Mexique : Oaxaca, cœur indien
Monte Alban, le paquebot de pierre
Nul ne sait si les bâtisseurs de Monte Alban connaissaient le vélo… Aujourd’hui, ce moyen de locomotion est certainement le plus pratique qui soit – pour peu que l'on soit lève-tôt et un tant soit peu sportif – pour échapper aux hordes de « conquistadors » japonais, néerlandais ou français arrivés en bus. Tôt le matin, Monte Alban, l'antique cité classée au patrimoine culturel mondial de l'humanité, s'offre silencieuse, vide, et d'autant plus majestueuse. Même les danzantes – gravures de personnages qui se contorsionnent – semblent surpris dans leurs postures étranges (sur lesquelles aucun historien ne semble avoir fourni jusqu'ici d'explication valable).
Le site ressemble à un étrange paquebot de pierre divisé en différentes sections, qui témoignent de la diversité et de l'ingéniosité des civilisations qui s'y sont succédé. Débuté sous les Olmèques (-500 -200 avant J.-C.), Monte Alban connaît réellement son apogée sous les Zapotèques, entre 200 et 600 après J.-C. Soit près d'un millier d'années d'aménagements, de destructions et de reconstructions, mais aussi des tonnes d'outils, d'ornements, d'objets usuels qui ont été – et sont encore – retrouvés sur le site. Une mine d'or pour les historiens, dont on peut voir une partie dans l'agréable petit musée situé à côté de l'entrée principale. Rapidement, les bus s'accumulent sur le parking, et le site s'abandonne aux centaines d'envahisseurs des temps modernes.
La descente par la ruta ecologica, qui part de la tombe 105, pour redescendre vers Oaxaca, est périlleuse, mais le panorama y est magnifique. Du haut de la montagne, on entend le vacarme des vendeurs de CDs piratés de la ville. Il est seulement dix heures du matin, l'occasion est trop belle pour tenter de rejoindre les villages indiens des environs (Zaachila, Cuilapan de Guerrero, Santa Maria Atzompa, etc. )
De nombreux sites préhispaniques sont visibles dans la région. Mitla est l'un des plus intéressants d'entre eux, car il correspond à la transition – violente – avec l'occupant espagnol. L'église de la ville a ainsi été construite au cœur de la ville, marquant la volonté du conquérant d'éradiquer les anciens cultes. Mais, aussi beaux soient-ils, aucun de ces monuments ne peut faire oublier la sérénité que l'on ressent, lorsque le soleil se lève sur les ruines de Monte Alban.
Texte : Gaël Grilhot
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