Équateur : à la poursuite des rêves

Parc de Yasuni : le goût amer de l'or noir

Parc de Yasuni : le goût amer de l'or noir
Olivier Page

Voilà l’histoire : un pays pauvre découvre du pétrole dans son sous-sol et hésite à l’exploiter par respect pour la forêt et ses habitants. Non, ce n’est pas un conte de fée, mais l’actualité de l’Equateur.

Petit rappel des faits. En 2010, l’Equateur reste le plus petit membre de l’Opep (Organisation des Pays Producteurs de Pétrole). Sous l’égide du gouvernement socialisant de Rafael Correa, il contrôle l’ensemble de la production d’or noir sur son territoire. De nouvelles réformes obligent désormais les multinationales présentes dans le pays à devenir de simples prestataires au service du pays et non de leurs propres intérêts. La gestion des richesses pétrolières est passée ainsi sous le contrôle de l’État équatorien. C’est nouveau.

Ce qui est encore plus nouveau (et qui fait polémique) vient de la découverte d’un énorme gisement de pétrole dans le parc de Yasuni (Amazonie, photo). Selon la presse locale, il pourrait produire 840 millions de barils soit l’équivalent du cinquième des réserves de l’Equateur, et mieux encore l’équivalent de 47 % du budget national. Six milliards d’euros !

Mais voilà : ce gisement nommé ITT se trouve au cœur d’un secteur protégé, habité par des milliers d’Indiens Waorani, et des communautés indigènes Tagaeri et Taromenane. Pour rompre avec la politique énergétique de ses prédécesseurs, le président Rafaël Correa affirme que son gouvernement renoncera à l’exploitation de cet or noir situé sur des terres indiennes, à condition que la communauté internationale compense cette perte financière. L’Equateur fait de son renoncement un exemple en matière de protection de la terre.

Le gouvernement a fait appel en 2010 à la communauté internationale demandant aux pays riches de payer pour ne pas exploiter ce pétrole amazonien. Il réclame 100 millions de dollars US à l’ONU, pour sauver l’environnement. Si fin 2011, le pays n’a pas cet argent, l’exploitation commencera. L’Allemagne a répondu oui. La France, l’Italie et la Belgique souhaitent aussi aider l’Equateur dans son utopie écolo-économique.

C’est une première mondiale. Jamais un pays n’a renoncé à de telles richesses. Jamais non plus un pays a fait un tel marchandage pour sauver l’environnement. Affaire à suivre… Sur le terrain, à défaut d’exploiter plus, on raffinera mieux. Une grande raffinerie sera donc construite sur la côte Pacifique pour que le pétrole équatorien déjà exploité soit raffiné sur place. Les belles pensées écologiques, les vœux utopiques, se coucheront-ils devant le veau d’or de la réalité économique ?

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Texte : Olivier Page

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