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Fado

Fado, Lisbonne
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Voilà 4 lettres langoureuses, qui s’attardent, pour suggérer une mélodie proprement portugaise. Le fado, c’est LA musique du Portugal. Autant qu’un chant, c’est un cri, une ambiance, un « état d’esprit » selon la célèbre fadista Amália Rodrigues. « Ni gai ni triste », d’après Pessoa lui-même, il incarne la mélancolie et la force de la destinée contre la volonté humaine. Pour le poète Luís de Camões, la saudade est « un bonheur hors du monde » ; pour d’autres auteurs, elle représente une sorte de nostalgie de l’avenir, un sentiment de vide dans l’instant présent. Son origine incertaine et tourmentée se rattache au mot latin fatum, le « destin ».

Ce chant de la saudade célèbre la mélancolie née des différents revers de fortune qu'a connus le Portugal dans son histoire si riche : marins perdus en mer ; disparition tragique du jeune roi Sébastien à la bataille de Ksar El-Kébir (1578) ; invasions napoléoniennes ; perte du Brésil en 1822, date à laquelle le fado apparaît véritablement. Rapporté du Brésil par la Cour en exil, ce chant, qui était aussi dansé, s’est enraciné et transformé dans le quartier de la Mouraria de Lisbonne, l’ancien quartier des Maures.

La Severa maudite mais géniale

Née en 1820, Maria Severa Onofriana passe son enfance à l’ombre de sa mère, qui tient une tasca où l’on chante le fado.
Un aristocrate lisboète, Francisco de Paula, tombe fou amoureux de Maria Severa. L’union de l’aristo et de la prolo fait scandale. Lassée du luxe et de la vie oisive, la fadista des bas-fonds quitte son gentilhomme bohème et retourne à sa vie dissolue, mélange d’alcool, de fado et de misère.
Le mythe de l’ange noir du fado est bel et bien né. Cette « dame aux camélias » version portugaise plonge dans le deuil toute une génération de fadistes et d’artistes. En hommage à Maria Severa, ceux-ci portent un châle noir à franges sur les épaules. Un phénomène social se produit : le fado issu des bas-fonds séduit à présent les beaux quartiers. Bourgeois et aristocrates s’entichent de ces mélopées mélancoliques et de cette histoire d’amour impossible.
Pendant longtemps a perduré l’idée que le fado ne pouvait être chanté que par le peuple. Puis, après avoir habité les rues, le fado se professionnalise et conquiert la scène.

Le fado à texte

Dans le même temps se singularise le fado de Coimbra, repris par le milieu intellectuel de la vieille université. Plus littéraire, il est chanté dans la rue par des interprètes masculins (encore aujourd'hui) vêtus de capes noires, et il donne lieu parfois à des joutes musicales. L'estado novo de Salazar a tôt fait de récupérer le fado érigé en art national. Il est chargé de chanter les valeurs morales de la grandeur portugaise. Le cinéma assure son triomphe et celui d'interprètes prestigieux. Trop choyé par la dictature, il connaît un réel discrédit après la révolution de 1974, cantonné aux maisons de folklore réservées aux touristes.

Le fado enfin reconnu

Aujourd’hui, le fado retrouve grâce auprès d’un public tant portugais qu’étranger, surtout depuis son inscription au Patrimoine immatériel de l’humanité par l’Unesco. Débarrassé d'une gangue idéologique qui ne lui a jamais vraiment correspondu, il se contente de véhiculer les mélodies errantes de l'âme lusitanienne, sur les poèmes de Fernando Pessoa, David Mourão-Ferreira ou Florbela Espanca et tant d'autres.

Architecture

Art roman

Courant majeur du XIIe siècle, sous l'influence d'Henri de Bourgogne, très lié à l'abbaye de Cluny. C'est surtout un art en réaction contre les Maures. Cet art de riposte donne une sensation de solidité. Le tout est souvent construit en granit, sans décoration superflue.
Rendez-vous à la cathédrale () de Coimbra ou à celle de Porto.

Art gothique

C'est à la fin du XIIIe siècle que se développe cet art dont les représentations les plus fameuses sont les monastères d'Alcobaça et de Batalha. Les constructions sont largement inspirées de l'architecture française. Les murs sont plus hauts, laissent passer plus de lumière, et les fondations sont encore plus solides. Les sculptures sont plus ciselées et plus fines.

Style manuélin

Il doit son nom à Manuel Ier, le roi qui monta sur le trône en 1495. C’'est un architecte d'origine française, Boytac, qui fut à la genèse de ce style entre gothique et Renaissance, aux caractéristiques très particulières. À l'opposé des lignes rigides de la période gothique, les piliers se tordent en spirale, sur les voûtes apparaissent de grosses nervures en relief.
Ce style original, qui symbolise la nouvelle richesse du pays, disparaîtra aussi vite qu'il s'est épanoui, avec la mort du souverain. Il ne s'est pas manifesté exclusivement dans l'architecture (orfèvrerie, sculpture), l'exemple le plus fameux reste la fenêtre de Diogo de Arruda, dans le couvent du Christ, à Tomar. Au XIXe siècle, de nombreux édifices sont construits dans un style néomanuélin.

Art baroque

Après la Renaissance, le style baroque prend tout son essor à la fin du XVIIe siècle et au cours du XVIIIe siècle. Les éléments décoratifs se multiplient et l'architecture évolue ensuite vers le rococo.
C'est la grande époque de la talha dourada, ces bois dorés qui recouvrent l'intérieur des églises et, en particulier, les retables des autels et les colonnes torses qui les entourent. Un exemple parmi d'autres ? Le Palácio naciónal de Mafra.

Azulejo

(Prononcer « azoulège »)

Ils font partie du paysage portugais. Support indémodable de l'imaginaire de tout un peuple, on les découvre à chaque angle de rue, dans les jardins publics, les gares, les églises et même chez les particuliers.

Ces carreaux de faïence vernissée ont été introduits au Portugal après la prise de Ceuta, au Maroc, en 1415. Les azulejos sont d’abord arabes, puis andalous. D’ailleurs, leur nom vient de l'arabe al zulaicha, qui veut dire « petite pierre polie ». Les premiers azulejos fabriqués au Portugal datent de 1584 et sont polychromes.
Après le tremblement de terre de 1755, l'azulejo est utilisé pour... restaurer les bâtiments endommagés.

Très vite, la mode se répand : ce ne sont pas seulement les palais ou les chapelles qui s'ornent d'azulejos, mais aussi les fontaines, les bancs, les bassins... Pour satisfaire la demande croissante, on fait appel aux Hollandais, qui imposent momentanément leur technique : carreaux à dessins bleus sur fond blanc (Delft). La décoration s'anime, les édifices se couvrent de scènes champêtres. Au XVIIIe siècle, Oliveira Bernardes crée une école qui rivalise avec les Hollandais...
Les azulejos tombent ensuite dans un certain abandon, jusqu’aux réalisations du grand maître Luís António Ferreira, alias « Ferreira das Tabuletas ». Le mouvement Art déco offre à la céramique murale un renouveau qui se confirme dans les années 1950, grâce à de grands artistes comme Jorge Barradas et Maria Keil. Cet art est toujours vivant, comme l’attestent les stations du métro de Lisbonne.

Attention à vos achats, un trafic existe, de nombreuses façades sont pillées. Une brigade SOS Azulejo a même été créée pour éviter leur vol !

Art contemporain

Fini les bâtiments massifs de l’époque salazariste. L’interminable pont Vasco da Gama (17 km) à Lisbonne symbolise la dynamique nouvelle de l’architecture portugaise contemporaine.

Héritier de Le Corbusier, Alvaro Siza Vieira, l’un des architectes majeurs de l’époque actuelle, classé parmi les minimalistes, a développé un style fluide, aéré, très lumineux, aux courbes nettes. La reconstruction du quartier du Chiado après l'incendie de 1988, le pavillon du Portugal de l'Expo universelle de 1998 à Lisbonne et l'église de Marco de Canavezes ou la Fundação de Serralues à Porto font partie de ses créations.

Autres noms d'architectes portugais notoires : Nuno Portas, Fernando Tavora et Eduardo Souto de Moura. Ce dernier a réalisé le stade de Braga pour la Coupe d'Europe de football 2004.

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