Équateur : à la poursuite des rêves
Les chevaux de feu de Don Gabriel
Le lieu-dit s’appelle La Libertad (la Liberté) et le domaine La Alegria (la Joie, l’Allégresse). Je retrouve d’abord Paul Salazar, mon guide francophone et ami. Chaussé de bottes de jardinier, il creuse des trous à l’aide d’une bèche, pour y planter des arbustes. Au cœur d’un superbe paysage frais et verdoyant, composé de sept silhouettes de volcans, il m’invite à planter un calistemo, arbuste latino-américain ressemblant à un olivier. C’est la première fois que je plante un arbre en terre d’Amérique.
Nous allons rendre visite à leurs voisins de l’hacienda La Alegria, un grand domaine de 130 hectares, niché dans le fond de la vallée. Paysage magnifique où alternent vergers, prés, prairies à herbages. Des bosquets vert sombre ponctuent la moquette végétale des flancs des montagnes et des volcans aux cimes enneigées. Impossible de se croire à 2 800 mètres d’altitude soit à la même altitude que Quito, la capitale. Sous le soleil ardent des Andes, l’endroit jouit d’un micro climat d’une douceur exquise dans un site protégé du vent, des tempêtes et des excès de la météo.
Le maître des lieux, Don Gabriel Espinosa (photo), une cinquantaine d’années, nous reçoit tel un jovial gentleman-farmer équatorien. Chapeau de gaucho, petit foulard autour du cou, ce cow-boy latin a des manières douces et civilisées d’hidalgo du nouveau monde. Le domaine appartient à la même famille depuis trois générations. Vieille famille bourgeoise équatorienne, d’origine judéo-espagnole, les Espinosa ont émigré en Amérique du Sud au XVIIIe siècle après avoir été chassés d’Espagne par l’Inquisition.
Don Gabriel dirige une exploitation laitière de 200 vaches, son lait est réputé comme un des meilleurs du pays. Sa passion : organiser des randonnées à cheval dans tout le pays (de 3 à 21 jours). Il est réputé comme étant un guide-cavalier hors-pair et s’est lancé dans le tourisme vert, catégorie « équestre ». Gabriel Espinosa est un des rares cavaliers qui a traversé le pays du nord au sud, à cheval sur des sentiers et des chemins de traverse, soit de la frontière de la Colombie jusqu’à la frontière du Pérou.
La vieille maison familiale, de style français XIXe siècle, a été agrandie pour abriter de grandes chambres à la déco soignée, jouissant d’une vue étonnante sur la vallée et les montagnes. Le soir, à la table d’hôte, on oublie l’agitation de la capitale. Loin du brouhaha des villes on savoure des plats mitonnés avec savoir-faire, arrosés de quelques très bons vins chiliens ou argentins tandis que le feu crépite dans la cheminée. N’en va-t-il pas des maisons comme des hommes ? « Liberté et Joie », ce pourrait être le mot de passe de ce charmant manoir andin où le cheval est roi, et l’homme son humble écuyer.
- Intro
- Puyo : l’homme qui murmure à l’oreille des singes
- Hakuna Matata : le rêve de Rudy et Marcellina
- Omaere : parlez-vous Jivaro ?
- Parc de Yasuni : le goût amer de l'or noir
- Inti Raymi : nouvel an Inca à Otavalo
- Cristobal crée sa propre ligne… d’équateur
- Les chevaux de feu de Don Gabriel
- Haciendas : les demeures inspirées des Andes
- Fiche pratique
Texte : Olivier Page
Mise en ligne :