Nous avons randonné avec Evelyne, une guide française installée là-bas. Le programme était très bien, bien adapté à notre niveau et les hôtels qu’elle avait réservés présentaient un excellent rapport qualité-prix. Elle est joignable par email eolyne@gmx.com
Au niveau de l’hébergement, mention spéciale à la pension tenue par Nelson à Chà de Morte, au sud de l’ile : Nelson nous a rendu pas mal de services, il parle français et connait très bien la région : un excellent point de départ pour visiter les paysages de western des alentours ! Egalement à noter, Mite et Banana à Cha de Ingres, au nord de l’ile.
Fogo
A Fogo, arrivés en avion, nous avons partagé un taxi avec un couple de français qui se rendaient aussi à Cha de Caldeira. En cours de route, et en pleine nuit, il nous annonce que le prix qu’il nous a proposé est trop bas, et qu’il faut payer plus… Donc un voyage assez désagréable, et à notre arrivée, il nous a fallu l’aide de notre hôte pour lui expliquer qu’on ne change pas un prix en cours de route, surtout clairement accepté. Nous avons logé chez Alcindo (alcindo6@gmail.com), qui est aussi guide pour Club Aventure. L’accueil était parfait, les repas très bons, et le tout pour un prix raisonnable.
Le lendemain matin, vers 6 h, départ pour l’ascension du Pico avec un guide. 1000 mètres de dénivelés, faisable en 2h30-3h pour des marcheurs raisonnablement en forme. Comme ça monte parfois très raide, les personnes souffrant de vertige pourront par moment être mal à l’aise. Après avoir longé la petite Caldeira, la descente est bien plus rapide, en courant dans la pouzzolane jusqu’au petit Pico. Ensuite, nous sommes retournés à la pension au travers de vignes.
Attention à bien préciser les prix: c’est environ 40 € pour l’ascension au Pico, mais si on passe au retour par le petit Pico, le prix demandé à l’arrivée est 60 € ! Dans notre cas, nous avons expliqué ne pas être au courant (ce qui était vrai) et notre guide a tout de suite accepté d’en rester au prix de départ.
Le Petit Pico vaut-il vraiment les 20 € ? Pour moi clairement, la descente est vraiment amusante et les couleurs du Petit Pico extraordinaire. Pour autant, il est tout à fait faisable à pied en partant du village et en se dirigeant au jugé (il est visible du village), ce qui fait louper la descente.
Les plus routards tenteront de le faire par eux-mêmes, ce qui n’est pas très bien vu des guides locaux. Le chemin n’est bien sûr pas indiqué et pas hyper facile à trouver, d’autant que les guides partent à 6h30 ou 7h du matin pour éviter les heures les plus chaudes. Cette précaution n’a pas été utile pour nous puisqu’il y avait des nuages d’altitudes, mais doit être salvatrice les jours de grand soleil. Enfin, la montée ne pose pas de difficulté particulière (en dehors du dénivelé), il suffit de suivre une étroite pente rocheuse.
Les crêtes qui forment l’autre versant de la Caldeira sont également faisables avec un guide, en Via Ferrata.
Pour les amateurs, ne pas manquer la dégustation de vins locaux, notamment le Manecom, un vin artisanal vraiment exotique !
Santiago
Ne pas rester à Praia, qui est la ville la plus sous-développée de toute l’île. Seul le Plato, le petit phare et le marché valent selon moi la visite. Une demi-journée peut suffire, d’autant que nous avons croisé un guide anglophone très sympathique (Daniel : code.danny@hotmail.fr) qui nous a guidé dans les dédales du grand marché couvert.
Cidade Velha est beaucoup plus intéressante (prendre l’aluger près du marché couvert). A noter : les locaux appelle souvent la ville Ribeira Grande, c’est bien la même ville. Ne pas louper la Rua de Banana et le pilori, la balade vers la citadelle est aussi plaisante. C’est clairement la zone la plus historique des quatre îles qu’on a fait.
Assomada est très peu touristique et ne mérite pas vraiment le coup d’œil, elle donne cependant accès aux parcs naturels du centre de l’île, ainsi que le petit village de Ribiera da Barca. Les pêcheurs y organisent une balade en bateau pour aller voir des orgues basaltiques impressionnants et une caverne creusée par la mer. La balade vaut vraiment le coup mais les tarifs sont chers : ne pas hésiter à bien négocier, ils débutent à 4000 esc par personne mais on a pu sérieusement réduire le prix.
La balade est aussi faisable à pied par la côte mais elle est assez longue (2h30 ou 3h l’aller de mémoire) et il faut partir le matin avec un guide local.
Enfin, Tarrafal de Santiago, tout au nord de l’île : une station balnéaire avec une très belle baie. On peut y faire un peu de randonnée dans les montagnes qui la surplombe (y aller au moins à deux d’après les locaux) et y visiter l’ancien camp de concentration de Salazar. Hélas, les explications ne sont qu’en portugais ; sans être un camp de vacance la visite est beaucoup moins horrible que les camps européens, les âmes sensibles pourront donc y aller.
Les français en mal de nourriture française pourront aller dans un bon resto tenu par une franco-capverdienne sur la Rua Macaco.
Sao Vincente
Escale obligatoire pour aller sur Santa Antao, cette ile très désertique vaut vraiment le détour pour la superbe Mindelo et ses très belles plages.
La ville de Mindelo s’honore d’être la capitale culturelle du pays et ce n’est pas usurpé : beaucoup de restaurants organisent des concerts et des locaux nous ont recommandé des soirées dansantes, ne pas hésiter à se renseigner donc. La ville est belle et propre, les habitants accueillants, quel soulagement après Praia !
Il est possible de monter sur le sommet de l’île bien qu’il soit souvent dans les nuages et se trouve occupé par une station de communication. Les belles plages de Baia das Gatas et Salamanza sont à recommander, il est possible de faire la liaison entre les deux plages à pied par le chemin côtier.
Mention spécial pour l’Hotel Bellacomba, tenu par une italienne et une cap-verdienne francophone : chambre immense, petit déjeuner gargantuesque et plein de bons conseils pour visiter l’île.
Le restaurant l’Escale vaut également le détour : tenu par une cap-verdienne francophone, il occupe une magnifique demeure coloniale.
Enfin l’alliance française fait d’excellent jus de fruit mais il est possible de mieux manger ailleurs.
Attention enfin à la « surcharge musique » que certains restaurants imposent pour payer le ou les musiciens : mieux vaut le savoir avant si votre budget est serré d’autant qu’elle n’est pas forcément indiqué avant l’addition (comme au Gaudi, adresse tout à fait recommandable par ailleurs).
Conclusion
Le Cap Vert en juillet-août ? Tout à fait recommandable, notamment pour éviter la pleine saison touristique. Il faut juste se préparer à la chaleur, pas si insupportable, et ne pas partir trop tard en août pour éviter la saison des pluies