Mexique : Oaxaca, cœur indien
Chocolat et vieilles pierres
Oaxaca est aussi une terre de traditions solidement implantées depuis des lustres. Prenez le cacao, par exemple… Selon la légende, Quetzalcoatl – le dieu serpent à plumes – est descendu sur terre en prenant la forme humaine, puis s'est transformé en cacaoyer pour faire cadeau de son fruit aux ancêtres. La culture du cacao au Mexique remonte en fait aux Olmèques (-1500 av. J.-C.), mais ce sont les dominicains qui en ont développé la production.
En instaurant la tradition du chocolat quotidien pour des raisons médicales, ils ont ainsi contribué à ce qu’Oaxaca gagne son surnom de « capitale du chocolat ». Si les fèves proviennent la plupart du temps du Tabasco ou du Chiapas, la transformation (en pâte, poudre, …) se fait toujours dans les nombreux moulins que l'on peut encore voir en ville ou dans les environs (Tlacolula, Mitla, ...).
Le patrimoine d’Oaxaca ne se résume pas à cette spécialité gourmande. Le bouillonnement culturel de la ville s'explique par son histoire extrêmement riche, qui a laissé des traces architecturales admirables. La période coloniale a ainsi largement façonné le visage de la ville. L'église Santo Domingo (photo) en constitue certainement l'un des exemples les plus riches et les plus caractéristiques. Construite au XVIe siècle par les dominicains, elle se dresse fièrement devant une vaste place, lieu des rendez-vous des jeunes amoureux.
Accolée à l'église, l'ancien couvent abrite le musée historique de la ville, mais aussi l'impressionnante bibliothèque Francisco de Burgoa, dont la renommée dépasse les frontières du Mexique. « Des chercheurs et des étudiants viennent du monde entier pour consulter les ouvrages » explique Carlos, le bibliothécaire en chef, fier de présenter la collection des quelque 30 000 titres dont il a la charge. « Les conditions de conservation sont excellentes, ici, poursuit-il, ce qui explique pourquoi nous avons ici des ouvrages très anciens, dont onze incunables ».
Théâtres, églises, bâtiments officiels ou arrière-cours ombragées : Oaxaca regorge de lieux fantastiques dont beaucoup connaissent aujourd'hui une seconde jeunesse. « Oaxaca est la plus belle ville du monde », confiait fièrement Léo, un jeune Oaxaquenien rencontré lors d'une fête de mariage. Grisé par la musique et le tournoiement des marionnettes géantes symbolisant les mariés, ou par les quelques verres de mezcal dégustés à l'occasion, je ne suis pas loin d'acquiescer. Le patrimoine d’Oaxaca se déguste sans modération … ou presque.
Texte : Gaël Grilhot
Mise en ligne :